Chapitre 10 1re partie La Révolution française, l’affirmation d’un nouvel univers politique ➤ Histoire p. 186-203 / Hist-Géo p. 192-209 Du programme au manuel Programme Durée : 10 heures La question traite de la montée des idées de liberté avant la Révolution française, de son déclenchement et des expériences politiques qui l’ont marquée jusqu’au début de l’Empire. On met l’accent sur quelques journées révolutionnaires significatives, le rôle d’acteurs, individuels et collectifs, les bouleversements politiques, économiques, sociaux et religieux essentiels. Mise en œuvre dans le manuel Le chapitre s’articule autour des trois axes majeurs du programme : Dans un premier temps, les origines de la Révolution qui peuvent être traitées autour de 4 études : – L es origines extérieures avec l’influence en France des « Révolutions atlantiques » en étudiant l’exemple américain (Étude p. 192 / p. 198). – L es origines sociales avec l’étude du climat révolutionnaire en France au XVIIIe et l’esprit de rébellion (Étude p. 194 / p. 200). – L es origines culturelles avec l’étude du mouvement des Lumières incarné par un de ses acteurs majeurs : Diderot (Étude p. 196 / p. 202). – L es origines économiques immédiates avec l’étude de la crise financière de 1788 (Étude p. 197 / p. 203). Le chapitre porte ensuite sur la dynamique révolutionnaire par le biais de quatre nouvelles études : –U n moment « rupture » avec l’étude des états généraux et des premiers événements révolutionnaires. Une page Histoire des Arts conforte la notion de journée révolutionnaire avec l’étude d’un tableau portant sur la journée du 10 août 1792 (Étude p. 212 / p. 218). –D eux acteurs individuels/collectifs: d’abord, un acteur peu connu, Jean Rossignol, intégré à un acteur collectif (les sans-culottes) dans la violence révolutionnaire (Étude p. 208 / p. 216). Puis Robespierre, un acteur clé, montré dans l’ambiguïté de sa politique (Étude p. 210 / p. 216). Ces deux parcours individuels sont inscrits dans la succession des régimes politiques et les incarnent. –U n point sur les bouleversements politiques et sociaux avec une étude des nouveaux principes révolutionnaires inscrits dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (Étude p. 211 / p. 217). Le chapitre se termine sur un bilan de la portée révolutionnaire. Il s’articule autour des quatre dernières études qui permettent de mesurer les résonances de cet événement fondateur et ses limites : –D ’abord, un nouvel acteur individuel, avec l’étude sur Théroigne de Méricourt qui traite des bouleversements sociaux et de leurs limites (Étude p. 222 / p. 228). –U ne étude sur l’Église et la Révolution aborde le bilan des bouleversements religieux (Étude p. 224 / p. 230). –U ne étude sur la mémoire de la Révolution française permet de voir cet événement sur le temps long et d’en mesurer la portée dans la construction de la nation (Étude p. 226 / p. 232). – L ’étude sur la politisation des Français offre l’occasion de faire un point sur les bouleversements politiques générés par la Révolution (opinion, souveraineté nationale) (Étude p. 227 / p. 233). Bibliographie et sitographie ✔✔ Biard Michel, Bourdin Philippe, Marzagalli Silvia, Révolution, Consulat, Empire, 1789-1815, Histoire de France, Belin, 2009. ✔✔ Jessenne Jean-Pierre, Révolution et Empire, 1783-1815, Carré Hachette, 2014, 2e édition revue et augmentée. ✔✔ Martin Jean-Clément, La Révolution, La Documentation photographique n°8054, La Documentation française, 2006. ✔✔ L’Histoire par l’image propose un hors-série spécial Révolution : http://www.histoire-image.org/site/lettre_ info/hors-serie-revolution-francaise.php. ✔✔ http://revolution-francaise.net/ : site tenu par des historiens universitaires. Les articles évoquent tous les aspects de la Révolution (acteurs, iconographie, événements majeurs). © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur 85 Document iconographique ➤ p. 186-187 / p. 192-193 Jeu de cartes de l’an II, 1794, BNF. ◗◗ Lien avec le programme Le programme invite à s’interroger sur la profondeur de la rupture révolutionnaire, l’importance des bouleversements politiques, sociaux, économiques et culturels. Outre la citation deTocqueville, le jeu de cartes est un biais culturel, accessible aux élèves, qui mobilise les dimensions politiques et sociales de la rupture révolutionnaire. ◗◗ Le document Ce jeu de cartes témoigne de l’enracinement et de la diffusion de ces bouleversements jusque dans des objets de la vie quotidienne utilisés par toutes les classes de la société. Ce document de 1794 est à placer dans le contexte de la radicalisation du processus révolutionnaire alors que la République peine à s’enraciner. Il montre explicitement les aspects de l’Ancien Régime abandonnés (Bastille, chaîne de l’esclavage). Les rois et reines sont remplacés par des allégories des nouveaux principes politiques et sociaux. Certains des personnages représentés renvoient plutôt au peuple. Le renversement de la monarchie par la République, les principes à l’origine de la future devise du pays sont reconnaissables (liberté, égalité, fraternité mais aussi les notions de loi, de droits). On repère aussi un certain nombre des nouveaux symboles nationaux (bonnet phrygien, couleurs bleu/blanc/rouge). Repères ➤ p. 188-189 / p. 194-195 −− Quatre notions clés, définies et contextualisées. −− Quatre études permettant de construire une démarche pédagogique et mettant l’accent sur des études de cas. −− Quatre documents iconographiques emblématiques, associés à chaque notion. •• Le Flambeau de l’univers. Cette estampe de la fin du XVIIIe siècle permet de rappeler le rôle de la diffusion des Lumières dans les origines culturelles de la Révolution. •• Destruction de la statue du roi anglais Georges III à New York, 1776. Cette image rappelle le rôle précurseur des Américains dans le renversement d’une monarchie. L’étude de cette représentation doit être envisagée dans le cadre plus large que des historiens nomment les « révolutions atlantiques ». À la fin du XVIIIe siècle, des états ou des colonies riverains de l’Atlantique (Angleterre, Provinces-Unies, États-Unis) aspirent à de nouveaux principes politiques et sociaux libéraux. •• Première page du pamphlet Qu’est-ce que le tiers état ? de l’Abbé Sieyès, 1789. Ce pamphlet est emblématique des revendications du tiers état depuis la seconde moitié du XVIIIe siècle, revendications qui s’exaspèrent avec la crise financière et l’échec des réformes fiscales. •• La Journée des Tuiles. Cette représentation datant de 1890 permet d’évoquer ce que l’on nomme parfois la « pré-révolution ». Cette révolte à Grenoble en 1788 montre les ambiguïtés et les contradictions politiques et sociales de la période. Le peuple soutient ici le Parlement de Grenoble dans un acte d’insoumission à l’arbitraire royal (représenté ici par les troupes) qui souhaite réduire le rôle du Parlement. C’est la première journée d’émeute en France où le pouvoir royal a cédé. Cartes ➤ p. 190-191 / p. 196-197 −− Carte 1 : cette carte historique évoquant le projet de fondation des départements illustre la volonté des révolutionnaires de fonder une nouvelle France. La volonté est de mettre fin au « mille-feuille » administratif de l’Ancien Régime. Cette réorganisation spatiale répond au nouveau principe d’égalité qui prévaut à partir de 1789. −− Carte 2 : cette carte à l’échelle locale est l’occasion de montrer le rôle moteur de la ville de Paris dans le processus révolutionnaire. On y repère les principaux lieux emblématiques du renversement de l’Ancien Régime, de la nouvelle vie politique et du rôle de la rue, du peuple (journées révolutionnaires) et de la violence d’État (guillotine). −− Carte 3 : les lieux importants évoqués dans le chapitre (documents, Études, Cours) y sont localisés. Sa version cliquable/décliquable en complément numérique permet une utilisation au vidéoprojecteur. L’échelle 86 européenne permet de montrer la portée spatiale de cet événement qui ne peut être réduit à la seule échelle française : •• L’environnement révolutionnaire (avant 1789) : repérage de l’influence des révolutions extérieures et antérieures et du rôle de la diffusion des idées des Lumières. •• La France révolutionnaire (1789-1799) : partie centrée sur les événements déclencheurs, les régions et les acteurs favorables au processus révolutionnaire, les batailles clés de la dynamique révolutionnaire. •• Les opposants (1789-1799) : partie centrée sur les freins et oppositions à la Révolution. La notion d’opposants s’entend de deux manières : contre-révolution (royalistes) et autre forme souhaitée de la Révolution (fédéralistes). On montre ainsi pourquoi la Révolution n’en finit pas en montrant ses obstacles (divisions internes). © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur Étude L ’influence de la révolution américaine en France à la fin du XVIIIe siècle ➤ p. 192-193 / p. 198-199 ➥ Quelle portée la révolution américaine a-t-elle en France ? Notion : les révolutions ◗◗ Lien avec le programme La fiche Éduscol indique : « L’exemple de la Révolution américaine doit permettre de faire comprendre l’esprit révolutionnaire qui traverse les dernières décennies du XVIIIe siècle, aussi bien en Amérique du Nord qu’en Europe, d’analyser la diversité des influences intellectuelles à l’origine des notions de liberté, de nation, de république (humanisme, révolutions anglaises, Lumières) et de poser le problème de l’influence américaine sur les mouvements européens des années 1780, en particulier en France. » des ordres reçoit Benjamin Franklin, partisan d’un régime républicain, fondé sur la souveraineté de la nation (peuple) et l’égalité en droits des individus. La France aide militairement l’instauration d’un régime aux antipodes du sien. ◗◗ Synthétiser Rôle diplomatique de B. Franklin ◗◗ Intérêt du sujet Cette étude offre un double intérêt. Elle permet d’abord de voir les ambiguïtés de la monarchie et de la société française à la veille de la Révolution. Louis XVI aide militairement un pays qui va instaurer un régime qui renverse une monarchie quand bien même celle-ci est anglaise (ennemi traditionnel de la France). La cour de Versailles et une partie de la noblesse accueillent comme un héros un philosophe des Lumières, Benjamin Franklin (doc. 3) qui aspire à une société égalitaire (rejet des privilèges liés à la naissance) dans laquelle les individus ont des droits naturels. Elle permet ensuite de voir les résonances et l’exemplarité que constituera la révolution américaine pour les révolutionnaires. Pour certains, en termes de régime politique (République), pour tous en termes de principes politiques (souveraineté de la nation, droits naturels, séparation des pouvoirs, égalité juridique). Ainsi, la Déclaration des droits de Virginie de 1776 influencera les rédacteurs de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Aide militaire de la France 13 colonies américaines Influence américaine sur la France Guerre d’indépendance Déclaration d’indépendance ◗◗ Réponses aux questions 1. En déclarant son indépendance, la Virginie initie et instaure des principes politiques inédits et transgressifs (souveraineté du peuple, libertés, égalité en droits) dans un pays jusqu’alors dominé par la monarchie anglaise. La rupture est en fait à double échelle : pour les États-Unis mais aussi pour l’Europe de l’Ouest dans la mesure où les États-Unis vont devenir un modèle pour les patriotes européens. 