Les urgences Hémato-Oncologiques

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LES URGENCES
HÉMATOONCOLOGIQUES
Le 11 octobre 2014
Vincent Castonguay
Hémato-Oncologue
CHU-de-Québec
CHA-Hôtel-Dieu-de-Lévis
Plan
• Définition et philosophie
• Urgences oncologiques et approche
• Neutropénie fébrile
• Compression médullaire
• Leucostase
• Hypercalcémie
Définition et philosophie
• Une urgence oncologique = toute condition entraînée par
le cancer ou par son traitement qui si non traitée
rapidement pourrait amener le décès (eg. Neutropénie
fébrile) ou une perte de fonction/diminution de la qualité
de vie (eg. Compression médullaire)
• En plus de toutes les questions cliniques pertinentes:
• Le meilleur traitement devrait-il être dirigé à la complication ou
plutôt à la maladie de base (ie. Traiter le cancer)
• La situation médicale globale du patient doit absolument orienter
la prise de décision
• EG. Est-il pertinent de traiter la complication si un patient a un
pronostic vital et fonctionnel d’emblée compromis
Urgenes oncologiques - classification
• Causés par la maladie
• Directement reliés à la tumeur
•
•
•
•
•
•
•
Compression médullaire
HTIC – métastase cérébrale
SVCS
Leucostase
Insuffisance respiratoire (lymphangite, épanchements pleuraux massifs)
Tamponnade
Syndrôme de lyse tumorale
• Indirectement causés par la tumeur
•
•
•
•
•
Hypercalcémie
Divers syndrômes paranéoplasiques
Thrombose (hypercoagulabilité para-néo)
Infection
Saignement
Urgences oncologiques - classification
• Causés par le traitement
• Infection
• Saignement
• Thromboses
• Syndrôme de lyse tumorale
Scénario
• Un homme de 63 ans ayant comme antécédent MPOC modérée,
HTA, DLP, DM2 qui a reçu il y a 10 jours un premier traitement (RCHOP) pour un lymphome diffus à grandes cellules de stade IIIB se
présente à l’urgence. Il a présenté de la fièvre à 38,5 degrés C à une
reprise. Conformément aux recommandations de son oncologue il
s’est présenté immédiatement à l’urgence. Il n’a pas de symptôme
d’appel infectieux.
• Il apparaît bien. Les signes vitaux montrent:
• FC = 115, TA = 134/72, Sat 98%, Température 38,8
• La FSC montre:
• GB = 0,8
• Neutrophiles = 0,2
• Hb = 88
• Plaq = 111
• Le reste du bilan biochimique est normal
• La radiographie pulmonaire et l’analyse d’urine sont normales
Quelle est votre recommendation?
• A) Admission + Observation attentive – pas de
couverture antibiotiques d’emblée.
• B) Admission + couverture antibiotique large
spectre (eg. Carbapénème)
• C) Admission + couverture antibiotique large
spectre + investigation aditionelle (eg.
Tomodenstiométrie thorax + abdomen)
• D) Admission + imipénem + neupogen
• E) Congé avec antibiothérapie orale à large
spectre (quinolone respiratoire)
Neutropénie fébrile
• Définition:
• Fièvre
• Température >38,3 °C à une reprise ou >38°C soutenu pour une heure
OU
• Frisson solennel franc
• Neutropénie
• Neutrophiles <0,5
• Correspondent à cette définition les trois entités cliniques suivantes:
• Infection cliniquement documentée (eg. Pneumonie)
• Infection microbiologiquement documentée (ie. Septicémie sans source de départ
clair)
• Fièvre sans foyer
• Il faudra alors préciser le diagnostic Neutropénie fébrile + Pneumonie
LIG à Pseudomonas.
Traitement de la neutropénie fébrile
Chez le patient “standard“
• Quand un patient répond aux critères de la neutropénie
fébrile, il s’agit d’une urgence médicale
• Il faut débuter rapidement une antibiothérapie après les
hémocultures
• Guidelines = à l’intérieur de 60 minutes après la présentation
• Ne PAS attendre Rx pulmonaire ou analyse d’urine indument.
• L’antibiotique débuté doit être choisi selon le profil du
patient (eg. Allergies) et le profil local ou personnel (eg.
SARM, ERV) de résistance.
