Cours 4 : La Méditerranée des croisades

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A la découverte de L’Histoire
Cours d’histoire 2011/2012. G. Durand
HISTOIRE DE FRANCE
« QUELLES PLACES POUR LA MEDITERRANEE DANS
L’HISTOIRE MEDIEVALE ET MODERNE DE LA
FRANCE ? »
Cours 4 : La Méditerranée des croisades : zone de conflit
et lieu d’échanges interculturels
INTRODUCTION :
L’affrontement fut une dimension essentielle des relations entre latins et musulmans, qui
caractérise très fortement l’étendue de la méconnaissance entre ces civilisations. Néanmoins,
cette dimension antagoniste dans les rapports ne définit pas l’unique moyen d’échanges entre
les deux mondes : alors que jusque dans les premières années du XIe siècle, la supériorité
militaire musulmane est écrasante, les décennies suivantes sont marquées par une série
d'offensives chrétiennes en Espagne (Reconquista), en Sicile (conquête normande) et au
Proche-Orient (Croisades) qui bouleversent l'équilibre précédent et inaugurent de nouvelles
frontières.
La Méditerranée est, actuellement, à la fois une zone de conflits et d’échanges ;
peut-on en dire la même chose au Moyen Âge et plus particulièrement pour les 12e
et 13e siècles, époque des plus importantes expéditions guerrières menées par
l’Occident chrétien contre l’Orient musulman et byzantin ? Les réponses sont
complexes mais il est certain que les relations inter-méditerranéennes ne se
limitèrent pas au choc militaire des croisades comme on pourrait le penser. Il y eut
aussi et à égalité avec les conflits, de fructueux échanges intellectuels, des relations
commerciales et parfois une véritable osmose sociale.
Le mot de « croisade » est un terme galvaudé dans lequel on voit souvent
exclusivement un choc de l’Occident contre l’Orient, donc des chrétiens contre les
musulmans. Cette vision est très réductrice. Ni les Occidentaux, ni les Orientaux ne
sont des groupes homogènes, monolithiques et unis quant aux croyances. La
situation de la Méditerranée médiévale est beaucoup subtile.
GEOPOLITIQUE DE LA MEDITERRANEE :
Les Occidentaux sont certes largement chrétiens, mais ils se divisent entre
Catholiques latins, fidèles au Pape, et qui avancent l’universalité de leur dogme
romain, et Orthodoxes grecs qui proclament que la juste doctrine est celle de
Byzance et refusent l’obédience pontificale, depuis le schisme gréco-latin au temps
du patriarche Michel Cérulaire en 1054. Leurs relations sont rien moins que
fraternelles. Par ailleurs, l’Occident (Maghreb en arabe), c’est aussi l’Espagne et la
Sicile notamment, où résident massivement d’importants groupes musulmans.
Le monde musulman n’est pas plus uni que le monde chrétien : on y relève
plusieurs obédiences politico-religieuses ;
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- Sunnites : (de sunna / ligne de conduite de Mahomet) courant majoritaire
musulman ; Coran (livre révélé par Dieu au prophète de l’Islam) comme
source du droit musulman. Conception souple de la religion.
o Sous divisé : malikisme (imam Malik ibn Anas 711-795) ; hanafisme
(imam Abu Hanifa 699-767 => Turcs / Ottomans) ; chaféisme (AlChâfii 767-820) ; hanbalisme (imam Ahmed bin Hanbal 780-855).
- Chiites (duodécimains) : (Irak - Iran / perse) : Partisans d’Ali, gendre de
Mahomet (époux de Fatima).
o Suivent après 765, Mûsâ al-Kâzim, frère cadet d’Ismail.
o Le 12e successeur de Mahomet al-Mahdi disparaît en 874 : c’est
l’occultation. Met un terme au lien entre temporel et spirituel.
- Ismaéliens : courant minoritaire de l’Islam chiite. Apparaît après 765 avec la
mort de Ja’far as-Sadiq. L’aîné, Ismail, est désigné pour lui succéder.
(autres Kharidjisme ou ibadisme, clan rebelle qui refuse l’arbitrage d’Ali et
Mu’awiya de 657)
- Fatimides (ismaéliens)
farouchement.
et
seldjoukides
(sunnites)
se
combattent
Politiquement le monde musulman est divisé en trois califats, Cordoue, Le Caire et
Bagdad dans lesquels vivent des minorités chrétiennes, mozarabes, arméniennes,
syriaques, coptes souvent mal cernées par l’Occident latin. En outre, un nouveau
peuple apparaît au 11e siècle au Proche-Orient, les Turcs Seldjoukides (d’Alp
Arslan), venus d’Asie centrale et récemment convertis à l’Islam sunnite, qui
conservent leurs mœurs ancestrales, accordant une grande place à la valeur
guerrière mise au service de la guerre sainte. C’est leur victoire sur les Byzantins de
Romain Diogène à Manzikert en 1071, qui rompt le fragile équilibre politique de la
région, multipliant, entre autres, pour les pèlerins chrétiens, les difficultés d’accès
aux Lieux Saints de Palestine. La progression inexorable des Turcs en Anatolie et
leurs victoires répétées sur les Byzantins auraient conduit l’empereur Alexis Ier
Comnène à adresser, vers 1088-1089, une lettre au Pape réclamant à l’Occident des
mercenaires.