2. Pour les philosophes des Lumières comme Condorcet, les États-Unis sont un modèle par l’exemple de l’application de leurs principes politiques (exemple « d’un grand peuple », « exposition simple et sublime de ces droits si sacrés »). L’ Amérique témoigne aussi de l’universalité de ces principes (« ces droits sont partout les mêmes »). Il s’agit dès lors de les appliquer aussi en Europe. 3. Les principes présents dans les deux documents sont : égalité des droits et fin de la société d’ordres, souveraineté de la nation (peuple). 4. Louis XVI, monarque absolu de légitimité divine, à la tête d’un royaume fondé sur les inégalités Constitution des États-Unis ◗◗ Schématiser 1. Benjamin Franklin : ambassadeur américain en France, philosophe des Lumières, scientifique. 2. Princesse de Lamballe et Polignac : noblesse de cour progressiste, elles tiennent salon, soutiennent et assurent la promotion des idées des philosophes. 3. Louis XVI et Marie-Antoinette : roi et reine de France. Position ambiguë, ils soutiennent les États-Unis, sont sensibles à certaines des idées libérales des philosophes mais ne sont pas favorables à une remise en cause de l’ordre politique en France. 4. La cour de Versailles : même position ambiguë en termes de remise en cause de leur statut privilégié. 5. Couronne de laurier : symbole de la reconnaissance des génies et des sages. © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur 87 ◗◗ Vers le Bac Le document 2 témoigne des « chassés croisés » des idées des philosophes des Lumières entre la France et les États-Unis. Les auteurs français (Voltaire, Montesquieu, Rousseau, Diderot, Condorcet) sont lus et connus aux États-Unis. Ils influencent les motivations politiques des insurgés patriotes des colonies américaines comme Benjamin Franklin. On retrouve ainsi dans le doc. 2 des références aux grands principes des Lumières (égalité des droits, rejet des privilèges et des ordres, droit du peuple à accepter ou rejeter un régime). À l’inverse, Condorcet voit dans la révolution américaine une application pratique de ces principes jusque-là seulement théoriques (« exposition simple et sublime de ces droits sacrés », « spectacle utile à tous les autres »). Étude Le document 3 offre un autre visage de cette fascination à l’occasion de la visite de Franklin à Versailles en 1778. Celui-ci est venu demander un appui financier et militaire de la France dans la guerre d’indépendance que mènent les colonies américaines pour s’affranchir du pouvoir monarchique anglais. Dans cette représentation, on montre symboliquement l’accueil qui est fait à B. Franklin (couronne de laurier et position centrale de l’ambassadeur philosophe dans la composition). Les attitudes de certains nobles éclairés de la cour révèlent l’attrait, ou tout du moins l’étonnement que suscite la révolution américaine en France. Les idées des philosophes et les événements américains étaient connus à Versailles, notamment du fait des salons tenus par certaines princesses (Lamballe, Polignac). Les postures du couple royal ou de certains nobles témoignent aussi de l’ambiguïté de leur position dans le soutien apporté. L a rébellion française au XVIIIe siècle ➤ p. 194-195 / p. 200-201 ➥ Pourquoi peut-on parler d’un climat de rébellion à la veille de la Révolution ? Notion : la rébellion ◗◗ Lien avec le programme Le programme invite à montrer « la montée des idées de liberté à la veille de la Révolution ». Les fiches Éduscol précisent la nécessité de « replacer l’événement révolutionnaire dans le cycle de contestations, de révoltes et de révolutions qui secoue l’Europe et l’Amérique du Nord dans la seconde moitié du XVIIIe siècle ». On fait référence au mécontentement croissant de la population française, manifestation de la « rébellion française ». ◗◗ Intérêt du sujet L’étude offre l’occasion de faire réfléchir les élèves sur le temps long de la chaîne de causalité de la Révolution. Avant de travailler sur les événements déclencheurs, le professeur montre que la France est secouée depuis de nombreuses années par des contestations de tous ordres et dans toutes les classes de la société. À l’aide de la citation, les élèves peuvent ainsi se demander pourquoi la Révolution éclate en 1789 et non avant. L’étude montre plus particulièrement la question des « émotions » populaires. Celles-ci sont souvent réprimées mais témoignent des rejets et/ou aspirations du tiers état qui s’exprimeront de façon plus formalisée dans les cahiers de doléances. Le cas proposé s’inscrit dans ce que des historiens nomment la pré-révolution. La révolte de la manufacture Réveillon témoigne de la fracture grandissante entre les ordres (tiers état / noblesse ici) et du climat de rébellion lié aux difficultés sociales et économiques de la fin du XVIIIe siècle. Le document 2 permet d’inscrire cette révolte dans le siècle et dans un « climat révolutionnaire ». ◗◗ Réponses aux questions 1. Les rébellions se développent dans un contexte global de difficultés économiques et sociales et de mécontentement généralisé. Nous sommes à la veille de la réunion des états généraux (avril 1789). L’exaspération et les aspirations populaires pour moins de pression fiscale et plus d’égalité sont hautes. Les ouvriers de cette révolte participeront à la prise de la Bastille. 88 2. La seconde moitié du XVIIIe siècle connaît une recrudescence des révoltes. La moyenne de 200 révoltes par an jusque dans les années 1740 passe à une moyenne de 400 les années suivantes. L’année 1789 constitue un pic inégalé (869 révoltes). 3. La révolte des ouvriers s’explique par les craintes concernant les salaires. Des rumeurs laissent à penser qu’ils vont être divisés par deux ou trois. 4. Le mécontentement des ouvriers s’exprime par une révolte qui aboutit à du vandalisme : destruction dans la manufacture mais aussi dans la maison même du propriétaire de l’usine de papiers peints Réveillon (incendies, saccages). ◗◗ Synthétiser Le document 2 montre la fracture entre les ordres : ici le tiers état (et plus particulièrement le petit peuple ouvrier) et la noblesse. J.B. Réveillon évoque d’abord les reproches à son encontre de vouloir baisser les salaires. On lui reproche également d’être « l’ami de la Noblesse ». Dans les faits, dans un contexte de crise et de baisse de la consommation des biens industriels, Réveillon souhaitait également dérèglementer la distribution du pain pour en favoriser la baisse du prix. Cela aurait permis de réduire les salaires et donc les coûts de production. Plus globalement, les révoltes témoignent souvent d’un sentiment d’injustice perceptible dans le document 3. On reproche alors à la noblesse de tenir à ses privilèges et notamment de rejeter toute réforme qui aboutirait à lui faire payer des impôts dans un contexte de pénurie ou de difficulté de subsistance. La fracture est interne aussi dans le tiers état : la bourgeoisie libérale fait face à l’attachement au corporatisme vécu comme protecteur par les petits salariés. ◗◗ Schématiser La révolte éclate au sein de la manufacture de la Folie Tinton employant 300 ouvriers appartenant à l’entrepreneur de papiers peints Réveillon. Elle dure trois jours (du 26 au 28 avril 1789) et s’étend à l’ensemble du quartier populaire et ouvrier du faubourg Saint-Antoine à Paris. Elle aboutit à un affrontement entre les insurgés © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur ouvriers (200 morts et 300 blessés) et les troupes royales (12 morts et 80 blessés). L’auteur insiste plus sur les actes de vandalisme que sur les revendications salariales et les difficultés d’existence du monde ouvrier dans un contexte de crise économique et sociale des années 1788-1789. 2 : personne en état d’ébriété – 1, 4 et 6 : destruction des ornements du jardin – 3 et 5 : incendie du mobilier de la maison du patron de l’entreprise Réveillon. ◗◗ Vers le Bac On peut distinguer cinq types de facteurs des révoltes, essentiellement sociaux. Tout d’abord, de nombreuses révoltes tiennent aux relations entre classes sociales et ordres. La société d’ordres et les privilèges affiliés à la noblesse et au clergé provoquent des tensions et un sentiment d’injustice. Le tiers état, notamment dans ses classes supérieures (bourgeoisie) aspire à plus d’égalité et remet en cause le bien-fondé de la fonction militaire de la noblesse. Le sentiment d’injustice tient particulièrement à la question fiscale. Les ordres privilégiés ne paient pas d’impôt alors que le tiers supporte l’essentiel de la Étude charge. En outre, la pression fiscale ne cesse d’augmenter. La dette financière de la monarchie amène à créer de nouveaux impôts et le gouvernement monarchique se montre incapable de réformer et de faire participer la noblesse et le clergé (échec des réformes de Calonne, Brienne, Turgot). Le monde du travail connaît aussi des révoltes. Dans les campagnes, elles portent surtout sur les droits seigneuriaux et les corvées. Dans les villes, elles portent davantage sur les salaires et les réformes des corporations de métiers. Enfin, l’ensemble de ces facteurs sociaux peuvent s’exacerber lors de crises frumentaires. Les mauvaises récoltes, les situations de pénurie provoquent la colère du peuple confronté à des difficultés de subsistance. Dans une moindre mesure, un dernier facteur, d’ordre plus culturel, explique des révoltes : la question religieuse et l’opposition entre les différents courants. Par exemple, au XVIIIe siècle, le jansénisme s’oppose à l’orientation de la doctrine catholique et à ses liens avec le pouvoir absolutiste. Les révoltes peuvent aussi s’expliquer par l’opposition doctrinale de l’Église catholique à des pratiques populaires (superstitions). D iderot, un philosophe du siècle des Lumières ➤ p. 196 / p. 200 ➥ En quoi, la pensée de Diderot bouleverse-t-elle l’ordre établi ? ◗◗ Réponses aux questions Notion : les Lumières ◗◗ Lien avec le programme Le programme invite à montrer « la montée des idées de liberté à la veille de la Révolution ». Les fiches Éduscol précisent qu’il convient « d’analyser la diversité des influences intellectuelles à l’origine des notions de liberté, de nation, de république (humanisme, révolutions anglaises, Lumières) ». ◗◗ Intérêt du sujet Le cas de Diderot permet d’évoquer le mouvement des Lumières et l’influence et le rôle de l’Encyclopédie. Cet auteur est particulièrement emblématique de la remise en cause des fondements de l’ordre politique de l’Ancien Régime puisque ses écrits s’attaquent au rôle de l’Église et à la légitimité du pouvoir. Cette étude permet d’éviter certaines idées reçues ou anachronismes. Dans leur grande majorité, les philosophes ne sont ni antimonarchistes, ni opposés au principe de l’existence d’un dieu ou d’un « principe supérieur ». Ces derniers veulent en revanche renverser l’origine du pouvoir en donnant la légitimité à la nation et réduire l’influence des institutions traditionnelles comme l’Église. Le projet éditorial de Diderot, quelle que soit la nature de ses écrits (roman, dictionnaire, essais), symbolise les aspects essentiels du courant des Lumières : savoirs délivrés de l’influence de l’Église, esprit critique, tolérance, droits naturels des hommes ou « individus », légitimité et exercice du pouvoir. La portée politique de ses écrits lui vaut la censure et permet de poser la question des libertés fondamentales dont celle de la liberté d’expression à la veille de la Révolution. 