• Plusieurs antibiothérapie “standard“ acceptables
• Pip-tazo, carbapénèmes, céphalosporines de 3e génération
• Attention aux doses
Traitement de la neutropénie fébrile
Chez le patient “standard“
• Une investigation supplémentaire n’est pas nécessaire
d’emblée, celle-ci devrait-être guidée par la présence ou
non de symptômes
• Douleur abdominale?
• Symptômes respiratoires?
• Céphalées ou symptômes neurologiques?
• Diarrhées?
• Une investigation supplémentaire sera nécessaire si
l’évolution clinique n’est pas satisfaisante
• Ie. fièvre persistante ou récurrente suite à bonne réponse initiale
Traitement de la neutropénie fébrile
Chez le patient “standard“
• Facteurs de croissance?
• Lorsque ceux-ci sont d’emblée prescrits dans une visée
prophylactique = les continuer
• Si des facteurs de croissance n’avaient pas été prescrits de
façon prophylactique il n’est pas recommandé d’en débuter
• Méta-analyses sur facteurs de croissance pour traiter un épisode
neutropénie fébrile =
• Plus coûteux
• Absence d’avantage de survie
• Diminuent durée de la fièvre et de l’hospitalisation de façon statistiquement mais pas
de façon cliniquement significative
• Accroissement de la toxicité (douleur osseuse principalement)
Traitement de la neutropénie fébrile
Chez le patient “standard“
• Lignes directrices sur l’emploi des facteurs de croissance dans la
neutropénie fébrile:
• Non recommandé
• Considérer dans les cas suivants:
•
•
•
•
•
•
Patient âgé (>65 ans) ou frêle
Tableau infectieux non contrôlé ou “inquiétant“
Durée de neutropénie anticipée très longue (eg. >10 jours)
Neutropénie profonde
Pneumonie
Hypotension
Traitement de la neutropénie fébrile chez
le patient à faible risque
• On peut PARFOIS considérer un traitement oral en externe de la
neutropénie fébrile chez les patients à faible risque:
• Définitions de bas risque = soit
• A)
•
•
•
•
Neutropénie <500 anticipée de moins de 7 jours
Pas de comorbidité significative
Pas de dysfonction rénale ou hépatique
ou
• B)
• Utiliser le calculateur validé Multinational Association for Supportive Care in Cancer (MASCC) qui
intègre ces paramètres
• Disponible en ligne (sur uptodate entre autres)
• ET: Patient FIABLE qui habite a <60 minutes d’une urgence
• Pour cette population de nombreuses études randomisées ont démontré la
sécurité d’un traitement oral externe (quinolone) avec des consignes claires
• Revenir si détérioration
• Revenir si pas de défervescence dans les 48 heures
• Prendre sa température régulièrement
Prévention de la neutropénie fébrile
Prophylaxie secondaire
• Suite à un premier épisode de neutropénie fébrile des mesures
correctrices devraient être prises afin de minimiser un second
épisode
• Réduction de dose
• Prophylaxie secondaire avec un facteur de croissance hématopoïétique
• Combinaison de ces deux modalités
• Dans les cas où le maintien de la dose-intensité est importante
(eg. Chimiothérapie adjuvante – chimiothérapie à visée
curative) = Facteur de croissance
• Dans les cas de chimiothérapie palliative = En général
diminution de dose
Prévention de la neutropénie fébrile
Prophylaxie primaire
• Lignes directrices recommandent:
• Prophylaxie primaire si taux de neutropénie fébrile anticipé >20%
• Si taux de neutropénie fébrile anticipé entre 10-20% considérer si:
•
•
•
•
•
•
•
Âge avancé (>65 ans)
Mauvais état de performance
Neutropénie fébrile avec un régime de chimiothérapie précédent
Envahissement médullaire
Dénutrition
Infection active ou à haut risque de rechute (eg. Abcès récents)
Comorbidités sévères (eg. MPOC sévère)
• Pour les régimes de chimiothérapie avec taux anticipé de NF >20% les
méta-analyses confirment une réduction de 50% du taux de NF
• Un bénéfice de survie significatif a été démontré dans 2 sur 3 métaanalyses (HR de décès = 0,6 et 0,93 respectivement)
Prophylaxie de la neutropénie fébrile
• REVENONS À NOTRE CAS
• Il s’agit d’un pt à haut risque (comorbidités)
• Conduite appropriée =
• Admission - cultures
• Antibiothérapie large spectre IV
• Pas de facteur de croissance
• Pas d’investigation supplémentaire d’emblée
Situation clinique
• Un homme de 62 ans, sans antécédent particulier se présente
pour une douleur dorsale importante depuis 2 mois pour lequel
il a consulté à de nombreuses reprises sans diagnostic au
préalable. Il a développé au cours des deux derniers jours des
paresthésies symétriques aux membres inférieurs et une
impression de faiblesse.
