B 26 - Douleurs neuropathiques liées au cancer : mieux les

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SYNTHÈSE
Med Pal 2004; 3: 204-213
© Masson, Paris, 2004, Tous droits réservés
Douleurs neuropathiques liées au cancer : mieux les connaître pour
mieux les soulager !
Florentin Clère, Médecin, Unité d’Evaluation et de Traitement de la Douleur, Ets Helio-Marin, Groupe Hopale, Berck-Sur-Mer.
Résumé
Summary
Cancer-related neuropathic pain:
better understanding for better relief
Better knowledge of the different types of cancer-related neuropathic pain (CRNP) enables a better recognition of how cancer
patients suffer and thus more optimal overall management. A
review of the literature shows that cancer is the cause of many
types of neuropathic pain, induced both by the tumor and by
iatrogenic intervention. The tumor injures the nervous system
either locally or at a distance (metastasis) or via paraneoplasic
phenomena. The three mainstay treatments for cancer (surgery,
chemotherapy, radiotherapy) can also cause CRNP. Precise
knowledge of the disease stage and the chronology of treatments delivered is indispensable to recognize the causal mechanism(s). While morphine remains the gold standard for the
treatment of pain in cancer patients, it is only relatively efficacious for CRNP. Fine analysis of the symptoms all along the
disease course, with particular attention to escape from opioids,
is needed to achieve a perfectly adapted antalgesic treatment.
Focus must also be placed on the prevention of iatrogenic
CRNP.
Connaître les différents types de douleurs neuropathiques liées
au cancer (DNLC) permet de mieux savoir les repérer chez le
patient cancéreux douloureux, et donc d’optimiser sa prise en
charge globale. Une revue de la littérature montre que la maladie cancéreuse est à l’origine de nombreux types de douleurs
neuropathiques, qu’elles soient d’origine tumorale ou iatrogène.
La tumeur peut léser le système nerveux soit localement, soit à
distance du fait de métastases, soit du fait de phénomènes paranéoplasiques. Les 3 piliers du traitement du cancer (chirurgie,
chimiothérapie et radiothérapie) sont également à l’origine de
DNLC. Une connaissance précise du stade de la maladie et de la
chronologie des traitements instaurés est indispensable pour repérer le(s) mécanisme(s) en cause. Si la morphine constitue le
gold-standard chez le patient cancéreux douloureux, son efficacité est relative pour l’analgésie des DNLC, qui sont multiples et
fréquentes. Une analyse fine de la sémiologie s’impose donc tout
au long du suivi du patient, surtout s’il existe un échappement
aux opioïdes, afin d’adapter le traitement antalgique. Un accent
doit également être mis sur la prévention des DNLC iatrogènes.
Key-words: neuropathic pain, cancer, cancer pain.
Mots clés : douleurs neuropathiques, cancer, douleur cancéreuse,
Clère F. Douleurs neuropathiques liées au cancer : mieux les connaître pour
Adresse pour la correspondance :
mieux les soulager ! Med Pal 2004; 3: 204-213
Florentin Clère, 543, route de Berck, 62180 Rang-du-Fliers.
e-mail : [email protected]
L
a douleur neuropathique est, par définition [1], provoquée par une lésion ou un dysfonctionnement du système nerveux, qu’il soit central ou périphérique. La maladie cancéreuse est une grande pourvoyeuse de douleurs
neuropathiques, ce qui pose un certain nombre de difficultés :
– reconnaître la composante neuropathique au milieu
de la plainte douloureuse du patient cancéreux n’est pas
toujours évident du fait de l’intrication obligatoire avec les
composantes nociceptives et psychologiques ; une analyse
sémiologique et physiopathogénique fine est nécessaire [2].
Au-delà de la description classique faite par le patient
(douleur spontanée continue à type de brûlure ou de compression, paroxystique en coup d’éclair), l’examen clinique
doit s’attacher à rechercher un déficit neurologique sensitif
Médecine palliative
204
systématisé et l’existence d’une douleur provoquée par une
stimulation habituellement non nociceptive (allodynie mécanique et/ou thermique). À l’inverse, il ne faut pas poser
ce diagnostic par excès, toute brûlure ou décharge électrique n’étant pas d’origine neuropathique… ;
– la prévalence de ce type de douleur est difficile à
évaluer du fait de la multiplicité des origines possibles
(figure 1). Cependant l’amélioration des traitements curatifs mène à une augmentation de la survie des patients
cancéreux et par là même, à un accroissement prévisible
du nombre de douleurs neuropathiques rebelles. L’atteinte
du système nerveux au cours de la maladie cancéreuse est
de 35 à 50 % [3] ;
– leur prise en charge mérite d’être ciblée du fait de
la faible sensibilité des douleurs neuropathiques aux mor-
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phiniques, même si cette donnée reste discutée [4]. Or, si
la morphine a tendance à devenir la molécule de référence dans la prise en charge de la douleur cancéreuse,
elle ne constitue pas la panacée dans toutes les situations
cliniques ;
Une meilleure reconnaissance des différents types de
douleurs neuropathiques liées au cancer (DNLC) devrait
permettre d’optimiser le traitement antalgique des patients
concernés [3, 5-8]. Ne seront abordés que les tableaux cliniques directement liés au cancer et à ses traitements spécifiques.
