Corrigé des exercices du chapitre 10

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Économie internationale
9e édition
P. Krugman, M. Obstfeld, M. Melitz
G. Capelle-Blancard, M. Crozet
ISBN : 978-2-7440-7530-8
Chapitre 10 –L’économie politique du protectionnisme
Corrigés des activités
1. « Dans le cas d’un petit pays comme la Tunisie, le passage au libre-échange présenterait des avantages
considérables. Cela permettrait aux consommateurs et aux producteurs faire leur choix en fonction des coûts
réels des biens, et non des prix artificiels déterminés par les politiques publiques. Cela permettrait également de
sortir d’un marché domestique confiné, d’ouvrir de nouveaux horizons aux entreprises et surtout, d’assainir les
politiques nationales. » Distinguez et identifiez les différents arguments en faveur du libre-échange évoqués
dans cette affirmation.
Les arguments en faveur du libre-échange que l’on retrouve dans la citation sont les suivants :




Le libre-échange permet de limiter les distorsions induites par la manipulation des prix relatifs. Au final, les
décisions des consommateurs et des producteurs sont effectivement fondées sur les coûts et les bénéfices
marginaux associés à chaque bien.
La Tunisie est un « petit » pays qui, à ce titre, a peu d’influence sur les prix mondiaux. S’il prend des
mesures de protection commerciale, il ne pourra pas bénéficier d’une amélioration de ses termes de
l’échange, et la perte de bien-être pour les consommateurs sera maximale.
Le libre-échange permet de « sortir d’un marché domestique confiné » et « ouvre de nouveaux horizons aux
entreprises ». L’ouverture des marchés peut en effet permettre d’exploiter des économies d’échelle.
Le libre-échange permet d’« assainir les politiques nationales ». Des intérêts particuliers peuvent tourner la
politique commerciale à leur avantage aux dépens du bien-être général. Les politiques libre-échangistes
peuvent aider à limiter la corruption là où des groupes de pression exercent une influence trop importante
sur les choix publics.
2. Parmi les arguments suivants, lesquels sont potentiellement recevables pour justifier un droit de douane ou une
subvention aux exportations ?
a. « Plus l’Union européenne importe de pétrole, plus le prix du pétrole augmente. »
b. « Le fait d’importer davantage de fruits produits hors saison en Amérique du Sud contribue à faire baisser
les prix de ces biens, considérés il y a encore quelques années comme des produits de luxe. »
c. « La hausse des exportations européennes de biens agricoles n’induit pas seulement une augmentation des
revenus des agriculteurs. Elle implique aussi des niveaux de revenus plus élevés pour quiconque produit
des biens et des services nécessaires à l’activité des exploitations agricoles. »
d. « Les semi-conducteurs sont essentiels au développement des industries du futur. Si nous ne produisons
pas nos propres puces, notre économie risque de prendre un retard définitif dans les savoirs technologiques
indispensables à tous les secteurs à fort potentiel de croissance. »
e. « Le prix réel du bois a chuté de 40 %. Des milliers d’employés du secteur ont été contraints de chercher un
nouvel emploi. »
a. Cela peut être un argument valide pour justifier un droit de douane dans la mesure où il est fondé sur la
capacité de l’Union européenne à faire varier le prix mondial, ce qui nous ramène à l’argument du droit de
douane optimal. Si l’Union européenne s’inquiète d’une hausse du prix mondial du pétrole dans le futur, elle
peut mettre en place des mesures protectionnistes pour limiter l’augmentation du prix et inciter les
consommateurs communautaires à préférer des sources d’énergie alternatives.