• L’examen physique montre un niveau sensitif à D10 et la
présence d’une faiblesse proximale 4/5.
• Une résonnance magnétique démontre une masse à départ
osseux en regard de D10 avec extension dans le canal spinal,
comprimant la moelle épinière. Il y a destruction osseuse
quasi-complète des vertèbres D9 à D11.
• Il y a de nombreuses autres lésions osseuses multi-étagées
de D3 à L2 sans toutefois qu’il n’y ait d’extension dans le canal
spinal
Situation clinique (suite)
• Une tomodensitométrie thoraco-abdomino-pelvienne
démontre de nombreuses lésions osseuses mais aucune
lésion viscérale.
• Une PSA est élevée à 25
Situation clinique (suite)
Quelle est la meilleure approche?
• A) Dexaméthasone + Radiothérapie externe
• B) Dexaméthasone + Radiothérapie externe + débuter un
agoniste de LHRH de façon urgente
• C) Dexaméthasone + Chirurgie, suivi de radiothérapie
externe et thérapie systémique appropriée.
• D) Dexaméthasone + agoniste de LHRH + référence en
oncologie médicale pour débuter chimiothérapie urgente.
Compression médullaire - épidémiologie
• Relativement fréquent
• 2,5% des patients atteints de cancer présenteront au moins un
épisode de compression médullaire
• Causes les plus prévalentes de compression médullaire
• Cancer du sein
• Cancer du poumon
• Myélome multiple
• Causes les plus incidentes de compression médullaire
• Myélome multiple
• Lymphome non-hodgkinien
• Cancer de la prostate
• Localisation
• Environ 60% au niveau de la colonne dorsale
• 30% lombosacré
• 10% cervical
Compression médullaire – présentation
clinique
• La douleur est un symptôme quasi-universel (95% des
cas) et est fréquemment sévère
• Lorsque la compression médullaire est le symptôme de
présentation du cancer le diagnostic est souvent fait tardivement
• Délai de présentation + délai diagnostic
• Une douleur uniquement à la mobilisation suggère instabilité
• Symptômes moteurs
• Environ 60% des cas
• Symptômes sensitifs
• Environ 50% des cas
• Symptômes sphinctériens
• Environ 50% des cas
• Si syndrome de la queue de cheval = potentiellement seul
symptôme +/- douleur
Compression médullaire – présentation
clinique
• Investigations indiquées
• Radiographie simple (pas rassurant si normal)
• Si suspicion de compression médullaire = IRM de la région que l’on
suspecte comme impliquée - URGENT
• Si IRM contre-indiqué ou non disponible… taco est un examen de
dépistage correct:
• Taco permet de voir les tumeur osseuses/destruction osseuse, mais ne
permet pas de voir la moelle épinière
• On peut suspecter/deviner compression médullaire mais on ne peut l’affirmer.
Traitement
• 2 buts du traitement initial:
• Diminuer l’œdème
• Corticostéroïdes
• Enlever l’effet de compression sur la moelle épinière
• Chirurgie?
• Radiothérapie?
• Hormonothérapie?
• Chimiothérapie?
• Buts corollaires
• Obtenir rapidement un diagnostic (si nécessaire)
• Traiter la néoplasie de façon optimale (si nécessaire)
• Soulagement de la douleur
• Récupération fonctionnelle la plus complète possible
Corticostéroïdes
• Quelques études (de mauvaise qualité) suggèrent un
meilleur maintien du taux d’ambulation avec
dexaméthasone + traitement standard vs traitement
standard
• Analyse Cochrane = données insuffisantes pour se
prononcer sur efficacité
• …bénéfice différent selon cause sous-jacente?
• Ie. Bénéfice plus grand si tumeur sensible aux stéroïdes (myélome,
lymphome)?
• Bénéfice analgésique probable
• Malgré l’absence de preuve: recommendation = donner
des stéroïdes
Corticostéroïdes
• Dose optimale?