LES CROISADES EN TANT QUE CONFLIT :
La réponse fut d’une toute autre nature qui ne laissa pas d’étonner les témoins
contemporains : c’est la Première Croisade, véritable migration de peuples, avec,
outre les armées officielles, son cortège d’exaltés, de fanatiques et de pauvres gens.
Longeant le Danube, traversant les Balkans, s’inquiétant en vue de chaque ville
d’importance de savoir si on arrivait enfin à Jérusalem, les pèlerins pillent et
massacrent, notamment les communautés juives d’Europe centrale. Désireux de se
débarrasser rapidement de ces encombrants alliés, l’empereur byzantin leur fait
traverser le Bosphore, les livrant aux Turcs qui exterminent les premiers
contingents populaires mal armés avant d’être eux-mêmes vaincus par le croisade
mieux organisée des Barons, qui aboutira à la prise d’Antioche en 1098 puis à la
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réalisation du but de leur marche, Jérusalem, conquise le 15 juillet 1099, après un
long siège et dans des conditions particulièrement sanglantes, ainsi que le rapporte
un témoin normand de l’occupation de la ville sainte :
« Le vendredi (15 juillet), de grand matin, nous donnâmes un assaut général à la
ville sans pouvoir lui nuire ; et nous étions dans la stupéfaction et dans une grande
crainte. Puis, à l’approche de l’heure à laquelle Notre Seigneur Jésus-Christ
consentit à souffrir pour nous le supplice de la croix, l’un de nos chevaliers, du
nom de Liétaud, escalada le mur de la ville. Bientôt, dès qu’il fut monté, tous les
défenseurs de la ville s’enfuirent des murs à travers la cité, et les nôtres les
suivirent et les pourchassèrent en les tuant, en les sabrant jusqu’au temple de
Salomon, où il y eut un tel carnage que les nôtres marchaient dans le sang
jusqu’au chevilles ».
Godefroy de Bouillon, refusant le titre de roi par humilité, sera proclamé « avoué
du Saint-Sépulcre » en attendant que son frère et successeur Baudouin de Boulogne
devienne le premier roi en titre de Jérusalem en 1100. Trois autres principautés
devaient voir le jour, la principauté d’Antioche dévolue aux Normands d’Italie, le
comté d’Edesse aux Flamando-Lorrains et le comté de Tripoli aux Provençaux.
Ainsi étaient constitués les Etats latins d’Orient, et la présence franque au cœur de
la région syro-palestiniennes, devait, avec bien des aléas, perdurer jusqu’à la chute
de Saint-Jean d’Acre en 1291.
Ce qui frappa beaucoup le monde musulman, ce fut la violence aveugle des croisés,
tuant sans distinction ni code de guerre. Mais, plus grave encore, s’installant dans
les nids d’aigles du désert du Négueb, les nouveaux venus contrôlaient les voies
commerciales d’Egypte vers la Syrie et perturbaient les routes du pèlerinage vers la
Mecque.
Au 12e siècle, l’idée de croisade a un poids idéologique très mobilisateur ; mais dès
les débuts du 13e siècle, on peut dire que beaucoup n’y croient plus. Il est probable
que le détournement de la 4e Croisade vers Constantinople (1204) et le sac de la
grande métropole chrétienne est, au moins en partie, responsable de cette
désaffection.
Les deux expéditions de Louis IX, en 1248 et en 1270, sonnent comme des
anachronismes ; en témoigne Rutebeuf dans sa « Disputation du Croisé et du
Décroisé » en 1270, où le poète fustige ceux qui partent outre-mer poussés par une
soif d’entreprise déraisonnable : « Il vaut mieux rester chez soi que d’aller disputer
à autrui des biens qui ne donneront que de l’inquiétude », fait dire Rutebeuf aux
adversaires de la croisade.
LES CROISADES – EN TANT QU’ECHANGE :
De plus, réduite l’histoire de la Méditerranée au 12 e siècle à un exclusif « choc des
civilisations » laisserait de côté un aspect relationnel essentiel. Le facteur échange
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est en effet un phénomène majeur des sociétés musulmanes, chrétiennes et juives
au Moyen Âge.
