Médecine & enfance Conduite à tenir devant un ou plusieurs cas de coqueluche « Conduite à tenir devant un ou plusieurs cas de coqueluche » (actualisation de la version du 1er septembre 2005), CSHPF, 2006 http://www.sante.gouv.fr/htm/dossiers/cshpf/r_mt_220906_catcoqueluche.pdf 1. L’épidémiologie de la coqueluche a beaucoup changé dans de nombreuses régions du monde. La circulation de la bactérie chez les adolescents ou les adultes jeunes a été confirmée dans plusieurs pays. Dans une étude réalisée en France dans trente unités de réanimation pédiatrique, c’est la première cause de décès par infection bactérienne communautaire chez le nourrisson âgé de dix jours à deux mois. Entre 1997 et 2000, aux Etats-Unis, les cas de coqueluche concernaient 29 % des nourrissons de moins de un an, 22 % des enfants entre un et neuf ans, 29 % des enfants ou des adolescents entre dix et dix-neuf ans et 20 % des adultes de plus de vingt ans. En région parisienne, 32 % des adultes suivis pour une toux persistant depuis plus de sept jours avaient une coqueluche bactériologiquement confir- mée, soit une incidence de 884 cas pour 100 000. Près de 1 600 nourrissons ont été hospitalisés entre 1996 et 2005, dont 17 % en réanimation. 2. La transmission de la coqueluche se fait au contact d’un malade par la toux, à l’intérieur des familles ou des collectivités d’enfants. Une enquête est indispensable autour du malade pour détecter les sujets contacts. La contagiosité, maximale pendant la phase de début (catarrhale), diminue progressivement. Elle est nulle après cinq jours d’une antibiothérapie adaptée. 3. On distingue trois formes cliniques : forme classique de l’enfant non vacciné ; forme du nourrisson de moins de six mois non vacciné ; forme de l’enfant anciennement vacciné et de l’adulte. Dans l’étude effectuée en Ile-de-France, janvier 2008 page 36 Médecine & enfance sur les 32 % de patients qui toussaient et pour lesquels un diagnostic de coqueluche avait été confirmé, 60 % avaient été vaccinés. Le diagnostic clinique repose sur le déroulement de la maladie, les caractéristiques de la toux, l’identification des contaminateurs. Le diagnostic biologique, indispensable pour les populations vaccinées, est fondé sur : la culture (sur milieu de Bordet-Gengou ou de Regan Lowe) ; la détection de l’ADN bactérien ou PCR (polymerase chain reaction) en temps réel, dont la spécificité est variable selon les techniques et les centres (55 à 95 %) ; la sérologie ELISA (IgG antitoxine de Bordetella pertussis), dont, en France, seul le CNR (Institut Pasteur) pratique la technique de référence. Le diagnostic par PCR est le diagnostic de référence pour les sujets toussant depuis moins de trois semaines. Pour les nouveau-nés et nourrissons hospitalisés, la culture et la PCR (bien que celle-ci ne soit pas remboursée) doivent être effectuées en parallèle. 4. Le traitement est fondé sur l’hospitalisation (jeunes nourrissons) et l’antibiothérapie : l’érythromycine (macrolide « historique » de référence) et la josamycine (macrolide le plus utilisé en pédiatrie) (1) doivent être remplacées par la clarithromycine et l’azithromycine (simplification de la po- sologie (2) par réduction du nombre de prises et de la durée du traitement, meilleure tolérance, mais coût plus élevé). En cas d’intolérance aux macrolides, le cotrimoxazole est indiqué. Les fluoroquinolones n’ont pas été évaluées. Les bêtalactamines sont inefficaces et ne peuvent être recommandées. L’antibiothérapie adaptée permet d’autoriser le retour en collectivité après cinq jours de traitement (trois jours en cas de traitement par azithromycine). 5. La prévention est fondée sur la vaccination (des enfants et des adultes) et l’éviction de l’enfant. La vaccination comporte trois injections à réaliser à partir de deux mois et à un mois d’intervalle, avec un premier rappel entre seize et dix-huit mois et un second rappel à onze-treize ans. La vaccination de l’adulte est recommandée chez les professionnels de santé en contact avec des nourrissons trop jeunes pour avoir reçu les trois doses de vaccin coqueluche DTPCaHiB et les futurs parents lors d’un seul rappel décennal dTP (vaccination dTCaP possible deux ans après un rappel dTP lors de la survenue d’un ou plusieurs cas de coqueluche). L’éviction est fondée sur l’arrêté du 3 mai 1989, mais celui-ci est en cours de révision en raison de l’évolution des données épidémiologiques, cliniques et thérapeutiques. janvier 2008 page 37 Médecine & enfance 6. La conduite à tenir devant un cas de coqueluche varie selon que l’enfant est âgé de moins ou de plus de trois mois. Sont recommandés : une hospitalisation en chambre individuelle est conseillée dans tous les cas avant l’âge de trois mois et selon la tolérance clinique après cet âge ; si l’enfant n’est pas hospitalisé, une éviction de la collectivité et un isolement respiratoire à la maison. Dans l’entourage familial, social ou professionnel, il faut : prescrire une antibioprophylaxie aux sujets à haut risque (3) ; prescrire une antibioprophylaxie dans l’entourage proche et, a fortiori, familial du malade si les personnes n’ont pas été vaccinées ou si leur dernière vaccination coquelucheuse date de plus de cinq ans ; mettre à jour le calendrier vaccinal (pour les adultes à jour de leur DTP, un délai minimum de deux ans est requis pour administrer le vaccin quadrivalent adulte contenant la valence coquelucheuse acellulaire) ; demander au patient ou aux parents d’aviser les personnes de leur entourage familial, social et professionnel pour qu’elles consultent en cas d’apparition de toux dans les vingt et un jours suivant le dernier contact et alerter le médecin du travail du malade. 7. Les cas groupés sont définis comme au moins deux cas de coqueluche contemporains ou successifs, séparés par une période d’incubation compatible de dix jours (sept à vingt et un jours) et survenant dans une même unité géographique. Le médecin doit alors contacter les autorités sanitaires (médecin inspecteur de la santé publique de la DDASS), qui organiseront la prévention à l’intérieur de la collectivité. L’augmentation des cas de coqueluche dans un secteur géographique déterminé entraîne des procédures pour confirmer l’épisode épidémique et avertir l’ensemble des professionnels de santé publics et privés. (1) Pendant 14 jours pour ces deux molécules. (2) Clarithromycine : 15 mg/kg/j en 2 prises pendant 7 jours, sans dépasser 500 mg x 2 chez l’enfant et 500 à 1000 mg chez l’adulte. Azithromycine : 20 mg/kg/j en une seule prise pendant 3 jours sans dépasser la posologie adulte (500 mg/j). (3) Nourrissons non ou incomplètement vaccinés, femmes enceintes, individus atteints d’affections respiratoires chroniques (asthme), parents de nourrissons non encore vaccinés… janvier 2008 page 38