Douleurs neuropathiques
d’origine tumorale
Il s’agit de la première catégorie décrite dans la
figure 1, la maladie cancéreuse en elle-même pouvant être
à l’origine de la symptomatologie douloureuse. Seront distingués l’envahissement tumoral loco-régional, puis général et enfin les syndromes paranéoplasiques (tableau I).
Douleurs neuropathiques
et envahissement tumoral
Plexopathies tumorales
Les atteintes plexiques sont liées soit à un infiltrat de
cellules néoplasiques, soit à une compression mécanique
extrinsèque ; dans les 2 cas le tableau clinique est comparable, avec une atteinte neurologique progressive. Dans
un premier temps il s’agit de dysesthésies puis rapidement
de réelles douleurs neuropathiques, intenses et quasiconstantes, avec signes de dénervation électrophysiologique.
Plexopathie cervico-brachiale
La plexopathie cervico-brachiale [5, 8] peut être due
à la compression directe par des structures ganglionnaires dans le cadre des lymphomes, mais plus fréquemment
par un cancer des tissus mous. Les masses tumorales cranio-cervicales engendrent une atteinte plexique supérieure (C5, C6), avec une symptomatologie proximale au
niveau du membre supérieur homolatéral. Les tumeurs
de l’apex pulmonaire sont à l’origine d’une plexopathie
inférieure (C7, C8, T1), les douleurs étant plus distales et
intéressant les 4e et 5e doigts ; elles réalisent le classique
syndrome de Pancoast-Tobias lorsqu’il existe une lyse
de la première côte et un syndrome de Claude-BernardHorner.
Plexopathie lombo-sacrée
L’envahissement tumoral direct est essentiellement
La plexopathie lombo-sacrée [9] est principalement
responsable d’atteintes du système nerveux périphérique.
causée par les cancers colo-rectaux, et dans une moindre
Plusieurs catégories peuvent ainsi être distinguées en
mesure par les tumeurs pelviennes (col et corps utérins,
fonction du niveau d’atteinte.
vessie, prostate). Le niveau d’atteinte permet également de
distinguer 2 tableaux. La plexopathie lombo-sacrée supérieure (L2, L3, L4) génère des douleurs abdominales basses
avec irradiation vers le flanc puis la face antérieure de la
cuisse, le réflexe rotulien étant altéré. L’atteinte plexulaire
MASSE
inférieure (L5, S1) est plutôt à l’origine de douleurs périTUMORALE
néales, puis à la face latéro-postérieure de la cuisse et de
la jambe, et plus fréquemment à la face plantaire du pied ;
TUMEUR
MÉTASTASES
une altération des réflexes achiléen et/ou anal est retrouvée.
PARANÉOPLASIE
Radiculopathies tumorales
CANCER
CHIRURGIE
TRAITEMENTS
CHIMIOTHÉRAPIE
RADIOTHÉRAPIE
Une radiculalgie neuropathique peut être la conséquence d’une compression radiculaire prolongée, anatomiquement avant la participation de la racine à la constitution d’un plexus ou d’un nerf intercostal : le plus
souvent il s’agit d’une tumeur d’origine vertébrale [5, 8].
Une atteinte méningée occasionne plutôt un tableau pluriradiculaire.
Atteintes tronculaires d’origine tumorale
Figure 1. Etiopathogénie des douleurs neuropathiques
cancéreuses.
Tout tronc nerveux peut potentiellement être atteint
lors de l’extension tumorale mais quelques tableaux sont
Figure 1. Etiology and pathogenesis of cancer-related neuropathic pain. plus fréquents [5, 8].
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Tableau I : Classification des douleurs neuropathiques d’origine tumorale.
Table I: Classification of neuropathic pain caused by tumors.
Mécanisme
Niveau d’atteinte
Principaux tableaux cliniques
Plexulaire
Plexopathie cervico-brachiale
Supérieure
Inférieure
Plexopathie lombo-sacrée
Supérieure
Inférieure
Envahissement
Tumoral
Direct
Radiculaire
Radiculalgie neuropathique
Tronculaire
Nerf obturateur
Nerf crural ou sciatique
Nerf cutané latéral de la cuisse
Nerf cubital ou radial
Nerf intercostal
Nerf intercostobrachial
Nerf trijumeau
Système Nerveux
Compression médullaire
Central
Syndrome thalamique (?)
