Fiche pratique
PLANTES MELLIFÈRES
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Abeilles & Fleurs N° 729 - Juillet-Août 2011
Figure 1 : culture de lavande vraie (Lavandula angustifolia).
FICHE IDENTITÉ
Les lavandes
Nom scientifique : genre
Lavandula
:
- Lavandula angustifolia
Mill. (lavande
vraie).
- Lavandula latifolia
Medik. (lavande
aspic).
- Lavandula x hybrida
(lavandin,
hybride naturel
L. angustifolia x
L. latifolia).
- Lavandula stoechas L.
(lavande des
îles d’Hyères)…
Famille : Lamiaceae.
Floraison : avril-juin pour
L. angustifolia
; juin-août pour
L. latifolia, L. hybrida
et
L. stoechas
.
Nectar : 3.
Pollen : 1.
Port et cycle de vie
Les lavandes sont toutes des ar-
brisseaux touffus à tige ligneuse.
Il s’agit de plantes vivaces dont
la hauteur dépasse rarement un
mètre.
Appareil végétatif
Chez toutes les espèces de la-
vandes, les feuilles sont relative-
ment étroites, de couleur vert gri-
sâtre, opposées sur la tige. Chez
la lavande vraie
(Lavandula angus-
tifolia)
[fig. 1 et 2], les feuilles sont
espacées et presque linéaires.
Chez la lavande aspic
(Lavandula
latifolia)
[fig. 3] et le lavandin
(La-
vandula hybrida)
, elles sont un peu
plus larges. Chez la lavande des
îles d’Hyères
(Lavandula stoechas)
[fig. 4] enfin, elles sont beaucoup
plus nombreuses et appliquées
Fleurs
Les fleurs, d’une nuance allant
du bleu intense au violet vif, sont
regroupées en grappes allongées
à l’extrémité des tiges (fig. 1 à 4).
Comme chez toutes les Lamia-
cées, la corolle est constituée de
5 pétales soudés répartis en deux
lèvres (corolle bilabiée) [fig. 2].
Chez la lavande vraie, la lavande
aspic et le lavandin, les inflores-
cences sont assez lâches et per-
mettent de distinguer le calice
grisâtre finement strié (fig. 1 à 3).
Chez la lavande des îles d’Hyères,
en revanche, les petites fleurs sont
serrées les unes contre les autres,
Les lavandes
Rares sont les plantes aussi évocatrices que la lavande :
son parfum pétrant et sa couleur vibrante en font
un des symboles de la flore provençale du début de
l’été. On oublie déjà plus souvent quil existe en fait
plusieurs espèces de lavandes, qui figurent toutes
parmi les premières plantes mellifères du pourtour
méditerranéen.
© DdoFr (www.flickr.com).
contre la
tige. Comme
toutes les
parties de la
plante, les
feuilles sont
recouvertes
de poils sé-
créteurs d’es-
sences qui les
rendent très
odorantes
lorsqu’on les
froisse. Si la
lavande vraie
et le lavandin
présentent l’odeur « de lavande »
typique et bien connue, la la-
vande aspic et la lavande des îles
d’Hyères, en revanche, présentent
une forte odeur camphrée, beau-
coup moins agréable.
Différentes stratégies de pollinisation
chez les lavandes
Les fleurs de la lavande vraie
(L. an-
gustifolia)
et de la lavande aspic
(L. latifolia)
présentent une corolle bi-
labiée relativement longue, pouvant
avoisiner 1 cm, et d’un bleu violacé
vif (fig. 1 à 3). Chez ces espèces, c’est
la corolle elle-même qui constitue le
signal d’attraction des insectes polli-
nisateurs, qui atterrissent sur la lèvre
inférieure afin de récolter le nectar au
fond de la corolle. En revanche, chez
la lavande des îles d’Hyères
(L. stoe-
chas)
, les fleurs sont beaucoup plus
petites et foncées ; c’est le toupet de
grandes bractées violacées coiffant
chaque inflorescence qui endosse
alors le rôle de signal d’attraction
pour les pollinisateurs, pour toutes
les fleurs de l’inflorescence. Chez les
plantes à fleurs, il existe de nombreux
autres exemples de cette stratégie
de « signal collectif », qui permet-
trait une économie de ressources et
d’énergie à l’échelle de la plante.