• Peu de littérature entre “faible“ dose (ie. 16 mg die) ou haute dose
(96 mg die)
• Certains experts recommandent haute dose si paraplégie
imminente
• Réellement indiqué de donner haute dose? Rarement employé.
Enlever l’effet de compression sur la
moelle épinière
• Chimiothérapie
• Très rarement indiquée comme première modalité
• Exemple d’indication: Lymphome ultra agressif (et très chimiosensible).
La compression médullaire n’est qu’un des nombreux problèmes du
patient.
Enlever l’effet de compression sur la
moelle épinière
• Radiothérapie Vs chirurgie?
• 1 étude majeure:
• Patients avec diagnostic de cancer déjà établi (exclusion lymphome +
•
•
•
•
tumeur primaire de la colonne vertébrale)
Compression médullaire clinique mais si paraplégique <48h
Tous recevaient Décadron HD (ie 24 mg QID)
Randomisés à Radiothérapie Vs Chirurgie suivi du même régime de
radiothérapie ensuite
Résultats:
•
•
•
•
Taux d’ambulation 84% vs 57% (chirurgie + RT vs RT seule)
Durée médiane de la préservation de la marche (122 jours vs 13 jours)
Chirurgie: 10/16 paraplégiques ont réussi à marcher à nouveau
RT: 3/16 paraplégiques ont réussi à marcher à nouveau
Patchell RA, et alLancet. 2005;366(9486):643.
Enlever l’effet de compression sur la
moelle épinière
• Considérer fortement approche chirurgicale d’emblée:
• Bon état général
• Bon pronostic oncologique
• Instabilité vertébrale
• Compression médullaire significative (paraplégie imminente)
• Tumeur radiorésistante
Compression médullaire
En résumé
• Y penser! La douleur est le symptôme d’appel à ne pas
manquer.
• Rechercher niveau sensitif
• Agir tôt, agir vite.
• Si paraplégie s’installe, pronostic considérablement assombri
• Physiothérapie/réadaptation primordial
• (si bon pronostic de récupération fonctionnel et bon pronostic
global)
• Cas à référer clairement en centre d’expertise (radio-
oncologie + chirurgie colonne)
• Le plus important est notre capacité à établir le diagnostic le plus
tôt possible.
Situation clinique (réponse)
• Notre patient n’a pas encore de diagnostic formel même
•
•
•
•
•
•
si on suspecte un cancer prostatique
Son état fonctionnel est excellent
La présence de maladie osseuse exclusivement prédit un
bon pronostic oncologique (particulièrement si cancer de
la prostate)
Une paraplégie est en voie de s’installer
L’atteinte de 3 vertèbres suggère la possibilité d’une
instabilité vertébrale
Ce patient doit être orienté vers une chirurgie le plus
rapidement possible
Une radiothérapie adjuvante est indiquée
Situation clinique
• Un patient de 22 ans se présente essouflé et obnibulé à
l’urgence. Il présentait une dyspnée progressive et une baisse
de l’état général ainsi que des pétéchies depuis une dizaine de
jours.
• Dans les dernières 24 heures son état s’est considérablement
dégradé et il présente depuis le matin une légère confusion et
une dyspnée de repos.
• À son arrivée à l’urgence la saturation est à 72%, une
radiographie pulmonaire réalisée en salle de réanimation
montre une image en aile de papillon bilatéralement. Un ECG
montre une tachycardie sinusale à 130 bpm. La tension
artérielle est normale. Le patient est fébrile à 38,6 C.
• Le médecin de l’urgence demande un bilan, débute un CPAP,
de l’oxygène et administre des diurétiques de façon agressive
et débute des antibiotiques
Situation clinique
• Le bilan sanguin montre:
• FSC
• GB 160 000
• Neutrophiles 3,5
• 40% de cellules autres (technicienne a appelé: blastes, possiblement un bâtonnet
d’Auer?)
• 40% de monocytes
• Hb 59
• Plaquettes = 7
•
•
•
•
•
•
•
•
Créatinine = 211
K+ = 5,9
LDH = 800
Bilan hépatique ok par ailleurs
Troponines = zone grise
INR = 1,7
D-dimères augmentés
Fibrinogène = 1,2
• Vous êtes demandé en consultation
Situation clinique – Conduite?
• Quelle est votre conduite initiale pour stabiliser le patient:
• A) Correction des anomalies de la coagulation (incluant
•
•
•
•
transfusions de plaquettes) + antibiothérapie +
hydratation.
