B - La Nouvelle théorie du commerce international Elle s`est

B - La Nouvelle théorie du commerce international
Elle s’est développée depuis la fin des années 70 sur la base d’une critique de la
théorie traditionnelle, notamment de l’approche par le modèle HOS. La nouvelle théorie
développe une approche complète et formalisée qui cherche à rendre compte des phénomènes
inexplicables par les anciennes théories. Parmi ceux-ci, deux d’entre eux posent un problème
particulier : ce sont, d’une part, le veloppement des échanges entre les nations les plus
développées dont les dotations factorielles sont proches et, d’autre part, l’importance du
commerce international intra-branche.
1 - L’inadéquation des théories fondées sur les différences internationales de
coûts
Dans les faits, il apparaît que l’essentiel du commerce international est réalisé entre les
nations les plus développées (bien que le commerce se développe avec des nations émergentes
telles l’Inde ou la Chine). Or ces nations développées présentent des caractéristiques qui
rendent peu pertinentes les explications avancées par D. Ricardo ou le modèle HOS. En effet,
d’une part, les techniques de production utilisées dans ces nations ne sont pas très différentes
(et sont même très semblables), d’où une non-pertinence (ou une moindre pertinence) de la
théorie ricardienne et, d’autre part, ces nations présentent des dotations relatives en facteurs
de production très voisines (modèle HOS non fondé).
Par ailleurs, le commerce international intra-branche est également une caractéristique
des échanges actuels, situation incompatible avec les théories précédentes. La possibilité de
commerce croisé pour une même branche entre deux pays a néanmoins été évoquée par B.
Ohlin en 1933 (mais à l’époque, on n’y prête pas attention). Ce n’est qu’avec le
développement du commerce intra-communautaire européen consécutif à l’union douanière
européenne que cette idée a connu une nouvelle actualité.
B. Balassa en proposera en 1966 une mesure en recourant à un indicateur simple :
Bi = (Xi Mi) /(Xi + Mi), avec Xi, les exportations de la branche i et Mi, les
importations de la branche i. Si Bi = 1, la branche est uniquement exportatrice ; si Bi = -1, elle
est uniquement importatrice. Si -0,33<=Bi<=+0,33, il existe un commerce intra-branche. M.
Rainelli souligne que globalement, on peut considérer que plus de la moitié du commerce
entre les pays industrialisés relève d’un échange intra-branche (avec une part croissante dans
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le temps). Or les théories traditionnelles ne peuvent expliquer de tels flux commerciaux parce
qu’elles supposent que les biens produits et échangés sont homogènes. Cela dit, l’analyse de
l’échange intra-branche va être affinée progressivement et en dernière date (voir plus loin), la
distinction entre échange intra-branche vertical et échange intra-branche horizontal modifiera
les conclusions habituelles sur ce type d’échanges.
2 - Les fondements de la nouvelle approche
La théorie traditionnelle de l’échange international s’intéresse aux effets du commerce
international sur les nations en retenant comme hypothèse de base que la concurrence est pure
et parfaite. Dans ce cadre, le libre-échange entraîne un gain pour les nations qui échangent, ce
qui incite au démantèlement des barrières protectionnistes. Cependant, les situations de
concurrence pure et parfaite sont rares: "l’essentiel du commerce industriel est réalisé pour
des produits de secteurs que nous considérons comme des oligopoles lorsque nous les
étudions sous leur aspect domestique" (Krugman, 1989). Dans la majorité des cas, les
marchés sont en situation de concurrence imparfaite (concurrence oligopolistique ou
monopolistique) le nombre de firmes produisant un bien et agissant sur le marché est
faible. La nouvelle théorie se situera dans ce cadre de concurrence imparfaite.