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b. L’importante baisse des prix profite aux consommateurs. De plus, dans la mesure où les productions hors
saison ne font pas concurrence à des productions domestiques, les producteurs domestiques ne sont pas
touchés. Pour l’économie nationale, il n’y a donc aucune raison de chercher à limiter ces importations.
c. La hausse des revenus des agriculteurs, et potentiellement de ceux qui leur fournissent des biens et des
services, se fera au détriment des consommateurs et des contribuables. À part dans le cas d’un
dysfonctionnement de marché, une subvention à l’exportation a toujours un coût plus important que les
bénéfices qu’elle apporte. En effet, si le but recherché est avant tout de stimuler la demande pour les biens
et services associés à l’activité des exploitations agricoles, il sera plus efficace de cibler directement cet
objectif en utilisant, par exemple, une subvention spécifique plutôt qu’une politique commerciale.
d. Il pourrait y avoir des économies d’échelle externes associées à la production domestique de semiconducteurs. Cela pourrait donc être un argument valide pour protéger ce secteur. Il faut cependant
comparer les gains pour les producteurs aux coûts que subiront les consommateurs et les autres industries
consommatrices de puces électroniques. Un instrument politique mieux adapté serait, ici, une subvention à
la production.
e. Des milliers d’acheteurs domestiques ont bénéficié de cette baisse de prix, de même que les travailleurs
construisant des maisons ou des meubles en bois. Si l’objectif politique est de limiter les pertes pour les
travailleurs du secteur forestier, un instrument plus efficace serait de faire preuve d’un véritable volontarisme
politique pour faciliter matériellement et financièrement la reconversion de ces travailleurs.
3. Un petit pays peut importer un bien au prix mondial P. La courbe d’offre domestique de ce bien est la suivante :
O = 50 + 5 P
Et la courbe de demande :
D = 400 – 10 P
On suppose que P = 10. Par ailleurs, chaque unité de production génère un bénéfice social de 10.
a. Calculez l’effet total sur le bien-être d’un droit de douane de 5 par unité importée.
b. Calculez l’effet total d’une subvention à la production d’un montant de 5 par unité.
c. Pourquoi la subvention à la production produit-elle un gain plus important que le droit de douane ?
d. Quel serait le montant d’une subvention optimale à la production ?
Sans droit de douane, le pays produit 100 unités et en consomme 300. Il importe donc 200 unités de biens.
a. Un droit de douane spécifique de 5 par unité conduit à augmenter la production jusqu’à 125 unités et à
réduire la consommation à 250 unités. Le gain en bien-être provient du gain social résultant de la hausse de
la production (25 10). Il faut cependant en déduire les pertes de surplus des consommateurs et des
producteurs (25 5 / 2 et 50 5 / 2). Il y a donc un gain net de 62,5.
b. Une subvention à la production de 5 redéfinit la courbe d’offre comme suit : S = 50 + 5 (P + 5). La
consommation se maintient à 300 unités et la production augmente à 125 unités. La hausse du bienêtre correspond au bénéfice lié à la production plus élevée moins les coûts de distorsion de la production :
25 10 – (25 5)/2 = 187,5.
c. La subvention à la production est un instrument plus adéquat que le droit de douane parce qu’il affecte
directement les décisions pour lesquelles les coûts sociaux et privés diffèrent, tout en laissant les autres
décisions inchangées. Le droit de douane est un instrument à double tranchant puisqu’il agit en même
temps comme une subvention à la production et une taxe à la consommation.
d. En l’absence de subvention, les producteurs n’intègrent pas dans leur décision la présence de l’externalité ;
ils produisent alors trop peu, ce qui justifie que les pouvoirs publics les incitent à produire davantage.
Cependant, une subvention trop élevée conduirait à une production trop importante. La meilleure politique
consiste donc à proposer une subvention qui conduit les firmes à internaliser complètement l’externalité : il
faut subventionner à hauteur de 10 par unité. La nouvelle courbe d’offre sera alors : S = 50 + 5 (P + 10). La
production sera alors de 150 unités et le gain de bien-être de : 50 10 – (10 50)/2 = 250.
