
L’ÉCONOMIE LIBANAISE &ARABE
ECO NEWS
Le volume du marché de la fran--
chise au Liban est estimé à 4
milliards de dollars en 2010,
soit environ 10% du PIB. Depuis
près de dix ans, la franchise ne
cesse de se développer. Et le
nombre de franchisés est pas-
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sé d’une dizaine en 1990 à près
de 200 actuellement.
Les créneaux existant dans les dif--
férentes activités de la franchise
(alimentation-restauration, grande
distribution, habillement-mode-beau-
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té, hôtellerie, etc.) constituent des
secteurs importants de développe-
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ment pour les franchiseurs français
et étrangers. En effet, les franchises
étrangères sont toujours recherchées
par les investisseurs libanais, princi-
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palement intéressés par les enseignes
de renommée internationale, puisque
les consommateurs attachent une
grande importance à la notoriété de
la marque, surtout chez les jeunes gé-
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nérations. Quant aux franchiseurs, on
observe que plus d’une trentaine de
marques libanaises, la plupart dans le
secteur de l’alimentation, ont su créer
des concepts suffisamment porteurs
pour espérer un succès à l’internatio-
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nal de leur franchise. Pour n’en citer
que quelques-unes: Patchi, Casper &
Gambini’s, Crepaway, Al Rifai, Kabab-
ji, La Maison du Café, Rectangle Jaune,
etc. L’Association libanaise de la fran-
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chise (LFA), représentée par Charles
Arbid et partenaire de la Fédération
française de la franchise (FFF) depuis
2006, regroupe actuellement plus de
180 enseignes de franchises.
Les franchisés au Liban
La majorité des grandes enseignes
internationales sont aujourd’hui pré-
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sentes à Beyrouth. Les premières
franchises se sont installées vers la
fin des années 1990. Comme pres-
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que partout dans le monde, les chaî-
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nes de fast food, dont le succès est
intimement lié au concept de réseau
en franchise, ont d’abord inondé le
marché libanais, avec notamment
l’ouverture du premier Mc Donald’s
en septembre 1998 à Dora. Le choix
d’une enseigne est toujours lié à sa
notoriété et à sa capacité à s’intégrer
dans le marché local. «Le concept Mc-
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Donald’s, c’est le burger numéro un
dans le monde, qui a construit au fil
des années une confiance et une fidé-
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lisation du consommateur qui s’y rend
pour manger les yeux fermés», affirme
son directeur général Rashwan Mik-
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nas. Mais pour ce dernier, l’implanta-
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tion de McDonald’s ne pouvait se faire
sans prendre en compte le goût du
consommateur local. Le slogan adop-
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té par la maison mère «Think global,
act local» (penser global, agir local),
ajoute donc au succès local de l’ensei-
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gne. «Afin de nous adapter au marché
libanais, nous avons notamment créé
le «McArabia Chicken», un sandwich
avec du pain arabe dans lequel on
peut savourer un poulet à l’ail et aux
tomates-mayo. Il a fallu cinq ans de
préparation car c’est de la production
de masse. McDonald’s est le premier
dans le monde à jouir d’une véritable
présence locale, proche de la commu-
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nauté et des gens. Je ne peux pas diri-
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ger McDonald’s au Liban sans penser
libanais», précise Rashwan Miknas.
Pour Raef Letayf, gérant de l’enseigne
PAUL qui a ouvert ses portes à Gem-
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mayzé en février 2002, «PAUL offre
une gamme de produits qui étaient
peu représentés sur le marché local
tels que le pain artisanal, les tourtes,
les tartines, etc.». «Nous avons élargi
le menu en le modifiant pour mieux
l’adapter au goût du consommateur
libanais; par exemple, nous avons in-
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clus le thym comme saveur dans les
pains et dans nos recettes», poursuit
Raef Letayf. Christine Sfeir a obtenu
la franchise de Dunkin’ Donuts pour
le Liban en 1998. La directrice géné-
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rale gère ainsi directement les trente
points de vente de la marque au pays
du Cèdre. «Le choix de Dunkin’Donuts
s’est fait car c’est une marque amu-
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sante qui repose sur deux principaux
produits, les donuts et le café, affirme
Christine Sfeir, nous avons estimé que
ce serait un lieu de rencontre adéquat
pour les jeunes libanais». «Certains
produits sont des produits standard
qui figurent sur les menus de toutes les
branches à travers le monde, d’autres
sont spécifiquement créés pour le
marché libanais», ajoute la directrice.