. L’apparition de cette théorie remonte à la fin des années 70, mais elle s’est surtout
développée dans les années 80. On distingue deux cas de concurrence imparfaite : la
concurrence oligopolistique.qui se traduit par l’apparition de rendements d’échelle croissants
et la concurrence monopolistique qui se caractérise par la différenciation des produits.
a - Echange et rendements d’échelle croissants. La situation de concurrence
oligopolistique fait apparaître des rendements d'échelle croissants et des effets de réseau. Les
économies d’échelle peuvent justifier la spécialisation internationale. Si l’on prend deux pays
semblables en tous points : même niveau technique, même dotation en facteurs, même taille et
avec des consommateurs ayant les mêmes goûts différenciés, etc et si l’on considère deux
biens fabriqués dans les mêmes conditions avec des rendements croissants dans les deux pays,
on peut montrer que malg la similitude des coûts comparatifs qui ne justifierait aucun
échange entre les deux pays, chaque pays peut trouver avantage à la spécialisation et au
commerce international pour obtenir plus de biens qu’en autarcie. Le commerce international
permet à chaque pays de produire plus efficacement un nombre limide biens sans sacrifier
la variété des biens consommés. En effet, l’augmentation de la production dans l’un des biens
entraîne des gains de productivité, grâce aux économies d’échelle, et donc crée de ce fait un
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avantage comparatif. Mais celui-ci ne résulte pas de différences initiales entre les deux pays
puisque, par hypothèse, ils étaient parfaitement semblables mais trouve son origine dans la
spécialisation elle-même, recherchée pour exploiter des rendements croissants. Cette
explication est qualifiée de «théorie endogène» de l’échange international, car c’est la
spécialisation qui crée l’avantage comparatif issu de l’exploitation d’économies d’échelle
1
.
On peut préciser cette analyse en indiquant qu’elle va considérer, d’une part, le cas des
économies d’échelle internes, et, d’autre part, le cas des économies d’échelle externes à la
firme.
Dans le premier cas, l’abaissement continu des coûts de production avec
l’augmentation de la taille de la firme conduit à la disparition de la concurrence (marchés se
rapprochant de la situation de monopole). La conséquence de ces économies d’échelle sur le
commerce international conduit à l’émergence de situations de monopole contestable (un
marché la firme installée peut être menacée par un entrant potentiel, ce qui la conduit à
fixer son prix à un niveau égal au coût moyen -comportement correct en matière de prix-). Si
tous les marchés sont des monopoles contestables, la spécialisation internationale est totale :
en effet, chaque bien n’est produit à la limite que par une seule firme et donc dans un seul
pays, une seule zone régionale, etc.
Dans le second cas, les économies d’échelle externes à la firme (mais internes au
secteur) sont compatibles avec le maintien de la concurrence. En effet, le coût unitaire de
production dépend alors de la taille du secteur et non pas de celle d’une firme spécifique.
Donnons un exemple d’une telle situation : la concentration géographique d’une industrie
donnée, telle le cas de la Silicon Valley aux Etats-Unis. La proximité géographique des firmes
favorise la diffusion d’informations entre elles, le développement d’un marc du travail
spécifique au secteur et d’une offre localisée de services, de biens utilisés par toutes les firmes
du secteur. L’existence de telles économies va avantager les nations qui fournissent des
volumes importants de production. Ces économies externes peuvent alors pallier un taux de
salaire plus bas dans une autre nation, nation qui ne pourrait accéder à de telles économies. Il
découle de cette situation deux conséquences importantes :
- la taille du marché intérieur d’un pays peut être un facteur explicatif du commerce
international en présence d’économies d’échelle externes ;
1
Dans la mesure la théorie traditionnelle repose sur des rendements d’échelle constants, la spécialisation
internationale ne pourra être déterminée que par de différences internationales des techniques de production
(Ricardo) ou de dotations relatives de facteurs de production (modèle HOS). Rappelons que B. Ohlin considérait
que les avantages de la production à grande échelle pouvaient expliquer certains échanges internationaux mais il
n’a pas approfondi cette analyse.
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- la spécialisation internationale résultant des économies d’échelle externes sont
stables (même si les avantages comparatifs se modifient pour telle ou telle entreprise de la
zone).
b - Echange et différenciation du produit.
