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© Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur
Histoire p. 186-203 / Hist-Géo p. 192-209
Chapitre 10
La Révolution française, l’affirmation
d’un nouvel univers politique
Programme
Durée: 10 heures Mise en œuvre dans le manuel
La question traite de la montée des
idées de liberté avant la Révolution
française, de son déclenchement
et des expériences politiques qui
l’ont marquée jusqu’au début de
l’Empire.
On met l’accent sur quelques jour-
nées révolutionnaires significa-
tives, le rôle d’acteurs, individuels
et collectifs, les bouleversements
politiques, économiques, sociaux et
religieux essentiels.
Le chapitre s’articule autour des trois axes majeurs du programme:
Dans un premier temps, les origines de la Révolution qui peuvent être traitées autour de 4études:
Les origines extérieures avec l’inuence en France des «Révolutions atlantiques» en étudiant
l’exemple américain (Étude p. 192 / p. 198).
Les origines sociales avec l’étude du climat révolutionnaire en France au XVIIIe et l’esprit de
rébellion (Étude p. 194 / p. 200).
Les origines culturelles avec l’étude du mouvement des Lumières incarné par un de ses acteurs
majeurs: Diderot (Étude p. 196 / p. 202).
Les origines économiques immédiates avec l’étude de la crise nancière de 1788 (Étude p. 197/
p. 203).
Le chapitre porte ensuite sur la dynamique révolutionnaire par le biais de quatre nouvelles études:
Un moment «rupture» avec l’étude des états généraux et des premiers événements révolution-
naires. Une page Histoire des Arts conforte la notion de journée révolutionnaire avec l’étude
d’un tableau portant sur la journée du 10 août 1792 (Étude p. 212 / p. 218).
Deux acteurs individuels/collectifs: d’abord, un acteur peu connu, Jean Rossignol, intégré à
un acteur collectif (les sans-culottes) dans la violence révolutionnaire (Étude p. 208 / p. 216).
Puis Robespierre, un acteur clé, montré dans l’ambiguïté de sa politique (Étude p. 210 / p. 216).
Ces deux parcours individuels sont inscrits dans la succession des régimes politiques et les
incarnent.
Un point sur les bouleversements politiques et sociaux avec une étude des nouveaux principes
révolutionnaires inscrits dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (Étude p. 211/
p. 217).
Le chapitre se termine sur un bilan de la portée révolutionnaire. Il s’articule autour des quatre der-
nières études qui permettent de mesurer les résonances de cet événement fondateur et ses limites:
D’abord, un nouvel acteur individuel, avec l’étude sur Théroigne de Méricourt qui traite des
bouleversements sociaux et de leurs limites (Étude p. 222 / p. 228).
Une étude sur l’Église et la Révolution aborde le bilan des bouleversements religieux (Étude
p.224 / p. 230).
Une étude sur la mémoire de la Révolution française permet de voir cet événement sur le temps
long et d’en mesurer la portée dans la construction de la nation (Étude p. 226 / p. 232).
L’étude sur la politisation des Français offre l’occasion de faire un point sur les bouleversements
politiques générés par la Révolution (opinion, souveraineté nationale) (Étude p. 227 / p. 233).
Du programme au manuel
1re partie
L’Histoire par l’image propose un hors-série spécial
Révolution: http://www.histoire-image.org/site/lettre_
info/hors-serie-revolution-francaise.php.
http://revolution-francaise.net/: site tenu par des his-
toriens universitaires. Les articles évoquent tous les
aspects de la Révolution (acteurs, iconographie, évé-
nements majeurs).
Bibliographie et sitographie
Biard Michel, Bourdin Philippe, Marzagalli Silvia, Révo-
lution, Consulat, Empire, 1789-1815, Histoire de France,
Belin, 2009.
Jessenne Jean-Pierre, Révolution et Empire, 1783-1815,
Carré Hachette, 2014, 2e édition revue et augmentée.
Martin Jean-Clément, La Révolution, La Documentation
photographique n°8054, La Documentation française,
2006.
86 © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur
Quatre notions clés, définies et contextualisées.
Quatre études permettant de construire une
démarche pédagogique et mettant l’accent sur des
études de cas.