1. L’argumentation de Diderot renverse les conceptions de la légitimité du pouvoir politique. Ce dernier ne doit pas venir « d’en haut », c’est-à-dire de Dieu mais « d’en bas » c’est-à-dire du peuple, suite à un libre consentement (« aucun homme n’a reçu de la nature le droit de commander aux autres », « la couronne, le gouvernement et l’autorité politique sont des biens dont le corps de la nation est propriétaire, et dont les princes sont les ministres »). Diderot pose ici les principes de la souveraineté de la nation (« peuple », « bien public », « corps de la nation »). 2. L’Église catholique est ici critiquée. Diderot remet en cause deux aspects du pouvoir de l’Église. Avec la couronne à terre et le sceptre brisé, c’est le pouvoir politique (alliance du trône et de l’autel) de l’Église catholique qui est rejeté. Celle-ci soutient et conseille la monarchie absolue et lui donne sa légitimité (droit divin). La sphinge et le masque renvoient au poids « culturel » de l’Église et l’associent à l’obscurantisme. Diderot aspire à une religion plus « naturelle », délivrée de l’intolérance où vocation morale de la religion, éducation, accès à la connaissance et sciences sont conciliables. ◗◗ Vers le Bac D’une manière générale, les philosophes, et Diderot en particulier, réprouvent le principe de la monarchie absolue de droit divin. L’absolutisme est rejeté au nom des droits naturels. Les hommes ne sont plus des « sujets » d’un roi et son royaume mais des individus, des membres d’un © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur 89 « corps » (la nation) disposant de droits fondamentaux : liberté, égalité en droits. Le principe de souveraineté de la nation est perceptible dans l’article Autorité politique que Diderot rédige pour l’Encyclopédie en 1771. L’auteur s’y interroge sur la légitimité et l’origine du pouvoir des rois ou gouvernements. Diderot y établit le fait que la puissance ou le pouvoir politique sont un bien « public » de la nation (« pleine propriété ») et que celle-ci la délègue à un gouvernement (les princes sont les « ministres » de la nation), ou une famille y compris de façon héréditaire. On a ici une référence claire au principe de la monarchie française et à la loi salique (règle de la succession du royaume de France par primogéniture masculine). Diderot opère donc un renversement de la légitimité du pouvoir qui n’est plus le fait du souverain tout puissant mais du peuple qui consent à la lui déléguer. La notion de droit divin est elle aussi rejetée. Plus globalement, c’est le poids de l’Église qui est remis en cause. Depuis des siècles, l’alliance du trône et de l’autel est un fait. La monarchie française est la « fille aînée de l’Église », et Dieu fait le roi comme l’a théorisé Bossuet, évêque de Étude Meaux, à propos de Louis XIV, au XVIIe siècle. En disant, « aucun homme n’a reçu de la nature le droit de commander aux autres », Diderot s’attaque à l’origine divine du pouvoir royal. L’auteur ne s’oppose pas qu’au pouvoir politique de l’Église mais plus globalement à son pouvoir intellectuel et sociétal. Dans les Pensées philosophiques de 1746, éditées anonymement pour échapper à la censure, il réprouve l’emprise de l’Église sur la société, sa censure dans le domaine des idées et des savoirs. Les philosophes des Lumières s’accordent pour lutter contre l’obscurantisme et l’intolérance de l’Église catholique au profit de l’esprit critique et de la raison. Ils associent les religions révélées à des superstitions même s’ils ne remettent pas en cause le rôle moral de certaines prescriptions religieuses et la croyance en un principe supérieur. L’allégorie du frontispice symbolise ces deux fronts de remise en cause : politique avec la couronne renversée et le sceptre brisé et culturelle avec la sphinge (symbole des discours incompréhensibles des fanatiques c’est-à-dire des théologiens) et le masque de la superstition. L ’échec de la réforme financière ➤ p. 197 / p. 203 ➥ Pourquoi le roi doit-il se résoudre à convoquer les états généraux ? Notion : la société d’ordres ◗◗ Lien avec le programme Le programme invite à montrer l’enchaînement qui conduit au déclenchement de la Révolution française et notamment la crise d’un système politique et social qui se manifeste dès le milieu du XVIIIe siècle et qui s’accélère dans les années 1787-1989. L’étude de l’échec de la réforme financière permet d’illustrer la crise économique latente qui grandit sous le règne de Louis XVI et révèle implicitement les blocages politiques et sociaux de l’Ancien Régime. ◗◗ Intérêt du sujet L’impasse autour du budget du royaume de France à la fin du XVIIIe siècle est considérée comme l’un des événements déclencheurs de la Révolution française. C’est en effet pour sortir de cette impasse que le roi Louis XVI convoque les états généraux en 1789. Si les cahiers de doléances du tiers état réclament une répartition des impôts entre les trois ordres, les députés de la noblesse et du clergé tentent de défendre leurs privilèges de l’Ancien Régime et refusent d’envisager une telle proposition. ◗◗ Le document numérique intégré www.lienmini.fr/magnard-hg2-019 Le document 3 de cette étude est constitué par un Power Point interactif répondant à la demande du programme de faire appel aux technologies de l’information et de la communication (TIC) comme supports documentaires et comme outils de travail personnel. À partir de l’étude détaillée et attrayante du budget de l’année 1788, il permet de travailler de façon approfondie le thème proposé. 90 Sa conception en fait un outil adapté à différentes approches pédagogiques : travail à la maison, avant le cours ; travail en classe, au vidéoprojecteur ; travail à la maison, après le cours. Le document numérique s’organise autour des différents volets de dépenses et recettes du budget du royaume de France en 1788 : 1. Impôts indirects : cette partie permet de comprendre la répartition inégale de la gabelle dans le royaume de France et l’organisation de sa collecte par les fermiers généraux. 2. Impôts directs : c’est la perspective d’une augmentation des impôts directs qui conduit le roi à convoquer les états généraux en 1789. Les cahiers de doléances du tiers état contiennent pourtant de nombreuses remarques refusant une telle perspective sans réflexion sur une meilleure répartition de l’impôt. 3. Dépenses militaires : que ce soit pour entretenir les fortifications, équiper les armées ou bien soutenir la révolution américaine, les dépenses militaires constituent un poste de dépenses important dans le budget du royaume. 4. Dépenses civiles : depuis la construction du château de Versailles, les frais de fonctionnement de la cour représentent des dépenses régulièrement dénoncées dans les pamphlets contre la monarchie. ◗◗ Questions pour un travail personnel ou une évaluation 1. Quel est le nom de la monnaie utilisée pour calculer le budget de l’État de 1788 ? La monnaie utilisée pour calculer le budget de l’État de 1788 est la livre. Elle correspond à un poids d’argent à partir duquel sont fabriquées les monnaies en circulation dans le royaume et sert de référence © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur pour le calcul des comptes de l’État. Il s’agit donc d’une monnaie de compte et non pas d’un moyen de paiement avec des pièces en circulation. 2. Quel est le principal impôt indirect dans le royaume de France à la fin du XVIIIe siècle ? Le principal impôt indirect dans le royaume de France à la fin du XVIIIe siècle est la gabelle. C’est un impôt sur l’achat de sel, ce qui nécessite de se rendre dans des greniers à sel pour en acquérir. 3. Quels sont les principaux impôts directs à la fin du XVIIIe siècle ? Les principaux impôts directs à la fin du XVIIIe siècle sont la taille et la capitation. Ce sont des impôts calculés sur les revenus et/ou le capital de chaque individu. 4. Qui est envoyé auprès du roi Louis XVI pour demander le soutien de la France à la révolution américaine ? Benjamin Franklin est envoyé par les Insurgents auprès du roi Louis XVI pour demander le soutien de la France à la révolution américaine. Considéré comme l’un des Pères fondateurs des États-Unis en raison notamment de sa participation à la rédaction de la Déclaration d’indépendance de 1776, il est reçu en mars 1778 au château de Versailles en tant qu’ambassadeur des États-Unis en France. 5. Pourquoi la reine Marie-Antoinette souffre-t-elle d’une image dégradée dans l’opinion publique française dans les années 1780 ? La reine Marie-Antoinette souffre d’une image dégradée dans l’opinion publique française dans les années 1780 ; plusieurs rumeurs circulent à son sujet dans le royaume par l’intermédiaire de pamphlets. On l’accuse notamment d’être infidèle au roi de France. Cependant, dans le contexte de la crise financière, on l’accuse surtout de dilapider le trésor national en bijoux et vêtements, ce qui lui sera explicitement reproché lors de son procès en 1793. ◗◗ Réponses aux questions 1. À la fin du XVIIIe siècle, le royaume est en déficit financier important malgré les tentatives de réformes des différents contrôleurs généraux des finances (Turgot, Calonne, de Brienne et Necker). Le budget prévisionnel de l’État en 1788 prévoit un déficit de 126 millions de livres, soit environ 25% des recettes. C’est cette situation qui conduit le roi Louis XVI à convoquer les états généraux afin de trouver une solution qui permette de dépasser les blocages du haut clergé et de la noblesse qui refusent de remettre en cause leurs privilèges fiscaux. Arthur Young identifie plusieurs réactions à la crise financière lors de son voyage en France en 1787. Selon lui, les Français sont conscients que « les finances sont en désordre, avec un déficit impossible à combler sans l’aide des états généraux du royaume » puisqu’aucun ministre n’est parvenu à trouver des solutions durables pour stopper l’aggravation du déficit. Or, selon les propos rapportés par le voyageur anglais, cette situation serait sur le point de conduire à une « grande révolution dans le gouvernement » car le roi n’est pas assez compétent, la cour profite des richesses du trésor sans se soucier des finances et le peuple commence à s’impatienter d’une telle situation. ◗◗ Vers le Bac La Révolution française s’explique par différentes causes immédiates et profondes, dont la crise financière à laquelle est confrontée la monarchie française à la fin du XVIIIe siècle. Le budget du royaume est en effet largement déficitaire en raison de l’insuffisance des recettes au regard des dépenses qui