4. Supposons que la demande et l’offre soient parfaitement identiques à celles de la question 3, mais qu’il n’y a
plus de bénéfice social lié à la production. Toutefois, pour des raisons politiques, le gouvernement estime que le
bien-être des producteurs compte plus que celui des consommateurs et des contribuables : un gain de 1 euro
pour les producteurs équivaut à un gain de 2 euros pour les consommateurs ou pour le budget de l’État.
Calculez les effets sur les objectifs du gouvernement d’un droit de douane de 5 par unité.
L’objectif du gouvernement est de maximiser la somme du surplus du consommateur, de son propre revenu et
de deux fois le surplus du producteur. Un droit de douane spécifique de 5 par unité améliore le surplus du
producteur de 562,5, détériore celui du consommateur de 1 375 et produit des recettes publiques de 625. Le
droit de douane augmente donc la fonction objectif du gouvernement de 375.
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5. Supposons qu’avant d’entrer dans l’Union européenne, le coût de production d’une automobile en Pologne soit
de 20 000 €, alors qu’il est de 30 000 € en Allemagne. Supposons que l’UE, qui est une union douanière,
impose un droit de douane de X % sur les voitures et que les coûts de production soient de Y € au Japon.
L’élargissement de l’Union européenne à la Pologne engendrera-t-il une création ou un détournement de
commerce, si :
a. X = 50 % et Y = 18 000 €.
b. X = 100 % et Y = 18 000 €.
c. X = 100 % et Y = 12 000 €.
a. Cela entraînera un détournement de commerce parce que les voitures japonaises, au coût de production
plus faible (18 000 €), auront une valeur à l’importation de 27 000 € et seront alors remplacées par des
voitures polonaises dont le coût réel est de 20 000 €.
b.
Avec un tel droit de douane, les voitures japonaises ne sont pas compétitives. L’élargissement entraînera
alors une création de commerce parce que les voitures allemandes, dont le coût de production est de
30 000 €, seront remplacées par des voitures polonaises, qui coûtent seulement 20 000 €.
c.
Cela entraînera un détournement de commerce. Avant l’élargissement, les voitures japonaises, au coût de
production plus faible (12 000 €), ont une valeur à l’importation de 24 000 €. Elles sont donc compétitives
sur le marché européen. Après l’élargissement, ces importations en provenance du Japon sont remplacées
par des importations en provenance de Pologne.
6. Commentez la phrase suivante : « Les plaintes de l’Union européenne à l’encontre des politiques commerciales
japonaises et américaines sont injustifiées. Chaque pays a le droit de faire tout ce qui sert au mieux ses
intérêts. »
Il est légitime que l’Union européenne se préoccupe des politiques commerciales des autres pays, tout comme
les autres pays doivent se préoccuper des choix communautaires en la matière. En effet, des politiques
commerciales non coordonnées sont susceptibles d’aboutir à une situation moins favorable pour l’ensemble des
pays. En négociant entre eux, et en instaurant des règles de conduite claires et stables, les gouvernements sont
mieux à même de résister aux pressions des groupes d’intérêts nationaux et d’éviter des guerres commerciales.
7. Expliquez de façon intuitive pourquoi un pays peut gagner à instaurer un droit de douane optimal.
L’argument du droit de douane optimal est fondé sur l’idée que la mise en place, par un grand pays, d’une
protection (droit de douane ou quota) peut diminuer le prix mondial du bien protégé. Il est alors possible qu’avec
la mise en place d’un (faible) droit de douane, les revenus du droit de douane revenant au pays importateur
puissent excéder les pertes que subissent les consommateurs.
8. Si les gouvernements suivent des politiques en fonction du bien-être national, est-ce que le problème de guerre
commerciale peut toujours être représenté par un « dilemme du prisonnier » (voir figure 10.3) ?
Le jeu n’est plus un dilemme du prisonnier. Comme expliqué dans le chapitre, dans la plupart des cas, les
mesures protectionnistes réduisent le bien-être. Chaque pays aura alors une incitation à libéraliser ses
échanges, quelle que soit la stratégie de l’autre pays.
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