L’implantation d’une franchise ne peut
se faire sans une étude approfondie
de la part des deux partenaires. Pre-
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mièrement, en termes de contrat: le
contrat de franchise spécifie sa durée,
les clauses financières, les normes
imposées par la maison mère ainsi
que le plan de développement de la
marque. Les clauses financières sont
généralement régies par un système
de droits d’entrée (une somme à ver-
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ser pour l’implantation de la marque)
et des royalties: le franchiseur fixe un
pourcentage du chiffre d’affaire que
le franchisé devra lui verser annuel-
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lement. «Mais un contrat c’est tout
d’abord choisir des partenaires, et la
réussite d’une franchise se fait dans
la réciprocité», certifie le directeur
général de l’enseigne McDonald’s au
Liban. La plupart des franchisés in-
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terrogés représentent la marque pour
tout le territoire libanais et ne peuvent
accorder de sous-franchise, ce qui fait
d’eux des «master-franchisés». Deuxiè-
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mement, les normes à respecter par
les franchisés sont souvent très stric-
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tes puisqu’elles garantissent et protè-
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gent l’image de marque de l’enseigne.
Pour le gérant de l’enseigne PAUL, «les
normes de la franchise exigent une
décoration d’ambiance, les mêmes
recettes de boulangerie applicables à
tous les franchisés et des normes bien
précises en termes d’hygiène». Du
côté de McDonald’s, «les normes sont
basées sur des codes QSCV (Quality,
Service, Cleanless and Value). Elles
sont très scrupuleuses en termes de
produit, de nourriture, de location, de
décoration, souligne Rashwan Miknas.
Quant aux exigences liées à la qualité
des produits, elles varient souvent
d’une enseigne à l’autre. «Une par-
-
tie de nos produits sont importés et
d’autres sont produits localement»,
affirme Christine Sfeir. «Nous devons
répondre à un certain nombre de cri-
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tères et de spécifications techniques
pour sélectionner nos fournisseurs»,
précise-t-elle. L’enseigne PAUL est par
exemple obligée d’importer les matiè-
-
res premières comme la farine pour
des raisons de qualité et d’identité de
la marque. «Nous établissons une en-
-
tente commune avec la maison mère
pour le choix des produits locaux et de
nos fournisseurs», précise Raef Letayf.
Du côté de McDonald’s, on importe la
viande et les pommes de terre car le
Liban n’est pas un pays fournisseur.
«Les fournisseurs avec lesquels on tra-
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vaille localement, régionalement et à
l’international nous sont suggérés par
la maison mère et notre bureau régio-
-
nal de Dubaï, dans un listing de noms
exclusifs», indique Rashwan Miknas.
Le plus important pour la plupart des
franchiseurs est l’emplacement de
l’enseigne. «La localisation, c’est la
clé pour n’importe quel business flo-
-
rissant», indique le directeur général.
«Prenons à titre d’exemple, un lieu
ouvert dans un mall, même si le loyer
est très cher, l’affluence est pratique-
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ment garantie, explique-t-il, le client
McDonald’s est un consommateur
spontané, des facteurs comme la faim,
l’humeur et le budget primeront donc
dans son choix». Les franchiseurs ap-
-
portent également leur aide au niveau
du développement de l’enseigne mais
chacun à sa manière. Dans le cas de
Dunkin’Donut, «l’aide apportée par la
maison mère se fait au niveau de la
mise en place du système, des procé-
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dures, des recettes et des formations
apportées aux employés», affirme
Christine Sfeir. «Les plans d’aménage-
-
ment et les normes de décoration nous
sont communiqués de l’extérieur et la
maison mère était présente le jour de
l’ouverture pour nous assister au ni-
-
veau opérationnel», poursuit le gérant
de PAUL. Chez McDonald’s, la maison
mère favorise le travail d’équipe tout
en apportant son soutien et son ex-
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pertise. «Du mois d’août au mois d’oc-
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tobre, nous établissons un planning
pour les 25 branches présentes au
Liban en collaboration avec la maison
mère, explique de son côté Rashwan
Miknas, ce processus baptisé «3-1-Q»
prévoit un planning sur trois ans».
Parallèlement, des «fast-retails» ont
emboîté le pas aux franchises. C’est le
cas de ces chaînes de vêtements du
type Zara ou Mango, deux franchises
du groupe Azadea aujourd’hui présen-
-
tes dans toutes les régions du Liban.
Comme Azadea, ABC et Abchee (BHV-
Fauchon) font partie de ces grands
groupes qui trustent les contrats avec
les grandes marques internationales.
Tous les franchisés interrogés sont
d’accord pour affirmer que la difficulté
majeure en tant que franchisé au Liban
est plutôt liée à la situation sécuritaire
du pays qui empiète sur leur bien-être
en les empêchant de faire des projets
à long-terme. Malgré cette situation,
les franchises se succèdent. Parmi
les nouveaux arrivants, on compte la
prestigieuse enseigne de luxe Hermès,
le restaurant Momo géré par le groupe
Hospitality Service (Solidere) ou enco-
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re le restaurant gastronomique STAY,
fameux de par la réputation de son
chef étoilé Yannick Alléno (Hôtel Meu-
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rice). Pendant ce temps, PAUL pour-
-
suit son expansion avec l’inauguration
le 16 août dernier d’un sixième res-
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taurant lors de l’ouverture du «Mall»,
sa toute dernière enseigne.
STRUCTURE COMPETITIVE
Les franchises au Liban:
un marché dynamique et en pleine expansion
Page.4 Septembre 2012
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