CONFÉRENCE PHILOSOPHIQUE
“Plus l’être humain sera éclairé, plus il sera libre.”
Voltaire
LE DROIT À L’EUTHANASIE
L’ultime liberté humaine
CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
Les lépreux, Pierre Breughel (1559).
Association ALDÉRAN Toulouse
pour la promotion de la Philosophie
MAISON DE LA PHILOSOPHIE
29 rue de la digue, 31300 Toulouse
Tél : 05.61.42.14.40
Site : www.alderan-philo.org conférence N°1600-110
LE DROIT À L’EUTHANASIE, L’ULTIME LIBERTÉ HUMAINE
conférence d’Éric Lowen donnée le 23/05/2008
à la Maison de la philosophie à Toulouse
Les tabous sur l’euthanasie sont en train de tomber. Souvent amalgamée à tort avec les
pratiques nazies à l’égard des malades mentaux, l’euthanasie est au contraire l’expression de
la dignité humaine. Au lieu d’être une défaite de la mort, elle est une affirmation de la vie et
de la liberté existentielle. Cette conférence exposera les principes philosophiques majeurs du
droit à l’euthanasie - qui n’appartient pas à la question médicale mais à celle du sens de la
vie - et qui se rattache aux droits de l’Homme.
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LE DROIT À L’EUTHANASIE, L’ULTIME LIBERTÉ HUMAINE
Le droit à l’euthanasie comme élément des droits de l’Homme
PLAN DE LA CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
C’est cette science, appelée euthanasie, qui agit contre ce qu’il pourrait y avoir
d’oppressant dans la maladie, soulage la douleur et rend très paisible
l’heure ultime à laquelle personne ne peut échapper.
Karl Marx (1818-1883), 1826
Par rapport à l’homme, le chien n’a guère de privilèges,
mais il en a un qui est appréciable :
dans son cas, l’euthanasie n’est pas interdite par la loi ;
l’animal a droit à une mort miséricordieuse.
Milan Kundéra
L’insoutenable légèreté de l’être
I UNE NOUVELLE DEMANDE BIOÉTHIQUE : L’EUTHANASIE
1 - Une nouvelle demande en matière bioéthique : l’euthanasie
2 - La conséquence des progrès médicaux, de l’allongement de la vie et des limites de la médecine
3 - Des demandes croissantes qui ne se cachent plus aujourd’hui, la question n’est plus tabou
4 - Mais elle reste largement interdite, légalement et moralement - mais pas dans la pratique !
5 - Une longue lutte pour sa reconnaissance légale depuis le début du 20ème siècle
II LES RAISONS DES OPPOSITIONS DE L’EUTHANASIE
1 - L’euthanasie, au carrefour de la mort, de la vie, de la vieillesse et de la médecine
2 - Un terme employé dans des sens ambigus, multiples et contradictoires avec l’euthanasie réelle
3 - L’opposition doctrinale de la religion chrétienne
4 - Les obstacles psychologiques individuels
5 - Les obstacles provenant de certaines cultures médicales
6 - Son refus est surtout un fait de culture et non de raison
III LE DROIT À L’EUTHANASIE, UN CHOIX EXISTENTIEL ET NON PAS MÉDICAL
1 - Historique du mot “euthanasie” et son évolution
2 - Son sens strict : une mort volontaire, consciente, librement choisie et si possible adolorique
3 - Dépasser l’opposition entre euthanasie passive (abstention thérapeutique) et active (IVV)
4 - Une question qui n’est pas médicale, mais existentielle : le choix de sa vie
5 - Qui relève de la liberté et des droits naturels de l’homme
6 - Droit ne veut pas dire obligation, libre de et libre de ne pas
IV LES FONDEMENTS DU DROIT À L’EUTHANASIE
1 - La dissipation des illusions providentialistes, destinales et de la propriété divine de la vie
2 - Chaque être vivant n’appartient qu’à lui-même, sa vie comme son corps
3 - La douleur agonique n’a pas de justification naturelle, anthropique ou spirituelle
4 - Il est dans l’essence de l’homme de s’approprier son destin et sa mort
5 - L’homme a besoin pour vivre d’un sentiment de dignité et de respect à l’égard de lui-même
6 - Décider de sa manière de mourir : une expression de la liberté naturelle de l’Être Humain
7 - Un double droit : le droit à mourir dignement et sans souffrance, et le droit à choisir sa mort
8 - Le refus de reconnaître ces droits est une violation des droits humains
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V LE SENS HUMANISME DE L’EUTHANASIE
1 - Un acte pris dans la liberté et la pleine conscience, l’euthanasie est un projet de vie
2 - Une forme d’appropriation et d’humanisation de sa mort
3 - L’euthanasie est donc avant tout le droit de vivre sa vie comme on l’entend
4 - L’euthanasie, une victoire de la vie et de la dignité humaine
5 - L’ultime liberté de l’homme, face à la douleur, face à la mort, face à l’adversité
6 - L’euthanasie comme mort noble, une expression de la thanatosophia
VI CONCLUSION
1 - Le droit à l’euthanasie est bien un des droits humains naturels
2 - La reconnaissance d’un droit qui relève de la conquête des liberté et du progrès en Humanité
3 - La nécessité de légiférer pour sortir du déni de législation
4 - La nécessité de mettre en conformité le droit positif des états avec les Droits de l’Homme
ORA ET LABORA
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Document 1 : En amont de l’euthanasie se situe pour l’Être Humain la conscience de la mort et l’image de
soi.
