LES LAVANDES DE LURE
Claude MESNIL 2010
L'HISTOIRE
La fumure des ovins pâturant sur le sol ensoleillé, sec,
pauvre et calcaire des baïassières1 du versant sud de
la montagne de Lure y facilita l'essor de la lavande.
Sa récolte améliora le revenu des familles de paysans,
forestiers et bergers. Ce fut plutôt affaire de femmes à
temps perdu. Leur « tablier » faisant contenant, ce mot
devint l'unité de mesure du négoce. La fleur sauvage
servit comme repoussoir à poux et à mites dans les
foyers, à la pharmacopée, et à la parfumerie locale.
Des herboristes, des droguistes et des colporteurs, parfois venus de très loin, en firent aussi le commerce
entre le XVllème et la fin du XlXème siècle. Ils revendaient en tant que médicament les fioles de l'« huile
essentielle2 » issue de leur alambic mobile…
Des cultures destinées aux parfumeurs de Grasse s'organisèrent au XlXème siècle : le pied du massif de Lure
se couvrit de distilleries qui déclinèrent assez vite, conséquence de la spéculation sur les cours la fleur.
LES LAVANDES COURANTES
LA LAVANDE OFFICINALE
Dite aussi « lavande vraie » ou « lavande fine », supportant bien le froid, elle déploie
d'avril à mai de longs pédoncules non ramifiés terminés par un épis allant du violet au
mauve pâle. La longueur des feuilles gris-vert varie de 3 à 5 cm.
La plante vit à l'état sauvage entre 500 et 1700 m d'altitude, ou se cultive avec un gain
optimal vers 900 m : les semis sont prélevés soit dans les plus belles touffes afin de
tenter d'amender la lignée, soit sur le champ complet pour obtenir une race homogène
sécrétant ses défenses propres. Cette lavande fournit la meilleure huile essentielle.
LA LAVANDE ASPIC
Dite aussi « lavande mâle » ou « grande lavande », elle se récolte de
juin à août du niveau de la mer jusqu'à 700 m d’altitude. Ses fleurs
grisâtres coiffent des tiges ramifiées et ses feuilles sont assez larges.
Son odeur camphrée la destine plutôt aux répulsifs anti-insectes.
LE LAVANDIN
Dit aussi « lavande bâtarde », c'est l'hybride des précédentes dans la
tranche d'altitude commune (500-700 m). Fruit stérile du butinage
des abeilles, on sait le reproduire par bouturage. Sa robustesse, son
rendu en huile essentielle et sa coupe mécanisable firent son succès.
10 années de culture alternent de 2 à 4 ans de fourrage, de blé,
d'orge ou d'épeautre3. La récolte débute après 2 ans, le meilleur
rapport se situant entre la 4ème et la 6ème année. Sa valeur olfactive
et l'étendue des surfaces plantées le vouent principalement aux lessiviers.
La cicadelle est le vecteur responsable du « dépérissement à phytoplasme », le principal problème sanitaire
des différentes lavandes. Cet insecte piqueur-suceur ingère les bactéries sur les plantes malades et sa salive
les transmet aux plantes saines. Les lavandes atteintes verront se développer peu à peu un duvet cotonneux