Osseuses
Vertébrales
Radiculalgie neuropathique
Compression médullaire
Métastases
Costales
Nerf intercostal
Os longs
Troncs nerveux
Viscérales
Plexopathies
Adénopathies
Plexopathies
Cérébrales
Douleurs centrales (?)
Méningite carcinomateuse
Polyradiculalgies
Polyneuropathies
Sensitive de Denny-Brown
Sensitivomotrice terminale
Démyélinisante chronique
Paranéoplasies
Médecine palliative
Ischémique
Cachexie
Compressions nerveuses
VZV
Douleurs (post-)zostériennes
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Membres inférieurs
Les douleurs neuropathiques dans les territoires cruraux (face antérieure de la cuisse) et sciatiques (face postéro-latérale de la jambe et pied) sont la conséquence des
tumeurs de la cuisse, principalement les sarcomes. Une
tumeur pelvienne (prostate, vessie, col utérin) peut être
compressive dans leur trajet intra-pelvien, mais dans ce
cas, c’est essentiellement le nerf obturareur qui est lésé,
la symptomatologie douloureuse intéressant alors les 2/3
inférieurs de la face interne de la cuisse. Le nerf cutané
latéral de la cuisse (sensitif pur) peut être atteint lors des
tumeurs pelviennes, avec développement d’une véritable
méralgie paresthésique neuropathique (face antéro-latérale de la cuisse, en raquette).
en fonction de la sévérité de l’atteinte, en sous-lésionnel.
Les radiculalgies neuropathiques sont plus fréquemment
bilatérales au niveau thoracique et unilatérales aux niveaux cervical et lombaire [6]. La compression peut également être d’origine intrinsèque en cas de tumeur nerveuse centro-médullaire, réalisant un véritable syndrome
syringomyélique, avec atteinte bilatérale et suspendue des
sensibilités douloureuses et thermiques (croisement au niveau centro-médullaire des fibres qui vont constituer les
faisceaux spino-thalamiques).
Les tumeurs cérébrales avec envahissement du thalamus pourraient être à l’origine de douleurs neuropathiques centrales, mimant un syndrome thalamique, mais la
littérature reste pauvre à ce sujet [8].
Membres supérieurs
Compression nerveuse tumorale :
Au niveau des membres supérieurs, les sarcomes de
quelles particularités ?
l’humerus et les tumeurs de la région du coude compriLes douleurs neuropathiques par compression tumoment préférentiellement les nerfs ulnaires (douleurs du
rale
maligne sont-elles comparables à celles qui sont la
bord interne de la main et des 2 derniers doigts) et radial
conséquence
d’une compression non maligne, tel le con(bord externe de la main et pouce, voire face postérieure
flit
disco-radiculaire
à l’étage lombaire ? C’est la consde l’avant-bras).
tatation de l’absence fréquente d’alThorax
lodynie mécanique dans les DNLC
L’envahissement de la paroi thoracique par une tud’origine tumorale qui est à l’origine
L’envahissement tumoral
meur pulmonaire ou pleurale peut engendrer des douleurs
de cette question. Une étude japodirect est essentiellement
neuropathiques en hemi-ceinture caractéristiques de l’atnaise [10] a récemment tenté de
teinte des nerfs intercostaux.
responsable d’atteintes du
faire progresser le débat : un modèle
L’extension loco-régionale des cancers pulmonaires et
animal de sciatalgie neuropathique
système nerveux
mammaires peut atteindre le nerf intercostobrachial de
a été développé, soit par constricHYRTL, qui réalise une anastomose entre la deuxième rapériphérique.
tion nerveuse chronique (groupe 1),
cine thoracique et le nerf cutané médial du bras.
soit par développement d’un sarDu fait de cette caractéristique anatomique, les doucome fémoral (groupe 2). Les auteurs ont pu confirmer
leurs neuropathiques peuvent concerner la région axillaire
la disparition progressive de l’allodynie mécanique dans
et/ou la face médiale du bras et/ou la zone antéro-supéle groupe 2, en parallèle avec le développement tumoral
rieure du thorax.
et l’anesthésie de la zone douloureuse, alors que l’alloRégion cranio-cervicale
dynie persistait dans le groupe 1. Par ailleurs, l’étude miEnfin, les tumeurs cranio-faciales peuvent envahir les croscopique des structures nerveuses comprimées a mis
nerfs crâniens, et principalement le nerf trijumeau, soit au en évidence une atteinte préférentielle des fibres myéliniveau tronculaire, soit après sa séparation en 3 branches nisées de gros calibre dans le groupe 1 et, a contrario,
(ophtalmique, maxillaire et mandibulaire), le territoire dou- celle des fibres de petit calibre dans le groupe 2. Shiloureux dépendant de cette division et de la localisation moyama [10] évoque le rôle hypothétique des cytokines
tumorale. Les carcinomes pharyngiens ont par ailleurs ten- d’origine macrophagique (principalement du Tumor Nedance à comprimer le nerf glosso-pharyngien, provoquant crosis Factor) pour expliquer ces différences, et pousse
des douleurs pharyngées et/ou cervicales, avec irradiation à la poursuite d’études sur les DNLC d’origine tumorale,
caractéristique vers l’oreille et la mastoïde.
qui, du fait d’un profil très différent d’atteinte nerveuse,
semblent constituer une entité spécifique, nécessitant
une prise en charge ciblée.
