donnée à l’art, qui est aussi contribution à l’élaboration du savoir. L’œuvre de
Sandro Botticelli est représentative d’un art voué au beau idéal, réservé à un
petit cercle d’initiés. La signification du Printemps (1481, galerie des Offices,
Florence) se perçoit à travers un réseau complexe de références
mythologiques, mais le sens conceptuel de l’œuvre ne restait, à l’époque,
accessible qu’aux philosophes introduits dans les milieux intellectuels liés aux
Médicis. Cette peinture devenait ainsi un outil d’identification pour une classe
socioculturelle très restreinte.
LES MODALITES DE LA CONNAISSANCE : THEOLOGIE ET MATHEMATIQUES
Lorsque, à la fin des années 1430, Piero della Francesca s’installe à Florence,
il est confronté à une diversité déroutante de courants artistiques : certains
artistes, comme Fra Angelico, s’attachent à doter la peinture sacrée d’une
valeur humaniste (retable du couvent San Marco, v. 1439) ; d’autres, comme
Paolo Uccello, réalisent des compositions strictement géométriques pour
dépeindre des univers fantasmés (Saint Georges terrassant le dragon, v. 1440,
The National Gallery, Londres) ; d’autres encore préfèrent explorer en
profondeur les capacités mimétiques de l’art : c’est le cas de Masaccio dont
les fresques de l’église du Carmine, achevées quelques années plus tôt
(v. 1424), ont provoqué un véritable choc culturel. Cependant, ces différentes
tendances répondent toutes aux mêmes préoccupations fondamentales. Piero
della Francesca s’interroge sur les raisons d’une telle diversité de formes,
alors que les motivations sont communes à tous. Il se met en quête d’un
système de peinture universel, synthétique, susceptible d’unifier les
oppositions formelles et de proposer un modèle reproductible. La foi qu’il
place dans la capacité des mathématiques à rationaliser la perception du
monde se retrouve à l’évidence dans la Flagellation du Christ (v. 1453-1460,
Galleria Nazionale delle Marche, Urbino), l’un des exemples les plus éclatants
de l’emploi d’un théorème dans la peinture. Naturellement, cette perfection du
système était, selon lui, à l’image de la perfection divine.
LEONARD DE VINCI, EMBLEME DE LA RENAISSANCE HUMANISTE
À plusieurs égards, l’exemple de Léonard de Vinci est particulièrement
représentatif de l’esprit Renaissance. Mathématicien, physicien, inventeur,
peintre, architecte, ingénieur, il réalise une carrière cosmopolite qui lui fournit
de multiples occasions de confronter son savoir et son expérience à des
situations nouvelles. À travers ses recherches picturales, il s’attache à rendre