ne cessent d’augmenter. Le soutien à la révolution américaine s’avère très coûteux et les dépenses de la cour (y compris de la reine Marie-Antoinette) s’élèvent à plusieurs millions de livres. Afin de mettre un terme à cette situation, Louis XVI et ses ministres successifs tentent de réformer les finances du royaume entre 1774 et 1789. Ils échouent systématiquement en raison de l’opposition du haut clergé et de la noblesse qui s’opposent à toute remise en cause de leurs privilèges fiscaux. Face à un tel blocage politique, le roi Louis XVI convoque les états généraux pour le mois de mai 1789 en espérant les convaincre d’adopter un nouvel impôt. Cours L’esprit révolutionnaire au XVIIIe siècle ➤ p. 198-201 / p. 204-207 ➥ Pourquoi peut-on parler d’un climat révolutionnaire à la veille de 1789 ? ◗◗ Organisation du cours La structure du cours, en trois points clés, met en évidence trois facteurs majeurs du déclenchement du processus révolutionnaire dans une perspective de temps long (causes profondes politiques, sociales et culturelles) et d’étude d’un « climat » révolutionnaire. −− Partie A. Cette partie insiste sur le rôle et l’influence politique des révolutions « atlantiques » et plus précisément des exemples anglais et américain. L’exemple anglais, dont les origines remontent au XVIIe siècle est illustré par le document 1. La vie politique parlementaire anglaise constituait, au XVIIIe siècle, un exemple de réforme possible de la monarchie française. L’exemple américain s’appuie sur une carte des 13 colonies qui, en se déclarant indépendantes, initient le principe de souveraineté nationale. Le cours présente donc les nouveaux principes politiques (constitution, séparation des pouvoirs, libertés fondamentales) que ces deux pays appliquent et l’influence exercée en France. −− Partie B. Cette partie traite des causes culturelles de la Révolution. Elle met en avant l’influence de la philosophie des Lumières et expose les idées de philosophes majeurs (Voltaire, Montesquieu, Rousseau) et leurs positions vis-à-vis de l’Église catholique et du pouvoir monarchique. La diffusion des nouvelles idées dans le royaume se fait aussi par l’intermédiaire des salons (document 2 représentant une réunion idéale de philosophes, artistes et ministres dans le salon de Mme Geoffrin) ou encore de l’Encyclopédie. Élevées au rang de revendications par les patriotes, ces idées influencent aussi en partie le roi (politique du ministre Turgot) et la noblesse éclairée. © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur 91 −− Partie C. Cette dernière partie fait un point sur des causes plus sociales. Elle porte sur les blocages de la société d’ordres au XVIIIe siècle et articule temps long de la rébellion française et temps court de la crise financière. La question emblématique des réformes fiscales est illustrée par le document 3 qui traduit les aspirations à plus d’égalité de la part du tiers état. Le petit schéma permet d’articuler le faisceau de causes qui pousse le roi à la convocation des états généraux. Comme dans la partie B, il s’agit de ne pas réduire les causes de la Révolution à l’intransigeance d’un monarque absolu, mais plutôt d’en voir la pluralité des origines. Ainsi, on montre dans cette partie que la monarchie s’est montrée en partie réformatrice et que les ordres privilégiés ont aussi participé aux blocages politiques et sociaux. ◗◗ Schéma de synthèse commenté www.lienmini.fr/magnard-hg2-020 −− Écouter et mémoriser la synthèse du cours avec le schéma animé. −− Schéma vierge à télécharger sur le site Magnard. −− Commentaire écrit à télécharger sur le site Magnard. Exercices ➤ p. 202 / p. 208 ◗◗ Utiliser le manuel 1. Mots clés : souveraineté nationale, droits naturels, libertés fondamentales, séparation des pouvoirs, égalité juridique, tolérance, raison, esprit critique. Auteurs : Diderot, Voltaire, Montesquieu, Rousseau. Œuvres : l’Encyclopédie, Pensées philosophiques. 2. Les philosophes des Lumières remettent en cause le poids des institutions traditionnelles. Ainsi l’Église catholique est vue comme intolérante et illégitime dans son influence et son poids politique. La société d’ordres est vue comme injuste. Les philosophes opposent à la monarchie absolue de droit divin, un système politique et social sous la forme d’un contrat. Les individus ne sont plus des sujets, mais jouissent de droits naturels (égalité juridique) et de libertés fondamentales (expression, religion, opinion) et disposent du pouvoir souverain. Ils le délèguent, par consentement à un gouvernement ou un monarque. Les pouvoirs doivent être séparés. Les philosophes des Lumières font la promotion de la critique et de la raison. Ils souhaitent renouveler l’état des connaissances et des sciences et les affranchir d’une lecture religieuse à l’image du projet de l’Encyclopédie. 92 ◗◗ Prélever, hiérarchiser et confronter des informations 1. La société représentée peut être qualifiée de hiérarchique, inégalitaire et fermée. 2. À gauche, on peut repérer la noblesse, affublée d’une épée. À ses pieds, le canon rappelle son rôle initial de défense du royaume. Dans le blason, figure le palais Bourbon (propriété du prince de Condé, un grand noble de cour à cette époque). Au centre se trouve le clergé avec un homme d’Église en tenue de sacerdoce. Le blason représente la cathédrale de Paris. Enfin, à droite, un homme du tiers état, en tenue de bourgeois. Il tient une ancre ; à ses pieds repose une corne d’abondance qui évoque le rôle économique (travail) fourni par cet ordre. 3. Le document 2 offre une vision univoque et idéalisée de la société d’ordres. L’analyse du document 1 permet de constater la grande diversité sociale de chacun des ordres. Bien qu’on assiste à une fermeture de la noblesse au XVIIIe siècle, le passage d’un ordre à un autre était néanmoins possible. Ainsi, on pouvait être membre du tiers état et plus riche qu’un noble. On pouvait être issu du tiers état et devenir membre du clergé, etc. 4. Le document montre en fait les aspirations du tiers état à l’égalité (présence d’une toise linéaire) qui s’oppose à la structure triangulaire (hiérarchique) du document 1. Cette égalité était particulièrement recherchée du point de vue fiscal (paiement de l’impôt par tous) et juridique (droit à pratiquer tous les métiers selon son mérite et non son rang ou son ordre). © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur Méthode vers le Bac Étudier une caricature ➤ p. 203 / p. 219 Sujet : Les aspirations à l’égalité en 1789. Consigne : Montrez ce que le document 3 p. 200 / p. 206 révèle des aspirations à l’égalité en 1789. Étape 1 – Analyser la consigne et le document (au brouillon) 1. La consigne quand ? (en 1789) où ? (en France) quoi ? (les aspirations à l’égalité). 2. Le document −− Identifiez les personnages : chacun des personnages représente un des trois ordres. −− Expliquez la signification de leur attitude : les trois personnages portent ensemble le fardeau des impôts, symbolisant l’aspiration à l’égalité fiscale. Étape 2 – Construire un plan (au brouillon) Plan Document Connaissances 1. La dénonciation de la société d’Ancien Régime. • Personnage de gauche (uniforme, épée) : noblesse. • Personnage du milieu (soutane) : clergé. • Personnage de droite (vêtement simple, guêtres, pelle à ses pieds) : tiers état. • Les trois ordres existent depuis le Moyen Âge. • Le clergé et la noblesse bénéficient de privilèges (exemption fiscale) et s’opposent à toutes les tentatives de réforme fiscale. • Critique : la caricature ne reflète pas la diversité sociale des ordres. Par exemple, le tiers état ne comptait pas que des paysans, mais aussi des bourgeois. 2. Une représentation de l’avenir porteuse d’espoirs. • Attitude des trois personnages : un partage du fardeau fiscal (« impôt territorial ») entre les trois ordres. • Légende : idée d’un temps nouveau nécessitant une réorganisation de la société. • Cette caricature date vraisemblablement des premiers mois de 1789, pendant la réunion des états généraux. • Elle représente une des revendications principales exprimées par le tiers état dans les cahiers de doléances : l’égalité devant l’impôt. • Elle symbolise l’espoir suscité par la tenue des états généraux. Étape 3 – Rédiger (copie) 1. L’introduction Ce document est une caricature datant de l’année 1789 (sans doute des premiers mois). Anonyme, elle est intitulée Le Temps présent veut que chacun supporte le grand fardeau. Elle illustre les aspirations à l’égalité qui s’expriment au sein du tiers état dans le cadre de la convocation des états généraux. 2. Le développement (Second paragraphe) Cette caricature constitue une représentation de l’avenir porteuse d’espoirs. En effet, contrairement à beaucoup d’autres caricatures de la même époque, les trois ordres sont représentés sur un pied d’égalité et dans une attitude de solidarité : les trois personnages portent ensemble un fardeau intitulé « impôt territorial ». Cette caricature représente ainsi une des revendications principales exprimées par le tiers état dans les cahiers de doléances : l’égalité devant l’impôt. Elle symbolise donc l’espoir et l’enthousiasme suscités par la tenue des états généraux. 3. La conclusion Si ce document apparaît singulier dans la façon dont il représente l’espoir de l’égalité plutôt que la dénonciation des inégalités, il n’en demeure pas moins caricatural dans sa représentation des trois ordres dont il gomme la diversité sociale. © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur 93 Chapitre 10 2e partie La Révolution française, la dynamique révolutionnaire ➤ Histoire p. 204-219 / Hist-Géo p. 210-225 Repères ➤ p. 204-205 / p. 210-211 −− Quatre notions clés, définies et contextualisées, permettant (en introduction, en cours d’étude ou en conclusion) d’établir un fil conducteur adapté aux contraintes du temps imparti à l’étude de cette question. −− Quatre études permettant, au choix du professeur dans le respect des attendus du programme, de construire sa démarche pédagogique et mettant l’accent sur des études de cas. −− Quatre documents iconographiques emblématiques, associés à chaque notion et permettant de l’expliciter, de la mémoriser. •• Louis XVI arbore la cocarde tricolore (1792) : ce document illustre de façon symbolique la notion de souveraineté et son évolution dans le cadre du processus révolutionnaire. Entre 1789 (Étude sur les états généraux p. 206 / p. 210) et le début 1792, Louis XVI reste le souverain du pays. Mais la cocarde et le bonnet phrygien témoignent d’un renversement de l’origine de cette souveraineté. Dorénavant, le roi n’est plus roi par la volonté de Dieu mais par la volonté du peuple. Le transfert de souveraineté est aussi visible à l’image désacralisée qui est ici donnée du roi, une bouteille à la main. •• La Prise de la Bastille (1789). Cette image est l’archétype de la Révolution française et plus Étude particulièrement de l’entrée du peuple et de la rue dans le processus. C’est l’illustration d’un événement rupture (journée révolutionnaire) et matriciel qui ouvre un cycle qui ne se terminera qu’à la fin de l’été 1789 avec