Dossier Au hommes - premier

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Saison
20102010-2011
Saison
20102010-2011
Au Hommes
Du lundi 22 au mercredi 24 novembre 2010
© Frédéric Tétard
Au Théâtre Universitaire
Dossier Jeune Public
Sommaire
Présentation .......................................................................................... 3
Le propos............................................................................................... 4
Les intentions de mise en scène ......................................................... 5
Pascale Nandillon, metteur en scène .................................................. 6
Vaslav Nijinski (1889-1950)................................................................... 7
La scénographie.................................................................................... 8
Dossier réalisé à partir de documents divers
dont ceux fournis par l’Atelier hors champ.
Au hommes
D’après les
Cahiers de Vaslav Nijinski
Mise en scène
Pascale Nandillon
Lumières
Cyril Desclés
Collaboration artistique
Guillaume Bureau, Céline Finidori
Texte français et adaptation
Christian Dumais-Lvowski
Avec
Elie Baissat
Ghislain de Fonclare
Sophie Pernette
Jean-Christophe Vermot-Gauchy
Production
Atelier hors champ
Co-réalisation
Le TU - Nantes
Résidence
Résidences de recherche
Ramdam (Lyon)
La Fonderie (Le Mans)
Anis Gras (Arcueil)
L’Echangeur (Bagnolet)
Du lundi 22 au mercredi 24 novembre 2010 à 20h30
Au TU - Nantes
Durée du spectacle : 1h30
e
Public : à partir de la 1
Tarif : 6€ par élève ou un pass-culture
Le propos
« Le 19 janvier 1919, lors de sa dernière représentation,
Nijinski reste un très long moment, immobile sur une chaise,
devant le public, avant d’entrer dans une danse évoquant l’agonie
des soldats dans les tranchées. Après cette ultime apparition, il rentre chez lui,
se met à sa table et écrit les quatre cahiers, d’une traite en trois mois.
En pleine migration vers le « pays de la folie », Nijinski écrit.
Il ne dansera plus. »
Les Cahiers de Nijinski sont nourris d’une époque effrayée ; nous sortons juste de la grande
guerre, et sommes en plein bolchevisme. Et pourtant, la langue de Nijinski est pleine du mot
aimer comme un leitmotiv débordant. Elle bat la mesure des rythmes premiers, on croit
parfois entendre les « KHA KHA KHA » d’Antonin Artaud, frère en incandescence. La
langue de Nijinski tambourine, comme happée par la transe de l’appel, de la prière, à ce
point organique qu’on l’entend vibrer en soi comme une vibration continue, un cœur qui bat.
La langue de Nijinski est aussi une langue de l’innocence, de l’idiotie (Nijinski se compare à
L’Idiot de Dostoïevski et on songe souvent au Lenz de Büchner). Elle tend vers la
prophétie comme pour emprunter le chemin le plus direct pour parler à Dieu, pour toucher le
cœur des hommes, atteindre l’autre par-delà le sens, relier le divin et l’humain, le sacré et le
profane, dans un même flux, dans un même geste.
© Frédéric Tétard
Nijinski veut, à tout pris, dire, donner, serrer l’humanité dans ses bras, cette humanité
broyée par la guerre. Avec sa langue à la fois hiératique et inquiète, il prophétise, il
prie, il pleure.
Les intentions de mise en scène
« Un tremblement de terre, c’est l’ouverture d’une faille ;
il faut qu’il y ait l’espace, qu’il y ait cet écartement. Peut-être est-ce d’ailleurs
cela qui va mettre au bord de la parole. La danse, justement, ne parle pas
mais porte au bord de la parole. En même temps, elle partage cela avec tous les arts,
y compris la poésie parce que la poésie consiste justement à travailler
le langage comme une matière, une matière et une manière
qui ne soit pas de l’ordre du sens, du moins discursif. »
Jean-Luc Nancy, philosophe
« L’adaptation que nous faisons de ces Cahiers veut rendre compte de cette extraordinaire
condensation où l’auteur veut tout dire dans un temps très court. Notre souhait est de relater
cette vitesse, cette incandescence, cette urgence de l’étoile Nijinski qui finit de se
consumer: « Je veux tout dire, tout. Je ne sais pas quoi dire. Je ne sais pas quoi taire. Je
veux dire dire je veux écrire et dormir j'écris écris écris. Tu écris écris ».
Dans le récit de ses promenades apparaît une équivalence entre la marche et l’écriture,
comme si Nijinski marchait dans sa prose, moments charnières où l’écriture prend le relais
du corps. Les poèmes, issus d’un cahier à part, sont dans l’adaptation, comme des appels
réguliers au sommeil, à la berceuse. Leur langue est tendue entre les sonorités de
l’enfance, celles russes de la langue maternelle et l’inventivité, l’énonciation folle, proche de
celle du schizophrène. Le refrain « tu te tu le lemps passera je ne suis je que un homme
homme un home » pourrait être la musique de sa dernière danse, son équivalent…une
implosion du corps.
