La prise en compte
de l’environnement
dans la conception du projet
Le secteur d’implantation de l’aéroport et de sa desserte rou-
tière est constitué par un bocage humide
qui présente un maillage assez bien
préservé et relativement dense de
haies, de talus, de prairies et de
mares. Cette mosaïque de mi-
lieux façonnée par l’homme
n’est pas un site majeur pour
la conservation des espèces
d’intérêt communautaire,
mais ore tout de même une
réelle diversité d’espèces
communes et caractéris-
tiques de ces milieux.
Situé sur la partie amont des
cours d’eau des bassins versants de
l’estuaire de la Loire et de la Vilaine,
il est aussi caractérisé par des zones
humides qui présentent des fonctionnalités en matière de
biodiversité (habitats caractéristiques des zones humides),
d’hydrologie (régulation des débits, recharge des nappes) et
de biogéochimie (maintien de la qualité de l’eau par auto-
épuration).
La démarche environnementale proposée par les maîtres
d’ouvrage s’appuie sur la mise en œuvre tout au long de
l’élaboration du projet de la séquence « éviter, réduire,
compenser». La conception du projet a permis de limiter
les surfaces aménagées et
d’é v it er
les
secteurs les plus sensibles. Un ensemble de mesures seront
mises en œuvre an de réduire les impacts du projet qui n’ont
pas pu être évités. Enn, les deux maîtres d’ouvrage ont pro-
posé une démarche innovante pour compenser les incidences
résiduelles de la réalisation des nouvelles infrastructures.
Une méthode de compensation
basée sur les fonctionnalités
La méthode proposée par les maîtres d’ouvrage consiste
à recréer à proximité immédiate du site impacté des
milieux présentant des fonctionnalités équivalentes à
celles détruites.
Le besoin compensatoire a été établi sur la base de l’état
initial. Il s’exprime en Unités de Compensation (UC) cal-
culées pour chaque parcelle ou groupe de parcelles sur la
base d’un coecient variant de 0,25 à 2, attribué en fonc-
tion de l’intérêt du milieu par rapport aux trois principales
fonctions des zones humides (biodiversité, hydrologie et
biogéochimie) et de la nature de l’impact (destruction
totale, perturbation liée au rabattement de nappe, etc.). Le
besoin compensatoire est ainsi calculé en multipliant la
surface de chaque parcelle par ce coecient. Par exemple,
la destruction d’une zone humide liée à
un cours d’eau constitue un
impact fort sur un milieu
présentant un enjeu
majeur en terme de
biodiversité et se voit
aecter le coecient
maximal aboutissant
à un besoin compen-
satoire de 2 Unités de
Compensation (UC)
par hectare détruit.
Ainsi le besoin compen-
satoire lié à l’aménage-
ment sur 723 ha de l’aéro-
port et de sa desserte routière
s’élève à 735 UC pour les zones humides (560 pour la
plate-forme et 175 pour la desserte) et 1279 UC au
titre des espèces protégées (828 pour AGO et 451
pour la DREAL).
Pour répondre à ce besoin, des mesures
compensatoires seront mises en œuvre. Elles
privilégient la recréation et la restauration de
zones humides de bocage à proximité du site
impacté. Des coecients de plus-value ont été
dénis en Unité de Compensation par hectare
pour chaque type d’intervention : plus le gain de
fonctionnalité associé à une mesure est important,
plus sa contribution à la réponse au besoin
compensatoire, et donc le nombre d’UC couvertes
par cette mesure est important.
Complexité de la
méthode
Une des observations du collège d’experts
scientiques porte sur la complexité de la méthode de
compensation fonctionnelle, qui peut, selon lui, nuire à la
compréhension du public.
Le recours à une méthode de compensation basée sur
les fonctionnalités est imposé par le SDAGE(1) et présente
par dénition une certaine complexité. Pour en faciliter la
compréhension, les maîtres d’ouvrage ont produit des documents
synthétiques et pédagogiques. La commission d’enquête a d’ailleurs
souligné dans son rapport que, malgré la complexité et le volume
des dossiers, et au regard des nombreuses contributions du
public, l’information de ce dernier était satisfaisante.
Dans la continuité des eorts de pédagogie réalisés
par les maîtres d’ouvrage, les arrêtés intègrent
des encadrés didactiques explicitant la
méthode de compensation.
(1) Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux
Une méthode
compatible avec le SDAGE
La méthode proposée par les maîtres d’ouvrage découle
de la disposition 8B2 du SDAGE qui impose de recréer ou
de restaurer, dans le même bassin versant, des zones humides
équivalentes sur le plan fonctionnel et de la qualité de la biodiversité.
Suite aux observations du collège d’experts scientiques relatives à
l’adéquation de la méthode avec cette disposition, les arrêtés loi sur l’eau
et espèces protégées apportent les garanties suivantes sur la traçabilité
entre les fonctions impactées et les fonctions restaurées :
• Ils xent la répartition du besoin compensatoire entre les diérents
bassins versants en fonction de la localisation des impacts.
• Ils prescrivent des suivis spéciques et dénissent des
objectifs surfaciques permettant de garantir l’équivalence
fonction par fonction entre les plus-values
apportées aux milieux restaurés et la perte de
fonctionnalité des milieux impactés.
Une démarche environnementale novatrice