La gouvernance démocratique, au-delà de son sens « valise »
1
, se présente dans le
principe comme l’un des outils les plus adéquats pour atteindre un niveau considérable de
développement. Pour les pays Africains, la gouvernance démocratique en tant que
déterminant de développement est encore plus importante, tant elle détermine les politiques
économiques et donc les niveaux de développement
.
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Il s’agit en effet d’un revirement
paradigmatique pour apporter une réponse à la crise de l’Etat.
3
Ce revirement paradigmatique
a donc été opéré avec une insistance sur la participation effective et réelle du peuple, et c’est
ce qu’on pourrait qualifier de gouvernance démocratique. Cette dernière suppose une
participation totale et égale de tous les citoyens, en respectant les principes de la démocratie.
Considérée comme telle, la gouvernance démocratique véhicule peut-être de manière
inconsciente, beaucoup d’attendus théoriques et même empiriques. Ces attendus proviennent
du fait d’un présupposé, celui de la désétatisation des politiques de développement, non pas
en termes de négation de l’Etat, mais en termes de partenariat, c'est-à-dire de coproduction
des politiques de développement. C’est sans doute la coproduction qui pose problème dans la
mesure où, on est tenté de chercher à savoir avec quel type d’acteur l’Etat coproduit les
politiques de développement ; quelles sont les logiques qui gouvernent cette coproduction,
quel est le degré de prise en compte des disparités sociales (y compris sexuelles) dans cette
coproduction. Appréhender la réalité de cette manière a l’avantage de questionner le sens de
la démocratie de manière à bousculer ce qu’elle a jusqu’ici présenté comme certitudes
théoriques, lesquelles certitudes théoriques ont très tôt fait de limiter (ce qui est partiel), la
démocratie à la majorité. Les exigences de la gouvernance permettent donc de remettre au
bout du jour le sens même de la démocratie. Dès ce moment, beaucoup de paramètres rentrent
en jeu, permettant ainsi de discuter les notions de majorité qui selon nous, sont fortement
teintées de « masculinisme » et de masculinité, notamment dans l’espace politique africain.
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En Afrique, et particulièrement en Afrique francophone, si les Etats affichent un
discours de mise en place d’un système de gouvernance démocratique, ces derniers peinent
*Doctorant en Science Politique, Université Jean Moulin Lyon III
1
Voir Jean-Pierre Gaudin, Pourquoi la gouvernance ? Paris, Presses de Sciences Po, 2002, p. 9.
2
Mireille Razafindrakoto et al., « Introduction thématique. Gouvernance et démocratie en Afrique : la
population a son mot à dire », Afrique contemporaine 2006/4 (n° 220), p. 21-31.
3
Jacques Chevallier, L’État post-moderne, Paris, LGDJ (Coll. « Droit et Société »), n° 35, 2003, cité par J.
Chevallier, « La gouvernance, un nouveau paradigme étatique ? », in Revue Française d’Administration
Publique, 2003/1-2, N°105-106, pp. 203-217.
4
Nous voulons simplement parler d’une démocratie à visage masculine. Voir à ce sujet les travaux suivants :
Ibrahim Mouiche, « Genre et commandement territorial au Cameroun », Cahiers d'études africaines 2007/2
(n°186), p. 391-408 ; Jone Martínez Palacios et al., « La participation entravée des femmes. Le cas des processus
d’innovation démocratique au Pays basque », Participations 2015/2 (N°12), p. 31-56. ; Egodi Uchendu
Masculinities in Contemporary Africa, African Books Collective, Social Science, 2008.