Quatre documents iconographiques embléma-
tiques, associés à chaque notion.
Le Flambeau de l’univers. Cette estampe de la fin
du XVIIIe siècle permet de rappeler le rôle de la dif-
fusion des Lumières dans les origines culturelles
de la Révolution.
Destruction de la statue du roi anglais Georges
III à New York, 1776. Cette image rappelle le rôle
précurseur des Américains dans le renversement
d’une monarchie. L’étude de cette représentation
doit être envisagée dans le cadre plus large que
des historiens nomment les «révolutions atlan-
tiques». À la fin du XVIIIe siècle, des états ou des
colonies riverains de l’Atlantique (Angleterre,
Provinces-Unies, États-Unis) aspirent à de nou-
veaux principes politiques et sociaux libéraux.
Première page du pamphlet Qu’est-ce que le tiers
état? de l’Abbé Sieyès, 1789. Ce pamphlet est
emblématique des revendications du tiers état
depuis la seconde moitié du XVIIIe siècle, reven-
dications qui s’exaspèrent avec la crise financière
et l’échec des réformes fiscales.
La Journée des Tuiles. Cette représentation datant
de 1890 permet d’évoquer ce que l’on nomme par-
fois la «pré-révolution». Cette révolte à Grenoble
en 1788 montre les ambiguïtés et les contradic-
tions politiques et sociales de la période. Le peuple
soutient ici le Parlement de Grenoble dans un acte
d’insoumission à l’arbitraire royal (représenté ici
par les troupes) qui souhaite réduire le rôle du
Parlement. C’est la première journée d’émeute en
France où le pouvoir royal a cédé.
Repères p. 188-189 / p. 194-195
Lien avec le programme
Le programme invite à s’interroger sur la profondeur de
la rupture révolutionnaire, l’importance des boulever-
sements politiques, sociaux, économiques et culturels.
Outre la citation de Tocqueville, le jeu de cartes est un biais
culturel, accessible aux élèves, qui mobilise les dimen-
sions politiques et sociales de la rupture révolutionnaire.
Le document
Ce jeu de cartes témoigne de l’enracinement et de la diffu-
sion de ces bouleversements jusque dans des objets de la
vie quotidienne utilisés par toutes les classes de la société.
Ce document de 1794 est à placer dans le contexte de la
radicalisation du processus révolutionnaire alors que la
République peine à s’enraciner. Il montre explicitement
les aspects de l’Ancien Régime abandonnés (Bastille,
chaîne de l’esclavage). Les rois et reines sont remplacés
par des allégories des nouveaux principes politiques et
sociaux. Certains des personnages représentés renvoient
plutôt au peuple. Le renversement de la monarchie par la
République, les principes à l’origine de la future devise du
pays sont reconnaissables (liberté, égalité, fraternité mais
aussi les notions de loi, de droits). On repère aussi un cer-
tain nombre des nouveaux symboles nationaux (bonnet
phrygien, couleurs bleu/blanc/rouge).
Document iconographique p. 186-187 / p. 192-193
Jeu de cartes de l’an II, 1794, BNF.
Carte 1: cette carte historique évoquant le projet de
fondation des départements illustre la volonté des
révolutionnaires de fonder une nouvelle France. La
volonté est de mettre fin au «mille-feuille» admi-
nistratif de l’Ancien Régime. Cette réorganisation
spatiale répond au nouveau principe d’égalité qui
prévaut à partir de 1789.
Carte 2: cette carte à l’échelle locale est l’occasion
de montrer le rôle moteur de la ville de Paris dans
le processus révolutionnaire. On y repère les princi-
paux lieux emblématiques du renversement de l’An-
cien Régime, de la nouvelle vie politique et du rôle
de la rue, du peuple (journées révolutionnaires) et de
la violence d’État (guillotine).
Carte 3: les lieux importants évoqués dans le chapitre
(documents, Études, Cours) y sont localisés. Sa ver-
sion cliquable/décliquable en complément numérique
permet une utilisation au vidéoprojecteur. L’échelle
européenne permet de montrer la portée spatiale
de cet événement qui ne peut être réduit à la seule
échelle française :
L’environnement révolutionnaire (avant 1789) :
repérage de l’influence des révolutions exté-
rieures et antérieures et du rôle de la diffusion des
idées des Lumières.
