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l’axe des abscisses). Lorsque le prix du bien j s’établit au niveau du prix mondial Pmj, les
consommateurs domestiques du pays A achètent une quantité OM aux producteurs nationaux,
consomment une quantité ON et la différence MN correspond à des importations de bien j du
Reste du monde pour satisfaire la demande domestique. Avec l’imposition d’un droit de
douane ad valorem tj, le prix domestique du bien j va s’élever et atteindre le niveau Pdj, la
quantité offerte par les producteurs nationaux augmente et atteint le niveau OM’,
l’importation diminue et s’établit au niveau M’N’ et la consommation domestique se
contracte et n’atteint plus que le niveau 0N’. La conclusion est désormais la suivante : la
situation des consommateurs s’est détériorée : ils consomment une quantité de bien j plus
faible à un prix plus élevé. En revanche, la situation des producteurs nationaux s’est
améliorée : ils reconquièrent le marché intérieur et vendent davantage à un prix unitaire
supérieur. Un nouvel agent doit être considéré : l’Etat qui va bénéficier de recettes
douanières. L’analyse met donc en évidence une modification des quantités produites,
consommées et importées induite par la variation du prix domestique du bien j. Une analyse
en termes de variation de surplus des agents économiques concernés est nécessaire pour
établir un effet net en termes de bien-être. L’imposition d’un droit de douane tj sur le prix
domestique du bien j conduit à une perte de bien - être : l’effet net est négatif.
Explicitons une telle situation. L’instauration d‘un tarif douanier conduit à une hausse
du prix du bien j : le surplus des consommateurs diminue et celui des producteurs augmente :
la diminution pour les consommateurs correspond aux surfaces a + b +c + d et la hausse pour
les producteurs s’établit à l’aire a. Les droits de douane perçus par l’Etat (aire c) représentent
un transfert entre les consommateurs et l’Etat (surplus de l’Etat). L’impact net du tarif
douanier sur les surplus des agents économiques se traduit par une perte nette de bien-
être égale à la surface a + c - (a + b + c + d), c’est-à-dire l’aire b + d. Plus précisément, le
triangle b représente une perte en termes de distorsion de production (le tarif douanier conduit
le producteur domestique à fournir trop de biens j) et le triangle d représente une perte en
termes de distorsion de consommation (le tarif douanier pousse les consommateurs nationaux
à consommer moins de biens j). C’est sur la base de cette démonstration classique que le
protectionnisme est condamné par les théories traditionnelles : il conduit à une affectation
inefficace des ressources. Cependant, le protectionnisme peut faire apparaître une situation
plus favorable dans le cas où la nation qui se protège est un grand pays, c’est -à-dire un pays
dont la taille est suffisante pour qu’une modification des quantités achetées ait un impact sur
le prix du bien échangé (pays price maker). Supposons que le grand pays prenne une
disposition de protection. Ainsi, l’instauration par ce pays d’un tarif douanier conduit à un