la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (Étude p. 211 / p. 217). •• Deux régimes dos à dos (1792). Cette estampe illustre la problématique de la Révolution française (nature du nouveau régime à adopter) à deux échelles de temporalités. Dans son contexte, elle montre l’échec de la mise en place d’une monarchie parlementaire en 1792 et l’instauration difficile d’une première République (Étude Robespierre p. 210 / p. 216). Dans un temps un peu plus long, elle témoigne de l’association durable qui va s’instaurer entre Révolution et République puisque c’est le type de régime qui s’impose sous différentes formes entre 1792 et 1804. •• Louis XVI décapité (1793). Cette représentation rend compte de la question de la violence politique. La décapitation de Louis XVI, l’usage de la guillotine en général, témoignent de la radicalisation du processus révolutionnaire à partir de 1792. Subie ou exercée, par la rue comme par l’État (Étude Jean Rossignol p. 208 / p. 214), la violence est un des moteurs de la dynamique révolutionnaire. L es états généraux, la rupture de mai-juin 1789 ➤ p. 206-207 / p. 212-213 ➥ Comment les états généraux de 1789 aboutissent-ils à une révolution politique et sociale ? Notion : la souveraineté ◗◗ Lien avec le programme Le programme invite à travailler sur le déclenchement de la Révolution. Les états généraux en constituent le point de départ. La fiche Éduscol indique : « Une analyse précise des états généraux de 1789 permet de rendre compte de la crise de la monarchie. La convocation de cette assemblée répond au blocage d’une monarchie française […]. S’y dévoile la naissance d’une opinion publique à travers les cahiers de doléances et les nombreux pamphlets qui paraissent en 1789. » ◗◗ Intérêt du sujet La partie 1 du chapitre portait sur les causes profondes de la Révolution (Étude sur la rébellion française notamment). Les cahiers de doléances rappellent les blocages, 94 contradictions et aspirations politiques et sociales de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Mais cette étude permet aussi de passer aux causes immédiates, en tant qu’événement déclencheur. La journée du 20 juin 1789 peut être considérée comme la première journée révolutionnaire. On bascule donc d’un climat de rébellion à une révolution avec les états généraux. ◗◗ Réponses aux questions 1. Le serment du Jeu de paume sanctionne la mutation des états généraux en assemblée nationale. En proclamant l’unité, la perspective de la rédaction d’une constitution, les députés présents provoquent une rupture politique (ils s’approprient la souveraineté) et sociale (ils remettent en cause le principe de la société d’ordres). C’est donc un acte révolutionnaire. © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur 2. Les termes de « vues bienfaisantes », « vrai père du peuple » et « confiance » montrent qu’il ne s’agit pas de remettre en cause la monarchie ni de s’attaquer à la personne du roi, mais de réformer certains des principes politiques et sociaux du royaume. 3. La constitution de la répartition des députés témoigne d’une partie des revendications du tiers état présentes dans les cahiers de doléances. Ils ont obtenu leur « doublement » en étant 578 contre 270 députés de la noblesse et 291 députés du clergé. On repère par ailleurs les passerelles entre les ordres puisque des députés nobles sont élus par le tiers état et que des députés de clergé (bas) sont issus du tiers état. La société d’ordres reste une réalité perceptible dans l’organisation de la salle. Les députés des ordres privilégiés se font face et ceux du tiers état sont au fond de la salle. Ils ne sont pas mélangés. 4. Les lignes de composition (bras levés, halo de lumière) convergent vers les personnages centraux et notamment le député Bailly qui prononce le serment. Cette scène centrale est renforcée par la lumière qui vient du peuple installé à la fenêtre de gauche. La solennité et l’engouement sont renforcés par la gestuelle emphatique des personnages (postures du serment, accolades, visages traduisant la liesse). La profusion de personnages groupés traduit l’unité de la nation. ◗◗ Synthétiser Les extraits de cahiers de doléances et la représentation du serment du Jeu de paume par David traduisent d’abord la volonté d’un nouvel ordre politique. On le repère aux revendications du tiers état pour un vote par tête, pour la rédaction d’une constitution, pour la participation au vote de la loi par une Assemblée nationale, pour des droits et la liberté de la presse. Ces aspirations vont à l’encontre du système en place basé sur la tradition, l’absence d’instances démocratiques (absolutisme bien que relatif) dans la formation de la loi, la censure et les lettres de cachet. On remarque aussi des revendications qui remettent en cause la société d’ordres. Les 3 personnages centraux (incarnant chaque ordre) rassemblés du document 2 veulent annuler la distinction par ordre. On trouve par ailleurs dans les cahiers de doléances la volonté de pouvoir pratiquer tous les métiers ou offices sans privilèges. La notion « d’individus » s’oppose aux principes d’un classement de la population par la naissance et par ordres (fonction dans la société). Étude ◗◗ Schématiser Cette œuvre de J.-L. David est une commande de l’Assemblée nationale, postérieure à l’événement (1791). Sa composition vise à renforcer, idéaliser et solenniser l’idée d’une nation unie prenant en main son destin lors des états généraux et de ce serment emblématique. Une œuvre plus monumentale était prévue mais ne sera jamais achevée car, en 1792, les tensions entre acteurs de la Révolution (monarchiens, Montagnards, Girondins) mettent à mal cette idée d’unité. Personnage 1 : député Bailly, doyen des députés du tiers état prononçant le serment. Personnages 2-3-4 : trois religieux (deux catholiques : Antoine Christophe Gerle, l’abbé Grégoire et un pasteur protestant, Jean-Paul Rabaut Saint-Étienne) symbolisant la fin des discordes religieuses. Personnage 5 : député Pétion (proche de Robespierre à sa droite). Personnage 6 : Martin d’Auch, opposé au serment, isolé. ◗◗ Vers le Bac Depuis le milieu du XVIIIe siècle, la monarchie française est confrontée à un certain nombre de difficultés. Politiquement, elle est critiquée par les idées nouvelles de la philosophie des Lumières. Socialement, elle est sujette à de régulières rébellions et révoltes. Économiquement, elle connaît un déficit grandissant. Le roi Louis XVI cherche à réformer le pays mais il se heurte à des oppositions. Alors qu’en 1788 la crise économique et financière s’aggrave, le roi doit se résoudre à convoquer les états généraux (les derniers ont eu lieu en 1614) pour convaincre la nation de lever de nouveaux impôts. Dans tout le royaume, on rédige des cahiers de doléances où l’on peut percevoir les blocages et aspirations contradictoires des ordres (noblesse, clergé, tiers état) constituant la société française. Louis XVI n’imagine pas alors qu’il lance un processus qui aboutira à l’abandon du système politique et social multiséculaire de la monarchie absolue de droit divin et de la société d’ordres. Pourquoi la convocation des états généraux se transforme-t-elle finalement en révolution ? Pour répondre à cette question, nous verrons dans un premier les principales aspirations et revendications consignées dans les cahiers de doléances. Nous aborderons ensuite les acteurs et enjeux politiques qui font basculer les états généraux en Assemblée nationale. Nous finirons en exposant les principales mesures adoptées par les députés à la fin de l’été 1789 aboutissant à la mise en place d’un nouvel ordre politique et social. J ean Antoine Rossignol, un citoyen révolutionnaire ➤ p. 208-209 / p. 214-215 ➥ Comment la trajectoire politique de Jean Antoine Rossignol témoigne-t-elle de la violence révolutionnaire ? Notion : la violence politique ◗◗ Lien avec le programme Le programme invite à réfléchir sur le rôle des acteurs individuels et collectifs. La fiche ressources demande d’aborder le processus révolutionnaire : « Ponctué par de grandes journées révolutionnaires, il mêle à la fois la défense de grandes idées et le rôle des circonstances. Nullement inéluctable, il se construit par l’action d’acteurs divers, grands personnages, institutions, sociétés et clubs, groupes sociaux. » Plus loin, on peut lire : « C’est aussi l’occasion de s’interroger sur la place de la violence dans le processus révolutionnaire, sur sa nouveauté ou, au contraire, sur sa continuité avec les formes du XVIIIe siècle. » © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur 95 ◗◗ Intérêt du sujet La trajectoire politique de Jean Rossignol offre un triple avantage. Il s’agit d’abord d’un cas d’acteur individuel enraciné dans un groupe social majeur de la période, les sans-culottes (acteur collectif). C’est ensuite l’occasion de parcourir la chronologie de la succession des régimes politiques, symbole de l’instabilité et de la dynamique révolutionnaire. C’est enfin, une opportunité de voir la violence en action et sous toutes les formes qu’elle revêt durant la période révolutionnaire : violence exercée ou subie, violence populaire (de la rue), violence d’État et violences guerrières. ◗◗ Réponses aux questions 1. Jean Rossignol est soit acteur soit victime des journées révolutionnaires. Ainsi il participe à la prise de la Bastille en 1789, il prépare la journée du 10 août 1792. À l’inverse, il est emprisonné à la suite des journées (coups d’État) qui donnent naissance au Directoire ou au Consulat. Ses propres convictions politiques (républicain radical proche des Montagnards et Jacobins) le placent soit du côté du pouvoir (entre 1789 et 1793) soit du côté de l’opposition (1793-1802, période de la République modérée). 2. Jean Rossignol exerce la violence entre les années 1789 à 1795. Il s’agit d’abord de la violence de rue (journées révolutionnaires de 1789 ou 1792) puis ensuite davantage de la violence de guerre lorsqu’il devient général des armées de Vendée. Il subit ensuite cette violence (emprisonnement, déportation) à partir des années 1794-1795 à la suite du coup d’État des Thermidoriens. Il est alors considéré comme un danger en tant que républicain trop radical politiquement (Jacobin) et socialement (Conjuration des Égaux). 3. Le dernier paragraphe est significatif de la marque de distinction lorsque l’on a participé à la prise de la Bastille (statut officiel de vainqueur de la Bastille décerné par l’Assemblée nationale). On peut lire : « Je puis attester qu’il n’y avait pas plus de 600 hommes à chacune des deux scènes ; cependant il y a eu 863 vainqueurs de la Bastille de reconnus. Tout Paris voulut y avoir été. » 4. On peut parler de guerre civile puisque les armées révolutionnaires républicaines sont françaises mais les victimes (Chouans, Vendéens) le sont aussi. En outre, ces insurgés de l’Ouest sont des civils comme on peut le voir à leurs vêtements comparativement aux uniformes des armées républicaines. ◗◗ Synthétiser On peut distinguer trois formes majeures de violence : −− La violence de rue, exercée particulièrement par le peuple (sans-culottes) lors des journées révolutionnaires. Ces derniers y expriment leurs craintes ou fantasmes (pénurie, guerre, invasion) ou leur mécontentement du régime en place. N’ayant pas le droit de vote en général, cette violence est un acte politique. −− La violence d’État ou violence policière. Elle est exercée par le régime en place. Il s’agit d’emprisonnement ou de condamnation à mort (guillotine). La période de la Terreur est l’apogée de cette violence. 