Atteinte du système nerveux central
La compression médullaire constitue la principale urgence médicale de la maladie cancéreuse [5, 8]. Celle-ci Douleurs neuropathiques
est principalement extrinsèque en cas de tumeurs verté- et envahissement métastatique
De même que la tumeur primitive, les localisations sebrales ; la symptomatologie douloureuse neuropathique
peut alors être présente à l’étage lésionnel (à la limite su- condaires métastatiques sont à l’origine d’atteintes spécipérieure du déficit sensitif séquellaire), mais également, fiques du système nerveux.
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Ne seront décrites dans ce chapitre que les types d’at- un marqueur spécifique est retrouvé. Une polyneuropateintes, leurs conséquences cliniques ayant déjà été dé- thie est notée chez 4 à 5 % des patients cancéreux. Si la
taillées.
PNP décrite par Denny-Brown en 1948 est la plus classique, elle reste rare (0,5 % des cancers), la grande maMétastases osseuses
jorité étant des PNP sensitivomotrices (75 % des cas). Ne
Les métastases osseuses les plus fréquentes sont si- seront décrites dans ce chapitre que les PNP douloureutuées au niveau vertébral [5, 8] ; une extension tumorale ses.
intra-canalaire pourra être à l’origine d’une compresPolyneuropathie sensitive paranéoplasique de Dennysion médullaire (tableau clinique décrit plus haut) tandis
Brown
qu’une extension péri-vertébrale sera dans un premier
Elle est également dénommée neuropathie sensitive
temps à l’origine d’une atteinte de racine(s) nerveuses(s),
primaire maligne ou ganglioradiculite. Si cette forme de
avec véritable radiculalgie neuropathique. Les localisaPNP est classiquement décrite, c’est parce qu’elle est à
tions secondaires costales peuvent envahir les nerfs inl’origine de la découverte de la néoplasie dans 75 % des
tercostaux, avec douleur en hémi-ceinture thoracique ;
cas, avec une sur-représentation du carcinome pulmoen ce qui concerne les os longs, les douleurs seront lonaire à petites cellules [11, 12]. Les autres tumeurs en
calisées dans le dermatome du tronc nerveux concerné.
cause sont surtout d’origine ORL et digestives. L’âge
moyen de découverte est de 60 ans avec une légère préMétastases au niveau des tissus mous
Les métastases viscérales, mais aussi les adénopathies dominance féminine [13]. Le point de départ de l’atteinte
métastatiques, provoquent des plexopathies par envahis- sensitive se fait au niveau du ganglion spinal, qui est le
sement tumoral ; les structures gan- siège d’une perte neuronale et d’infiltrats inflammatoiglionnaires axillaires envahies dans res, avec extension distale secondaire. Cliniquement l’atle cancer du sein peuvent également teinte débute classiquement plutôt aux membres supéLes tumeurs cérébrales
atteindre le nerf intercostobrachial rieurs, est souvent asymétrique, avec une évolution sur
avec envahissement
[5]. En théorie, des métastases céré- quelques mois vers une neuropathie sensitive sévère exbrales peuvent être à l’origine de tensive. La survie moyenne du patient n’est alors que
du thalamus pourraient
douleurs neuropathiques centrales, d’un an, plus du fait des complications neurologiques
être à l’origine de douleurs mais le syndrome thalamique d’ori- que de l’évolution tumorale.
La preuve de l’origine paranéoplasique de cette polygine métastatique n’est pas décrit
neuropathiques centrales.
dans la littérature [8], certainement neuropathie peut être faite par la mise en évidence, dans
du fait du pronostic défavorable à court terme de ces lé- le sang et le liquide céphalo-rachidien, d’un anticorps
anti-Hu, dirigé contre le noyau des neurones, qui est spésions…
cifique à 99 % [11, 12]. L’association d’une PNP sensitive,
d’une encéphalomyélite et d’un tel anticorps constitue le
Méningite carcinomateuse
Développées principalement dans les cancers du pou- syndrome anti-Hu, dont la pathogénie reste inconnue.