L'animal, sans doute, ne rumine pas l'idée de la mort. Il ne craint que contraint de
craindre. Le péril disparu, la puissance du pressentiment funeste s'évanouit : la mort n'a
plus d'aiguillon et ne joue plus aucun rôle. C'est que rien d'inutile, rien de disproportionné
n'apparaît dans la conduite de l'animal. Il n'est à chaque instant que ce qu'il est. Il ne
spécule pas sur des valeurs imaginaires, et il ne s'inquiète pas de questions auxquelles
ses moyens ne lui permettent de répondre.
Il en résulte que le spectacle de la mort de ses semblables, qui peut, dans le moment
même, l'émouvoir ou l'irriter quelquefois, ne lui cause pas de tourments illimités et ne
modifie en rien son système tout positif d'existence. Il semble qu'il ne possède pas ce
qu'il faut pour conserver, entretenir et approfondir cette impression.
Mais chez l'Homme, qui est doué de plus de mémoire, d'attention et de facultés de
combinaison ou d'anticipation qu'il n'est nécessaire, l'idée de la mort, déduite d'une
expérience constante et, d'autre part, absolument incompatible avec le sentiment de l'être
et l'acte de la conscience, joue un rôle remarquable dans la vie. Cette idée excite au plus
haut degré l'imagination qu'elle défie. Si la puissance, la perpétuelle imminence, et, en
somme, la vitalité de l'idée de la mort, s'amoindrissaient, on ne sait ce qu'il adviendrait de
l'humanité. Notre vie organisée a besoin des singulières propriétés de l'idée de la mort.
L'idée de la mort est le ressort des lois, la mère des religions, l'agent secret ou
terriblement manifeste de la politique, l'excitant essentiel de la gloire et des grandes
amours, l'origine d'une quantité de recherches et de méditations. Paul Valéry (1871-1945)
La peur des morts
Document 2 : L’émergence de la question de l’euthanasie en Occident au 17ème siècle dans les pensées
du philosophe anglais Francis Bacon.
Je dirai de plus, en insistant sur ce sujet, que l’office du médecin n’est pas seulement de
rétablir la santé, mais aussi d’adoucir les douleurs et souffrances attachées aux
maladies ; et cela non pas seulement en tant que cet adoucissement de la douleur,
considérée comme un symptôme périlleux, contribue et conduit à la convalescence, mais
encore afin de procurer au malade, lorsqu’il n’y a plus d’espérance, une mort douce et
paisible ; car ce n’est pas la moindre partie du bonheur que cette euthanasie [...]. Mais de
notre temps les médecins semblent se faire une loi d’abandonner les malades dès qu’ils
sont à l’extrémité ; au lieu qu’à mon sentiment, s’ils étaient jaloux de ne point manquer à
leur devoir, ni par conséquent à l’humanité, et même d’apprendre leur art plus à fond, ils
n’épargneraient aucun soin pour aider les agonisants à sortir de ce monde avec plus de
douceur et de facilité. Or, cette recherche, nous la qualifions de recherche sur
l’euthanasie extérieure, que nous distinguons de cette autre euthanasie qui a pour objet
la préparation de l’âme, et nous la classons parmi nos recommandations.»
Francis Bacon (1561-1626)
Du progrès et de la promotion des savoirs, livre II, partie 3, 1605
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