SPORT
L'évaluation clinique d'une lésion
méniscale
Stéphane FABRI
Kinésithérapeute
Centre de rééducation
spécialisée
Montpellier (34)
Arnaud
CONSTANTINIDES
Kinésithérapeute
Centre de rééducation
spécialisée
Montpellier (34)
FOCUS
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KS n°528 - janvier 2012
La recherche d’une lésion méniscale est pro-
bablement le bilan au niveau du genou
qui nécessite le plus d’expérience. Dans le
cadre d’une atteinte traumatique, la di culté pour
le praticien est de faire la part des choses entre
cette pathologie et une entorse du ligament col-
latéral médial. Ces dégâts anatomiques sont préfé-
rentiellement rencontrés dans la pratique sportive
du sujet jeune.
Les patients plus âgés sont plutôt victimes de
lésions dégénératives. En e et, le ménisque est
une structure bro-cartilagineuse dont les carac-
téristiques (qualités mécaniques, résistance, élasti-
cité) régressent avec le temps.
Bien qu’il n’existe pas de corrélation retrouvée
entre les problèmes méniscaux et les atteintes car-
tilagineuses, ces deux pathologies sont souvent
associées. Dans ce type de tableau clinique, le réé-
ducateur devra être précis dans ces tests cliniques
pour isoler une lésion méniscale et ne pas se faire
piéger par une chondropathie fémoro-tibiale ou
un syndrome fémoro-patellaire.
Dans le doute, le recours aux examens paracli-
niques reste une alternative qui peut con rmer
l’évaluation du praticien mais la prescription
radiologique ne fait pas partie de la compétence
du kinésithérapeute. Il faut considérer cette res-
triction comme une chance professionnelle qui
oblige le rééducateur à a ner son bilan-diagnos-
tic kinésithérapique (BDK).
L’objectif de cette che est d’approfondir et de per-
fectionner le dépistage d’une atteinte méniscale.
Évaluation clinique
Pour mettre en évidence la pathologie méniscale,
il faut en rappeler avant tout les symptômes. Ces
lésions engendrent des blocages, des ressauts et
des phénomènes douloureux.
■ Notion de blocage
et de ressaut
Les blocages ne sont pas (ou alors de façon modé-
rée) douloureux dans la pathologie méniscale. Dans
l’interrogatoire, le patient relatera une sensation lors
d'une position accroupie ou un e ort avec le genou
en exion. Cette étiologie est aussi présente dans le
syndrome rotulien douloureux.
Néanmoins, la dysfonction de l’appareil extenseur
avec épisode de blocage donne lieu à une sympto-
matologie très algique. Le dé cit de mobilité dans la
lésion du ménisque se retrouve en n d’amplitude
articulaire alors que la restriction est majeure et très
douloureuse dans le syndrome fémoro-patellaire.
Dans une situation de ressaut méniscal, l’interro-
gatoire, même bien conduit, est moins discrimi-
nant. La mobilisation du genou, vers la exion et
l’extension, associée à une palpation ne alterna-
tive de l’appareil extenseur et du compartiment
fémoro-patellaire, permet de cibler l’origine du
ressaut. Cette appréciation peut se faire avec la
paume de la main ou la pulpe des doigts pour
accroître la sensibilité de l’opérateur.
Pour être complet dans l’examen, le ressaut et le
blocage seront associés à la recherche de la dou-
leur reconnue du patient.
■ Notion de douleur
Seule la corne postérieure du ménisque interne est
innervée et peut être sensible. En conséquence,
ces structures bro-cartilagineuse ne peuvent être
directement à l’origine de la douleur. Il peut paraître
alors compliqué de concevoir que l’objectif des tests
spéci ques est de reproduire la douleur reconnue
du patient. Néanmoins, l’explication est accessible.
Le rôle du ménisque, par sa forme anato-
mique triangulaire à la coupe, est d’améliorer
la congruence des surfaces articulaires fémoro-
tibiales. La périphérie de cette structure est adhé-
rente à la capsule, surtout au niveau médial.
Coordonné par Franck Lagniaux
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