mon, du sein et de la prostate, les douleurs neuropathiques Une réponse immune dirigée contre la tumeur et interaliées à une méningite carcinomateuse sont caractéristi- gissant avec le système nerveux reste l’hypothèse la plus
ques, l’atteinte étant pluri-étagée car pluri-radiculaire [6, probable. D’autres anticorps ont d’ailleurs été identifiés
8]. Tout patient cancéreux présentant ces douleurs et des au cours des PNP sensitives douloureuses : anti-Yo, anticéphalées est suspect de méningite carcinomateuse. Le Ri, anti-CV2, anti-amphiphysine, anti-Ma et anti-Ta [12,
diagnostic sera alors confirmé par la ponction lombaire, 14]. Toujours est-il qu’une rémission tumorale est la seule
qui montrera une hyperprotéinorachie et surtout la pré- façon d’espérer une amélioration des lésions neurologisence de cellules tumorales dans le liquide céphalo-rachi- ques [11], qui laissent place aux douleurs neuropathiques
séquellaires.
dien.
Douleurs neuropathiques paranéoplasiques
Polyneuropathies paranéoplasiques (PNP)
Une polyneuropathie est définie comme paranéoplasique si elle est liée à la présence d’un cancer sans relever
d’un envahissement tumoral ou d’une complication connue [11] ; il est donc bien difficile d’établir avec certitude ce diagnostic, sauf si une évolution conjointe des
affections tumorale et neurologique est prouvée, ou si
Médecine palliative
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Polyneuropathie sensitivomotrice dite terminale
Plus fréquente que la forme précédente, elle apparaît
chez un patient porteur d’un cancer connu, souvent pendant la phase terminale de la maladie [11, 12]. L’atteinte
clinique débute cette fois au niveau des membres inférieurs. Son développement semble être corrélé à la perte
de poids, qui serait à l’origine de la sécrétion de facteurs
neurotoxiques (Prostaglandines, Interleukine 1, Tumor
Necrosis Factor).
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Polyneuropathies inflammatoires démyélinisantes
chroniques
Si les PNP des carcinomes sont plus souvent liées à
des mécanismes auto-immuns avec antigènes communs
entre la tumeur et le système nerveux périphérique (type
DENNY-BROWN), les lymphopathies entraînent quant à
elles une sécrétion tumorale directe de facteurs immunologiques, tels qu’une immunoglobuline monoclonale [12].
Il s’agit le plus souvent d’une IgM qui intervient comme
anticorps contre la MAG (Myelin-Associated Glycoprotein), induisant une démyélinisation à prédominance distale puis une dégénérescence axonale, à l’origine de la
PNP douloureuse [14].
Douleurs neuropathiques post-chirurgicales
La chirurgie du cancer vise à l’ablation tumorale mais
peut être à l’origine de plusieurs types de DNLC. L’équipe
de Jung [16] a même proposé une classification en 4 tableaux principaux après chirurgie du cancer du sein :
1. douleur de sein fantôme ;
2. douleur neuropathique dans le territoire du nerf intercostobrachial ;
3. douleur liée à un névrome ;
4. douleur neuropathique de territoire tronculaire.
Si l’objectif avoué de cette proposition est de mettre
l’accent sur la variété des mécanismes physiopathologiques des DNLC post-chirurgicales du cancer du sein, dans
un cadre plus général plusieurs tableaux cliniques méritent d’être distingués.
Polyneuropathies ischémiques
Environ 1/5e des neuropathies avec vasculite sont liées
à une pathologie cancéreuse, le mécanisme restant obscur.
Douleurs post-amputation et assimilées
Si cette forme de PNP ne régresse pas après traitement
Douleurs du moignon et douleurs cicatricielles
tumoral curatif, les immunosuppresseurs sont ici efficaces
En dehors des pathologies locales (infectieuses, ulcéreu[12].
ses, osseuses), le moignon peut être le siège d’un névrome,
avec douleurs fulgurantes liées au
Douleurs neuropathiques et cachexie
contact (zone gâchette) et difficultés
La cachexie ainsi que l’immobilisation prolongée sont d’adaptation d’une prothèse [5]. Plus
Une rémission tumorale
fréquentes chez les patients cancéreux. Elles exposent au fréquemment il s’agit de douleurs
risque de compressions nerveuses tronculaires avec dou- neuropathiques cicatricielles, secon- est la seule façon d’espérer
leurs neuropathiques dermatomales [8].
daires à la section de filets nerveux
une amélioration
Il s’agit principalement du nerf ulnaire au coude, du superficiels. En chirurgie carcinologides lésions neurologiques.
nerf tibial postérieur au genou et du nerf sciatique au ni- que, notamment mammaire, la fréveau du bassin. De plus la cachexie pourrait être liée à la quence de ce type de douleur intéressécrétion de substances elles-mêmes neurotoxiques (voir sant la zone cicatricielle est de 23 à 49 % [16]. Elles
PNP dite terminale) [12].
favoriseraient l’apparition des douleurs « fantômes ».