La France révolutionnaire (1789-1799): partie cen-
trée sur les événements déclencheurs, les régions et
les acteurs favorables au processus révolutionnaire,
les batailles clés de la dynamique révolutionnaire.
Les opposants (1789-1799): partie centrée sur
les freins et oppositions à la Révolution. La
notion d’opposants s’entend de deux manières :
contre-révolution (royalistes) et autre forme sou-
haitée de la Révolution (fédéralistes). On montre
ainsi pourquoi la Révolution n’en finit pas en
montrant ses obstacles (divisions internes).
Cartes p. 190-191 / p. 196-197
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© Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur
Étude L’influence de la révolution américaine
en France à la fin du XVIIIe siècle p. 192-193 / p. 198-199
Quelle portée la révolution américaine a-t-elle en France?
Notion: les révolutions
Lien avec le programme
La fiche Éduscol indique: «L’exemple de la Révolution
américaine doit permettre de faire comprendre l’esprit
révolutionnaire qui traverse les dernières décennies
du XVIIIe siècle, aussi bien en Amérique du Nord qu’en
Europe, d’analyser la diversité des influences intellec-
tuelles à l’origine des notions de liberté, de nation, de
république (humanisme, révolutions anglaises, Lumières)
et de poser le problème de l’influence américaine sur les
mouvements européens des années 1780, en particulier
en France.»
Intérêt du sujet
Cette étude offre un double intérêt. Elle permet d’abord
de voir les ambiguïtés de la monarchie et de la société
française à la veille de la Révolution. Louis XVI aide
militairement un pays qui va instaurer un régime qui
renverse une monarchie quand bien même celle-ci est
anglaise (ennemi traditionnel de la France). La cour de
Versailles et une partie de la noblesse accueillent comme
un héros un philosophe des Lumières, Benjamin Fran-
klin (doc. 3) qui aspire à une société égalitaire (rejet des
privilèges liés à la naissance) dans laquelle les individus
ont des droits naturels.
Elle permet ensuite de voir les résonances et l’exempla-
rité que constituera la révolution américaine pour les
révolutionnaires. Pour certains, en termes de régime
politique (République), pour tous en termes de prin-
cipes politiques (souveraineté de la nation, droits natu-
rels, séparation des pouvoirs, égalité juridique). Ainsi,
la Déclaration des droits de Virginie de 1776 influencera
les rédacteurs de la Déclaration des droits de l’homme
et du citoyen de 1789.
Réponses aux questions
1. En déclarant son indépendance, la Virginie initie et
instaure des principes politiques inédits et trans-
gressifs (souveraineté du peuple, libertés, égalité
en droits) dans un pays jusqu’alors dominé par la
monarchie anglaise. La rupture est en fait à double
échelle: pour les États-Unis mais aussi pour l’Eu-
rope de l’Ouest dans la mesure où les États-Unis
vont devenir un modèle pour les patriotes euro-
péens.
2. Pour les philosophes des Lumières comme Condor-
cet, les États-Unis sont un modèle par l’exemple de
l’application de leurs principes politiques (exemple
«d’un grand peuple», «exposition simple et sublime
de ces droits si sacrés»). L Amérique témoigne aussi
de l’universalité de ces principes («ces droits sont
partout les mêmes»). Il s’agit dès lors de les appli-
quer aussi en Europe.
3. Les principes présents dans les deux documents
sont: égalité des droits et fin de la société d’ordres,
souveraineté de la nation (peuple).
4. Louis XVI, monarque absolu de légitimité divine,
à la tête d’un royaume fondé sur les inégalités
des ordres reçoit Benjamin Franklin, partisan d’un
régime républicain, fondé sur la souveraineté de la
nation (peuple) et l’égalité en droits des individus. La
France aide militairement l’instauration d’un régime
aux antipodes du sien.
Synthétiser
Rôle diplomatique
de B. Franklin
Aide militaire
de la France
13 colonies
américaines
Guerre
d’indépendance
Déclaration
d’indépendance
Constitution
des États-Unis
Influence américaine
sur la France
Schématiser
1. Benjamin Franklin : ambassadeur américain en
France, philosophe des Lumières, scientifique.
