Ludovic BINDER cadre de santé kinésithérapeute Le principe des étirements ISTR & IFMKDV - Lyon Dernière mise à jour : novembre 2011 K1 Page 1 Technologie générale – principe des étirements et techniques d’étirements Contenu 1) Notion générale ........................................................................................................................... 2 a) Définition ................................................................................................................................. 2 b) Les éléments à prendre en compte dans le cadre d’un étirement ......................................... 2 1) L’application de froid ou de chaud pendant un étirement. ........................................................ 3 1. Traitement par le chaud : ............................................................................................................ 3 2. Traitement par le froid : .............................................................................................................. 3 3. Les étirements accompagnés du froid ........................................................................................ 4 2) Les étirements, une prévention en échauffement ? ................................................................... 5 3) Début retardé de la douleur musculaire ..................................................................................... 5 4) Le bilan d’extensibilité ................................................................................................................. 5 5) Présentation des différentes techniques d’étirement ................................................................ 6 a. Passif ........................................................................................................................................ 6 b. actif .......................................................................................................................................... 7 6) Les différentes techniques actives .............................................................................................. 7 1 La technique par contracter - relâcher - étirements (C-R-E) ........................................................ 7 2 7) Le contracté relâché en post inhibition................................................................................... 9 Références ................................................................................................................................. 10 ©Reproduction interdite sans autorisation. Téléchargement possible uniquement sur www.lbinder.fr Page 2 Technologie générale – principe des étirements et techniques d’étirements LES ETIREMENTS 1) Notion générale a) Définition Le but des étirements est communément d’augmenter la mobilité articulaire, la longueur et la capacité d’allongement des muscles. Ils permettent aussi d’améliorer la vascularisation interne du muscle notamment des muscles raides qui sont pauvres en échange. L’activité physique devenant de moins en moins importante, les muscles acquièrent une raideur tout comme les articulations. Les sujets les plus souples apprécient donc les étirements, car ils les trouvent faciles et à l’inverse ceux qui devraient se faire le plus étiré ne le font jamais. Il devrait être indispensable de s’étirer souvent et surtout quand on prend de l’âge. b) Les éléments à prendre en compte dans le cadre d’un étirement Une douleur, une inflammation, une immobilisation sont des facteurs qui vont avoir une répercussion sur le muscle et sur les amplitudes articulaires. Une raideur articulaire peut se développer entrainant une raideur musculaire. Tout le système musculosquelettique doit donc être entretenu jusqu’à la mort. La douleur due à l’étirement proprement dit n’est pas toujours la conséquence directe de la fibre musculaire. Elle peut être due aux récepteurs de la douleur à l’intérieur du tissu conjonctif. Ces récepteurs nociceptifs activent des motoneurones et augmentent la raideur musculaire d’où une baisse des possibilités de mouvements. Vous pouvez donc vous trouvez avec un patient qui a mal alors que les fibres du muscle ne sont pas totalement étirées. Les pathologies articulaires dégénératives ou chroniques (SA, PR) peuvent entrainer une augmentation du tonus musculaire qu’il faut alors prendre en compte lors des étirements. Ce tonus a une conséquence directe sur les rameaux nerveux présents dans la fibre. La stabilité articulaire dépend entre autres choses du système neuromusculaire. Des lésions du système nerveux central augmentent le tonus du système musculaire appelé spasticité. La lésion est soit pyramidale soit corticospinale (au niveau de la moelle épinière de la base ©Reproduction interdite sans autorisation. Téléchargement possible uniquement sur www.lbinder.fr Page 3 Technologie générale – principe des étirements et techniques d’étirements du