Douleurs neuropathiques et zona
S’il est bien établi que la fréquence du zona augmente
chez le cancéreux [8], certains facteurs exposent ces mêmes patients à une dissémination avec extension de la
zone cutanée touchée [15] : l’âge jeune, le lymphome de
Hodgkin, l’existence d’une tumeur de grande taille et une
chimiothérapie récente de moins de 6 mois. Ces facteurs
incitent à déterminer des groupes de patients à haut risque
de dissémination (et donc de douleurs post-zostériennes
intenses et rebelles), qui pourraient bénéficier d’un traitement antiviral par voie intraveineuse.
Douleurs neuropathiques iatrogènes
Algohallucinose
L’algohallucinose est définie comme la sensation d’un
membre (ou organe) toujours présent et douloureux. Elle
est interprétée comme une douleur liée à la réactivation
de la mémoire somato-sensorielle, dont l’intensité semble
corrélée à celle de la douleur péri-opératoire, et principalement pré-opératoire. Ses mécanismes sont centraux,
avec embrasement épileptoïde des neurones convergents
et réorganisation somatotopique centrale. Si elle concerne
principalement les membres amputés (sarcomes ou mélanomes), elle se développe également après chirurgie d’organe : on parle alors de douleurs de sein fantôme (13 à
44 % des cas) [16, 17] ou de rectum fantôme (15 %) [18],
pour ne citer que les cas les plus fréquents. L’aggravation
de l’algohallucinose peut précéder une récidive loco-régionale décelable.
Le traitement spécifique de la maladie cancéreuse utiDouleurs post-thoracotomie
Si ce terme désigne un groupe hétérogène de patholise la chirurgie et/ou la chimiothérapie et/ou la radiothérapie, qui peuvent toutes les trois être à l’origine de lésions logies douloureuses [18], la composante neuropathique est
du système nerveux. Les étiologies des DNLC iatrogènes classiquement liée à une atteinte intercostale, soit par étirement soit par lésion directe au cours de l’écartement ossont regroupées dans le tableau II.
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Tableau II : Classification des douleurs neuropathiques iatrogènes.
Table II: Classification of idiopathic neuropathic pain.
Traitement
Mécanisme
Principaux tableaux cliniques
Amputation / Ablation
Douleurs du moignon
Douleurs cicatricielles
Algohallucinose
Chirurgie
Thoracotomie
Nerf intercostal
Cervicotomie
Plexopathie cervicale
Curage ganglionnaire
Nerf intercostobrachial
Tous troncs nerveux
Extravasation de produit
Mononeuropathie
Neurotoxicité générale
Polyneuropathies
Irradiation cervicale
Plexopathie fibrose postradique
Chimiothérapie
Plexopathie transitoire
Radiothérapie
Plexopathie ischémique aiguë
Irradiation moelle épinière
Myélopathie post-radique
Irradiation périphérique
Tous troncs nerveux
seux. Une analgésie péri-opératoire efficace semble également en réduire l’incidence. Cependant la persistance de
douleurs à 1 an reste rare. La réapparition secondaire de
la symptomatologie douloureuse est très en faveur d’une
récidive tumorale locale [8].
saxons appellent le « syndrome douloureux post-mastectomie » [8, 16]. La difficulté principale réside dans la
grande variabilité anatomique de cette anastomose accessoire…
Douleurs neuropathiques post-chimiothérapie
Douleurs post-cervicotomie
La cervicotomie peut classiquement être responsable
d’une plexopathie cervico-brachiale traumatique [5], qui
mérite d’être prévenue par des moyens ergonomiques simples et une mobilisation précautionneuse des structures
anatomiques durant le geste chirurgical.
Douleurs neuropathiques sur lésion nerveuse
tronculaire
Tous les troncs nerveux sont susceptibles d’être atteints [5, 18], soit par lésion accidentelle per-opératoire,
soit par étirement, soit encore par compression sur table ; la lésion la plus typique est une nouvelle fois l’atteinte du nerf intercostobrachial lors du curage ganglionnaire du cancer du sein, considérée comme la lésion
la plus fréquemment rencontrée dans ce que les Anglo-
Médecine palliative
210
En dehors des mononeuropathies après extravasation
de produit (alcaloïdes, cisplatine), devenues rares depuis
l’utilisation de chambres implantables, les principales
sources de DNLC liées à la chimiothérapie sont les polyneuropathies toxiques, sensitives ou sensitivo-motrices
[18-21]. Les caractéristiques des atteintes liées aux 3
principales familles neurotoxiques sont regroupées dans
le tableau III. Les polyneuropathies liées à l’utilisation
des vinca-alcaloïdes (vincristine, vinblastine, vindésine)
ont la caractéristique de toucher principalement les petites fibres sensitives, avec une apparition sub-aiguë en
1 mois après le début du traitement. Les sels de platine
(cisplatine, carboplatine) donnent une atteinte dose-limitante (300 à 400 mg/m2) retardée, plusieurs mois après
la fin du traitement, avec une évolution également lente
sur plusieurs années. L’oxaliplatine possède un profil
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Tableau III : Caractéristiques comparatives des polyneuropathies sensitives induites par la chimiothérapie anticancéreuse.