96 Dans un contexte de suspicion généralisée et de volonté de terminer la Révolution, le comité de Salut public et le tribunal révolutionnaire condamnent tous les suspects d’opposition à la Révolution. −− La violence de guerre : la période révolutionnaire est une période de guerre intérieure (guerre civile) et de guerre extérieure (armées européennes coalisées contre la France révolutionnaire). ◗◗ Schématiser À partir de 1791, la population de la région de Nantes et du nord-ouest du pays (Bretagne, Vendée) était en grande partie opposée au processus révolutionnaire. Les raisons étaient à la fois politiques (soutien à la monarchie) et religieuses (rejet des réformes portant sur le statut de la religion catholique comme par exemple la constitution civile du clergé). Durant la Terreur (1792-1794), les Républicains considèrent cette région comme ennemie de la Révolution. Des armées révolutionnaires sont envoyées et un tribunal criminel extraordinaire est mis en place. Les populations sont exécutées dans les carrières de l’arrière-pays nantais (doc. 2). Certains sont noyés dans la Loire. On estime à près de 4 000 le nombre de personnes exécutées. Schéma du document : 1 : prisonniers – 2 : armées révolutionnaires – 3 : les pelotons d’exécution dans les carrières – 4 : la ville de Nantes incendiée. ◗◗ Vers le Bac Les documents 1 et 3 témoignent de deux formes d’intégration du peuple au processus révolutionnaire. On peut d’abord considérer que le peuple devient, à partir de 1789, un acteur politique en intervenant dans la dynamique. C’est perceptible de trois manières, à l’image de l’action de Jean Antoine Rossignol et des sans-culottes en général. Dans les documents 1 et 3, on voit qu’il intervient dans les journées révolutionnaires (14 juillet 1789, 10 août 1792, Conjuration des Égaux de 1796). Il s’agit de faire pression sur le gouvernement pour orienter le cours politique (changement de régime, de politique militaire, économique ou sociale). Ceci d’autant plus qu’à l’exception de l’année 1792, les sans-culottes ne détiennent pas le droit de vote. Durant la Terreur, les sans-culottes intègrent les tribunaux ou institutions exceptionnels (comité de Salut public, commune insurrectionnelle). Enfin, les armées révolutionnaires sont constituées de citoyens volontaires ou enrôlés. Rossignol devient ainsi général des armées de l’Ouest. Le peuple peut aussi devenir victime du processus politique lors de phases de répression. C’est particulièrement sensible entre 1792 et 1795 en Vendée et Bretagne où la population se rebelle contre la politique de la République montagnarde. Le document 2 montre bien la situation de guerre civile où des membres du peuple, engagés dans l’armée révolutionnaire, exécutent d’autres membres du peuple, partisans d’un retour à l’Ancien Régime. C’est aussi visible à partir de 1795 avec la réorientation politique qui fait suite au 9 Thermidor (chute de Robespierre). Les dirigeants politiques du Directoire puis du Consulat souhaitent établir un régime modéré pour « terminer la Révolution ». Ils cherchent alors à réduire le rôle politique des sans-culottes et de la rue. C’est ainsi que Jean Rossignol est régulièrement écarté du pouvoir ou emprisonné durant cette période avant d’être finalement déporté en 1802 par le régime napoléonien. © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur Étude R obespierre, un acteur controversé de la Révolution ➤ p. 210 / p. 216 ➥ Pourquoi Maximilien de Robespierre apparaît-il comme une figure emblématique de la dynamique révolutionnaire ? Notion : la République ◗◗ Lien avec le programme Le programme invite à montrer le rôle des acteurs, individuels et collectifs, dans l’affirmation d’un nouvel univers politique en France durant la période révolutionnaire. Successivement député du tiers état aux états généraux en 1789, puis président des Jacobins à partir de 1790, député de Paris en 1792 et membre du Comité de salut public en 1793, Robespierre est l’un des acteurs centraux de la Révolution française et plus particulièrement de la période de la Terreur au cours de laquelle il exerce un pouvoir que certains qualifient de despotique tandis que d’autres persistent à voir en lui un sauveur de la Révolution face aux forces contre-révolutionnaires. ◗◗ Intérêt du sujet Considéré comme l’une des figures emblématiques de la dynamique révolutionnaire, Robespierre apparait aussi, à partir de 1793, comme l’un des symboles de sa dérive. L’étude permet ainsi de s’interroger sur la radicalisation du processus révolutionnaire et la place de la violence durant cette période. ◗◗ Le document numérique intégré www.lienmini.fr/magnard-hg2-021 Le document 2 de cette étude est enrichi par un Power Point interactif répondant à la demande du programme de faire appel aux technologies de l’information et de la communication (TIC) comme supports documentaires et comme outils de travail personnel. Avec une offre documentaire variée (estampes, vidéo, texte, chronologie) et une présentation attrayante (interactivité, diversité des supports documentaires), il permet de travailler de façon approfondie le thème proposé. Sa conception en fait un outil adapté à différentes approches pédagogiques : travail à la maison, avant le cours ; travail en classe, au vidéoprojecteur ; travail à la maison, après le cours. Le document numérique s’organise autour des différentes représentations de Robespierre qui ont forgé l’image d’une figure controversée de la Révolution française : •• « L’incorruptible » : cette partie permet d’évoquer la légende dorée d’un Robespierre radicalement opposé à l’Ancien Régime et farouche défenseur de la République contre ses ennemis intérieurs comme extérieurs. •• « Le régicide » : Robespierre a marqué la postérité par son discours à la Convention appelant à la mort du roi Louis XVI lors de son jugement pour trahison. Son intransigeance est diversement analysée : symbole de l’idéal révolutionnaire désireux de tourner radicalement la page du passé royaliste pour les uns, symbole d’une radicalisation néfaste à la réconciliation nationale pour les autres. •• « Le dictateur » : lors de la période de la Terreur entre 1793 et 1794, la légende noire de Robespierre commence à être véhiculée par ses ennemis de plus en plus nombreux à se sentir menacés par son pouvoir despotique et sanguinaire. L’image de Robespierre est associée à la violence aveugle de la Terreur. •• « Biographie » : cette partie permet de retracer les principales étapes de la carrière politique de Robespierre. Elle permet d’en souligner tout à la fois la brièveté (1789-1794) et l’intensité. ◗◗ Questions pour un travail personnel ou une évaluation 1. Pour quelle raison Robespierre est-il confronté à l’empereur Léopold II sur l’estampe intitulée Duel à outrance ? Robespierre est confronté à l’empereur Léopold II sur l’estampe afin de construire sa « légende dorée » de défenseur acharné des idées révolutionnaires contre toute forme d’opposition. En tant qu’empereur du Saint Empire romain germanique et archiduc d’Autriche, Léopold II incarne en effet le pouvoir monarchique qui est illustré sur ce document par la couronne, l’épée et l’orbe. La menace n’est d’ailleurs pas seulement symbolique puisqu’une guerre oppose la France à l’Autriche depuis le mois d’avril 1792. La défaite de la France marquerait alors la fin du processus révolutionnaire et le retour de la monarchie. 2. Quels sont les principaux arguments avancés par Robespierre pour justifier la condamnation à mort du roi Louis XVI ? Robespierre considère que Louis XVI doit être condamné à mort et exécuté sans qu’un jugement soit nécessaire. Tout d’abord, il considère que la Convention nationale n’a pas la légitimité pour juger l’ancien roi destitué. Il prône plutôt l’utilisation de la violence politique contre les ennemis de la République. Ensuite, il considère qu’un procès obligerait à respecter la présomption d’innocence inscrite dans l’article 9 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, ce qui lui semble insupportable puisqu’il est convaincu de la culpabilité de Louis XVI. 3. Qu’est-ce que la Terreur ? La Terreur est une période de la Révolution française au cours de laquelle une justice expéditive, mise en place par l’adoption de la loi des suspects le 17 novembre 1793, conduit plusieurs milliers d’individus à la guillotine. Elle débute progressivement au cours des années 1792/1793. À partir de 1793, Robespierre est considéré comme l’un des principaux responsables de cette politique intransigeante contre toute personne soupçonnée de ne pas adhérer pleinement aux idéaux révolutionnaires. Elle se termine par l’arrestation et l’exécution de Robespierre en juillet 1794. 4. Qui sont les principales victimes du régime de la Terreur ? L’estampe représentant le gouvernement de Robespierre montre les principales victimes de la Terreur © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur 97 sous la forme de têtes coupées et rassemblées en groupes identifiés. Il s’agit des membres des ordres du clergé et de la noblesse, des représentants du Parlement, de la Constituante, de la Législature, de la Convention et enfin des individus issus du peuple. 5. Expliquer pourquoi les membres du clergé et de la noblesse sont particulièrement visés par le régime de la Terreur ? Les membres du clergé sont particulièrement visés par le régime de la Terreur car de nombreux prêtres réfractaires ont refusé de prêter serment à la Constitution civile leur conférant un statut de fonctionnaire élu par les citoyens actifs et non plus d’émissaires du pape. Ces prêtres réfractaires sont vus comme des ennemis de la République. La noblesse est également ciblée par la Terreur en tant que représentante de l’Ancien Régime et de ses privilèges. Ainsi, les nobles sont-ils régulièrement soupçonnés de contribuer à un retour de la monarchie. ◗◗ Réponses aux questions 1. En avril 1791, les députés de l’Assemblée constituante sont toujours en plein débat sur les principes à retenir pour la future constitution qui doit instaurer une monarchie constitutionnelle. Celle-ci voit le jour en septembre 1791. Les clubs comme celui des Cordeliers sont des lieux d’échanges où les députés viennent préparer leurs arguments. Robespierre est alors président du Club des Jacobins et, comme ici au Club des Cordeliers, il n’a de cesse de défendre le principe du suffrage universel face aux partisans du suffrage censitaire. Robespierre construit son argumentation en faisant référence aux articles fondamentaux de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789. Il souligne les contradictions entre le système du suffrage censitaire et trois principes énoncés en 1789 : l’affirmation que la loi émane de la volonté générale (article 6 de la DDHC), l’idéal d’une égalité en droit (article 1) et le principe de la souveraineté de la nation (article 3). 