De façon générale, et si paradoxal que cela paraisse, la guerre constitue un truchement, un
pont, un moyen de contact, autant qu'un affrontement; et ce contact qu'elle entraîne avec
la réalité concrète est source de différenciation et de nuances, dont la juste appréciation se
révèle, sur le terrain, indispensable à la conduite de toute politique efficace (fût-elle sanglante
par certains de ses aspects). Si les premiers Croisés sont tout feu tout flamme, leur ardeur
combative s'atténue et leurs moeurs subissent l'influence de la civilisation plus raffinée à
laquelle ils se frottent. C'est vrai surtout de ceux qui décident de s'établir en Palestine. Qui ne
connaît ce célèbre passage de Foucher de Chartre : « Nous qui avons été des Occidentaux,
nous sommes devenus des Orientaux; (...) » ? Et cette anecdote, encore, d'Ousamâ dans
laquelle il relate non sans ironie comment « les Templiers, mes amis » doivent « éduquer
» les Francs nouveaux venus et les sensibiliser aux us et coutumes des musulmans ?
1. LA COLONISATION FRANQUE :
Des Occidentaux se sont installés rapidement au Proche Orient et y ont même fait
souche. Dès le lendemain de la Première croisade, le chapelain du contingent
français, Foucher de Chartres, auteur des Gesta Dei per Francos appelle ses
compatriotes d’Europe à rejoindre la Terre Sainte en un véritable mouvement de
colonisation.
Ces colons se métisseront largement ; ils se marieront sur place, apprendrons les
langues et assimileront les cultures locales. Issus de cette première vague, les
Francs de la génération suivante, nés sur place de parents franco-syriens, seront
appelés « Poulains ».
2. LA DIPLOMATIE :
On sait par ailleurs que les Templiers avaient à l’occasion de bonnes relations avec
tel ou tel groupe musulman, et un ambassadeur de Damas à Jérusalem n’hésite pas
à les considérer comme ses amis. Frédéric II de Hohenstaufen, prince philosophe,
épris de culture arabo-musulmane, en froid avec la Papauté, négociera avec les
descendants de Saladin la restitution des Lieux Saints en 1229 et sera couronné roi
de Jérusalem sans combattre !
Aux échanges économiques, les croisades ajoutent donc des contacts et une certaine
curiosité politiques (sans même parler ici de la curiosité scientifique). Contacts politiques
dont l'aspect diplomatique et pacifique atteindra son apogée en 1229 avec la sixième «
croisade », à la tête de laquelle Frédéric II obtient par la négociation et sans combattre
Jérusalem, Bethléem et Nazareth du sultan d'Egypte Mohammad El-Kamil…. Second à
reconquérir les villes après Godefroy de Bouillon. (traité de Jaffa où il fut couronné roi de
Jérusalem en 1229).
Polyglotte (au moins 6 langues) : latin, grec, sicilien, arabe, normand, allemand (hébreu ?).
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Obtention éphémère il est vrai, mais procédé significatif. Significatif d'un certain type
d'hommes et de relations, sur lesquelles nous reviendrons plus loin.
Exemple que l'Église ne peut évidemment que condamner. Pour Rome, la cohabitation
avec l'islam est impensable, impie, et le pape s'emploie vainement à torpiller l'entente
conclue en Palestine. Le succès momentané de la diplomatie impériale n'empêche pas l'Église
catholique de dominer le champ idéologique d'une grande partie de la chrétienté occidentale.
Pour les masses qui n'ont aucune expérience directe de l'Islam (au Nord-Ouest surtout), le
verbe de l'Église est autrement plus présent et pesant que les vues cosmopolites d'une élite
éclairée.
D’autant que Frédéric rassemble les Gibelins contre les guelfes du Pape.
Déposé lors du Concile de Lyon en 1244 par Innocent IV : accorde à ceux qui partiraient en
guerre contre lui le statut de croisés.
Frédéric II promulgua un édit en 1241 autorisant la dissection de cadavres humains,
s’opposant ainsi à l’Eglise. La levée de cet interdit permit à l’italien Mondino de Liuzzi à
Bologne de perfectionner certaines notions de l’anatomie humaine.
Correspondance soutenue à la fin de son règne avec Ibn Sab’in, théologien et mystique soufi
de l’Andalousie.