PLANTES MELLIFÈRES
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Abeilles & Fleurs N° 729 - Juillet-Août 2011
Les lavandes
Milieux et répartition
Toutes les lavandes sont des
plantes hautement thermophiles,
supportant sans peine les sols
secs et bien exposés. Les la-
vandes vraie, aspic et le lavandin
sont rencontrés sur sol calcaire
aussi bien à l’état cultivé qu’à
l’état natif (garrigues). La lavande
des îles d’Hyères est au contraire
un marqueur des formations mé-
diterranéennes
sur sol siliceux
(maquis) ; elle
est ainsi com-
munément
rencontrée en
Corse du Sud
ainsi que dans
le massif des
Maures.
Au jardin
Il existe de nom-
breux hybrides
et variétés hor-
ticoles des diffé-
rentes espèces
de lavandes, qui sont très com-
munément introduites au jardin
comme plantes aromatiques ou
afin de couvrir rocailles et pieds
de murs exposés. La lavande
vraie
(L. angustifolia)
et le lavandin
(L. hybrida)
font en outre l’objet
de cultures, principalement en
Haute-Provence et dans les Alpes-
Maritimes (région de Grasse, voir
encadré ci-dessous).
Intérêt apicole
Toutes les lavandes produisent
un nectar particulièrement abon-
dant, et de ce fait sont activement
visitées par les abeilles. Le miel
monofloral de lavande fait l’ob-
jet d’une production importante
Figure 2 : ouvrière au travail sur une
inflorescence de lavande vraie, Lavandula
angustifolia.
© Gertrude K. (www.flickr.com).
© Jonathan GROPP (www.flickr.com).
Figure 4 : la lavande des îles d’Hyères, Lavandula stoechas,
affectionne les sols siliceux ; noter les inflorescences serrées et
surmontées d’un toupet de grandes bractées violacées.
Lavande et parfumerie
L’utilisation de la lavande pour son
parfum est très ancienne : déjà les Ro-
mains l’utilisaient afin de parfumer les
bains des thermes. En revanche, son
utilisation en parfumerie se généralise
au xixe siècle, et s’accompagne du dé-
veloppement de la culture en Provence
et dans le Quercy. La lavande vraie (la-
vande dite « fine »),
Lavandula angus-
tifolia
, est connue pour produire une
huile essentielle de meilleure qualité,
qui bénéficie d’ailleurs d’une appella-
tion d’origine contrôlée en Haute-Pro-
vence. Le lavandin,
L. hybrida
(en fait
à l’origine un hybride naturel
L. angus-
tifolia x L. latifolia
), produit une huile
essentielle plus camphrée et de ce fait
plutôt utilisée en parfumerie indus-
trielle. Le lavandin étant réputé plus
productif en essence que la lavande
vraie, c’est aujourd’hui l’espèce la plus
cultivée en France métropolitaine. Les
lavandes aspic
(L. latifolia)
et des îles
d’Hyères
(L. stoechas)
ne sont pas culti-
vées, mais elles sont ponctuellement
récoltées à l’état sauvage afin d’en
extraire une huile essentielle surtout
utilisée à des fins thérapeutiques.
l’épi est surmonté d’un « tou-
pet » caractéristique constitué de
grandes bractées violacées (fig. 4,
voir encadré).
Les étamines sont au nombre
de quatre ; elles sont soudées à
la corolle par le filet. Le pistil est
constitué d’un ovaire à 4 loges, lui
aussi caractéristique de la famille.
En tant qu’hybride naturel entre la
lavande vraie et la lavande aspic,
le lavandin est stérile et par consé-
quent multiplié végétativement.
Floraison
Elle est un peu plus précoce chez
L. angustifolia
(avril-juin) par rap-
port aux trois autres espèces, qui
fleurissent plutôt de juin à août.
© Valter JACINTO (www.flickr.com).
Figure 3 : la lavande aspic, Lavandula
latifolia. Les feuilles un peu plus larges et
les tiges florifères ramifiées permettent de
la distinguer de Lavandula angustifolia
(voir fig. 1).
dans les régions de culture de la
lavande. De couleur jaune pâle à
doré, ce miel très parfumé et à la
cristallisation très fine est l’un des
plus appréciés. n
Thomas Silberfeld
Enseignant en biologie végétale à
l’Université Pierre-et-Marie-Curie
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