cerveau ou du cortex cérébral). Cette lésion peut être diagnostiquée avec le « Babinski » qui est l’élévation lente et majestueuse du gros orteil lors de la stimulation sur le bord latéral du pied en remontant vers les orteils avec une stimulation cutanée due à une pointe semidure. Il est important de remarquer que ce signe de « Babinski positif» est normal chez l’enfant de moins de sept ans. À l’inverse on peut remarquer une rigidité de la fibre musculaire lors d’une lésion du faisceau extrapyramidal. Les signes ne sont pas les mêmes que pour la lésion pyramidale. Des maladies neurologiques centrales peuvent aussi provoquer une spasticité de certains muscles et des mouvements involontaires que l’on appelle DYSKINESIE. Dans le cadre d’un traumatisme, la cicatrisation d’une fibre musculaire, d’un tendon, d’un fascia peut entrainer une perte d’élasticité du muscle, et entrainer une perte d’amplitude articulaire d’où une raideur. L’étirement douloureux, et conscient de cette raison décrite doit donner une attention particulière au thérapeute lors de sa séance. Lors de ce même étirement, il faut toujours avoir à l’esprit que l’étirement des muscles aura une répercussion directe sur des tendons, des capsules articulaires, des ligaments avoisinant l’articulation mobilisée. Ces structures peuvent aussi être responsables d’une limitation articulaire ou d’une raideur ou même d’une ankylose. 1) L’application de froid ou de chaud pendant un étirement. Beaucoup d’idées préconçues faussent notre jugement thérapeutique. Pour faire simple et d’après les travaux réalisés par KNIGHT en 2001, il apparait que les étirements augmentent bien la mobilité, mais que la chaleur n’a pas d’effet additionnel prouvé. 1. Traitement par le chaud : Les traitements par la chaleur ne sont pas toujours les biens venus, car une inflammation nerveuse du muscle aurait un effet néfaste par une irritation supplémentaire à celle initiale. Même avec un bon diagnostic, il est très difficile de savoir si la douleur est d’origine purement nerveuse ou musculaire. 2. Traitement par le froid : Il est bien établi que le froid permet le traitement de première intention des traumatismes. Repos, froid, compression, élévation, stabilisation (RICES en anglais) sont les mots clefs d’un traitement d’urgence. Le froid permet : Une diminution de la conductivité électrique neuronale, ©Reproduction interdite sans autorisation. Téléchargement possible uniquement sur www.lbinder.fr Page 4 Technologie générale – principe des étirements et techniques d’étirements Une anesthésie locale, Réduis la tension musculaire, Améliore le temps de récupération et de cicatrisation. Plusieurs modes d’application existent : Bombe, Sac de glace ou petits poids, Cold pack, Les bains d’eau froide, La cryothérapie autonome. 3. Les étirements accompagnés du froid Un étirement combiné à du froid après un traumatisme aigu améliore la vitesse de récupération. Le muscle est étiré avec la méthode du contracté relâché (voir supra) . Pourquoi le froid est-il bénéfique pour les étirements ? bien que le froid a un effet néfaste sur l’élongation d’un muscle, il présente des avantages incontestables : Le refroidissement diminue l’activité électrique dans le muscle et réduit l’amplitude électrique, la vitesse de conduction. La résultante directe est une diminution du tonus musculaire, Il diminue la sensibilité nerveuse et d’augmenter le relâchement musculaire, Il diminue le déclenchement du seuil des récepteurs de GOLGI ainsi que les mécanos et barorecepteurs. Certains auteurs (simons 1999) ont suggéré que l’application de froid de façon très localisée sous forme de point gâchette entrainerait un relâchement de la tension musculaire et une diminution de la douleur. C’est aussi l’effet du guet control (contrôle de la porte qui sera vu en troisième année. Il faut retenir que le froid est donc très important dans le domaine des étirements. Par extension, il peut s’utiliser lors d’une atteinte du faisceau pyramidal (voir infra si vous avez bien lu le cours !!!) ©Reproduction interdite sans autorisation. Téléchargement possible uniquement sur www.lbinder.fr Page 5 Technologie générale – principe des étirements et techniques d’étirements 2) Les étirements, une prévention en échauffement ? il n’a pas été démontré que des étirements réalisés avant les efforts diminuaient le risque de blessures (POPE 1998 2000). En revanche il a été démontré que les étirements excessifs ont un rôle néfaste sur la stabilité articulaire avant un effort. Attention, nous parlons d’étirement pendant la période d’échauffement ; ce sont deux choses différentes, l’échauffement est lui essentiel. 