
GUIDE DE LA PRATIQUE
TRANSFUSIONNELLE
Chapitre 3: Albumine
https://professionaleducation.blood.ca/fr/transfusion/guide-clinique/albumine
Date de publication: Vendredi 1 mai 2015
Avertissement important : Ce guide se veut un outil éducatif. Les lignes directrices qui y sont formulées à l’égard des soins à prodiguer aux
patients ne devraient donc pas être suivies rigoureusement. Leur application trop stricte pourrait en effet donner lieu à l’administration de
transfusions inutiles à certains patients, ou au contraire, occasionner des réactions indésirables chez des patients qui recevraient des quantités
insuffisantes de sang ou de produits sanguins. Ces lignes directrices visent principalement les patients adultes et peuvent ne pas convenir au
traitement des enfants. À la lecture des recommandations figurant dans le guide, il importe de garder à l’esprit la nécessité, dans certaines
situations, de consulter un spécialiste en médecine transfusionnelle afin d’offrir des soins optimaux aux patients.
1/7
Susan Nahirniak, MD, FRCPC
Le présent chapitre présente les applications de l’albumine ainsi que les alternatives thérapeutiques.
QU’EST-CE QUE L’ALBUMINE?
L’albumine a un poids moléculaire d’environ 67 000 daltons et possède, en raison de sa forme, une faible
viscosité sérique. C’est une molécule très soluble, à charge négative nette, qui peut se lier tant aux cations
qu’aux anions. L’albumine corporelle totale équivaut à environ 300 g, dont 40 % (soit 120 g) se trouve dans le
compartiment plasmatique.
L’albumine sérique est synthétisée dans le foie. Un adulte sain produit quelque 16 g d’albumine par jour.
Plusieurs hormones peuvent accroître la synthèse de l’albumine, mais divers facteurs peuvent aussi en abaisser
la production, notamment la malnutrition, le stress, le vieillissement ainsi que certains médicaments. Une perte
de sang de 500 ml entraîne une perte d’albumine de 12 g seulement (4 % de l’albumine corporelle totale).
Ainsi, l’albumine perdue lors d’une hémorragie de l’ordre de quatre culots sanguins sera entièrement remplacée
par la synthèse physiologique en l’espace de trois jours.
Environ 80 % de la pression oncotique totale du plasma est attribuable à l’albumine. En règle générale, 1 g
d’albumine attire 18 ml d’eau du fait de son activité oncotique. La perfusion de 100 ml d’albumine à 25 %
augmente de 450 ml le volume plasmatique.
EFFICACITÉ ET SÉCURITÉ DE L’ADMINISTRATION D’ALBUMINE
Depuis que l’on a commencé à utiliser l’albumine comme agent thérapeutique dans les années 40, son utilité
ainsi que la controverse générale concernant son efficacité et son innocuité par rapport à d’autres colloïdes et
cristalloïdes ont fait l’objet de nombreuses revues systématiques et publications.
Selon deux méta-analyses effectuées vers la fin des années 90, l’utilisation de l’albumine pour le traitement de
l’hypovolémie, des brûlures ou de l’hypoalbuminémie est associée à une hausse du taux de
mortalité.1,2 Toutefois, ces données reposent sur des études de faible envergure et des populations de patients
hétérogènes.
Un vaste essai clinique randomisé (ECR) comparant l’administration d’albumine à 4 % avec celle d’une solution
physiologique salée chez 6 997 patients nécessitant une réanimation hydrique dans des unités de soins
intensifs (USI) australiens (l’essai SAFE) n’a révélé aucune augmentation du taux de mortalité.3 En outre, cette
même étude n’a démontré aucune différence significative par rapport au nombre de jours passés aux USI, à la
durée d’hospitalisation, au nombre de jours de ventilation mécanique ou à la défaillance multiviscérale. En
l’absence de différence significative entre les groupes visés par l’étude, les cliniciens des deux camps
continuent d’utiliser cette étude pour faire valoir leur point de vue. D’autres études ont également étayé
l’innocuité de l’albumine.4
Une revue systématique Cochrane publiée en 2011 n’a pas démontré une efficacité ou une innocuité accrue de
l’albumine par rapport à d’autres solutions colloïdales.5 Un ECR multinational, l’essai CRISTAL, a démontré que
l’utilisation de colloïdes par rapport aux cristalloïdes n’engendrait aucune différence significative au niveau du
taux de mortalité à 28 jours (risque relatif [RR] de 0,96; intervalle de confiance [IC] à 95 % de 0,88 à 1,04) chez
les patients atteints d’hypovolémie hospitalisés aux USI.6 La revue systématique Cochrane la plus récente
publiée en 2013 a déterminé qu’en comparant l’albumine aux cristalloïdes pour la réanimation hydrique des
patients gravement malades (traumatismes, brûlures ou soins post-chirurgicaux), le RR commun de décès en
cas d’administration d’albumine s’élevait à 1,01 (IC à 95 % de 0,93 à 1,10), ce qui montre encore une fois que
l’administration d’albumine aux fins de réanimation hydrique ne présente aucun avantage ni aucun risque