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La biodiversité sous pression:
le déclin de la faune
en Ontario
Rapport sur la protection de l’environnement de 2015-2016: Volume 2
de préserver les espèces une fois qu’elles sont en péril,
il est primordial que le MRNF intervienne rapidement et
efcacement lorsqu’il constate qu’une population est
en déclin, particulièrement dans le cas des espèces
importantes sur le plan écologique.
Le présent rapport examine trois populations fauniques
en déclin à l’heure actuelle en Ontario, soit l’orignal,
les chauves-souris et les amphibiens. Ces animaux ont
une très grande importance sur les plans écologique,
culturel et économique de l’Ontario. L’effondrement de
leurs populations se traduit par une perte tragique de
biodiversité, une diminution des activités liées à la chasse
et au tourisme ainsi qu’un accroissement des coûts
liés à la lutte aux parasites. Le déclin des populations
d’orignal et de chauves-souris en Ontario s’inscrit dans
une tendance à la baisse plus large dans l’ensemble de
leurs aires de répartition en Amérique du Nord; quant
aux amphibiens, ils sont le groupe de vertébrés le plus
menacés au monde. Chacune de ces situations comporte
son propre lot de dés, qui vont du manque de données à
l’application du mandat, en passant par l’incertitude sur le
plan scientique. Le message qui en ressort n’en demeure
pas moins clair : il est impératif que le gouvernement de
l’Ontario prenne des mesures concrètes pour préserver
les espèces importantes de la province.
3.1 Déclin des populations
d’orignal en Ontario
L’orignal est une espèce emblématique de l’Ontario qui
revêt une importance culturelle et économique particulière
pour bon nombre de collectivités autochtones et du Nord.
Toutefois, la situation de l’orignal en Ontario est précaire.
Dans les années 1980, sa population a chuté pour
atteindre un creux d’à peine 80 000, ce qui a poussé le
MRNF à mettre en place de nouvelles restrictions sur la
chasse ainsi que des politiques de gestion, qui ont aidé
à rétablir la population à près de 115 000 orignaux dans
la province au début des années 2000. Néanmoins, les
populations d’orignal sont de nouveau en déclin; on estime
qu’il n’en reste que 92 300, ce qui représente une baisse
d’environ 20 % au cours de la dernière décennie.
Malgré le fait que toutes les populations fauniques
connaissent des uctuations naturelles, cette baisse
demeure préoccupante. Certaines régions de la province ont
vu le nombre de leurs orignaux chuter considérablement :
les populations à proximité de Cochrane et Thunder Bay ont
respectivement connu une baisse approximative de 60% et
50% si on les compare à la dernière décennie. De plus, les
densités démographiques de l’orignal sont inférieures aux
objectifs5 xés par le MRNF pour plusieurs régions.
Malheureusement, le problème ne se limite pas à l’Ontario,
puisque des baisses démographiques ont été observées
dans toutes les aires de répartition de l’espèce en Amérique
du Nord, notamment dans certaines régions du Montana,
du Wyoming, de l’Utah, du Minnesota, du Michigan, du
New Hampshire, du Vermont, de la Colombie-Britannique,
du Manitoba, du Québec, de la Nouvelle-Écosse et du
Nouveau-Brunswick.
Dans certaines régions, ces baisses ont été dramatiques.
Par exemple, certaines régions de la Colombie-Britannique
ont enregistré des chutes de 20 % à 60 % dans leurs
populations. De même, 60 % des orignaux du Minnesota
ont disparu au cours de la dernière décennie. En juin
2016, le U.S. Fish and Wildlife Service a annoncé qu’il
entreprendrait un examen de la situation an de déterminer
si l’orignal au Michigan, au Minnesota, au Wisconsin et
dans le Dakota du Nord doit être inscrit dans la liste de
la loi américaine sur les espèces en voie de disparition
(Endangered Species Act).
Les occasions de chasse dans plusieurs de ces régions
ont été limitées en raison de ces déclins, notamment
en Colombie-Britannique et au Manitoba. Au Minnesota,
la chasse à l’original a été suspendue pour une durée
indéterminée.
Le déclin des espèces sauvages est
une crise mondiale.