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La Première Renaissance italienne
C’est à Florence que l’on retrouve les premières traces de la Renaissance. Au XIVesiècle
la ville, qui compte déjà 120 000 habitants, domine l’Italie centrale. C’est ici que vivent,
en partie tout du moins, les artistes les plus illustres de leur temps – Giotto
(probablement 1266-1336), Donatello (1386-1466), Masaccio (1401-1429), Michel-Ange
(1475-1564), Lorenzo Ghiberti (1378-1455).
A la suite d’un concours remporté en 1420, Brunelleschi est désigné pour construire la
coupole emblématique du dôme florentin. Son projet s’inspire de la coupole du Panthéon
fondé sous l’empire romain. Il s’en éloigne toutefois en basant la coupole en forme d’ellipse
sur un soubassement octogonal (le tambour). Dans ses autres constructions, il se réfère aux
colonnes, charpentes et chapiteaux des maîtres d’œuvre gréco-romains. Dans la
construction des églises, la coupole en forme de couronne est en effet, faute de nouvelles
idées, le seul élément repris dans la structure centrale de l’édifice en forme de croix
grecque ou de la basilique en forme de croix latine. On continue, par contre, à développer
les modèles classiques avec les ornementations empruntées aux vestiges de l’Antiquité
romaine. Les maîtres d’œuvre de la Renaissance ont été ici très sensibles à la richesse et à
la délicatesse, comme à l’aspect massif et volumineux des édifices romains, auxquels ils ont
ajouté une touche de raffinement. Brunelleschi l’a démontré en particulier dans la chapelle
des Pazzi du cloître de Santa Croce avec son portique soutenu par des colonnes
corinthiennes, comme à l’intérieur de l’église des Médicis de San Lorenzo et de sa sacristie.
Aucun autre édifice de ce genre n’a pu ultérieurement égaler ces bâtisses dans l’harmonie
existant entre les différents éléments et l’ensemble de la construction.
Le premier probablement à décrire ce désir d’harmonie est Leon Battista Alberti
(1404-1472) qui, à l’instar de Brunelleschi, n’a pas été seulement un maître d’œuvre, mais
aussi un théoricien de l’art avec ses traités De Pittura (1435) et De Re Aedificatoria (1451).
Il compare l’architecture à la musique. L’harmonie représente à ses yeux l’idéal de la
beauté, car pour lui la beauté n’est rien « ... qu’une certaine harmonie de l’ensemble des
parties, telle que toute adjonction, toute suppression ou tout changement ne puisse que
nuire à l’ensemble ». Ce précepte de la beauté reste toujours valable de nos jours.
Alberti a développé au Palazzo Rucellai un deuxième type de palais florentins, en
offrant à la façade une structure géométrique divisée à tous les étages par des pilastres
plats encadrant les fenêtres.
Lorenzo Ghiberti,
Portes du Paradis, 1425-1452.
Bronze doré, 506 x 287 cm.
Baptistère, Florence.
Donatello,
David, vers 1440-1443.
Bronze, h : 153 cm.
Museo Nazionale del Bargello,
Florence.
I. L’Art en Italie