RH, LES APPORTS DE LA PSYCHOLOGIE DU TRAVAIL
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d’une activité de développement des compétences. D’autre part, les ques-
tionnaires à 360° se multiplient sans le souci nécessaire de vérifier leurs
qualités métriques. Ceux qui font l’essai de questionnaires mal construits et
qui, en outre, le font sans bien savoir à quoi cette démarche peut servir, n’en
retirent pas les bénéfices attendus et, selon l’expression consacrée, « jettent
le bébé avec l’eau du bain », condamnant la méthode parce qu’ils n’ont pas
su la mettre en œuvre.
En d’autres termes, il existe un problème de communication entre praticiens
et chercheurs. Quelles en sont les causes ? Quels remèdes y apporter ?
Trois causes fondamentales expliquent cette situation.
•La première est un véritable problème d’identité. La psychologie est
un vaste domaine avec des corpus de connaissances couvrant des
champs bien différents les uns des autres, qui vont du pathologique au
normal, du diagnostic à l’intervention, au développement et à l’évalua-
tion, et, également, qui se développent aussi bien dans le cadre d’un
laboratoire de recherche fondamentale que sur des terrains variés. On
admet facilement qu’un spécialiste de chimie organique ne soit ni
concerné, ni compétent, en chimie des colorants, par exemple, donc
qu’il existe des spécialités très hétérogènes au sein du vaste champ de
connaissances et d’applications que regroupe le terme de « chimie ».
Mais la représentation de la psychologie est très souvent dominée par
ses applications cliniques, alors que les connaissances scientifique-
ment établies en psychologie s’appliquent également à des cas qui ne
ressortent pas d’une approche diagnostique ou thérapeutique, et ceci
dans des domaines très différents, – l’école, le travail, la vie sociale,
notamment. L’image de la psychologie et des psychologues du travail
est encore fortement dominée par ses applications cliniques et corres-
pond trop souvent à une représentation simpliste du psychologue-
psychanalyste, sondant... les « replis cachés de la personnalité ». Cette
représentation fait peur, à tel point que les psychologues qualifiés
hésitent parfois à afficher leur titre lorsqu’ils travaillent dans une
entreprise, que les spécialistes qui utilisent, dans une organisation, les
connaissances faisant partie de la psychologie n’utilisent que rarement
le mot de « psychologue » dans l’intitulé de leurs fonctions, et que les
éditeurs spécialistes du monde du travail reculent devant les titres
d’ouvrage comportant le mot de « psychologie ».
Mieux identifier le domaine, les méthodes de la psychologie du travail,
les compétences des professionnels qualifiés, donc les services que
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