Les lavandes - Abeille Sentinelle

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Fiche pratique
PLantes mellifères
Les lavandes
© DdoFr (www.flickr.com).
Rares sont les plantes aussi évocatrices que la lavande :
son parfum pénétrant et sa couleur vibrante en font
un des symboles de la flore provençale du début de
l’été. On oublie déjà plus souvent qu’il existe en fait
plusieurs espèces de lavandes, qui figurent toutes
parmi les premières plantes mellifères du pourtour
méditerranéen.
contre
la
tige. Comme
toutes
les
parties de la
plante,
les
feuilles sont
recouvertes
de poils sécréteurs d’essences qui les
rendent très
odorantes
lorsqu’on les
froisse. Si la
Figure 1 : culture de lavande vraie (Lavandula angustifolia).
lavande vraie
et le lavandin
présentent l’odeur « de lavande »
Port et cycle de vie
typique
et bien connue, la laLes lavandes sont toutes des arvande
aspic
et la lavande des îles
brisseaux touffus à tige ligneuse.
d’Hyères,
en
revanche, présentent
Il s’agit de plantes vivaces dont
une
forte
odeur
camphrée, beaula hauteur dépasse rarement un
coup
moins
agréable.
mètre.
Appareil végétatif
Chez toutes les espèces de lavandes, les feuilles sont relativement étroites, de couleur vert grisâtre, opposées sur la tige. Chez
la lavande vraie (Lavandula angustifolia) [fig. 1 et 2], les feuilles sont
espacées et presque linéaires.
Chez la lavande aspic (Lavandula
latifolia) [fig. 3] et le lavandin (Lavandula hybrida), elles sont un peu
plus larges. Chez la lavande des
îles d’Hyères (Lavandula stoechas)
[fig. 4] enfin, elles sont beaucoup
plus nombreuses et appliquées
Fiche identité
Les lavandes
Nom scientifique : genre Lavandula :
- Lavandula angustifolia Mill. (lavande
vraie).
- Lavandula latifolia Medik. (lavande
aspic).
- Lavandula x hybrida (lavandin,
hybride naturel L. angustifolia x
L. latifolia).
- Lavandula stoechas L. (lavande des
îles d’Hyères)…
Famille : Lamiaceae.
Floraison : avril-juin pour
L. angustifolia ; juin-août pour
L. latifolia, L. hybrida et L. stoechas.
Nectar : 3.
Pollen : 1.
Fleurs
Les fleurs, d’une nuance allant
du bleu intense au violet vif, sont
regroupées en grappes allongées
à l’extrémité des tiges (fig. 1 à 4).
Comme chez toutes les Lamiacées, la corolle est constituée de
5 pétales soudés répartis en deux
lèvres (corolle bilabiée) [fig. 2].
Chez la lavande vraie, la lavande
aspic et le lavandin, les inflorescences sont assez lâches et permettent de distinguer le calice
grisâtre finement strié (fig. 1 à 3).
Chez la lavande des îles d’Hyères,
en revanche, les petites fleurs sont
serrées les unes contre les autres,
Différentes stratégies de pollinisation
chez les lavandes
Les fleurs de la lavande vraie (L. angustifolia) et de la lavande aspic
(L. latifolia) présentent une corolle bilabiée relativement longue, pouvant
avoisiner 1 cm, et d’un bleu violacé
vif (fig. 1 à 3). Chez ces espèces, c’est
la corolle elle-même qui constitue le
signal d’attraction des insectes pollinisateurs, qui atterrissent sur la lèvre
inférieure afin de récolter le nectar au
fond de la corolle. En revanche, chez
la lavande des îles d’Hyères (L. stoe-
chas), les fleurs sont beaucoup plus
petites et foncées ; c’est le toupet de
grandes bractées violacées coiffant
chaque inflorescence qui endosse
alors le rôle de signal d’attraction
pour les pollinisateurs, pour toutes
les fleurs de l’inflorescence. Chez les
plantes à fleurs, il existe de nombreux
autres exemples de cette stratégie
de « signal collectif », qui permettrait une économie de ressources et
d’énergie à l’échelle de la plante.
