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C’est en Italie que se développe au milieu du XIVesiècle un mouvement culturel,
la Renaissance, appelé alors Rinascimento. Ce tournant décisif, qui marque la
scission entre le Moyen Age et les temps modernes, est fortement influencé
par l’Humanisme et la Réforme. Il se présente comme une réflexion sur les arts
classiques de l’Antiquité grecque et romaine et se manifeste par un intérêt accru pour
des poètes depuis longtemps oubliés et un enthousiasme pour la sculpture et les
innombrables vestiges d’architecture, pour la plupart il est vrai, en ruines.
Mais le développement de la technique et des sciences naturelles, qui démarre dans
l’actuelle Scandinavie, aux Pays-Bas également et plus tard en Allemagne, joue un rôle
tout aussi important dans cet essor.
En Italie, le mouvement touche d’abord l’architecture qui s’inspire alors de
modèles classiques, suivie un peu plus tard de la sculpture qui cherche, pour sa part, à
se rapprocher de la nature. Lorsque l’architecte et sculpteur Filippo Brunelleschi
(1377-1466) part pour Rome afin d’exhumer, étudier et évaluer les vestiges antiques, il
est accompagné par l’orfèvre et sculpteur Donatello (vers 1386-1466). Ce sont surtout
les sculptures découvertes là-bas, puis celles trouvées plus tard sur d’autres fouilles
qui déclenchent chez les sculpteurs un enthousiasme tel qu’à la fin du XVesiècle,
Michel-Ange enterre l’une de ses œuvres pour peu après l’exhumer comme une
« antiquité authentique ».
La Renaissance italienne a duré près de deux cents ans. La première Renaissance
couvre les années 1420 à 1500 (le Quattrocento), la haute Renaissance s’achève vers 1520
et la Renaissance tardive qui donne dans le maniérisme prend fin vers 1600
(le Cinquecento). La Renaissance tardive a produit en Italie et dans certains autres pays
un autre mouvement qui est passé imperceptiblement à l’art baroque (dit « extravagant,
excentrique »). Considéré à l’occasion comme une déviance et une indiscipline, mais
ensuite comme une forme de développement plus noble, le baroque a régné jusqu’à la
fin du XVIIesiècle. Après avoir franchi les Alpes pour atteindre l’Allemagne, la France
et les Pays-Bas, la Renaissance connaît la même évolution qu’en Italie et peut être
classifiée comme suit.
Introduction
Michel-Ange (Michelangelo
Buonarroti),
David, 1501-1504.
Marbre, h : 410 cm.
Galleria dell’Accademia, Florence.
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La Première Renaissance italienne
C’est à Florence que l’on retrouve les premières traces de la Renaissance. Au XIVesiècle
la ville, qui compte déjà 120 000 habitants, domine l’Italie centrale. C’est ici que vivent,
en partie tout du moins, les artistes les plus illustres de leur temps – Giotto
(probablement 1266-1336), Donatello (1386-1466), Masaccio (1401-1429), Michel-Ange
(1475-1564), Lorenzo Ghiberti (1378-1455).
A la suite d’un concours remporté en 1420, Brunelleschi est désigné pour construire la
coupole emblématique du dôme florentin. Son projet s’inspire de la coupole du Panthéon
fondé sous l’empire romain. Il s’en éloigne toutefois en basant la coupole en forme d’ellipse
sur un soubassement octogonal (le tambour). Dans ses autres constructions, il se réfère aux
colonnes, charpentes et chapiteaux des maîtres d’œuvre gréco-romains. Dans la
construction des églises, la coupole en forme de couronne est en effet, faute de nouvelles
idées, le seul élément repris dans la structure centrale de l’édifice en forme de croix
grecque ou de la basilique en forme de croix latine. On continue, par contre, à développer
les modèles classiques avec les ornementations empruntées aux vestiges de l’Antiquité
romaine. Les maîtres d’œuvre de la Renaissance ont été ici très sensibles à la richesse et à
la délicatesse, comme à l’aspect massif et volumineux des édifices romains, auxquels ils ont
ajouté une touche de raffinement. Brunelleschi l’a démontré en particulier dans la chapelle
des Pazzi du cloître de Santa Croce avec son portique soutenu par des colonnes
corinthiennes, comme à l’intérieur de l’église des Médicis de San Lorenzo et de sa sacristie.
Aucun autre édifice de ce genre n’a pu ultérieurement égaler ces bâtisses dans l’harmonie
existant entre les différents éléments et l’ensemble de la construction.
Le premier probablement à décrire ce désir d’harmonie est Leon Battista Alberti
(1404-1472) qui, à l’instar de Brunelleschi, n’a pas été seulement un maître d’œuvre, mais
aussi un théoricien de l’art avec ses traités De Pittura (1435) et De Re Aedificatoria (1451).
Il compare l’architecture à la musique. L’harmonie représente à ses yeux l’idéal de la
beauté, car pour lui la beauté n’est rien « ... qu’une certaine harmonie de l’ensemble des
parties, telle que toute adjonction, toute suppression ou tout changement ne puisse que
nuire à l’ensemble ». Ce précepte de la beauté reste toujours valable de nos jours.
Alberti a développé au Palazzo Rucellai un deuxième type de palais florentins, en
offrant à la façade une structure géométrique divisée à tous les étages par des pilastres
plats encadrant les fenêtres.
Lorenzo Ghiberti,
Portes du Paradis, 1425-1452.
Bronze doré, 506 x 287 cm.
Baptistère, Florence.
Donatello,
David, vers 1440-1443.
Bronze, h : 153 cm.
Museo Nazionale del Bargello,
Florence.
I. L’Art en Italie
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