3. LA CURIOSITE OCCIDENTALE POUR L’ORIENT :
Peut-on dire que l’Occident latin s’est mis, au Moyen Âge, à l’école du monde
musulman ? Oui, si l’on en croit Roger Bacon, au 12e siècle : « Des savants arabes,
nous avons hérité toute la philosophie et tout le savoir scientifique que nous latins
n’avons pas ». Un siècle plus tôt, Adélard de Bath ou Daniel de Morley
(philosophe anglais, 1140-1210) opposent l’enseignement de leurs maîtres arabes
guidés par la raison (ratio), à l’obscurantisme des cours dispensés dans les écoles
latines dont le seul souci est d’affirmer sans discussion l’autorité (autoritas) des
auteurs antiques. Il est indéniable que l’Islam classique est à l’opposé d’une culture
obscurantiste ; de nombreux hadiths (paroles du Prophète), de même que certains
passages du Coran encouragent la quête scientifique et le cosmopolitisme savant :
« Va chercher la science, fût-elle en Chine », « l’encre du savant est préférable au
sang du martyr »…
On connaît les importateurs de la pensée arabe :
- Gerbert d’Aurillac, le futur pape Sylvestre II (mort en 1003), traduit en latin
-
Aristote dont il découvre les manuscrits en Espagne (en 967). Il s’initie à la science
musulmane (mathématiques – numération décimale / la division certes en chiffre
romain et sans le 0 - et astronomie). En 984, il réclame dans une lettre à Lupitus de
Barcelone un liber de astrologia, qui aurait pu lui procurer les connaissance sur
l’astrolabe.
Platon de Tivoli, traducteur italien, installé à Barcelone puis Tolède où il collabore
ave le mathématicien Abraham bar Hiyya, du 12e siècle. Astronome et mathématicien.
Il est connu pour sa traduction depuis l’arabe de l’astrologie (le Tetrabiblos) de
Ptolémée, terminée vers 1138.
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- Adélard de Bath, v. 1080-1160. Moine bénédictin anglais. Arabophile, philosophe,
-
-
-
-
mathématicien, naturaliste. Versions latines des Elements d’Euclide ; pour son éloge
de la raison de l’érudition arabe contre l’autorité des maîtres latins de son temps.
Studia Arabum : « les maîtres arabes m’ont appris une chose, c’est à me laisser guider
par la raison, tandis que toi tu es ébloui par l’apparence de l’autorité et guidé par
d’autres brides. Car en réalité, à quoi sert l’autorité si ce n’est de bride ? » Questions
naturelles, ch. VI.
Gérard de Crémone, né en Lombardie v. 1114, mort vers 1187, écrivain et
traducteur italien. Vit à Tolède en 1167, apprend l’arabe et traduit plus de 80 ouvrages
scientifiques arabes en latin dont l’Almageste de Ptolémée, plusieurs traités d’Aristote,
le Canon d’Avicenne, ou les traités de médecine d’Al-Razi (Rhazès).
Michael Scot, l’un des astrologues de Frédéric à Palerme.
Jean de Séville, mathématicien espagnol, v. 1090-1150.
Pierre Alphonse, v. 1062-1140. Médecin espagnol (aragonais) d’origine juive.
Traduit un recueil de nouvelles, Disciplina Clericalis, adaptation de fables morales
arabes, persanes et hindi. Versions normandes et anglo-normandes, également en
allemand et français.
Raymond de Marseille, astronome. Traité de l’astrolabe, traité occidental, traduit de
l’arabe mais adapté. V. milieu 12e siècle.
Hermann le Dalmate v. 1110-1154. Né en Istrie (duché de Carinthie). Elève de
l’Ecole de Chartres, philosophe, astronome, astrologue, mathématicien et traducteur.
Voyage à Bagdad, Constantinople et Damas. Traducteur du Coran (sous la direction
de Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, il préconisait des débats argumentés avec les
autres théologiens plutôt que des croisades), d’Euclide, Ptolémée.
traduisent en latin les auteurs arabes ou les autres grecs traduits par les Syriaques
en arabe et transmis à l’Occident par l’Italie et par l’Espagne.
Pierre Abélard (1079-1142 ; théologien, philosophe, compositeur), qui « exaspéré par ses
difficultés avec les théologiens de son pays », rêve « de s'installer en pays musulman »
4. LA LITTERATURE :
L’aristotélisme d’Avicenne (Ibn Sina, 980-1037) et d’Averroès (Ibn Rushd, 11261198) fut, par exemple, exposé dans un traité appelé « Lettres Siciliennes » et
adressé par le philosophe Ibn Sabi à Frédéric II de Hohenstaufen ;
Al-Idrisi (géographe et botaniste andalous né à Ceuta vers 1100) nous a légué son
« Livre de Roger » (Kitab Rudjar), ouvrage de géographie écrit pour Roger II, roi
normand de Sicile (1105-1154).
La littérature orientale donne de véritables « best-sellers » à l’Occident médiéval,
comme le « Livre de l’Echelle de Mahomet » (Liber Scale Machometi) : lu, diffusé
et commenté abondamment, traduit en castillan, en catalan puis en latin.
ou l’avatar persan du roman d’Alexandre le Grand, « L’Iskandarname », écrit par le
poète Nizami (mort v. 1209) .