Table III: Comparative characteristics of sensorial polyneuropathies induced by anticancer chemotherapy.
Agent en cause
Survenue
Récupération
Dosedépendance
Types de fibres
atteintes
Alcaloïdes
SUB-AIGUË
Plusieurs mois
Cumulative
Petites fibres
RETARDÉE
Plusieurs mois
Cumulative
Grosses fibres
Quelques mois
après fin de
traitement
Voire années
AIGUË
Plusieurs mois
Dose Unitaire
Grosses fibres
4 semaines après
début de
traitement
Sels de platine
Taxanes
Parfois dès la
première cure
évolutif particulier, avec une toxicité immédiate (pendant la perfusion) et régression spontanée. La durée de
cette atteinte augmente avec la dose cumulée (6 cycles)
pour devenir permanente. L’existence d’une allodynie
thermique froide est caractéristique. En ce qui concerne
les taxanes (paclitaxel, docetaxel), la neurotoxicité est
aiguë, dès la première cure, mais également dose-limitante (275 mg/m2).
Plus rarement, d’autres produits sont en cause : arabinosine, cytarabine, 5 Fluoro-Uracile, Ifosfamide. Il apparaît donc nécessaire chez le patient cancéreux présentant une polyneuropathie périphérique douloureuse de
connaître le protocole de chimiothérapie, la chronologie
du traitement (nombre et date des cures) et d’en rapprocher le début des symptômes douloureux.
Douleurs neuropathiques post-radiothérapie
lombo-sacré peut également être atteint, notamment lors
de la curiethérapie des cancers gynécologiques [18]. Le tableau clinique est d’apparition retardée par rapport au traitement, de 6 mois à plus de 20 ans [6]. Il est alors nécessaire
d’effectuer un bilan complémentaire afin d’éliminer un envahissement tumoral par récidive loco-régionale.
Plexopathie transitoire
Cette entité rare (1,5 % des cancers du sein radiothérapés), a été décrite par l’équipe de Salner [23], son étiologie étant inconnue. Il semble exister un lien avec l’utilisation d’une chimiothérapie adjuvante. Son apparition
ne dépend pas de la dose utilisée ; l’atteinte plexique est
globale et apparaît en moyenne à 4 mois et demi de traitement. S’il existe une symptomatologie douloureuse dans
40 % des cas, celle-ci reste modérée et rapidement réversible.
Si toute radiothérapie peut induire une fibrose nerPlexopathie ischémique aiguë
veuse tronculaire, la complication principale à l’origine
L’ischémie aiguë post-radique de l’artère sub-clavière
de DNLC reste la plexopathie post-radique [5]. Celle-ci est
en premier lieu liée à une fibrose des fibres nerveuses, est une cause encore plus rare de plexopathie cervico-bramais 2 autres causes, plus rares, peuvent être distinguées. chiale [24]. Survenant plusieurs années après traitement,
elle reste dans la grande majorité des cas indolore, et résolutive après traitement étiologique.
Plexopathie par fibrose post-radique
Plus fréquente au niveau cervicobrachial, la plexopathie
Myélopathie post-radique
par fibrose post-radique est alors consécutive à une irraLa radiothérapie actuelle est très rarement à l’origine
diation des structures sub-clavières et axillaires, notamment lors des lymphomes et du cancer du sein. L’atteinte d’atteinte médullaire séquellaire [6]. Dans 20 % des cas,
est dose-dépendante, principalement plexique supérieure des douleurs neuropathiques apparaissent sur un mode
(C5, C6), le caractère douloureux restant peu fréquent (20 % uni- ou pluri-radiculaire. Il convient alors d’éliminer une
des cas) et d’intensité modérée [6, 9, 18, 22]. Le plexus localisation secondaire métastatique vertébrale.
Med Pal 2004; 3: 204-213
© Masson, Paris, 2004, Tous droits réservés
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SYNTHÈSE
Douleurs neuropathiques liées au cancer : mieux les connaître pour
mieux les soulager !
Quelles conséquences
thérapeutiques ?
Prise en charge symptomatique
La prise en charge des DNLC nécessite une bonne
connaissance des différents tableaux cliniques qui viennent
d’être décrits, donc une attention constante du thérapeute
visant d’une part à dépister leur apparition au milieu de la
plainte douloureuse exprimée par le patient cancéreux, mais
également à prévenir leur apparition quand cela est possible,
avant la création de lésions nerveuses parfois définitives.