3) Début retardé de la douleur musculaire Il est connu sous le nom de « début retardé de la douleur musculaire » (DRDM) que le muscle peut devenir douloureux après un micro traumatisme un jour après. Cette douleur peut augmenter sur le deuxième voir troisièmes jours après. Si des exercices sont poursuivis malgré cette douleur, le muscle peut être endommagé définitivement. A ce jour, aucun traitement médicamenteux ne peut accélérer la cicatrisation d’un muscle. Des étirements non coutumiers sur ce muscle peuvent être néfastes. Il est donc important que l’étirement soit progressif, coutumier et pouvant se limité à six minutes à chaque fois (Smith et al 1993) 4) Le bilan d’extensibilité Prenons l’exemple d’un sujet qui veut se pencher en avant, membres inférieurs tendus, pour aller toucher le sol. La personne qui réalise ce test va démonter sa souplesse résultant de sa chaine postérieure sous-tendue par une chaine musculaire postérieure. On peut étirer toute la chaine postérieure de façon globale. La résistance qui peut empêcher notre sujet de toucher main au sol proviendra « du maillon le plus faible » de la chaine postérieure. Il faut donc savoir qui étirer pour connaitre le maillon faible. ©Reproduction interdite sans autorisation. Téléchargement possible uniquement sur www.lbinder.fr Page 6 Technologie générale – principe des étirements et techniques d’étirements Au préalable, le bilan articulaire doit être effectué. Il permettra de quantifier l’amplitude disponible d’une part et d’autre part de connaitre, avec l’aide des capteurs de tension, la raideur des muscles mono articulaires. Le bilan d’extensibilité qui suivra, s’intéressera aux muscles polyarticulaires. Il permet de quantifier l’extensibilité d’un muscle polyarticulaire dans sa course la plus externe en définissant l’angle résiduel obtenu par le déplacement du segment mobile par rapport au segment réputé fixe sur lesquels il s’insère. Il doit toujours être effectué avant la technique d’étirement. Il est comparatif, et il est réalisé PASSIVEMENT. La course externe est déterminée par les actions inverses que le muscle effectue. L’angle résiduel le plus ouvert permettra de définir le manque d’extensibilité du muscle. Exemple : le grand pectoral est adducteur, rotateur médiale et il participe à l’inspiration. Ses fonctions sont données ici par ordre d’importance. Il nous faudra donc le tester en abduction, en rotation latérale et lors d’une expiration. Le bilan doit être effectué en tenant compte : - D’une position adaptée au confort du patient et au test établi, De la douleur et donc, être infra douloureux, D’une ambiance calme. Vient par la suite l’étirement du muscle. 5) Présentation des différentes techniques d’étirement L’étirement peut être actif ou passif. a. Passif Les étirements passifs se font : Par la pesanteur d’un membre, Par application d’une force venant du thérapeute. Le muscle n’est pas sollicité pendant le temps d’étirement. On s’aide du segment concerné pour la mise en tension. ©Reproduction interdite sans autorisation. Téléchargement possible uniquement sur www.lbinder.fr Page 7 Technologie générale – principe des étirements et techniques d’étirements L’allongement des parties tendineuses est obtenu après épuisement de l’extensibilité de la composante contractile avec un risque de dépontage actine-myosine expliquant l’intérêt des techniques d’étirement thérapeutique en tension active (cf supra). b. actif Les étirements actifs : c’est par la mise en tension des éléments antagonistes qui entraineront un mouvement articulaire permettant une mise en tension des muscles à étirer. C’est aussi une participation volontaire du patient qui sur ordre alternera des contractions et des relâchements ordonnés et volontaires. C’est le contracté relâché ou le tenu relâché. 6) Les différentes techniques actives A - Méthodes d’étirements Un classement sur les méthodes d’étirements peut tenir compte de plusieurs paramètres. Un des paramètres principaux est le travail contractile musculaire présent ou non. Souvent, ce sont des hybrides qui incluent soit des mouvements passifs ou actifs avec des protocoles semblables variant dans les temps d’activité de contraction et de relâchement. L’autre difficulté est l’emploi de mots différents pour une même technique ou variante proche suivant les pays ou les auteurs. Plusieurs tendances peuvent être dégagées. 1 La technique par contracter - relâcher - étirements (C-R-E) Elle peut avoir différents synonymes ou quelques variantes dans la technique dont voici quelques exemples : étirements myotensifs en thérapie manuelle, étirements post-isométrie (P-I-R), ©Reproduction interdite sans autorisation. Téléchargement possible uniquement sur www.lbinder.fr Page 8 Technologie générale – principe des étirements et techniques d’étirements étirements C-H-R-S= contract-hold-relax-stretch, étirements neuromusculaires proprioceptifs, technique de charge ou de décontraction, étirements activo-passif, relâchement musculaire de type « tenir - relâcher », ou bien encore les méthodes dites techniques d’énergie musculaire (= Muscle Energy Technic = M - E – T), utilisent le