2. Princesse de Lamballe et Polignac : noblesse de
cour progressiste, elles tiennent salon, soutiennent
et assurent la promotion des idées des philosophes.
3. Louis XVI et Marie-Antoinette: roi et reine de France.
Position ambiguë, ils soutiennent les États-Unis, sont
sensibles à certaines des idées libérales des philo-
sophes mais ne sont pas favorables à une remise en
cause de l’ordre politique en France.
4. La cour de Versailles: même position ambiguë en
termes de remise en cause de leur statut privilégié.
5. Couronne de laurier: symbole de la reconnaissance
des génies et des sages.
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Vers le Bac
Le document 2 témoigne des « chassés croisés » des
idées des philosophes des Lumières entre la France et
les États-Unis. Les auteurs français (Voltaire, Montes-
quieu, Rousseau, Diderot, Condorcet) sont lus et connus
aux États-Unis. Ils influencent les motivations politiques
des insurgés patriotes des colonies américaines comme
Benjamin Franklin. On retrouve ainsi dans le doc. 2 des
références aux grands principes des Lumières (égalité des
droits, rejet des privilèges et des ordres, droit du peuple à
accepter ou rejeter un régime). À l’inverse, Condorcet voit
dans la révolution américaine une application pratique de
ces principes jusque-là seulement théoriques («exposi-
tion simple et sublime de ces droits sacrés», «spectacle
utile à tous les autres»).
Le document 3 offre un autre visage de cette fascination
à l’occasion de la visite de Franklin à Versailles en 1778.
Celui-ci est venu demander un appui financier et militaire
de la France dans la guerre d’indépendance que mènent les
colonies américaines pour s’affranchir du pouvoir monar-
chique anglais. Dans cette représentation, on montre sym-
boliquement l’accueil qui est fait à B. Franklin (couronne de
laurier et position centrale de l’ambassadeur philosophe
dans la composition). Les attitudes de certains nobles éclai-
rés de la cour révèlent l’attrait, ou tout du moins l’étonne-
ment que suscite la révolution américaine en France. Les
idées des philosophes et les événements américains étaient
connus à Versailles, notamment du fait des salons tenus
par certaines princesses (Lamballe, Polignac). Les postures
du couple royal ou de certains nobles témoignent aussi de
l’ambiguïté de leur position dans le soutien apporté.
Étude La rébellion française au XVIIIe siècle p. 194-195 / p. 200-201
Pourquoi peut-on parler d’un climat de rébellion à la veille de la Révolution?
Notion: la rébellion
Lien avec le programme
Le programme invite à montrer «la montée des idées de
liberté à la veille de la Révolution». Les fiches Éduscol
précisent la nécessité de «replacer l’événement révolu-
tionnaire dans le cycle de contestations, de révoltes et de
révolutions qui secoue l’Europe et l’Amérique du Nord
dans la seconde moitié du XVIIIe siècle». On fait référence
au mécontentement croissant de la population française,
manifestation de la « rébellion française ».
Intérêt du sujet
L’étude offre l’occasion de faire réfléchir les élèves sur
le temps long de la chaîne de causalité de la Révolution.
Avant de travailler sur les événements déclencheurs,
le professeur montre que la France est secouée depuis
de nombreuses années par des contestations de tous
ordres et dans toutes les classes de la société. À l’aide de
la citation, les élèves peuvent ainsi se demander pour-
quoi la Révolution éclate en 1789 et non avant.
L’étude montre plus particulièrement la question des
« émotions» populaires. Celles-ci sont souvent répri-
mées mais témoignent des rejets et/ou aspirations du
tiers état qui s’exprimeront de façon plus formalisée dans
les cahiers de doléances. Le cas proposé s’inscrit dans ce
que des historiens nomment la pré-révolution. La révolte
de la manufacture Réveillon témoigne de la fracture gran-
dissante entre les ordres (tiers état / noblesse ici) et du
climat de rébellion lié aux difficultés sociales et écono-
miques de la fin du XVIIIe siècle. Le document 2 permet
d’inscrire cette révolte dans le siècle et dans un «climat
révolutionnaire».
