| recherche & santé | 20 Biobanques La Biothèque Wallonie Bruxelles est née ! Pour valider une hypothèse scientifique, étudier une mutation génétique ou mieux comprendre une maladie, les chercheurs doivent analyser des tissus ou des cellules d’origine humaine. Essentiels à la recherche biomédicale, ces différents échantillons biologiques sont conservés, traités, répertoriés dans des « bibliothèques », les biobanques. Souvent, surtout lorsqu’il étudie une maladie rare, le chercheur est amené à consulter plusieurs biobanques pour trouver les échantillons de qualité, en nombre suffisant. Afin de faciliter cet accès, trois universités francophones, UCL, ULB et ULg ont récemment créé la Biothèque WallonieBruxelles ou BWB. Les universités de Mons et de Namur sont associées à cette initiative, soutenue par la Wallonie (DGO6) et la Région de Bruxelles-capitale (Innoviris) qui apportent un financement de plus de 3,4 millions d’euros. Ouverture La Biothèque Wallonie-Bruxelles va permettre de créer une banque de données et un catalogue virtuel des échantillons d’origine humaine conservés et gérés dans les hôpitaux universitaires. Elle sera également ouverte à toutes les biobanques universitaires et hospitalières en Wallonie et à Bruxelles, ce qui permettra d’établir un inventaire complet du matériel disponible pour la recherche et le diagnostic. « Les collections resteront là où elles se trouvent actuellement afin de limiter les coûts d’infrastructures et de esprit libre | juin - juil. - août 2014 | n° 33 transport et de continuer à bénéficier de la proximité et de l’expertise des médecins et des conseils d’éthique des hôpitaux partenaires. La BWB ne va donc pas centraliser les collections mais bien fédérer les ressources biologiques wallonnes et bruxelloises, précise Bernard-Jean Demarcin, directeur opérationnel de la BWB. Pour favoriser le partage d’informations, nous allons organiser une plateforme informatique offrant un catalogue et un outil de recherche à travers tous les échantillons, accessible aux chercheurs des universités et de l’industrie. Nous travaillerons aussi à l’harmonisation des procédures de qualité, de conservation et de mise à disposition des échantillons. La BWB sera également un forum de dialogue, d’échange d’expertises entre praticiens et spécialistes du domaine. » La BWB s’inscrit dans le réseau européen des biobanques BBMRI (Biobanking and Biomolecular Resources Research Infrastructure) qui compte plus d’un millier de collections de qualité à travers toute l’Europe. Conseiller du recteur pour les biobanques, chef de service à l’Hôpital Erasme, Isabelle Salmon a porté ce projet depuis ses balbutiements : « Je suis ravie que notre travail de préparation qui a requis l’énergie de beaucoup de monde, se concrétise avec la création de la Biobanque Wallonie-Bruxelles. En effet, sans les biobanques qui garantissent l’approvisionnement et la gestion des échantillons, il n’y aurait plus de recherche médicale dans nos régions ». } Nathalie Gobbe © Bruno Fahy L’ULB, l’UCL et l’ULg créent la Biothèque Wallonie Bruxelles. Soutenue par la Wallonie et la Région de Bruxelles-capitale, la BWB constituera une banque de données et un catalogue virtuel des échantillons d’origine humaine. Elle favorisera aussi les échanges d’expertises. Droits du patient Collections de tissus ou cellules, les biobanques existent grâce aux patients qui permettent de les alimenter... La loi belge prévoit qu’un consentement éclairé et signé pour l’utilisation de matériel corporel humain à des fins de recherche est obligatoire. Deux exceptions sont prévues : l’utilisation de matériel corporel résiduel – c’est-à-dire des tissus en excédent après avoir effectué les examens diagnostics nécessaires au patient – ou les prélèvements post-mortem, mais ceci concerne le don d’organe et sort du cadre des biobanques. Dans ces deux cas, la présomption de consentement (l’opting-out) est appliquée. Un comité d’éthique doit valider le stockage et l’utilisation des échantillons. Et bien sûr, le secret médical est garanti : l’information qui permettrait d’identifier le patient ne sort pas de l’hôpital. « Les échantillons sont communiqués avec des informations d’ordre général : âge et sexe du donneur, bonne santé ou maladie relevée… Des algorithmes sont même développés pour permettre depuis le patient, de retrouver ses échantillons donnés mais rendent impossible le retour inverse : de l’échantillon, impossible de revenir au patient ! Enfin, la commission de protection de la vie privée assure le contrôle et remet des avis » souligne BernardJean Demarcin, directeur opérationnel de la BWB.