L’UTILISATION DE L’ALBUMINE HUMAINE CHEZ LES PATIENTS
ONCOLOGIQUES : EST-ELLE ABUSIVE OU JUSTIFIÉE ?
http://www.lebanesemedicaljournal.org/articles/64-A/doc13.pdf
Moujaess E, Fakhoury M, Assi T, Nasr F, El Karak F, Ghosn M, Kattan J*
Introduction • En l’absence de recommandations claires, l’utilisation de l’albumine humaine
(AH) en pratique clinique demeure largement controversée, et l’impact économique qui en
résulte reste important. L’utilisation appropriée de l’AH a été évaluée dans plusieurs spéciali-
tés médicales, mais il n’existe presque pas d’études évoquant ce sujet chez des patients onco-
logiques. Dans cette étude, nous avons évalué la pratique de l’administration de l’AH chez les
patients oncologiques dans notre institution en mettant l’accent sur les indications et les réper-
cussions financières secondaires aux demandes inappropriées.
Patients et Méthodes • Il s’agit d’une étude prospective qui a inclus tous les patients onco-
logiques ayant reçu des injections d’albumine dans notre institution entre octobre 2015 et
juillet 2016. Tous ces patients ont été évalués pour les critères démographiques et épidémio-
logiques. Les indications de l’administration de l’AH ont été jugées appropriées ou non selon
les recommandations SIMTI (2009).
Résultats • Notre étude a porté sur 53 patients qui ont reçu des injections d’albumine
humaine dans notre institution. Le ratio hommes:femmes était de 1,12, la médiane d’âge au
moment du diagnostic était de 65 ans (intervalle de 38-79 ans), et celle du statut de perfor-
mance (ECOG) était de 2 (1-4). Les cancers les plus fréquemment rencontrés étaient le can-
cer mammaire, colorectal et gastrique (13% pour chaque type) et la majorité des patients
étaient au stade métastatique au moment de l’administration de l’AH (79%). La médiane du
chiffre d’albumine sérique était de 2,55 g/dl (1,5-4 g/dl). Une médiane de 15 flacons admi-
nistrés par personne (2-117 injections) a été retrouvée pour une durée médiane de 9 jours
(1-39 jours). L’indication la plus fréquente était l’hypoalbuminémie avec œdème dans 57% des
cas suivie de la ponction d’ascite (23%). Manifestement, selon les recommandations de
SIMTI, seuls quatre patients (5,7%) ont reçu l’albumine selon des indications «appropriées»,
alors que 7 (10%) et 59 (84,3%) des indications ont été considérées « occasionnellement
appropriées» et «inappropriées» respectivement. Il convient de noter que toute administra-
tion d’AH pour hypoalbuminémie avec œdèmes a été jugée inadéquate. De plus, seuls 15%
des patients ne bénéficiaient d’aucune couverture médicale pour le coût de l’AH.
Conclusion • Le pourcentage élevé des indications inappropriées chez les patients atteints de
cancer dans notre institution souligne une mauvaise pratique clinique, et pointe sur l’abscence
de recommandations adéquates régissant l’utilisation de ce produit de remplissage coûteux.
Un effort considérable serait requis dans la perspective d’élaborer des recommandations
plus strictes qui permettra d’atténuer le fardeau économique découlant de cet usage abusif.
Mots-clés: albumine; oncologie; indication appropriée; hypoalbuminémie; Moyen-Orient
*Department of Oncology
Hotel-Dieu de France
University Hospital
Faculty of Medicine
Saint-Joseph University
Lebanon
S20 Lebanese Medical Journal • September 2016 • Vol 64 (Abstracts)