Docteur MASI Bruno
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LA SCHIZOPHRÉNIE, QU'EST-CE QUE C'EST ?
La schizophrénie peut être définie comme une maladie mentale qui revêt des formes très différentes selon
les personnes et selon les moments. C'est une affection chronique, c'est-à-dire qu'elle débute en général
vers 18 à 25 ans, et va évoluer tout au long de la vie.
On parle souvent de « dédoublement de la personnalité », mais ce terme n'est pas exact. Les termes de
morcellement, d'étrangeté, de dépersonnalisation semblent plus appropriés. Mais les épisodes délirants
peuvent donner l'impression à l'entourage d'être en face d'une « autre » personne que celle qui leur est
familière.
On ne connaît pas la cause de la schizophrénie et on pense aujourd'hui qu'il y aurait plusieurs facteurs à
l'origine de cette affection. Une prédisposition génétique est probable, mais peut-être ne s'exprime-t-elle que
dans certaines conditions affectives, relationnelles et psychologiques. Les perturbations biologiques et
neurologiques existent, mais sont-elles causes ou conséquences de la schizophrénie ? Le délire est-il un
phénomène d'origine organique ou bien est-il une tentative de reconstruction d'un monde intérieur détruit ?
Les théories explicatives sont nombreuses et contradictoires ce qui ne fait qu'ajouter au désarroi des sujets
concernés et de leur entourage.
Comment se manifeste la schizophrénie ?
La schizophrénie commence le plus souvent de façon progressive, insidieuse, à tel point qu'on peut
confondre les troubles avec ceux d'une adolescence un peu difficile. Mais quelquefois, elle peut sembler
commencer brutalement par un délire aigu qui s'installe en quelques heures ou jours.
Il y a deux grandes catégories de symptômes dans la schizophrénie :
- Les symptômes dits « déficitaires » ou « négatifs » ;
- Les symptômes délirants, qui sont en général plus visibles et plus tumultueux.
Qu'appelle-t-on symptômes « négatifs » ?
Ce sont le repli sur soi, le désintérêt, la froideur, la perte de l'élan vital et des sentiments, l'impression de
vide, d'étrangeté à soi et au monde, la bizarrerie, l'ambivalence (qui est le fait d'éprouver et d'exprimer une
chose et son contraire à peu près en même temps), les difficultés de concentration, d'attention, des troubles
du raisonnement logique qui entraînent un appauvrissement important de la vie intellectuelle. Une angoisse
massive accompagne ce vécu : angoisse d'anéantissement, de mort, d'éclatement, de morcellement.
Qu'est-ce que le délire ?
Le délire peut prendre plusieurs formes. C'est une production de l'imagination, en contradiction flagrante
avec la réalité, production imaginaire à laquelle on croit comme si elle existait vraiment, sans aucune
critique. Dans la schizophrénie, le délire est souvent constitué d'hallucinations, d'intuitions et d'interprétations
délirantes. On rencontre souvent des idées mégalomaniaques (« folie des grandeurs ») et un sentiment de
persécution, mais les thèmes du lire sont très variés : délire mystique, délire à thème sexuel, délire
fantastique.
Qu'est-ce qu'une hallucination ?
C'est la perception de quelque chose qui n'existe pas.
L'hallucination peut concerner tous les sens : hallucinations visuelles, auditives, olfactives, gustatives et
« cénesthésiques » (sensations au niveau du corps, bizarres et en général pénibles).
L'hallucination peut être « dans la tête » : impression que la pensée est commandée, sous influence, sous
contrôle, téléguidée ; impression que la pensée est répétée, commentée, critiquée (c'est ce qu'on appelle
« l'automatisme mental »).
Le délire présente-t-il un danger ?
Oui, car lorsqu'on est en plein délire on peut perdre tout contact avec la réalité et être amené à commettre
des actes violents, bizarres, pouvant mettre gravement en danger les autres ou soi-même (par exemple en
obéissant aux « voix », ou en voulant se défendre d'un « persécuteur »).
Le fait de ne pas avoir conscience de l'état dans lequel on se trouve peut rendre violent et agressif, car alors
on se sent injustement « traité comme un malade ».
C'est pour ces raisons que le psychiatre décide parfois d'une hospitalisation « sous contrainte » c'est-à-dire
sans le consentement du patient. C'est une mesure de protection.
Est-ce que la schizophrénie se soigne ?
Il n'y a pas de traitement miracle de la schizophrénie, mais il existe des médicaments qui, si on les prend
régulièrement, permettent de diminuer le délire ainsi que les symptômes négatifs et les effets de
déstructuration et de destruction qu'ils peuvent avoir sur le sujet et sur son existence.
Le rôle de l'entourage est aussi très important s'il peut être présent et soutenir le sujet dans les épreuves
qu'il traverse.
Le suivi psychothérapique permet aussi d'améliorer considérablement les choses : en se comprenant mieux,
en apprenant à vivre en étant comme on est et à développer ses ressources personnelles.
L'hospitalisation est nécessaire en période aiguë ou dans les moments de très grande angoisse.
Des aménagements de vie sont possibles et peuvent être mis en place dans un esprit de coopération
patient soignants et famille éventuellement.
Est-ce que ça va aller en s'aggravant tout au long de la vie ?
Non, pas forcément. Il y a des moments de « poussée » de « crise » et des moments où les choses
s'apaisent. Mais un suivi régulier et une vigilance constante sont nécessaires tout au long de la vie (voir le
film « Un homme d'exception » sur la vie du mathématicien américain W. Nash, schizophrène qui a eu le prix
Nobel de mathématique alors qu'il avait une soixantaine d'années).
En conclusion
La schizophrénie est grave et vivre cette maladie est une épreuve terrible. Mais le destin d'un sujet
schizophrène n'est pas scellé à l'avance : il dépend beaucoup de la façon dont il sera entouré, pris en
charge et soigné, et surtout de la façon dont lui-même pourra apprendre à vivre avec sa maladie et
développer ses propres richesses.
- © DocteurW.com 2005 -
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