2. Le document 2 est une dénonciation de la politique menée par Robespierre. Il souligne le recours massif à la guillotine contre les adversaires supposés ou réels de la Révolution : les têtes coupées s’entassent au pied de la guillotine, par tas, permettant d’identifier les catégories de la société visées par la politique de Robespierre. Le tas le plus important est celui du peuple car l’auteur de l’estampe considère que Robespierre n’a pas défendu le peuple mais ses ambitions personnelles de dictateur. 3. Au moment de sa chute en juillet 1794, Robespierre est accusé d’être le principal responsable de laTerreur, 98 ce qui a eu comme conséquence l’exécution, par la guillotine, de 16 000 personnes. Il est accusé de ne pas avoir su mettre un terme à la violence mise en place pour défendre la République et qu’il a progressivement étendue à l’ensemble de la population (d’où le bourreau qui se guillotine lui-même, faute de nouvelles têtes à couper). Il est ainsi vu comme un traître qui est responsable de la mort de nombreux citoyens et citoyennes qui étaient pourtant favorables aux idées révolutionnaires (d’où le bonnet phrygien qui domine le tas de têtes coupées avec la mention « peuple »). ◗◗ Vers le Bac Le document 1 date de 1791. Il montre un Robespierre soucieux de faire appliquer les idéaux de 1789, exprimés dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Il défend le suffrage universel et refuse le principe d’un suffrage censitaire qui, pour lui, reviendrait à une confiscation de la Révolution au profit « des riches » et au détriment du peuple. Robespierre est alors au début de sa carrière politique : jeune avocat venu d’Arras, il se distingue rapidement par son éloquence à la tribune des clubs politiques comme celui des Jacobins (dont il devient président en mars 1790) ou celui des Cordeliers. Il défend avec fougue les idéaux révolutionnaires, refusant l’Ancien Régime et défendant l’idée d’une République reposant sur le suffrage universel. Le document 2 date de 1794. Député à la Convention depuis septembre 1792, Robespierre s’est alors imposé comme l’une des figures dominantes de la République. Pour faire face aux nombreux adversaires de la Révolution, Robespierre a défendu le recours à la violence d’État. En juillet 1793, il devient membre du comité de Salut public et participe activement à la politique de la Terreur dénoncée par l’auteur du document. Il est écarté du pouvoir par ses adversaires et guillotiné en juillet 1794. Ces deux documents montrent ainsi deux facettes opposées de la brève et intense carrière politique de Robespierre entre 1789 et 1794. De 1789 à 1793, se construit ce que les historiens nomment « la légende dorée » de Robespierre : il apparaît alors comme l’une des grandes figures de la Révolution et de ses idéaux. Son éloquence liée à sa formation d’avocat au sein des clubs et son intransigeance lorsqu’il vote la mort du roi sont mises en avant par ses partisans comme des qualités au service de la Révolution. À partir de 1793, avec la Terreur, la « légende noire » succède à la légende dorée. Les adversaires de Robespierre ne veulent retenir que la violence de la Terreur et l’intransigeance au service d’une dictature personnelle faisant de Robespierre un traître à la Révolution. © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur Étude L a Déclaration des droits de l’homme et du citoyen ➤ p. 211 / p. 217 ➥ Quels sont les fondements de la nouvelle France en 1789 ? Notion : les droits de l’homme ◗◗ Lien avec le programme Le programme invite à montrer la dynamique révolutionnaire entre 1789 et 1804 pour comprendre les grands enjeux politiques de la période. L’année 1789 avec la réunion des états généraux, puis la proclamation d’une Assemblée nationale, constitue en ce sens l’un des points de départ de la dynamique révolutionnaire. Par ailleurs, la rédaction de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen adoptée le 26 août 1789 pose les bases du débat politique durant la période révolutionnaire. ◗◗ Intérêt du sujet L’étude des fondements de la nouvelle France en 1789 permet de réfléchir à la fois aux nouveaux principes politiques et sociaux sur lesquels se fondent la période révolutionnaire, mais aussi plus précisément sur la question des droits de l’homme dont les bases sont posées par la révolution américaine. Néanmoins, ce texte n’est pas sans limite au regard des droits de la femme qui sont largement oubliés dans le texte de 1789. ◗◗ Le document numérique intégré www.lienmini.fr/magnard-hg2-022 Le document 2 de cette étude est constitué par un Power Point interactif répondant à la demande du programme de faire appel aux technologies de l’information et de la communication (TIC) comme supports documentaires et comme outils de travail personnel. Sa conception en fait un outil adapté à différentes approches pédagogiques : travail à la maison, avant le cours ; travail en classe, au vidéoprojecteur ; travail à la maison, après le cours. Le document numérique s’organise autour de la figure d’Olympe de Gouges, une femme engagée dans la dynamique révolutionnaire et rédactrice de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne publiée en 1791 : 1. « Statut social » : cette partie permet de comprendre la place des femmes dans la société d’Ancien Régime. À l’exception de quelques femmes des milieux aisés, la plupart n’ont pas accès à l’éducation, ni au travail. 2. « Droits politiques » : la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne est rédigée sur le modèle de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen en reprenant les principales revendications de droits politiques mais en y ajoutant systématiquement la mention des femmes. 3. « Biographie » : Olympe de Gouges n’est pas seulement reconnue pour sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Jeune veuve, elle revendique très tôt une vie mondaine de femme libre et consacre la plupart de son temps à l’écriture d’ouvrages dans lesquels elle s’engage pour de multiples causes : l’égalité des sexes, mais aussi l’abolition de l’esclavage et la défense d’une monarchie constitutionnelle. 4. « La Déclaration » : composée d’un préambule, d’un postambule et de 17 articles, la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne est adressée à la reine Marie-Antoinette. ◗◗ Questions pour un travail personnel ou une évaluation 1. Quelle est la place des femmes dans la société d’Ancien Régime ? Dans la société d’Ancien Régime, à l’exception de quelques femmes issues des milieux aisés, la plupart d’entre elles n’ont pas accès à l’éducation, ni au travail. D’abord sous l’autorité de leur père lors de leur enfance, elles passent directement sous l’autorité de leur mari à la suite de leur mariage et sont souvent cantonnées au foyer. Seules les veuves peuvent parfois espérer accéder à une forme d’indépendance, sans pour autant obtenir de droits politiques. Elles n’ont ni le droit de vote, ni le droit d’éligibilité. 2. Quelles sont les principales causes pour lesquelles Olympe de Gouges s’est engagée ? L’un des premiers engagements d’Olympe de Gouges concerne la lutte contre l’esclavage qu’elle dénonce dans L’Esclavage des noirs ou l’Heureux Naufrage publié en 1792. Cependant, la plupart de ses combats portent sur la défense des femmes. Elle dénonce d’abord le sort des jeunes filles catholiques contraintes de prendre le voile avant de proposer une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne qui revendique une totale égalité entre les sexes. Dans le contexte révolutionnaire, elle se prononce en faveur d’une monarchie constitutionnelle et dénonce les dérives autoritaires et violentes de la Terreur. C’est ce dernier engagement qui lui vaut d’être guillotinée le 3 novembre 1793. 3. À qui est adressée la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne ? La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne est directement adressée à la reine Marie-Antoinette car Olympe de Gouges pense qu’elle pourra jouer un rôle d’intermédiaire auprès de son mari, le roi Louis XVI. 4. Comment Olympe de Gouges construit-elle sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne afin d’avancer ses revendications féministes ? Olympe de Gouges s’inspire très largement de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen pour rédiger sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Elle en reprend la plupart des articles en y ajoutant systématiquement une mention aux femmes. Dans l’article 3 par exemple, elle rappelle que la nation est constituée de « la réunion de la Femme et de l’Homme ». Elle rappelle par ailleurs que si les femmes revendiquent des droits, elles sont aussi prêtes à assumer leurs devoirs et qu’une femme peut dès lors être « accusée, arrêtée et détenue dans les cas déterminés par la Loi ». © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur 99 ◗◗ Réponses aux questions 1. Classement des articles : Égalité Article 1 Article 3 Article 4 Article 6 Liberté Article 1 Article 2 Article 4 Article 10 Article 11 Propriété Article 2 Article 17 2. La révolution américaine est une source d’inspiration pour les révolutionnaires français dont la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 fait écho à la Déclaration des droits de Virginie de 1776. Les deux déclarations commencent notamment en rappelant que les hommes naissent libres. Les citoyens peuvent ensuite revendiquer l’exercice d’autres droits comme celui d’être propriétaire (article 1 de la Déclaration des droits de Virginie et article 17 de la DDHC) ou bien la liberté de conscience (article 16 de la Déclaration des droits de Virginie et article 10 de la DDHC). Ces points communs s’expliquent notamment par l’inspiration commune de ces mouvements révolutionnaires par les idées des philosophes des Lumières au cours du XVIIIe siècle. 3. Les principales revendications des femmes révolutionnaires à la suite de l’adoption de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen consistent à atteindre l’égalité en droit avec les hommes. Elles demandent donc les mêmes droits sociaux (droit à l’éducation, droit au travail), mais aussi les mêmes droits politiques (droit de vote et droit d’éligibilité). L’égalité est cependant demandée dans tous les domaines et la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne précise par conséquent que les femmes peuvent être jugées et déclarées coupables (article 3). ◗◗ Vers le Bac La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen n’est pas seulement un texte permettant de fixer les principes sociaux de la nouvelle France à partir de 1789 ; c’est également un texte qui pose les fondements politiques d’un nouveau régime dans lequel la souveraineté du roi est transférée à la nation définie comme la communauté des citoyens. L’article 3 de la DDHC est assez clair sur ce point : « Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. » Par conséquent, ce n’est plus nécessairement au roi d’exercer l’autorité, mais aux « Représentants du Peuple Français » qui se sont constitués en Assemblée nationale et qui devront continuer par la suite à représenter « la volonté générale » comme le précise l’article 6. Histoire des Arts Un dessin : la journée révolutionnaire du 10 août 1792 ◗◗ Le choix de l’œuvre Ce dessin est particulièrement riche pour mobiliser un certain nombre des impératifs du programme. Sa composition très dynamique traduit l’irrésistible processus révolutionnaire particulièrement manifeste lors des journées révolutionnaires. Cette œuvre permet de dégager une bonne partie des protagonistes (partis, acteurs individuels et collectifs) qui s’opposent et alimentent le moteur de la dynamique révolutionnaire. On peut ainsi dégager ici les options politiques (monarchie/République), les tensions (dirigeants/peuple), les lieux (Assemblée nationale et implicitement la rue et les Tuileries), les symboles (devises, bonnet phrygien). L’auteur, François Gérard (1770-1837) a été élève de J.