Prévention
L’apparition de DNLC d’origine tumorale est difficilement prévisible ; la compression médullaire constitue cependant une urgence médicale et nécessite la mise en
route d’une radiothérapie, avant la constitution d’une atteinte définitive.
C’est sur les DNLC provoquées iatrogènes que l’accent
doit être porté, d’autant que la lutte contre ce type de
douleurs constitue un engagement politique à l’échelon
national. La chirurgie carcinologique est à l’origine d’atteintes nerveuses variées, mais un effort est déjà effectué
dans les blocs opératoires, où l’ergonomie des tables
d’opération permet d’éviter les élongations nerveuses accidentelles. Le nerf intercostobrachial mérite d’être anatomiquement mieux connu en chirurgie sénologique afin
soit d’éviter son atteinte traumatique lors du geste opératoire au niveau axillaire, soit de favoriser la biopsie avec
analyse extemporanée du ganglion sentinelle (geste moins
invasif). Enfin l’analgésie péri-opératoire se doit d’être
maximale, puisqu’elle semble décisive sur le développement ultérieur de DNLC, associant opioïdes et techniques
loco-régionales.
La chimiothérapie anticancéreuse possède fréquemment une toxicité neurologique, favorisée par 3 facteurs
[19, 20] : les âges extrêmes de la vie, l’association de
molécules et les nouveaux modes d’administration (hautes doses, voies intra-artérielles et intra-thécales). La recherche d’une polyneuropathie douloureuse doit être
systématique : elle fera discuter la poursuite ou non du
traitement en fonction des alternatives disponibles [19],
dans la mesure où l’atteinte peut être réversible. Des
substances supposées neuroprotectrices sont à l’étude,
les résultats étant encore décevants dans cette indication
[20]. La glutamine par voie orale semble efficace vis-àvis du cisplatine, l’association calcium-magnesium par
voie intraveineuse étant utilisée en cas de traitement par
oxaliplatine [20].
Les doses utilisées en radiothérapie moderne et les méthodes de fractionnement permettent de limiter les plexopathies post-radiques, mais celles-ci peuvent apparaître
même à des doses faibles, et de façon très retardée [22].
Médecine palliative
212
Au stade de douleurs neuropathiques, la lésion du système nerveux est avérée : le traitement n’est alors plus
d’ordre curatif, mais bien palliatif, visant à réduire l’intensité douloureuse, les incapacités qui en découlent, et
donc le handicap produit.
Les traitements médicamenteux utilisés dans la prise
en charge des douleurs neuropathiques ne seront pas discutés dans ce travail, mais sont l’objet d’études spécifiques
dans le cadre des pathologies cancéreuses [25-27]. Manfredi [3] a récemment proposé une classification afin de
tenter d’affiner la stratégie médicamenteuse. L’envahissement tumoral produisant une lésion évolutive du système
nerveux, les DNLC qu’il provoque seraient plus sensibles
aux opioïdes et aux anti-inflammatoires non stéroïdiens,
pendant que les DNLC sur lésion nerveuse séquellaire seraient plus sensibles aux antidépresseurs et anti-épileptiques. Cette dichotomie va dans le sens de l’étude précédemment décrite de Shimoyama [10], qui tend à isoler les
DNLC par envahissement tumoral comme une entité spécifique, mais reste encore très discutée [4], et nécessite la
poursuite d’études complémentaires.
Enfin, il convient de ne pas oublier les techniques neurochirurgicales de neuromodulation pour les DNLC rebelles aux traitements médicamenteux.
Prise en charge globale
La prise en charge d’un patient présentant des DNLC ne
se résume jamais à un simple traitement symptomatique,
d’autant que des douleurs par excès de nociception sont toujours intriquées et que l’ensemble évolue dans un contexte
psychologique, familial et social propre à chaque patient.
Seule une prise en charge globale peut permettre de répondre
aux attentes du patient et de son entourage, ce qui nécessite
une équipe pluri-diciplinaire formée et motivée.
Conclusion
La douleur cancéreuse n’est que très rarement le fait
d’un seul excès de nociception : la morphine ne peut
constituer l’unique et/ou ultime traitement antalgique du
patient cancéreux. Les douleurs neuropathiques doivent
être recherchées de façon systématique chez le patient
cancéreux douloureux, et ce tout au long du suivi ; de
même un « échappement » au traitement morphinique doit
éveiller l’attention et faire rediscuter les origines du syndrome douloureux. Cette revue de littérature pointe la
multiplicité des types de DNLC : une meilleure connaissance des mécanismes en cause doit permettre une optimisation du traitement médicamenteux. Bien entendu une
prise en charge globale s’impose, basée sur une analyse
de la sémiologie et des mécanismes algogènes.
N° 4 – Septembre 2004
SYNTHÈSE
Florentin Clère
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