La théorie traditionnelle repose sur l’hypothèse d’homogénéité des biens : avec
l’exemple de D. Ricardo, le drap produit en Angleterre est identique quel que soit le
producteur national ou étranger, en l’occurrence le Portugal. Mais pour des raisons objectives
ou subjectives, les consommateurs ne considèrent pas comme identiques les produits de deux
firmes appartenant à la même branche. Indiquons que nous sommes en présence d’une
concurrence monopolistique. Selon la théorie de la concurrence monopolistique, la
concurrence entre les entreprises rivales ne se fait pas seulement sur les prix (leur pouvoir de
monopole leur octroie une certaine latitude dans la fixation des prix) mais aussi sur les
produits. Chaque entreprise dispose d’un monopole sur un produit qui n’est pas strictement
identique aux produits des entreprises concurrentes (les produits sont différenciés, par
exemple par des dépenses de publicité). Si on s’intéresse à l’application de cette théorie sur le
commerce international, on remarque que la production d’un nouveau produit n’est limitée
que par la taille du marché. De ce fait, l’ouverture au commerce mondial permet d’accroître
la variété des biens, ce qui permet une meilleure adaptation de l’offre aux demandes
spécifiques des consommateurs. Le commerce international peut donc se réaliser de manière
intra-branche : un pays peut à la fois importer et exporter une même catégorie de produit. Cela
étant, cette différenciation des produits peut donner lieu à un échange intra-branche horizontal
ou à une échange intra-branche vertical.
Dans le premier cas, les produits sont de même qualité mais les consommateurs les
distinguent en raison de différences réelles ou perçues (couleur, forme, penses de publicité,
service après vente, etc). Dans le second cas, les consommateurs sont confrontés à des
produits de qualité différente (par exemple, les modèles d’automobiles d’un constructeur). Les
consommateurs à revenus élevés demandent la qualité supérieure alors que ceux à revenus
plus faibles vont se diriger vers la qualité inférieure. C’est en définitive le niveau moyen de
revenu des habitants qui va alors expliquer la spécialisation internationale. L’échange sera
constitué de produits de qualité différente.
Prenons l’exemple du veloppement de l’échange intra-branche de la Communauté
européenne. La Cee enregistre une intensification des échanges entre Etats membres et un
développement du commerce intra-branche : il s'agit d'échanges croisés de produits similaires
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représentant des flux d'importations et d'exportations de grandeur comparable. Le commerce
peut porter sur des caractéristiques absentes du marché domestique. Dans les échanges
croisés, les flux bilatéraux entre deux pays doivent être distingués des flux multilatéraux entre
un pays et tous les autres: a priori, ce sont les flux bilatéraux qui correspondent véritablement
à la définition d'échanges croisés. Pour évaluer ce type d'échanges, l’indicateur qui a été le
plus utilisé est celui de Grubel-Lloyd : il mesure la part du commerce intra-branche dans le
commerce total d’une branche donnée. Avec n, le nombre de branches étudiées, i, l’indice de
la branche et X et M respectivement les exportations et les importations du pays étudié, le
ratio global de Grubel-Lloyd s'écrit :
Cet indicateur tend vers 1 quand prédominent les échanges intra-branche. Quand il
tend vers 0, le pays considéré importe ou exporte, mais pas les deux à la fois, plusieurs
catégories de produits (échanges inter-branches). Le commerce intra-branche s'est accentué
dans les années qui ont suivi l'instauration du Marché commun, tendance confirmée jusqu'à la
fin des années 70. Cependant, même si l'influence de l'intégration économique est explicative
de cette évolution, déjà en 1958 ce commerce représentait une part significative des échanges
des premiers pays membres de la Cee. L'intégration est donc un facteur partiellement
explicatif du développement du commerce intra-branche. La proximité géographique et le
caractère comparable des demandes nationales ont favorisé le développement de ce type de
commerce. Sur la période 1961 - 1985, les tests de F. Mazerolle et J.-L. Mucchielli sur le
commerce extérieur des pays développés indiquent une forte présence du commerce intra-
branche dans leurs échanges de biens manufacturés. Cependant, la progression de ce type de
commerce dans les pays européens s'est ralentie sensiblement au cours des quinze dernières
années (haut niveau déjà atteint par ce type d'échanges et plafonnement de l'intégration
commerciale). En 1997, L. Fontagné, M. Freudenberg et N. Péridy distinguent trois types de
flux commerciaux dans l'étude du lien entre l'intégration économique européenne et le
développement du commerce intra-zone. Ils utilisent deux critères :
- un critère de similarité reposant sur la valeur unitaire (prix par tonne de produit) des
produits de même nomenclature faisant l'objet d'un échange. Deux produits sont définis
comme similaires (ou différenciés horizontalement) si les rapports des valeurs unitaires des
importations et exportations diffèrent de moins de 15%. Ces produits n'ont pas de
1 / 21 100%

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