B) Correction des anomalies de la coagulation +
transfusion de 2 culots globulaires + lasix
C) Antibiothérapie + hydratation + angio-CT + echo
cardiaque dès que possible
D) 2 culots + plaquettes + antibiotiques
E) Hydratation vigoureuse + kayexalate + rasburicase + 2
culots
Leucostase
• Leucostase
• 2re à accumulation de cellules néoplasiques
•
•
•
•
LMA (5-10%) – Le plus souvent M4-M5
LLA (occasionnel)
LLC (Occasionnel)
LMC (Occasionnel)
• Donc généralement une problématique des leucémies aiguës
• Fonction de:
• Quantité de leucocytes
• Taille des leucocytes
• Molécules d’adhésion présentes à la surface des leucocytes
• Rarement symptômatique si GB <100 (Leucémie aiguë) ou GB
<400 (LLC/LMC)
• Hyperleucocytose beaucoup plus fréquente que la leucostase
Leucostase
• Le décompte des leucocytes n’est pas suffisant pour établir Dx
• IE nombreux patients sont asympto malgré leucos extrêmement
élevés
• Diagnostic = clinique
• Dyspnée/hypoxie +/- image d’oedème pulmonaire
• NB attention à pseudo-hypoxémie sur gaz artériel
• Sx neurologiques (généralement non-focaux)
• Tr visuels, céphalées, tinnitus, confusion, etc.
• Fièvre (80%)
• Extrêmement non-spécifique dans la leucémie.
• Fièvre = infection possible ad preuve du contraire
• Autres:
• Priapisme
• Ischémie d’un membre/cardiaque/mésentérique
• Traitement: Nous y reviendrons
Leucostase Vs hyperviscosité
• Hyperviscosité est secondaire à ralentissement de la
microcirculation par complexes immuns
d’immunoglobulines
• IgM >>>>> IgG/IgA (probablement en raison de la multivalence des IgM
ainsi que sa distribution quasi-exclusivement intravasculaire)
• Observé dans la macroglobulinémie de Waldenström (10-30% des cas
auront des sx à au moins une reprise)
• Observé RAREMENT dans le myélome multiple (ie. Case reports)
• Symptômes
• Tinnitus, vision trouble, céphalées, troubles d’équilibre
• Dans les cas extrêmes: AVC, confusion, démence, coma
Leucostase Vs hyperviscosité
• Diagnostic:
• Clinique: Symptômes cliniques en présence d’un pic IgM significatif
(“généralement“ > 40 g/L)
• Certains laboratoires testent la viscosité sanguine
• Unité de mesure = centipoise
• Normale = <1,8 CP
• Symptômes généralement débutent autour de 4 CP
• Plusieurs labos délaissent mesure de viscosité sanguine car corrélation
imparfaite et ultimement la clinique est plus importante
Leucostase Vs hyperviscosité
• Traitement:
• Un traitement est toujours requis mais n’est pas nécessairement
toujours urgent
• Si traitement jugé urgent cliniquement:
• 1) plasmaphérèses
• 2) Si possible éviter culots globulaires = peuvent accroître la viscosité
sanguine
• Pierre angulaire du traitement = traiter la maladie sous-jacente
• Attention rituximab peut augmenter IgM transitoirement
Leucostase vs hyperviscosité vs
symptômes vasomoteurs reliés à PV/TE
• Polycythémie vraie/thrombocytose essentielle peuvent également
entraîner des problèmes microcirculatoires que l’on appèlera toutefois ni
leucostase ni hyperviscosité.
• Symptômes vasomoteurs 2re à PV/TE
•
•
•
•
•
•
•
Érytrhomélalgie:
Impression de brûlement des extrémités + rougeur/palleur/cyanose
Troubles visuels (vision floue)
Amaurose fugace
DRS atypiques
Céphalées
Syncope
• Trouble microcirculatoire attribué à métabolisme anormal de l’acide arachidonique
dans les plaquettes issues du clône néoplasique
• Tx = ASA (généralement spectaculaire) – si réfractaire thérapie de cytoréduction (ie.
