Il Quattrocento 15ème : rupture en art, même si des signes avant-coureurs présents au M-A. C’est contre l’art des décennies précédentes que les artistes ont voulu réagir en prônant une renaissance de l’Antiquité contre l’art médiéval. D’abord en Italie, dû à l’importance des vestiges et à la richesse des villes (marchands, banquiers…). Se diffuse en Europe : en 1540, François Ier fait faire des moulages antiques en Italie qui iront à Fontainebleau. I. Mécènes et artistes a. Les grands foyers de création en Italie Favorisé par la multitude de cours princiales et ducales. 1. Florence, le foyer le plus novateur Au début du 15ème : Mécénat de Medicis. En 1498, les artistes quitteront Florence suite à la dictature de Savonarole, au profit de Rome, Venise… 2. Rome Mécénat des Papes : Jules II († 1513), puis Léon X († 1521). 3. Venise, immense richesse Pôle commercial entre occident et orient. Les Doges dirigent Venise : indépendance, liberté, inventivité… et grand centre d’imprimerie (là où on a imprimé la première partition). b. L’artiste : un nouveau statut 1. La formation de l’artiste : le travail en atelier Apprentissage strict avant d’être autorisé à exercer. Atelier : lieu de création et de formation. Souvent les mécènes y passaient pour repérer les plus doués, et les artistes également (échange des techniques…). Les artistes le plus brillants sont polyvalents, et certains sont capables de théoriser. 2. Un nouveau statut de l’artiste Au M-A : essentiellement artisan, métier manuel, et anonyme (régression par rapport à l’Antiquité où il était honoré). Au 15e, il demeure un artisan mais acquiert une considération progressivement. Un nouveau regard de l’artiste sur lui-même : ils signent (ex : Van Eyck : Les époux Arnolfini), mais de façon furtive (Botticelli, L’adoration des Mages : « autoportrait » furtif). Puis apparaissent les 1ers autoportraits (Dürer). A la Renaissance il bénéficie d’une liberté de création (Michel-Ange interdit l’entrée de la Chapelle Sixtine à Jules II tant qu’il n’a pas fini). On écrit des livres sur eux, ils fascinent (Vasari, Les vies), et on se les dispute. c. Une création favorisée par un Mécénat florissant Mécénats aussi bien laïques que religieux (papes, de Médicis…). Laurent le Magnifique, petit-fils de Côme l’Ancien, vit entouré d’artistes, de savants… On peut alors parler de 1er musées avec ses collections privées : renouvèlent les sources d’inspiration. A la fin du 15ème se multiplient des fouilles et les découvertes. II. Une esthétique nouvelle a. Sujets et sources d’inspiration 1. La référence à l’antiquité inspirée par l’humanisme Les princes, les mécènes font entreprendre des fouilles et collectionnent les sculptures antiques, souvent copiées par les sculpteurs. Les architectes étudient les écrits de Vitruve et s’inspirent des vestiges, avec une recherche de la symétrie, des proportions, de l’harmonie (progrès des maths)… b. La sculpture La Renaissance retrouve le nu, avec l’exaltation de la beauté... La mythologie fournit un répertoire inépuisable pour la peinture avec Ovide (les Métamorphoses). Mais la thématique religieuse reste essentielle. Importance du portrait : l’Homme est au centre du monde (mécènes veulent se faire représenter) : évolution vers plus de réalisme (ex : Ghirlandaio, Le vieillard et l’enfant, Louvre). Les techniques nouvelles y contribuent (mise au point en Flandre de la peinture à l’huile). c. La révolution de la perspective Contribue à l’émergence d’une nouvelle esthétique : espace tridimensionnel, rationnel (on se passionne pour les maths, pour les lignes de perspective…). d. L’artiste de la Renaissance est souvent un savant 1. Des peintres ont été de grands mathématiciens Diffusion de l’œuvre d’Euclide, mathématicien grec. Ex : Piero della Francesca, La flagellation du Christ, ou encore Uccello : recherche de la beauté idéale, des proportions parfaites. 2. La Renaissance théorise l’art De véritables traités sont écrits, et ces savants ne sont pas tous italiens (ex : Dürer). III. Les grands artistes a. Botticelli et le néoplatonisme 1444 (ou 45) – 1510. Vie presque entière à Florence. Suit sa formation dans l’atelier de Filippo Lippi, puis il ouvre le sien. En 1478 : deux tableaux : Le Printemps et la Naissance de Vénus (commandes des Médicis). Puis l’Adoration des Mages. Son talent est de rendre l’incarnation des choses et l’expression du visage. La nativité mystique : seule œuvre qui soit signée et datée de toute sa production. Contexte particulier (crise politique et religieuse à l’extrême fin du 15ème à Florence) : depuis la mort de Laurent le Magnifique en 1492, les Médicis ont été chassé de Florence, et les troupes françaises de Charles VIII instaurent la république théocratique avec Savonarole. En 1499, celui-ci fait un discours apocalyptique : l’œuvre est son l’illustration. Inscriptions en grec, en haut : « Moi, Botticelli, en 1501, j’ai exécuté ce tableau dans une Italie en proie au trouble, une moitié de temps après le temps où s’accomplit le 11ème chapitre de Jean (l’Apocalypse), lorsque le diable fut libéré […]. » Persos : pas de respect des proportions, profusion des anges, des démons fuient dans la terre… Espace pictural saturé, qui semble nier la perspective : impression de chaos. Retour à un style gothique (ruptures d’échelles, insertion de texte) qui traduit une impression de décadence. b. Fra Angelico : entre tradition et modernité 1387 – 1455 Peintre dominicain, influence des peintres siennois et de l’art de l’Enluminure, précision des détails : raffinement du style gothique international, courbure des silhouettes, couleurs claires, soignées, recherche d’un naturalisme de la représentation (anatomie sous les drapés, volume donné aux corps…). Beaucoup de commandes pour le cloître de San Marco (Annonciations…) à Florence. c. Donatello 1386 - 1466 Travaille dans l’atelier de Ghiberti où il rencontre Brunelleschi, et s’influencent mutuellement. Dès 1402, il part à Rome pour étudier les modèles antiques. Notoriété rapide, ouvre son propre atelier. En 1434, le mécène Côme le prend sous sa protection, et quand il meurt, il demande aux Médicis de continuer leur protection. Vérité des détails, naturalisme, puissance d’expression. Œuvres nombreuses, renouvelle la tradition romaine du monument équestre : sa statue équestre à Padoue (Gattamelata) s’inspire de celle à Rome de Marc Aurèle. Autres œuvres : Judith et Holopherne (Florence, Palazzo Vecchio), Les prophètes, le David, MarieMadeleine.