PLANTES MELLIFÈRES
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Abeilles & Fleurs N° 729 - Juillet-Août 2011
Les lavandes
Milieux et répartition
Toutes les lavandes sont des
plantes hautement thermophiles,
supportant sans peine les sols
secs et bien exposés. Les la-
vandes vraie, aspic et le lavandin
sont rencontrés sur sol calcaire
aussi bien à l’état cultivé qu’à
l’état natif (garrigues). La lavande
des îles d’Hyères est au contraire
un marqueur des formations mé-
diterranéennes
sur sol siliceux
(maquis) ; elle
est ainsi com-
munément
rencontrée en
Corse du Sud
ainsi que dans
le massif des
Maures.
Au jardin
Il existe de nom-
breux hybrides
et variétés hor-
ticoles des diffé-
rentes espèces
de lavandes, qui sont très com-
munément introduites au jardin
comme plantes aromatiques ou
afin de couvrir rocailles et pieds
de murs exposés. La lavande
vraie
(L. angustifolia)
et le lavandin
(L. hybrida)
font en outre l’objet
de cultures, principalement en
Haute-Provence et dans les Alpes-
Maritimes (région de Grasse, voir
encadré ci-dessous).
Intérêt apicole
Toutes les lavandes produisent
un nectar particulièrement abon-
dant, et de ce fait sont activement
visitées par les abeilles. Le miel
monofloral de lavande fait l’ob-
jet d’une production importante
Figure 2 : ouvrière au travail sur une
inflorescence de lavande vraie, Lavandula
angustifolia.
© Gertrude K. (www.flickr.com).
© Jonathan GROPP (www.flickr.com).
Figure 4 : la lavande des îles d’Hyères, Lavandula stoechas,
affectionne les sols siliceux ; noter les inflorescences serrées et
surmontées d’un toupet de grandes bractées violacées.
Lavande et parfumerie
L’utilisation de la lavande pour son
parfum est très ancienne : déjà les Ro-
mains l’utilisaient afin de parfumer les
bains des thermes. En revanche, son
utilisation en parfumerie se généralise
au xixe siècle, et s’accompagne du dé-
veloppement de la culture en Provence
et dans le Quercy. La lavande vraie (la-
vande dite « fine »),
Lavandula angus-
tifolia
, est connue pour produire une
huile essentielle de meilleure qualité,
qui bénéficie d’ailleurs d’une appella-
tion d’origine contrôlée en Haute-Pro-
vence. Le lavandin,
L. hybrida
(en fait
à l’origine un hybride naturel
L. angus-
tifolia x L. latifolia
), produit une huile
essentielle plus camphrée et de ce fait
plutôt utilisée en parfumerie indus-
trielle. Le lavandin étant réputé plus
productif en essence que la lavande
vraie, c’est aujourd’hui l’espèce la plus
cultivée en France métropolitaine. Les
lavandes aspic
(L. latifolia)
et des îles
d’Hyères
(L. stoechas)
ne sont pas culti-
vées, mais elles sont ponctuellement
récoltées à l’état sauvage afin d’en
extraire une huile essentielle surtout
utilisée à des fins thérapeutiques.
l’épi est surmonté d’un « tou-
pet » caractéristique constitué de
grandes bractées violacées (fig. 4,
voir encadré).
Les étamines sont au nombre
de quatre ; elles sont soudées à
la corolle par le filet. Le pistil est
constitué d’un ovaire à 4 loges, lui
aussi caractéristique de la famille.
En tant qu’hybride naturel entre la
lavande vraie et la lavande aspic,
le lavandin est stérile et par consé-
quent multiplié végétativement.
Floraison
Elle est un peu plus précoce chez
L. angustifolia
(avril-juin) par rap-
port aux trois autres espèces, qui
fleurissent plutôt de juin à août.
© Valter JACINTO (www.flickr.com).
Figure 3 : la lavande aspic, Lavandula
latifolia. Les feuilles un peu plus larges et
les tiges florifères ramifiées permettent de
la distinguer de Lavandula angustifolia
(voir fig. 1).
dans les régions de culture de la
lavande. De couleur jaune pâle à
doré, ce miel très parfumé et à la
cristallisation très fine est l’un des
plus appréciés. n
Thomas Silberfeld
Enseignant en biologie végétale à
l’Université Pierre-et-Marie-Curie