Hydréa/saignées/anagrélide)
• Nb: attention à ASA si plaquettes >1500 (risque de VWd acquis)
3 entités distinctes
• Leucostase = LMA > LLA (rarement LLC/LMC)
• Vie du patient en danger iminent
• Trouble respiratoires sévères, compromis des organes cibles
• Hyperviscosité = Waldenström (rarement myélome)
• Fréquemment symptômatologie insidieuse (semaines/mois) qui
nécessitera un traitement semi-urgent
• Parfois urgence médicale si installation rapide ou atteinte cognitive
• Troubles vasomoteurs 2re PV-TE
• Rarement dangeureux mais “tannants“
• La pierre angulaire du tx = ASA
• Tx de la maladie sous-jacente selon les indications de traiter pour
réduire risque de thrombose
Notre cas
• Clairement patient qui présente symptômes de leucostase.
• LMA probable
• Patient à haut risque de mortalité dans les prochaines
heures/jours
• 20-40% de mortalité à 7 jours dans les séries
• Maladie potentiellement curable
• Jusqu’à 50% de survie à long terme
• Urgence médicale.
• Quel est le meilleur traitement?
Traitement de la leucostase
• Il y a deux priorités simultanées:
• Établir un diagnostic qui permettra de débuter la meilleurs thérapie
de cytoréduction (ie. Chimiothérapie d’induction de leucémie aiguë
appropriée)
• Traiter la leucostase de façon adéquate en attendant Dx
• Dans ce type de cas un transfert urgent dans un centre de
référence pour établir le plus rapidement le Dx est essentiel ainsi
qu’une communication avec le centre de référence.
Traitement de la leucostase/Traitement du
leucémique qui va mal
• Traitement de support
• Hydratation (risque de lyse tumorale, améliorer la perfusion
d’organe)
• Prévention/traitement adéquate de la lyse tumorale (hydratation,
allopurinol +/- rasburicase)
• Éviter les transfusions de culots globulaires si possible
• Risque sérieux d’exacerber la leucostase
Traitement de la leucostase/Traitement du
leucémique qui va mal
• Transfusions plaquéttaires prophylactiques pour plaquettes >30
• Risque hémorragique très significatif (incluant saignement SNC)
• Anomalies microcirculatoires 2re SNC
• Thrombopénie
• Anomalies de la coagulation
• Corriger les anomalies de la coagulation
• Si fièvre = Antibiotiques large spectre
•
•
•
•
•
Même si cause non-infectieuse semble manifeste
Même si fièvre borderline
Même si patient a l’air assez bien
Même si patient n’est pas neutropénique
Même si c’est survenu uniquement après un produit sanguin
• Soins de support intensifs incluant USIs/dialyse/Ventilation
mécanique sont raisonnables prn
• Le patient risque de s’améliorer avec tx du clone.
Traitement de la leucostase/Traitement du
leucémique qui va mal
• Thérapie de cytoréduction requise le plus vite possible.
• La meilleure option = débuter chimiothérapie d’induction
adéquate.
• Souvent pas réaliste dans le premier 24h
• Pas de diagnostic
• Pas de voie centrale
• Besoin de transférer le patient dans un centre de référence
• Etc.
• 2 options peuvent être considérées “en attendant“
• Hydroxyurée (eg. 2 g po bid ad chimio d’induction ou amélioration clinique)
• Leukaphérèses
• Ce sont des “béquilles“ en attendant chimiothérapie d’induction.
Retour à la situation clinique
• Quelle est votre conduite initiale pour stabiliser le
patient(en sachant que vous allez m’appeler ensuite):
• A) Correction des anomalies de la coagulation +
•
•
•
•
antibiothérapie + hydratation.
B) Correction des anomalies de la coagulation +
transfusion de 2 culots globulaires + lasix
C) Antibiothérapie + hydratation + angio-CT + echo
cardiaque dès que possible
D) 2 culots + plaquettes + antibiotiques
E) Hydratation vigoureuse + kayexalate + rasburicase + 2
culots
Retour à la situation clinique
• Meilleure option = A
• Prévoir transfert en centre de référence
• En attendant
• Prévenir lyse tumorale et maintenir hydratation adéquate
• Hydratation
• Allopurinol
• Éviter lasix
• Antibiotiques large spectre
• Ce patient a fait de la fièvre
• Éviter d’empirer le syndrôme clinique
• Éviter/différer les culots globulaires si possible
• Hydréa? À discuter avec l’hématologue de garde.
Situation clinique
• Une femme de 63 ans est connue pour un lymphome diffus à grande
cellules réfractaire
• Il n’y a plus d’option de chimiothérapie mais elle conservait jusqu’à
tout récemment une excellente qualité de vie
• Elle se présente à l’urgence pour DEG et confusion.