5. LES SCIENCES :
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Mais c’est dans le domaine des sciences que l’apport arabo-musulman fut
particulièrement flagrant, et d’abord en mathématiques et géométrie. C’est par des
traductions arabes que nous sont parvenus les travaux d’Euclide.
La science arabe a laissé elle-même de fortes traces dans la terminologie : du nom
d’Al-Khwarizmi, grand mathématicien du 9e siècle, dérive l’appellation du système
de numérotation décimale, l’algorithme et le mot arabe al-jabr (« réduction ») nous
a laissé l’algèbre. (en espagnol, le sens original de restauration / remise en place a
été conservé : algebrista / rebouteux).
Aucune science ni aucune technique n’ont été négligées par les savants orientaux,
que ce soit la chimie (l’al-kohol, poudre d’antimoine puis alcool), la minéralogie
(cristal de roche, lapis-lazuli), la technologie (le moulin à vent, l’horloge
mécanique, la boussole et l’astrolabe – instrument pour prendre la hauteur des
astres-), la géographie (l’astrolabe),
N'est-il pas significatif, en effet, qu'Adelard de Bath (1070-1150) avoue que « pour imposer
ses idées personnelles, il les a souvent attribuées aux Arabes », si forte est « la mode de la
science musulmane » en Chrétienté?
6. LA MEDECINE :
Le fonds documentaire issu de l’Antiquité est principalement formé de traductions,
adaptations et compilations d’oeuvres originales écrites en grec. Il y avait peu de sources
rescapées et les concepts fondamentaux se perdaient dans ce savoir éclaté. De plus, ces
ouvrages étaient orientés vers une pratique immédiate sans ambition intellectuelle. Les
manuscrits du Moyen Âge offrait, en l’absence d’une science cohérente, essentiellement des
listes de recettes mêlant diverses sources, des règles pratiques pour établir le diagnostic après
observation du pouls et de l’urine, des descriptions sommaires des maladies au noms grecs de
plus en plus déformés à cause de l’érosion de la connaissance du grec, langue de théorie
médicale. La médecine latine se réduisait à des bribes de savoirs antiques conservées dans les
monastères.
La médecine arabe s’inscrit dans une longue tradition scientifique qui remonte à la Grèce
classique, à la Perse ancienne, à l’Inde sanskrite. Dans les cités de l’empire perse sassanide,
les centres d’études assurent la conservation et la diffusion d’ouvrages grecs, syriaques,
persans. Dès les lendemains de la mort du prophète Mahomet en 632, dont la prédication
exhortait les hommes à rechercher la science, les Arabes ont construits en quelques décennies
un immense empire englobant la plupart des foyers scientifiques byzantin. Ainsi, une brillante
civilisation née de l'expansion musulmane s'était ouverte aux sciences. Loin d’en détruire les
richesses, les califes ont au contraire, du VIIIe au XIe siècle, favorisé leur appropriation en
recourant aux services de médecins syriaques, en soutenant l’activité des traducteurs d'où
qu’ils soient et en encourageant les savants qui, dès le IXe siècle, s’illustrèrent par la
rédaction d’ouvrages originaux.
On peut noter le soutien d’Al-Ma’mun (calife de 813-833) instigateur de la «Maison de la
sagesse» (en arabe le Bayt al-Hikma ou Dâr al-Hikma). L’ambition était de jeter les bases
intellectuelles, philosophiques et scientifiques, et l’afflux d’hommes de sciences et
philosophes chrétiens chassés par les Byzantins. Les collections de cette bibliothèque ouverte
à l’élite éclairée s’enrichirent des textes grecs récemment traduits en arabe. Lieu de
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consultation, de copie, de rencontre, le Bayt al-Hikma assura la diffusion du savoir antique :
Galien, Hippocrate sont introduits en terre d’islam sous l’appellation de sciences «anciennes».
L’usage du papier et la multiplication des traductions venaient renforcer, expliciter, codifier
les pratiques médicales musulmanes. Au IXe siècle, les savants de Bagdad avaient toutes les
connaissances de la médecine hellénistique. Le gouvernement califal qui diffuse dans tout
l’Empire (Égypte, Syrie, Maghreb, Andalousie) des copies des manuscrits médicaux supervise
la pratique médicale des praticiens. Des manuels pratiques sont publiés et la construction
d’hôpitaux s’étend à partir de l’Irak à tout le monde musulman. L'adoption d'une langue
commune, celle du Coran, la continuité des recherches qui s'est manifestée, durant sept
siècles, d'un lieu à l'autre de l'espace musulman, invitent à regrouper sous l'appellation de
«science arabe» l'ensemble des travaux de savants aux origines régionales et religieuses fort
diverses. Du IXe au XVe siècle, au Proche-Orient, en Espagne, en Asie centrale comme au
Maghreb. La médecine y atteint alors un niveau de haut savoir et de pratique. Ainsi, dès le
IXe siècle, chaque grande capitale du monde arabe - Bagdad, Damas, Le Caire, La Mecque,
Samarie - possède son centre culturel avec bibliothèque où érudits et élèves se croisent, attirés
par les textes de l'Antiquité.