Réponses aux questions
1. Les rébellions se développent dans un contexte
global de difficultés économiques et sociales et de
mécontentement généralisé. Nous sommes à la
veille de la réunion des états généraux (avril 1789).
L’exaspération et les aspirations populaires pour
moins de pression fiscale et plus d’égalité sont
hautes. Les ouvriers de cette révolte participeront à
la prise de la Bastille.
2. La seconde moitié du XVIIIe siècle connaît une
recrudescence des révoltes. La moyenne de 200
révoltes par an jusque dans les années 1740 passe à
une moyenne de 400 les années suivantes. L’année
1789 constitue un pic inégalé (869 révoltes).
3. La révolte des ouvriers s’explique par les craintes
concernant les salaires. Des rumeurs laissent à pen-
ser qu’ils vont être divisés par deux ou trois.
4. Le mécontentement des ouvriers s’exprime par
une révolte qui aboutit à du vandalisme: destruc-
tion dans la manufacture mais aussi dans la maison
même du propriétaire de l’usine de papiers peints
Réveillon (incendies, saccages).
Synthétiser
Le document 2 montre la fracture entre les ordres: ici
le tiers état (et plus particulièrement le petit peuple
ouvrier) et la noblesse. J.B. Réveillon évoque d’abord
les reproches à son encontre de vouloir baisser les
salaires. On lui reproche également d’être «l’ami de
la Noblesse». Dans les faits, dans un contexte de crise
et de baisse de la consommation des biens industriels,
Réveillon souhaitait également dérèglementer la distri-
bution du pain pour en favoriser la baisse du prix. Cela
aurait permis de réduire les salaires et donc les coûts
de production.
Plus globalement, les révoltes témoignent souvent d’un
sentiment d’injustice perceptible dans le document 3.
On reproche alors à la noblesse de tenir à ses privilèges
et notamment de rejeter toute réforme qui aboutirait à
lui faire payer des impôts dans un contexte de pénurie
ou de difficulté de subsistance. La fracture est interne
aussi dans le tiers état: la bourgeoisie libérale fait face
à l’attachement au corporatisme vécu comme protecteur
par les petits salariés.
Schématiser
La révolte éclate au sein de la manufacture de la Folie
Tinton employant 300 ouvriers appartenant à l’entrepre-
neur de papiers peints Réveillon. Elle dure trois jours
(du 26 au 28 avril 1789) et s’étend à l’ensemble du quar-
tier populaire et ouvrier du faubourg Saint-Antoine à
Paris. Elle aboutit à un affrontement entre les insurgés
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ouvriers (200 morts et 300 blessés) et les troupes royales
(12 morts et 80 blessés).
L’auteur insiste plus sur les actes de vandalisme que sur
les revendications salariales et les difficultés d’existence
du monde ouvrier dans un contexte de crise économique
et sociale des années 1788-1789. 2 : personne en état
d’ébriété – 1, 4 et 6: destruction des ornements du jar-
din– 3 et 5: incendie du mobilier de la maison du patron
de l’entreprise Réveillon.
Vers le Bac
On peut distinguer cinq types de facteurs des révoltes,
essentiellement sociaux. Tout d’abord, de nombreuses
révoltes tiennent aux relations entre classes sociales
et ordres. La société d’ordres et les privilèges affiliés à
la noblesse et au clergé provoquent des tensions et un
sentiment d’injustice. Le tiers état, notamment dans ses
classes supérieures (bourgeoisie) aspire à plus d’égalité
et remet en cause le bien-fondé de la fonction militaire
de la noblesse.
Le sentiment d’injustice tient particulièrement à la
question fiscale. Les ordres privilégiés ne paient pas
d’impôt alors que le tiers supporte l’essentiel de la
charge. En outre, la pression fiscale ne cesse d’aug-
menter. La dette financière de la monarchie amène à
créer de nouveaux impôts et le gouvernement monar-
chique se montre incapable de réformer et de faire par-
ticiper la noblesse et le clergé (échec des réformes de
Calonne, Brienne, Turgot).
Le monde du travail connaît aussi des révoltes. Dans
les campagnes, elles portent surtout sur les droits sei-
gneuriaux et les corvées. Dans les villes, elles portent
davantage sur les salaires et les réformes des corpora-
tions de métiers.