• Un bilan métabolique effectué révèle rapidement que la calcémie
totale s’établit à 3,75.
• Elle est hydratée, reçoit une dose de zometa et de la calcitonine.
• Une semaine plus tard elle est améliorée mais la calcémie demeure
élevée à 3,0 et elle rebondit dès que l’hydratation est cessée.
• Que suggérez-vous
Situation clinique
• Que suggérez-vous:
• A) Redonner une seconde dose d’acide zolendronique
•
•
•
•
(zometa)
B) Scan des parathyroïdes
C) Donner une dose de denosumab (x-geva)
D) Tenter de la prednisone
E) Donner une dose de pamidronate (arédia)
Hypercalcémie
• Présentation clinique
• Vous la connaissez
• Physipathologie (3 causes principales)
• Fréquent
• Métastases osseuses  augmentation de la résorbtion
• Sécrétion de PTHrp
• ***Hyperpara 1re qui est diagnostiquée comme hypercalcémie
néoplasique et grossièrement surtraitée***
• Rare
• Bio-activation enzymatique de la vitamine D (lymphomes)
Traitement
• Biphosphonates:
• Acide zolendronique et pamidronate sont tous deux efficaces pour
le traitement de l’hypercalcémie
• Acide zolendronique >> pamidronate toutefois
• Analyse conjointe de deux études regroupant 245 patients confirme la
supériorité de l’acide zolendronique
• Taux de contrôle 88% vs 70%
• Durée du contrôle médian 40 jours vs 18 jours
• Hydratation:
• Le principal but = renverser la déplétion volémique induite par
l’hypercalcémie et restaurer une diurèse normale qui entraînera
une calciurie
• On évite le lasix car peut résulter en une déplétion volémique et
risque potentiel d’exacerber l’hypercalcémie
J Clin Oncol. 2001;19(2):558.
Traitement
• Calcitonine
• Augmente la calciurie et diminue la résorbtion osseuse
• 4 unités/kg s/c bid
• Fait typiquement biasser le calcium de 0,3 à 0,5 initialement
• Pour l’hypercalcémie symptômatique et/ou sévère
• Tachyphylaxie après 2-3 jours
• Cesser après management initial
• Biphosphonate devrait avoir déjà pris le relais.
Traitement
• Stéroïdes
• Utiles SI:
• 2re à bioactivation de la 1,25-OH vitamine D (lymphome, syndrômes
lymphoprolifératifs, sarcoïdose, autres maladies granulomateuse)
• Les stéroïdes peuvent diminuer la bioactivation du calcitriol et diminuer la
calcémie de façon significative.
• Résumé:
• Traitement de l’hypercalcémie = simple
• Hydratation – calcitonine (management initial – 24-48 heures)
• Biphosphonate (idéalement acide zolondronique) à la présentation.
• Parfois tenter stéroïdes (lymphome)
• **Traiter la néoplasie**
Cas extrêmement sévères ou réfractaires
• Denosumab
• Anticorps monoclonal dirigé contre le RANK-L
• Inhibe l’activité des ostéoclastes
• Démontré supérieur à l’acide zolendronique pour diminuer les
événements osseux (ie. Fracture, compression médullaire, etc) dans
le cancer du sein et de la prostate (X-geva)
• Démontré efficace dans l’ostéoporose (prolia)
• Complicaiton la plus fréquente = hypocalcémie
• Une étude de 33 patients réfractaires au traitement par l’acide
zolendronique ont reçu:
• Denosumab 120 mg s/c q semaines X4 puis 120 mg s/c q mois
• 64% ont obtenu un contrôle adéquat de la calcémie
• Off label
• Dialyse
• Employé uniquement dans des cas d’exception – efficace (mais bref)
Retour sur la situation clinique
• Dans le cas présent la maladie de base est un lymphome.
• Vu le contexte palliatif, à moins de contre-indication un
essai à la prednisone est justifié en premier lieu
• Si l’essai à la prednisone devait être un échec, un essai
au dénosumab serait raisonnable.
Conclusion
• La pierre angulaire = reconnaître le syndrôme clinique
• Des cas qui nécessitent fréquemment décisions
multidisciplinaires et/ou transferts dans centres
spécialisés.
• Sommes toujours joignables pour en parler!
• Merci! Questions?
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