230 C. Boucard, B. Laffy-Beaufils
Description, objectifs de chaque test, résultats observés
dans la schizophrénie. Les batteries d’examen linguistique
de l’aphasie Montréal—Toulouse 86 [18] et Boston Aphasia
Diagnostic Examination [16], normalisées chez l’adulte, per-
mettent l’évaluation des différents aspects du langage lors
de lésions de l’hémisphère dominant. Elles étudient la
compréhension du langage parlé, l’expression orale (à la
recherche de modification du volume verbal, d’une dyspro-
sodie, d’une désintégration phonétique, de troubles de la
dénomination, les troubles du maniement de la grammaire
et de la syntaxe) et le langage écrit (recherche d’une alexie,
d’une agraphie), qui sont autant de troubles que l’on peut
retrouver dans la sémiologie des aphasies.
Nous avons retenu parmi ces deux batteries l’interview
dirigée du MT 86, le récit en images du BDAE et les items de
compréhension orale et écrite du BDAE.
L’interview dirigée consiste en 12 questions demandant,
par exemple, pour le premier stimulus au patient de donner
son nom, ou pour le dernier stimulus de donner son avis sur
un phénomène de société.
L’épreuve de narration orale consiste à décrire oralement
une scène imagée.
L’interview dirigée et l’épreuve de narration orale
permettent une évaluation qualitative du discours dans
deux modalités. La première permet d’observer le dis-
cours conversationnel, avec notamment les capacités
d’ajustement du discours, l’informativité et d’éventuels
troubles formels de la pensée tels qu’ils ont été définis
par Andreasen [1] (par exemple, tangentialité, digressions).
La deuxième permet d’observer le discours narratif, par
exemple, comment le sujet va construire sa description de
l’image, en relatant la scène dans sa globalité, en un tout
cohérent, ou au contraire s’il va faire une description d’une
suite de détails sans «fil conducteur ».
L’épreuve de compréhension orale est cotée en 12 points,
avec quatre questions de logique posées à chaque fois de
deux fac¸ons différentes (un point si les deux réponses sont
correctes) et de quatre textes de longueur croissante avec
des questions de compréhension également posées de deux
fac¸ons.
L’épreuve de compréhension écrite est constituée de
dix textes de longueur croissante (avec deux exemples
non cotés) que le patient doit compléter en choisissant sa
réponse parmi quatre propositions.
Ces substests permettent d’appréhender la compréhen-
sion littérale du langage et de voir s’il existe un effet de
longueur ou de complexité (c’est-à-dire si le trouble de
compréhension est majoré par une surcharge au niveau des
ressources cognitives).
Le Test of Language Competence-Expanded Edition ou
(d’après l’édition de Elisabeth H. Wiig et Wayne Secord, tra-
duction franc¸aise) a été construit pour évaluer les retards
dans le développement des compétences linguistiques et
dans l’utilisation des stratégies sémantiques et pragma-
tiques chez l’enfant et l’adolescent (jusqu’à 18 ans 2 mois)
[4,14].
Ce test examine dans son ensemble les problèmes méta-
linguistiques et pragmatiques. Il se compose de quatre
sections.
Les phrases ambiguës. La première section «phrases
ambiguës »comporte 12 items (et deux items d’exemple
rajoutés dans la version franc¸aise). Chaque item représente
une phrase ambiguë dont le sujet doit reconnaître et don-
ner les deux sens. L’ambiguïté est soit lexicale (cinq items où
l’ambiguïté porte sur un mot qui a deux sens, par exemple,
«j’ai vu un avocat au marché »), soit structurelle (cinq
items où l’ambiguïté est due au fait que des mots adjacents
peuvent être regroupés de plusieurs fac¸ons et ainsi donner
un sens différent à la phrase, ou que plus d’une relation
logique existe entre les mots (par exemple, «Nicolas dit à
Julie qu’il a perdu son classeur »).
La compréhension auditive, déductions. La deuxième
section «compréhension auditive, déductions »comporte
11 items constitués de deux phrases qui décrivent un
script (un enchaînement d’événements) qui ont un rapport
causal que le sujet doit retrouver seul dans un premier
temps, puis parmi quatre réponses donner les deux plus
probables.
L’expression orale, création de phrases. La troisième
section «expression orale, création de phrases »comporte
13 items (et deux items d’exemple non cotés) où le sujet
doit, à partir d’une image illustrant une situation donnée,
construire avec trois mots une phrase syntaxiquement et
pragmatiquement correcte.
Le langage figuratif. La quatrième section «langage
figuratif »comporte dix items (et un item d’exemple) divisé
en deux parties : un court texte dans lequel une personne
emploie une expression figurée que le sujet doit inter-
préter, et un choix multiple de quatre expressions parmi
lesquelles le sujet devra retrouver une expression syno-
nyme. Les quatre propositions sont construites de fac¸on
identique : une phrase de sens contraire, une phrase expri-
mant le sens littéral de l’expression cible, et une phrase
sans rapport mais dans laquelle on retrouve des mots de la
phrase cible.
Le test de gestion de l’implicite. Le test de gestion de
l’implicite [9] permet d’examiner la compréhension «fine »
du langage.Vingt situations sont proposées au sujet qui doit
répondre à chaque fois à trois questions (oui, non, je ne peux
pas répondre).
Cinq types de questions sont ainsi proposés : 18 ques-
tions pragmatiques qui examinent la compréhension de
l’implicite, et des questions complémentaires permettant
d’analyser plus finement les déficits du patient : 11 questions
explicites qui examineront la compréhension littérale, 12
questions logiques, 13 questions «distracteur »et six ques-
tions nécessitant un traitement complexe.
Le récit du conte du Petit Chaperon Rouge. Le récit
du conte du Petit Chaperon Rouge [13] a été proposé par
Lhermitte pour examiner les capacités d’organisation et de
planification du discours. Cette histoire est en effet struc-
turée en une série de séquences et permet donc d’observer
une réduction du nombre de séquences, ou une modifica-
tion de l’ordre de ces séquences. Elle examine donc la
cohérence du discours et également la cohésion (marqueurs
syntaxiques), dimensions qui peuvent être perturbées dans
la schizophrénie.
L’épreuve des fluences. L’épreuve des fluences [5,15]
consiste à demander au patient de produire le plus de mots
possibles en 2 min selon un critère catégoriel (animaux,
fruits et meubles) ou un critère littéral (p, r et v) et ainsi
examiner une éventuelle réduction de la fluidité verbale
(critère quantitatif), mais également les stratégies adoptées
pour récupérer en mémoire ces mots (critère qualitatif).