ESPRIT LIBRE | juin - juil. - août 2014 | 33
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| reCherChe & santé |
Pour valider une hypothèse scientifique,
étudier une mutation génétique ou mieux
comprendre une maladie, les chercheurs
doivent analyser des tissus ou des
cellules d’origine humaine. Essentiels à
la recherche biomédicale, ces différents
échantillons biologiques sont conservés,
traités, répertoriés dans des
« bibliothèques », les biobanques.
Souvent, surtout lorsqu’il étudie une
maladie rare, le chercheur est amené
à consulter plusieurs biobanques pour
trouver les échantillons de qualité, en
nombre suffisant.
Afin de faciliter cet accès, trois universités
francophones, UCL, ULB et ULg ont
récemment créé la Biothèque Wallonie-
Bruxelles ou BWB. Les universités de
Mons et de Namur sont associées à
cette initiative, soutenue par la Wallonie
(DGO6) et la Région de Bruxelles-capitale
(Innoviris) qui apportent un financement
de plus de 3,4 millions d’euros.
Ouverture
La Biothèque Wallonie-Bruxelles va
permettre de créer une banque de
données et un catalogue virtuel des
échantillons d’origine humaine conservés
et gérés dans les hôpitaux universitaires.
Elle sera également ouverte à toutes les
biobanques universitaires et hospitalières
en Wallonie et à Bruxelles, ce qui
permettra d’établir un inventaire complet
du matériel disponible pour la recherche
et le diagnostic.
« Les collections resteront
elles se trouvent actuellement afin de
limiter les coûts d’infrastructures et de
transport et de continuer à bénéficier
de la proximité et de l’expertise des
médecins et des conseils d’éthique
des hôpitaux partenaires. La BWB ne
va donc pas centraliser les collections
mais bien fédérer les ressources
biologiques wallonnes et bruxelloises,
précise Bernard-Jean Demarcin, directeur
opérationnel de la BWB. Pour favoriser
le partage d’informations, nous allons
organiser une plateforme informatique
offrant un catalogue et un outil de
recherche à travers tous les échantillons,
accessible aux chercheurs des universités
et de l’industrie. Nous travaillerons aussi
à l’harmonisation des procédures de
qualité, de conservation et de mise à
disposition des échantillons. La BWB
sera également un forum de dialogue,
d’échange d’expertises entre praticiens et
spécialistes du domaine. »
La BWB s’inscrit dans le réseau européen
des biobanques BBMRI (Biobanking
and Biomolecular Resources Research
Infrastructure) qui compte plus d’un
millier de collections de qualité à travers
toute l’Europe. Conseiller du recteur
pour les biobanques, chef de service à
l’Hôpital Erasme, Isabelle Salmon a porté
ce projet depuis ses balbutiements : « Je
suis ravie que notre travail de préparation
qui a requis l’énergie de beaucoup de
monde, se concrétise avec la création de
la Biobanque Wallonie-Bruxelles. En effet,
sans les biobanques qui garantissent
l’approvisionnement et la gestion
des échantillons, il n’y aurait plus de
recherche médicale dans nos régions ».
} Nathalie Gobbe
Biobanques
La Biothèque Wallonie Bruxelles
est née !
L’ULB, l’UCL et l’ULg créent la Biothèque Wallonie Bruxelles.
Soutenue par la Wallonie et la Région de Bruxelles-capitale, la
BWB constituera une banque de données et un catalogue virtuel
des échantillons d’origine humaine. Elle favorisera aussi les
échanges d’expertises.
Droits du patient
Collections de tissus ou cellules, les
biobanques existent grâce aux patients qui
permettent de les alimenter...
La loi belge prévoit qu’un consentement
éclairé et signé pour l’utilisation de matériel
corporel humain à des ns de recherche est
obligatoire. Deux exceptions sont prévues :
l’utilisation de matériel corporel résiduel
– c’est-à-dire des tissus en excédent après
avoir eectué les examens diagnostics
nécessaires au patient – ou les prélèvements
post-mortem, mais ceci concerne le don
d’organe et sort du cadre des biobanques.
Dans ces deux cas, la présomption de
consentement (l’opting-out) est appliquée.
Un comité d’éthique doit valider le stockage
et l’utilisation des échantillons.
Et bien sûr, le secret médical est garanti :
l’information qui permettrait d’identier
le patient ne sort pas de l’hôpital. « Les
échantillons sont communiqués avec des
informations d’ordre général : âge et sexe du
donneur, bonne santé ou maladie relevée…
Des algorithmes sont même développés pour
permettre depuis le patient, de retrouver ses
échantillons donnés mais rendent impossible
le retour inverse : de l’échantillon, impossible
de revenir au patient ! Enn, la commission
de protection de la vie privée assure le
contrôle et remet des avis » souligne Bernard-
Jean Demarcin, directeur opérationnel de la
BWB.
© BrUNo FaHy
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