temps expiratoire lors de l’étirement passif. Malgré toutes ces variations de vocables, le plan de base de la technique des « C-R-E » se déroule en quatre étapes : 1. la mise en tension c’est-à-dire étirement passif avec placement de l’articulation en position extrême (contract), 2. la contraction (hold), de type isométrique effectuée par le patient, 3. le relâchement, les insertions musculaires restant sur le même angle que lors de la contraction, 4. Phase d’allongement lent et progressif, stretching passif, effectué par le praticien. Le contracté relâché ou le tenu relâché est la technique la plus couramment utilisée pour améliorer l’allongement du muscle. Il faut tout d’abord que l’articulation soit placée aussi loin que possible jusqu’à sentir une résistance infra douloureuse. ©Reproduction interdite sans autorisation. Téléchargement possible uniquement sur www.lbinder.fr Page 9 Technologie générale – principe des étirements et techniques d’étirements On demande alors au patient une contraction isométrique pour mettre en tension les antagonistes pendant au moins cinq ou six secondes le temps que les fibres du muscle puissent être toutes recrutées. Le mouvement que le patient tente d’effectuer est stoppé par une contre prise que le thérapeute effectue au même moment. Il ne s’agit pas que le patient gagne sur le thérapeute, mais juste de mettre en tension le muscle qui est étiré. Le sujet se relâche tandis que le thérapeute gagne immédiatement, mais de façon lente et infra douloureuse jusqu’à qu’il sente de nouveau une résistance l’empêchant d’emmener le membre plus loin. Et de palier en palier, nous gagnerons jusqu’à que l’angle résiduel soit nul ou que la douleur du patient nous empêche la progression. Si vous rajouté à cette technique un temps expiratoire que vous demandez au sujet durant l’étirement passif du muscle alors la technique change pour s’appeler Technique d’énergie musculaire ou MET. D’un CRE vous passez à une MET en rajoutant simplement un temps expiratoire à l’étirement qui est toujours passif ! Des études réalisées par MEDEIROS, MOLLER, NELSON et plus récemment en 2004 avec FELAND ET MARIN, ont montré que la contraction effectuée par le patient sous maximale soit aussi bénéfique pour augmenter la capacité d’allongement que la contraction qu’une contraction maximale. Une méthode similaire a été décrite parfois utilisé, reprenant en tout point la technique du tenu relâche, mais à la différence que le patient effectue lui-même son déplacement articulaire avec une contraction des muscles agonistes. Ainsi, le sujet place l’ensemble muscle tendon dans une position d’étirement et met le muscle en contraction contre une résistance du thérapeute ou d’un objet. Ensuite, le sujet relâche ces antagonistes et renforce l’étirement en contractant les muscles agonistes. Le sujet maintient le mouvement et recommence un cycle. C’est ce que l’on appelle l’étirement par tenu relâché avec une contraction de l’agoniste (TR AC). . 2 Le contracté relâché en post inhibition Le C-R-E-P-I (en Post Inhibition), il y a contraction (de type excentrique) du muscle à étirer par le sujet lui-même. Cela peut se réaliser par exemple à l’aide d’un élastique. Dans le schéma suivant, ©Reproduction interdite sans autorisation. Téléchargement possible uniquement sur www.lbinder.fr Page 10 Technologie générale – principe des étirements et techniques d’étirements Par exemple, le sujet va réaliser une contraction concentrique des ischio-jambiers puis à l’aide de l’élastique va réaliser une contraction excentrique de ces muscles. Méthode de contracter-relâcher en post-inhibition [source, http://www.cdgym91.com/gam/doc/cours/souple.pdf]. Les étirements myotensifs font partie intégrante de la méthode PNF ou méthode de Kabat. Ils sont inclus dans la partie des techniques de relâchement musculaire. Les étirements myotensifs dit « tenir - relâcher » ont deux variantes techniques dans le PNF : le « contracter - relâcher », il y a utilisation au démarrage d’un mouvement, ici c’est le sujet qui décide de la contraction, le « tenir - relâcher » associé à des « inversions lentes », le sujet accomplit le mouvement dans toute l’amplitude agoniste, puis change de direction pour effectuer le mouvement antagoniste. 7) Références Popineau Christophe, médecin du sport au C.R.E.P.S de Wattignies (I.R.B.M.S). Paulo Fernandes Carlos, médecin généraliste thèse de médecine, « présentation de concepts de physiothérapie selon trois discipline : les étirements, la musculation et l’endurance. Applications médicales et sportives ». Thèse soutenue par Mr Paulo Fernandes et dirigée par le Docteur Popineau. Etirements musculaires en thérapie manuelle – JARI YLINEN – édition ELSEVIER 2002 Cours de C. BRUGE et H. PARMENTIER DE TG. Dernière révision : novembre 2011 - ©Reproduction interdite sans autorisation. Téléchargement possible uniquement sur www.lbinder.fr