Abeilles & Fleurs N° 729 - Juillet-Août 2011
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PlanteS mellifères
Les lavandes
Figure 2 : ouvrière au travail sur une
inflorescence de lavande vraie, Lavandula
angustifolia.
l’épi est surmonté d’un « toupet » caractéristique constitué de
grandes bractées violacées (fig. 4,
voir encadré).
Les étamines sont au nombre
de quatre ; elles sont soudées à
la corolle par le filet. Le pistil est
constitué d’un ovaire à 4 loges, lui
aussi caractéristique de la famille.
En tant qu’hybride naturel entre la
lavande vraie et la lavande aspic,
le lavandin est stérile et par conséquent multiplié végétativement.
Floraison
© Valter JACINTO (www.flickr.com).
Elle est un peu plus précoce chez
L. angustifolia (avril-juin) par rapport aux trois autres espèces, qui
fleurissent plutôt de juin à août.
Figure 3 : la lavande aspic, Lavandula
latifolia. Les feuilles un peu plus larges et
les tiges florifères ramifiées permettent de
la distinguer de Lavandula angustifolia
(voir fig. 1).
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Abeilles & Fleurs N° 729 - Juillet-Août 2011
Toutes les lavandes sont des
plantes hautement thermophiles,
supportant sans peine les sols
secs et bien exposés. Les lavandes vraie, aspic et le lavandin
sont rencontrés sur sol calcaire
aussi bien à l’état cultivé qu’à
l’état natif (garrigues). La lavande
des îles d’Hyères est au contraire
un marqueur des formations méditerranéennes
sur sol siliceux
(maquis) ; elle
est ainsi communément
rencontrée en
Corse du Sud
ainsi que dans
le massif des
Maures.
Haute-Provence et dans les AlpesMaritimes (région de Grasse, voir
encadré ci-dessous).
Intérêt apicole
Toutes les lavandes produisent
un nectar particulièrement abondant, et de ce fait sont activement
visitées par les abeilles. Le miel
monofloral de lavande fait l’objet d’une production importante
© Jonathan GROPP (www.flickr.com).
© Gertrude K. (www.flickr.com).
Milieux et répartition
Au jardin
Il existe de nombreux hybrides
4 : la lavande des îles d’Hyères, Lavandula stoechas,
et variétés hor- Figure
affectionne les sols siliceux ; noter les inflorescences serrées et
ticoles des diffé- surmontées d’un toupet de grandes bractées violacées.
rentes espèces
de lavandes, qui sont très com- dans les régions de culture de la
munément introduites au jardin lavande. De couleur jaune pâle à
comme plantes aromatiques ou doré, ce miel très parfumé et à la
afin de couvrir rocailles et pieds cristallisation très fine est l’un des
de murs exposés. La lavande plus appréciés. n
vraie (L. angustifolia) et le lavandin
Thomas Silberfeld
(L. hybrida) font en outre l’objet
Enseignant en biologie végétale à
de cultures, principalement en
l’Université Pierre-et-Marie-Curie
Lavande et parfumerie
L’utilisation de la lavande pour son
parfum est très ancienne : déjà les Romains l’utilisaient afin de parfumer les
bains des thermes. En revanche, son
utilisation en parfumerie se généralise
au xixe siècle, et s’accompagne du développement de la culture en Provence
et dans le Quercy. La lavande vraie (lavande dite « fine »), Lavandula angustifolia, est connue pour produire une
huile essentielle de meilleure qualité,
qui bénéficie d’ailleurs d’une appellation d’origine contrôlée en Haute-Provence. Le lavandin, L. hybrida (en fait
à l’origine un hybride naturel L. angustifolia x L. latifolia), produit une huile
essentielle plus camphrée et de ce fait
plutôt utilisée en parfumerie industrielle. Le lavandin étant réputé plus
productif en essence que la lavande
vraie, c’est aujourd’hui l’espèce la plus
cultivée en France métropolitaine. Les
lavandes aspic (L. latifolia) et des îles
d’Hyères (L. stoechas) ne sont pas cultivées, mais elles sont ponctuellement
récoltées à l’état sauvage afin d’en
extraire une huile essentielle surtout
utilisée à des fins thérapeutiques.
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