La médecine, issue de la traduction de l’arabe en latin, a été répandue par
Constantin l’Africain et l’Ecole de Salerne (Campanie) qui a popularisé le « Canon
d’Avicenne » enseigné par les universités de Bologne, Paris, Montpellier, Padoue,
parfois jusqu’à l’époque moderne.
La vie de Constantin, l’un des principaux traducteurs de la médecine arabe, reste brouillée de
légendes plus ou moins vraisemblables. Il serait originaire d’Ifriqiya (Tunisie actuelle), de
Tunis ou Carthage, et certains pensent qu’il aurait pu être marchand musulman, d'autres le
croient chrétien étant donné la communauté chrétienne d’Afrique du Nord. On sait également
qu'il aurait eu des notions médicales. Quand il arrive à Salerne la première fois, entre 1052 et
1077, il découvre que les latins n’avaient que peu d’ouvrages sur la médecine. Il serait rentré
chez lui pour étudier la médecine pendant trois ans et revenir chargé d’ouvrages arabes. Il
entre au monastère du Mont Cassin où il est devenu moine et traduit une douzaine d’oeuvres
d’auteurs arabes, les plus importants des ouvrages médicaux arabes qui étaient apparu avant le
milieu du XIe siècle. Il présente ces oeuvres en général comme étant les siennes. Comme
souvent dans les traductions médiévales, il s’agit plus d’adaptations que de traductions
exactes puisqu’il souhaitait rattacher le plus possible la médecine arabe à l’héritage grécolatin préexistant. Cette méthode discutable aura pourtant assuré la «greffe». Les traductions de
Constantin vont être employées dans l’enseignement et dans la pratique de la médecine :
- Le Pantegni (dont le véritable auteur est Ali ibn Abbas al-Majusi, dit Ali Abbas),
encyclopédie médicale, exerce une influence considérable sur la médecine dans son ensemble.
- L’Isagoge ou Liber isogogarum (de l'auteur Hunayn ibn Ishaq, dit Johannitius (809-877), la
plus grande figure du IXe siècle), se présentait comme une introduction au Tegni de Galien.
=> l’anatomie, de la physiologie, de la pathologie et de la thérapeutique
Ces deux oeuvres aidèrent à la constitution de la médecine occidentale en tant que discipline
intellectuelle.
Dans ses traductions, Constantin introduit également trois auteurs de l'école de Kairouan des
X-XIe siècles :
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Isaac Israeli ben Salomon (également connu sous le nom de Ishâq b. Sulaymn alIsrâ’ili) avec son traité des fièvres (Kitâb al-Hummayât : première monographie arabe
consacrée à ce sujet) et son traité de l’urine (Kitâb al-bawl).
Ibn Al Jazzar (898-980), dit aussi Algizar, décrit les différentes maladies dont
souffrent les voyageurs, ainsi que les symptômes de ces maladies et les méthodes de
traitement. Il présente, en outre, une description précise de la variole et de la rougeole,
et des informations judicieuses sur les maladies internes.
Ishak Ibn Omrane et le fameux Traité sur la mélancolie qui analyse de façon précise la
nature, les modalités, les étiologies et les complications de l'affection en proposant des
cures par des règles hygiéniques morales, diététiques et médicamenteuses. Il décrira
nombre de formes aujourd'hui connues d'états dépressifs mélancoliques, aussi bien les
formes simples que compliquées, celles qui rentrent dans le cadre de la psychose
maniaco-dépressive que celles qui compliquent des troubles somatiques variés.
Pourtant la science, et la science arabe en particulier, sont mal vues, pire, condamnées par
l'Église. La médecine profane, par exemple, apparaissait digne de la plus grande suspicion.
Aussi tard qu'en 1215, au Concile de Latran, le pape Innocent III promulgue: « Sous
peine d'excommunication, il est interdit à tout médecin de soigner un malade si ce dernier
ne s'est au préalable confessé: car la maladie est issue du péché, (...) ».
Tout cela ne se faisait pas sans quelque jalousie de l’Occident, témoin l’illustre
savant Al-Biruni (973-1050) devenu peut-être maître Aliboron.
