Biobanques
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Une nouvelle législation
pour les biobanques
La loi 2008 sur les biobanques a été revue en mars 2013.
L’objectif était de cadrer cette collecte de "matériel corporel
humain" exclusivement destinée à la recherche scientifique
et suscitant des questions éthiques. La nouvelle législation
tend vers plus de transparence et d’information au patient.
Ce n’est un scoop pour personne, la
médecine évolue sans cesse et les progrès
ne sont pas près de s'essouffler. La
découverte du génome humain a permis
aux médecins et aux chercheurs d’aller
de plus en plus loin dans la connaissance
des maladies. La conservation de
prélèvements humains est, elle aussi, de
plus en plus importante grâce aux progrès
de la cryoconservation; et le stockage des
données a été rendu plus aisé grâce au
développement de l’informatique.
"Avant, quand un chercheur voulait faire
un inventaire de ses échantillons, il devait
tout inscrire dans un cahier" explique
Myriam Remmelink, directrice du Conseil
des biobanques Erasme – ULB. "Les
programmes informatiques nous donnent
désormais les moyens d’enregistrer et
de stocker des milliers d’échantillons et
de données".
Les instances européennes
–
et belges
–
ont donc jugé nécessaire de réglementer
en profondeur les biobanques et leur
utilisation. L’information au patient est un
des principes cruciaux de la nouvelle loi.
Pour les biobanques stockant des tissus,
ceux-ci sont prélevés, en majorité, sur
les prélèvements effectués dans le cadre
de traitements.
"Ce n’est que s’il reste du tissu, après
que les prélèvements nécessaires pour le
diagnostic aient été effectués, que nous
pouvons envisager de prélever pour la
biobanque. Si nous ne prélevons pas pour la
biobanque, ce matériel corporel dit résiduel
est incinéré", poursuit Myriam Remmelink.
"Les prélèvements ne sont effectués qu’à
deux conditions : il reste du matériel en
suffisance pour le diagnostic et le patient ne
s’est pas opposé à la collecte".
Le patient – ce n’était pas le cas auparavant
– doit donner son avis avant qu’on ne puisse
prélever quoi que ce soit : c’est ce qu’on
appelle le consentement spécifique, par
opposition au consentement tacite (aussi
appelé opting-out).
"Lors de son admission à l’hôpital, le patient
reçoit une brochure avec une rubrique
prévue à cet égard" précise Myriam
Remmelink. "S’il ne s’oppose pas, on peut
stocker l’échantillon pour la recherche. S’il
"DES EFFORTS UTILES POUR
LES ÉCHANTILLONS RARES"
L’étude sur des échantillons
d’origine humaine est une étape
quasiment incontournable pour
les chercheurs en sciences
biomédicales. Mais certains d’entre
eux sont difficiles à obtenir en nombre suffisant,
surtout dans le cas de pathologies rares ou de
profils spécifiques. Exemple avec les recherches
d’Arnaud Marchant (IMI, Institut d’Immunologie
Médicale, Biopark).
"Dans notre laboratoire, nous étudions la transmission
du cytomégalovirus (CMV) de la mère à son fœtus et la
manière dont le fœtus parvient à contrôler l’infection.
Pour ce projet, nous sommes totalement dépendants
des échantillons humains. Nous collaborons avec
les obstétriciens qui invitent des futures mères
présentant une infection par le CMV à participer à
l’étude et qui collectent les échantillons cliniques.
Mais (heureusement !) seule une minorité des fœtus
développent des symptômes suite à l’infection par
le CMV. Les échantillons sont donc plus rares. Afin
d’identifier les facteurs de risque et les mécanismes
menant au développement de symptômes, nous devons
concevoir des études plus larges, impliquant plus de
patientes. Ces études pourraient être organisées aux
niveaux national et européen, avec ces échantillons
précieux collectés en utilisant des standards de
traitement et de conservation identiques. Notre institut
pourrait même, dans le cadre de ces études, devenir une
biobanque européenne rassemblant des échantillons
de fœtus infectés par le CMV, qui pourraient être
accessibles aux groupes travaillant dans ce domaine."
N.J.