Enfin, l’ensemble de ces facteurs sociaux peuvent
s’exacerber lors de crises frumentaires. Les mauvaises
récoltes, les situations de pénurie provoquent la colère
du peuple confronté à des difficultés de subsistance.
Dans une moindre mesure, un dernier facteur, d’ordre
plus culturel, explique des révoltes: la question reli-
gieuse et l’opposition entre les différents courants. Par
exemple, au XVIII
e
siècle, le jansénisme s’oppose à
l’orientation de la doctrine catholique et à ses liens avec
le pouvoir absolutiste. Les révoltes peuvent aussi s’ex-
pliquer par l’opposition doctrinale de l’Église catholique
à des pratiques populaires (superstitions).
Réponses aux questions
1. L’argumentation de Diderot renverse les concep-
tions de la légitimité du pouvoir politique. Ce der-
nier ne doit pas venir «d’en haut», c’est-à-dire de
Dieu mais «d’en bas» c’est-à-dire du peuple, suite
à un libre consentement («aucun homme n’a reçu
de la nature le droit de commander aux autres»,
«la couronne, le gouvernement et l’autorité poli-
tique sont des biens dont le corps de la nation est
propriétaire, et dont les princes sont les ministres»).
Diderot pose ici les principes de la souveraineté de
la nation («peuple», «bien public», «corps de la
nation»).
2. L’Église catholique est ici critiquée. Diderot remet en
cause deux aspects du pouvoir de l’Église. Avec la
couronne à terre et le sceptre brisé, c’est le pouvoir
politique (alliance du trône et de l’autel) de l’Église
catholique qui est rejeté. Celle-ci soutient et conseille
la monarchie absolue et lui donne sa légitimité (droit
divin). La sphinge et le masque renvoient au poids
«culturel» de l’Église et l’associent à l’obscuran-
tisme. Diderot aspire à une religion plus « natu-
relle», délivrée de l’intolérance où vocation morale
de la religion, éducation, accès à la connaissance et
sciences sont conciliables.
Vers le Bac
D’une manière générale, les philosophes, et Diderot en
particulier, réprouvent le principe de la monarchie absolue
de droit divin. L’absolutisme est rejeté au nom des droits
naturels. Les hommes ne sont plus des «sujets» d’un roi
et son royaume mais des individus, des membres d’un
Notion: les Lumières
Lien avec le programme
Le programme invite à montrer « la montée des idées
de liberté à la veille de la Révolution». Les fiches Édus-
col précisent qu’il convient « d’analyser la diversité
des influences intellectuelles à l’origine des notions de
liberté, de nation, de république (humanisme, révolutions
anglaises, Lumières)».
Intérêt du sujet
Le cas de Diderot permet d’évoquer le mouvement des
Lumières et l’influence et le rôle de l’Encyclopédie. Cet
auteur est particulièrement emblématique de la remise
en cause des fondements de l’ordre politique de l’Ancien
Régime puisque ses écrits s’attaquent au rôle de l’Église
et à la légitimité du pouvoir. Cette étude permet d’évi-
ter certaines idées reçues ou anachronismes. Dans leur
grande majorité, les philosophes ne sont ni antimonar-
chistes, ni opposés au principe de l’existence d’un dieu
ou d’un «principe supérieur». Ces derniers veulent en
revanche renverser l’origine du pouvoir en donnant la
légitimité à la nation et réduire l’influence des institutions
traditionnelles comme l’Église. Le projet éditorial de Dide-
rot, quelle que soit la nature de ses écrits (roman, diction-
naire, essais), symbolise les aspects essentiels du courant
des Lumières: savoirs délivrés de l’influence de l’Église,
esprit critique, tolérance, droits naturels des hommes ou
«individus», légitimité et exercice du pouvoir. La portée
politique de ses écrits lui vaut la censure et permet de
poser la question des libertés fondamentales dont celle de
la liberté d’expression à la veille de la Révolution.
Étude Diderot, un philosophe
du siècle des Lumières p. 196 / p. 200
En quoi, la pensée de Diderot bouleverse-t-elle l’ordre établi?
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