Créer un spectacle avec ces écrits, c’est une nouvelle fois l’occasion, pour l’Atelier
hors champ de creuser le rapport du corps et de la langue ainsi que le travail
polyphonique au plateau.
Quatre acteurs, trois hommes et une femme sont à eux tous Nijinski, la femme de
Nijinski, son médecin, Diaghilev mais aussi une poule, un chat-femme ou encore un
arbre, un corps, une voix proliférante qui déjoue l’identification à la figure de Nijinski.
Nous cherchons à restituer ce passage du mouvement du corps à celui de l'écriture
en travaillant au plateau cet état d’être au bord… du mot, du geste, du saut, de la
chute, de l'endormissement, du cri, du « devenir toujours quelque chose pour ne
jamais troquer la vie contre la mort ». Et dans un même élan de trouver une égalité
entre mots et gestes. Nijinski veut tout dire et se cogne aux limites de l’écriture. L’acteur
entendra ces endroits butoirs, sans cesse renvoyé à l’écho de sa propre voix. Il cherchera à
faire entendre tout, de la même façon que Nijinski voulait qu’on ressente tout de lui.
L’espace du plateau est le reflet de ce va-et-vient, dans l’écriture des Cahiers, entre
l’infiniment petit, le corps et l’infiniment grand, le cosmos. Une petite maquette de maison,
fragile, que l’acteur peut porter dans ses bras, pourra donner au plateau l’échelle d’une
campagne, d’un champ de bataille, paysage que Nijinski regarde du haut de sa folie. Une
balançoire pulsera doucement et aléatoirement alors que le corps qu’elle portait a disparu.
Au bord de la scène, des présences masquées viennent interroger le choix de monter un
texte qui côtoie la folie. Que voulons-nous montrer et qu’est-ce que le spectateur veut-il
voir? Le masque intervient au coeur de ce rapport exhibitionnisme/voyeurisme et pose cette
question : qui regarde qui ? De quel rivage l’acteur nous interpelle-t-il ? Est-ce celui de la
mort ou celui de la vie ?
Pascale Nandillon,metteur
Nandillon,metteur en scène
Comédienne née en 1966, Pascale Nandillon s’est formée à
la Maison des Arts de Créteil.
Elle travaille au théâtre avec Bruno Meyssat, Marc François, Noël Casale, David Moccelin,
Agathe Alexis, Pascal Kirsch, Vincent Lacoste, Sébastien Derrey, Eric Vautrin.
Elle est récitante sur deux pièces musicales créées par Patrick Portella. Elle rencontre
Antoine Caubet, Joël Pommerat, Anita Picchiarini, Ariane Mnouchkine au cours de stages
ou d’ateliers.
Assistante de Bruno Meyssat (traduction et dramaturgie) sur la création à Lima (Pérou) de
Exécuteur 14 d’Adel Hakim.
Pendant plusieurs années, elle prépare des élèves au concours des écoles nationales au
théâtre du Gymnase (Marseille) et organise des stages au Théâtre des Bernardines
(Marseille).
En 1997, en collaboration avec Romain Piana, elle dirige deux U.V. « Pratiques de théâtre »
à l’Université Paris VIII - Saint-Denis.
En 1996, elle crée l’atelier hors champ, installé à Montreuil, et signe les mises en
scène de l’atelier : Roberto Zucco de Bernard-Marie Koltès (1997), L’Insoumis d’Henri
Michaux (2000), Salomé de Fernando Pessoa (2003), La Pluie d’été de Marguerite
Duras (2003) et Variations sur la mort de Jon Fosse (2005).
Vaslav Nijinski (1889
(188989-1950)
Les interprétations et chorégraphies de Vaslav Nijinski, danseur russe d’origine
polonaise ont bouleversé l’histoire de la danse.
Etoile des ballets Diaghilev, il parcourt le monde et épouse en 1913 une jeune danseuse
hongroise Romola de Pulszki. Mais sa santé mentale se détériore bientôt. Entre janvier
et mars 1919 il écrit son journal avant d’être définitivement interné. Il a vingt-neuf ans.
Ses Cahiers paraîtront dans une version expurgée en 1936, ils ne seront publiés dans
leur intégralité qu’en 2000.
« Je ne saurais croire qu’en un Dieu qui sache danser… »
Friedrich Nietzsche
« Nijinski apportait le bond, c’est-à-dire la victoire de la respiration sur
le poids… C’est la possession du corps par l’esprit et l’emploi de
l’animal par l’âme, encore et encore, et de nouveau, et encore une
fois, élance-toi, grand oiseau, à la rencontre d’une sublime défaite. »
Paul Claudel
La scénographie
« L’espace du plateau peut être pensé comme une métaphore du corps de Nijinski.
Tout le mouvement du spectacle serait d’aller vers une désertification
du plateau un dépouillement, vers la disparition, l’effacement des traces.
Nijinski s’éloigne, quitte son corps, ses peaux et ses oripeaux, le monde. »
Un paysage dévidé de son sang
Terre labourée, terre brûlée, terre gelée, terre éventrée par les tranchées de la guerre.