6. LES ECHANGES DE BIENS / PRODUITS :
Les produits introduits d’Orient ou via l’Orient sont innombrables comme, pêlemêle, le papier, le chanvre, le lin, l’alun (utilisé par les teinturiers d’Italie et provenant
d’Egypte, de Turquie), le coton, le sorbet, le biscuit, le sucre de canne, la gomme
arabique, le safran, la cannelle, le gingembre, la myrrhe, l’encens, la poudre (barud,
cf. le baroud d’honneur), l’échalote d’Ascalon, la gaze de Gaza, la mousseline de
Mossoul, le baldaquin de Bagdad, le cuir de Cordoue, le damasquinage de Damas,
etc…
Bien sût le vocabulaire n’a pas échappé à l’influence orientale : il y a environ 4000
mots d’origine arabe en espagnol et à peu près 400 en français :
- abricot : al-barqwq (le précoce)
- épinard : esphenadj (persan),
- alambic : al-anbîq (chapiteau d’une cornue), du grec ambix (distiller)
- gazelle : ghazal
- chiffre : sifr (vide),
- zéro : Fibonacii (Pisan, 1175-1250 ; mathématicien italien ; Leonardo Pisano
ou Leonardo Bigollo / le voyageur en italien) a traduit de l’arabe Sifr par
l’italien zephiro > zevero > zero,
- tambour : du persan tabir ; de l’arabe tubul
- gabelle : de l’arabe qabala (impôt) > italien cabella > gabella
- nuque : de l’arabe nukha
- sirop : de l’arabe sarab
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- sous oublier le paradis (jardin en persan),
- les aubergines : de l’arabe badinganah < du persan batingan < du sanskrit
vatin gana
- les échecs persans : du persan shah mat (le roi est mort)
- la cravache : du turc qirbach (fouet) > russe karbach > allemand karbatsche
- le laquais : emprunt turc ulaq (courrier) ou de l’arabe al-qua’id (le chef > le
caïd).
- le carquois turc : turkasch / terkech (étui à flèches) / persan (tirkas)
Quant aux marchands, ce sont surtout ceux des villes maritimes ayant vécu dans l’orbite de
Byzance que nous rencontrons en Orient. Le chrysobulle de 1082 a ouvert aux Vénitiens
l’accès aux ports byzantins de l’Anatolie méridionale ; les Amalfitains trafiquent en Syrie
musulmane comme en Egypte.
Quel rôle, précisément, ont joué les marchands dans l’établissement et le maintien du pouvoir
franc dans cet espace de la Méditerranée orientale ? Attendaient-ils de la croisade et de ses
suites de grands profits pour leurs affaires ? Il ne semble pas que les ports qui allaient être
ceux de l’Orient latin aient spécialement attiré les marchands occidentaux au 11e siècle.
Mais la participation des flottes qui avaient amenés des croisés – d’abord génois, ensuite
pisans et vénitiens, mais aussi scandinaves – à la conquête des villes de la côté, donnaient à
ces croisés droit à une part du butin et aussi de ce que l’on conquérait avec leur aide.
La coutume a fixé cette part au tiers : c’est ainsi que Venise reçut en 1123 le tiers de la
seigneurie de Tyr ; que les conventions passées avec Gênes lors de la IIIe croisade
prévoyaient que les Génois recevraient le tiers des villes ou terres conquises en coopération
avec eux ; et que les Vénitiens de 1204 se sont finalement contentés du « quart et demi » de
l’empire Byzantin.
Mais dans la plupart des cas, les villes maritimes tenaient avant tout à la « rue » avec son
marché, ses entrepôts, ses maisons, son église, nécessaires à la vie d’une colonie marchande
séjournant quelques mois de l’année en Orient. Ce qui intéressé surtout les marchands, c’était
de disposer d’une résidence, d’être affranchis de taxes et de pouvoir régler entre eux leurs
litiges ; or aussi bien dans l’empire Byzantin qu’en Egypte, ils purent bénéficier de privilèges
de ce genre bien que le pouvoir fût ici en d’autres mains, celles des Francs.
Ce qui a fait la fortune des villes côtières de l’Orient latin, ce fut le transport des pèlerins qui,
chaque année, amenait de véritables flottes en Orient. L’activité commerciale s’est greffée sur
celle-là.
Ce n’est guère qu’au 13e siècle que les métropoles marchandes ont conçu une politique
comportant la constitution de véritables comptoirs administrés directement par elles et leur
servant de bases pour des opérations militaires (occupation de Famagouste par les Génois en
1373) et économiques.
Quoi qu’il en soit des produits alimentaires arrivèrent en Occident et ne tardèrent pas à
susciter la curiosité. Cette curiosité est perceptible notamment au travers des traités
culinaires.
- Epices ont toujours été utilisées (Antiquité)
- Baisse à partir du 8e siècle jusqu’au 13e siècle : chute du commerce avec l’Orient
(thèse d’H. Pirenne) ou manque de documentation.
