La première phrase est composée sur un rythme ternaire :
1er temps : une accumulation de verbes d'action au présent de l'indicatif
mime la puissance et la rapidité d'un « je » impérieux,
2ème temps : la césure, fortement marquée par les 2 virgules qui encadrent la
conjonction « et » auxquelles s'ajoute la conjonction de cause « comme »,
introduit l'aveuglement d'un personnage et son rapport à autrui, réifié ici en «
obstacles »,
3ème temps : la conséquence, « ils tombent tout seuls devant moi » traduit
l'inconscience et l'irresponsabilité de Zucco.
Dans la 2nde phrase, bâtie sur un parallélisme, Zucco se caractérise « solitaire
et fort » dans la 1ère proposition, tandis que la 2nde, une métaphore,
« je suis
un rhinocéros »
, en soulignant autant l'animalité du personnage que sa faculté
onirique, le déplace hors du champ de l'humanité (tableau 6, il se comparait à «
un hippopotame » et dans le tableau 8, il aspirait à « renaître chien »).
Mais =t référence à la pièce de Ionesco :
Rhinoceros (=/= solitude de Bérenger
« Je suis le dernier homme, je le resterai jusqu’au bout ! Je ne capitule pas ! »)
Ainsi, cette solitude revendiquée et cette dénégation de l'humanité participe à
l'ambition de Koltès qui était de construire un personnage « mythique, un héros
comme Samson ou Goliath monstres de forces » (4ème de couverture)
La comparaison avec Samson
Samson et Dalila (Ancien testament, livre des Juges, XVI)
Les princes Philistins, ennemis d'Israël, promettent à Dalila, une Philistine, une
récompense si elle parvient à découvrir le secret de la force de Samson. Dalila
séduit Samson et harcèle le héros, jusqu'à ce que celui-ci lui révèle que sa force
extraordinaire réside dans ses cheveux. Dalila lui coupera les cheveux pendant
son sommeil et le livrera aux Philistins.
La Gamine est ici comparée à Dalila, la maîtresse qui trahira Samson. La Gamine
va dénoncer Zucco aux policiers et participera ainsi à la chute du héros.
« Il y a toujours une femme pour trahir » dit une voix au dernier tableau de la
pièce.