Un sol comme une photo de Mario Giacomelli qui regarde la terre évoluer au fil du temps
avec ses cicatrices et ses blessures. La couleur a disparu. Ne reste que le négatif, le
spectre d’un paysage vidé de son sang. Une radiographie.
Craie blanche sur sol noir : les déplacements des acteurs et des objets marquent le sol,
laissent des traînées, des sillons, des marques, jusqu’à effacement, disparition, jusqu’à la
cendre, jusqu’à rien.
Ce sol, qui s’écrit comme une page est aussi le paysage que Nijinski regarde du haut de sa
folie.
Paysage minéral où les couleurs ont été aspirées.
Il reste le noir de l’encre, de la nuit étoilée, le blanc de la neige, de la page…
La lumière découpe l’espace, le brûle. Elle nous restitue son relief, ses pleins et ses vides.
Rapports d’échelles
Nijinski est concentré sur les flux de son corps, ses infimes sensations puis l’instant d’après
est Dieu et surplombe le monde, la terre.
Il ressent l’infiniment petit et l’infiniment grand, d’une sensation de son corps au
clignotement d’une étoile.
Nous travaillerons les rapports d’échelle. Par la présence d’objets comme une maquette de
maison, qu’un acteur peut porter dans ses bras, de soldats de plomb. Il s’agira, par la place
de ces objets, de pouvoir, le temps d’instant, avoir l’impression que le plateau est immense
comme un champ, une campagne, un terrain de bataille, puis pouvoir revenir à l’échelle
réelle, celle d’un acteur portant une maquette.
Dedans / dehors / en haut / en bas
Etre à la table pour écrire, avoir des crampes, sentir son corps, quitter son corps, s’en
échapper. Sortir de la maison, emporter la maison avec soi, maison mentale, maison corps.
Avoir le corps suspendu au dessus de sa table d’écriture, au dessus du monde. Quitter son
corps.
Les objets : table, chaises, maquette de maison mais aussi les corps des acteurs n’auront
pas de place fixe dans l’espace. Ils pourront être au tout « premier plan » du plateau comme
très éloignés comme dans un paysage. Ils pourront être, aussi, suspendus comme en
légère apesanteur.
Pulsations
Sur le plateau, le battement aléatoire d’une balançoire qui traverse l’espace et l’ouvre et, à
une autre échelle, le battement implacable d’un métronome.
- La balançoire : scansion, pulsation aléatoire, balancement, au dessus de la terre, corps en
apesanteur, chute et envol, homme oiseau, sommeil, bercement…
Elle oscille, alors que le corps a disparu, mouvement qui marque une absence.
- Le métronome : répétition, musique, tic tac de l’inéluctable, du cœur qui bat, rythme doux
ou rapide, clignotement des étoiles, bombe à retardement, électrocardiogramme.
Trouées de lumière, visions, spectres. La lumière : scansion violente des bombardements,
de l’éblouissement, des lueurs d’incendie. Clignotement des étoiles.
Trouées sonores
Bela Bartok (notes frappées …), György Kurtag (battements d’ailes, piaillement-pépiement
d’oiseaux-enfants…)
Je suis toc toc, et tu n’es pas toc toc.
Je veux toquer dans le toc toc.
Je t’aime mon toc toc.
Usage des masques
Ce texte pose la question de l’esthétisation de la folie, d’un spectateur mis à la place du
voyeur, de l’acteur exhibitionniste. Cette question est récurrente lorsqu’on est face à un
texte biographique sans visée littéraire, écrit brut souffrant et délirant.
Les acteurs interviendraient parfois masqués à des moments d’éventuel exhibitionnisme
et/ou voyeurisme. Le masque pourrait alors signifier : « Tu me regardes à ce moment de
fragilité, je te regarde ».
Il pose cette question : qui regarde qui ?
Par ailleurs, il est possible que l’apparition du masque désigne un lieu spécifique sur le
plateau : à son bord, à la frontière. Telle Gorgo, gardienne du monde des morts, à laquelle
on doit faire face à l’instant de la mort, la position de l’acteur masqué nous interroge d’un
rivage.
De quel rivage l’acteur nous interpelle-t-il ? De quel rivage, le spectateur est-il témoin ?
Est-ce celui de la mort ou celui de la vie ?
Saison
Saison 20102010-2011
Contacts Jeune Public
Marion Echevin / 02 28 24 28 18
[email protected]
Pascale Degrieck / 02 28 24 28 08
[email protected]
Florence Danveau / 02 28 24 28 16
[email protected]
Annie Ploteau / 02 28 24 28 17
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Le Grand T
BP 30111
44001 Nantes cedex 01
Tel 02 28 24 28 24
Fax 02 28 24 28 38
De nombreuses pistes de travail autour des spectacles
sont disponibles dans le document
« Aller au théâtre :
lire, voir, dire, écrire et faire… avec les élèves »
Rendez-vous sur :
http://www.legrandT.fr/IMG/pdf/aller_au_theatre.pdf
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