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A la découverte de L’Histoire
Cours d’histoire 2011/2012. G. Durand
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Apparition des traités culinaires aux 13e-14e siècles (liber de Coquina –début 14e
siècle commandité par la maison d’Anjou-Sicile-, le Viandier…)
Présence massive d’épices (sucre inclus, venu d’Inde) et surtout une diversité des
substances utilisées : 20aine d’épices => thèse d’une influence orientale sur la
cuisine occidentale (T. Peterson) // Cuisine fin 17e / 18e siècle emploiera surtout le
poivre, et dans une moindre mesure le clou de girofle et la cannelle // De même la
cuisine antique (compilation d’Apicius) emploie principalement comme épice
exotique, le poivre et le silphium (fleur de type ferula, surtout commercée par
Cyrène – golfe de Syrte), l’essentiel de l’assaisonnement étant réalisé grâce à des
aromates indigènes (origan, livèche…).
Viandier : gingembre, cannelle, clou de girofle, graine de paradis (ou
maniguette, graine proche de la cardamome, Afrique tropicale), le poivre long, la
macis (écorce d’un arbre croyait-on ; en réalité l’arille de la noix de muscade –
Epice reine aux yeux de Taillevent / Guillaume Tirel, queux à la table du roi
Charles V), la fleur de cannelle, le safran, le galanga (racine aphrodisiaque), la
noix de muscade ainsi que le sucre de canne (Chypre).
D’autres manuscrits : cumin, cubeb (poivre de Java apporté par les Vénitiens),
coriandre, cardamome, citoal (épice de la famille du gingembre / zédoaire // de
l’arabe zawad), espic, santal, sumac (de l’arabe summaq, graines brunes qui
poussent en Perse, goût acidulé), fût de girofle.
Constantin l’Africain (11e siècle) a importé le cubèbe (ou cubèche) (épice d’Inde
de la famille du poivre)
Pietro d’Eboli (vers 1195) : la noix de muscade,
Roland de Padoue (1214) : la graine de paradis,
Diffusion lente (étude des tarifs catalans et français) :
o A partir de 1252 : noix de muscade, galanga et clou de girofle en Catalogne
o A partir de 1271 : le cubèbe, le cardamome, le macis, le poivre long.
o A partir de 1245 : cubeb, noix de muscade, graine de paradis.
o A partir de 1296 : le macis en France (tarif de Lyon)
o A partir du 14e siècle pour les autres épices.
 C’est d’ailleurs à cette époque que le sucre perd son statut d’épice.
 Commence à être cultivé en Espagne (Nasride), Sicile et au sud du
Maroc.
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Ces épices sont considérées par certains comme venant du Jardin d’Eden : ainsi
Joinville confie que les Egyptiens récoltent tous les soirs dans le Nil, au moyen de
filets, gingembre, cannelle, rhubarbe et bois l’aloès. Le Nil prend sa source dans le
jardin d’Eden.
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Et surtout comme un moyen d’échanges : Louis IX interdit aux magistrats du
royaume de recevoir plus de l’équivalent de 10 sous d’épices par semaine (« pot de
vin » officiel qui débute en 1263 avec l’abbé de St Gilles qui requit auprès du roi
en offrant un cornet d’épices.
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Certaines de ces épices étaient d’ailleurs mal perçues pour certains :
o Hildegarde von Bingen (1098-1179), abbesse de Rütberg : « le gingembre
est malsain pour les biens portants et les personnes replettes, qu’il prive de
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concentration pour les plonger dans la stupidité, la paresse et la
désinvolture ».
CONCLUSION : UNE INFLUENCE RECIPROQUE ?
Il serait injuste, pour terminer, de ne pas reconnaître aussi un certain apport de
l’Occident au monde musulman, en matière
- maritime (les spécialistes discutent de l’origine de la voile latine),
- architecturale (les tours franques et les systèmes de défense des forteresses
sont très au point en Occident avant les croisades), Création d’un maillage dense de
forteresses et de fortins : lorsque Renaud de Marash fortifia Kaysûn (Cesson), « il fit peser
fortement le joug sur les Chrétiens au point qu’il en fit même des esclaves », tandis que Louis
IX portait lui-même des pierres pour rebâtir les places qu’il restaura entre 1250-1254 : Gros
moyens techniques (main-d’œuvres) et financiers.
- dans l’armement (un auteur musulman parle des « fameuses épées
franques »), également les arbalétriers francs.
- ou dans le vêtement (les habits en « drap de Venise »).
Mais le processus des échanges reste très largement un flux venant de l’Orient
musulman vers l’Occident latin, quitte à ce qui les Occidentaux s’approprient sans
vergogne ce qu’ils ont reçu d’Orient, ainsi qu’en témoigne un homme de loi (Cadi)
de la fin du 11e siècle qui légifère contre le « piratage intellectuel » et pour la
défense des droits d’auteur en interdisant : « la vente de livres de sciences aux juifs
et aux chrétiens qui traduisent ces ouvrages et les attribuent à leur propre peuple
et à leurs évêques, alors qu’ils ont été rédigés par des musulmans ».
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