-L. David. Peintre d’histoire, il va ensuite devenir portraitiste des grands souverains européens durant la période impériale et la Restauration. Ce dessin est le travail préparatoire du concours de l’An II (1794), organisé par la Convention et destiné à « représenter à leur choix sur la toile les époques les plus glorieuses de la République française ». Il remporte le prix. Le tableau final, jamais achevé, devait s’intituler : « Le Peuple français demandant la destitution du tyran à la journée du 10 août. » ◗◗ Réponses aux questions 1. Les principaux acteurs de la composition sont : les « insurgés » (c’est-à-dire les sans-culottes, les fédérés), les membres du bureau de l’Assemblée, la famille royale. 100 ➤ p. 212-213 / p. 218-219 2. On peut distinguer la fureur, la liesse et les postures revendicatives des insurgés et par contraste l’air dépité, accablé des membres de l’Assemblée. Derrière, dans une loge, la famille royale interrogative et sur la défensive. 3. Les coffres à bijoux en position centrale, l’estrade des membres de l’Assemblée et les barreaux de la loge où s’est retranchée la famille royale marquent une rupture dans la composition et traduisent la division entre les deux options politiques (monarchie / République). 4. Le contexte de guerre est central dans le déclenchement de cette journée. Les troupes des monarchies européennes coalisées contre la France révolutionnaire sont aux frontières du pays. Le manifeste du duc de Brunswick menace les révolutionnaires parisiens d’une répression féroce s’il est fait du mal à la famille royale. Depuis sa tentative de fuite du royaume pour rejoindre les émigrés et reconquérir le royaume, le roi est discrédité. 5. Le dessin traduit la fureur de la foule, les visages menaçants, les armes brandies, les mouvements et bras levés en direction de la famille royale veulent rendre compte de la menace d’atteinte physique aux monarchistes. Déjà les insurgés ont pris le palais des Tuileries et massacré des Gardes suisses protégeant la famille royale. Les dirigeants, ici l’Assemblée comme le roi, apparaissent incapables de maîtriser cette fureur. La rue prend ici le dessus sur le gouvernement. © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur ◗◗ S’organiser Le site L’Histoire par l’image permet de travailler sur d’autres journées révolutionnaires. Le tableau de J.-A. Tellier, Boissy d’Anglas salue la tête du député Féraud à la Convention nationale, 20 mai 1795, témoigne d’une opposition assez similaire entre acteurs du jeu révolutionnaire. Il s’agit des dernières journées où la rue essaie de faire pression sur les dirigeants pour établir une République plus égalitaire. On retrouve la fureur des sans-culottes (tête décapitée d’un député) menaçant l’Assemblée et plus particulièrement Boissy d’Anglas, artisan de la mise en place d’une République libérale, bourgeoise et modérée. Cours La dynamique révolutionnaire ➤ p. 214-217 / p. 220-223 ➥ Pourquoi la Révolution se prolonge-t-elle jusqu’en 1804 ? ◗◗ Organisation du cours La structure du cours, en trois points clés, met en évidence trois aspects majeurs de la dynamique révolutionnaire. Elle vise à montrer que la Révolution est un processus que les événements de 1789 déclenchent mais que les oppositions entre acteurs et options politiques rendent difficiles à arrêter. Il s’agit de montrer comment on passe d’un « événement révolutionnaire » à une « période révolutionnaire ». −− Partie A. Cette partie insiste sur le « moment » 1789 et plus particulièrement sur le cycle de l’été 1789 qui est lancé par la révolution « juridique » des états généraux et poursuivi par les révoltes populaires. La carte du document 1 permet de voir la diffusion de la rébellion (Grande Peur, révoltes municipales). Les décisions et proclamations de la fin de l’été (Déclaration des droits de l’homme et du citoyen) entérinent l’abolition de la société d’Ancien Régime et de son système politique. Le document 1 (la fête de la Fédération de 1790) montre ce qui aurait pu être la fin de la Révolution avec la mise en place d’un système de monarchie parlementaire « à l’anglaise » où le roi jure fidélité à la nation à nouveau rassemblée, qui dispose du pouvoir de faire la loi et qui lui concède le pouvoir exécutif. −− Partie B. La monarchie constitutionnelle est un échec. Cette seconde partie en explique les raisons. Elle fait un état des lieux des acteurs et options politiques qui s’opposent durant la période 17901804. Le choix est fait de montrer ces divisions autour d’une double logique. D’abord la division majeure entre révolutionnaires et contre-révolutionnaires. Ensuite, en montrant que les divisions existent aussi au sein des révolutionnaires eux-mêmes. Le portrait de Manon Roland permet par exemple d’évoquer les divisions entre Montagnards et Girondins. Le document 2 évoque l’importance majeure du poids du contexte dans les divisions et oppositions. La question de la guerre a entraîné de nombreuses oppositions et a motivé nombre de journées révolutionnaires. −− Partie C. Cette partie est l’occasion de voir la traduction des tensions et désaccords en termes de succession des régimes politiques. C’est un moment qui aborde de façon chronologique la période et la dynamique révolutionnaire. Une description rapide est faite de chacune des expériences politiques éprouvée notamment en ce qui concerne les formes républicaines. Le document 3 évoque deux acteurs majeurs dans cette « valse des régimes ». Les journées révolutionnaires sont des moments clés du passage de l’un à l’autre. Avec la journée du 31 mai 1793, c’est une dernière occasion de montrer les tensions entre deux types d’acteurs clés de la Révolution et deux options de la forme républicaine (sans-culottes, république montagnarde / dirigeants modérés et république girondine). Le cours se termine sur l’épilogue révolutionnaire. Il s’appuie sur la personne de Napoléon et sur les contradictions de son action politique qui témoignent de l’enracinement mais aussi des limites et remises en cause des principes de la révolution de 1789. ◗◗ Schéma de synthèse commenté www.lienmini.fr/magnard-hg2-023 −− Écouter et mémoriser la synthèse du cours avec le schéma animé. −− Schéma vierge à télécharger sur le site Magnard. −− Commentaire écrit à télécharger sur le site Magnard. © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur 101 Exercices ➤ p. 218 / p. 224 ◗◗ Situer un événement Périodes de régimes libéraux et modérés : monarchie constitutionnelle (1789-1792), Directoire (1795-1799) et Consulat (1799-1804) ◗◗ Utiliser les moteurs de recherche Sites consultables : http://www.carnavalet.paris.fr/fr/collections/arrestationdu-roi-et-de-la-famille-royale-varennes-le-22-juin-1791 http://www.histoire-image.org/site/oeuvre/analyse. php?i=199 http://www.universalis.fr/encyclopedie/fuite-a-varennes/ a. Le 20-21 juin 1791, le roi voulait rejoindre un bastion armé de royalistes émigrés dans la Meuse afin d’y organiser une contre-révolution. b. Il s’agit d’un échec puisqu’il est reconnu et arrêté dans la commune de Varennes. Cela explique que l’on parle souvent de la « fuite de Varennes » alors que ce n’était pas la destination finale du roi. Il est ramené à Paris et dès lors en résidence « surveillée ». c. Cette fuite discrédite totalement le roi à qui on reprochait déjà son double jeu. L’opinion se détourne largement de lui. Le camp des patriotes et des partisans d’une république (Montagnards, sans-culottes) augmente sa pression sur l’Assemblée et renforce ses revendications. ◗◗ Identifier et critiquer un document 1. Au premier plan on peut reconnaître deux catégories de personnages renvoyant à la société d’ordres et que l’on peut résumer dans l’expression aristocrates (privilégiés de l’Ancien Régime) : d’une part le clergé repérable à la présence d’ecclésiastiques (prélats, religieuses ou curés) et leurs attributs (croix chrétienne, tonsures, calottes, soutanes) et d’autre part la noblesse reconnaissable aux perruques, coiffes et vêtements. 2. Le deuxième plan permet de repérer la ville. La fête a été organisée à Paris sur le Champ-de-Mars dont on repère la vaste esplanade. À l’arrière-plan, on devine l’Arc de triomphe construit à cette occasion. La fête du 14 juillet 1790 rassemblait des représentants fédérés de l’ensemble des communes de France. Le roi Louis XVI y prononça un serment de fidélité à la nation et à la loi. 3. On peut parler de caricature en voyant les personnages du premier plan : visages grossiers et grimaçants, postures effrayées ou inconfortables, corps ventripotents. Il s’agit de montrer que la fête de la Fédération sanctionne la mise en place d’un nouveau système politique et social et détruit définitivement l’Ancien Régime dont les personnages moqués du premier plan sont censés être l’incarnation. Méthode vers le Bac Rédiger une composition ➤ p. 219 / p. 225 Sujet : L’année 1789, une année révolutionnaire. Consigne : Appliquez la méthode à ce sujet : « L’année 1789, une année révolutionnaire. » Introduction Une révolution se définit par un changement radical de régime politique. Il s’agit donc de comprendre dans quelle mesure l’année 1789 a bien été une année révolutionnaire. À cette fin, nous verrons comment les états généraux déclenchent le mouvement révolutionnaire (partie 1), puis comment l’entrée en scène du peuple entretient cette dynamique révolutionnaire (partie 2) et enfin comment cette dynamique débouche sur une France nouvelle (partie 3). Partie 1 L’année 1789 s’ouvre dans le contexte de la convocation des états généraux par le roi afin de trouver une solution à la crise de la dette. Partout en France, les élections des représentants des trois ordres sont accompagnées de la rédaction de cahiers de doléances qui témoignent des tensions qui agitent le royaume. Ainsi, sans remettre en cause le roi, le tiers état demande plus d’égalité et de libertés. Les états généraux s’ouvrent le 5 mai 1789 à Versailles. Mais, le 20 juin, devant le refus du roi d’appliquer le vote par député plutôt que par ordre, les députés du tiers état, rejoints par des ecclésiastiques et des nobles réformateurs, se déclarent Assemblée nationale et se promettent de rédiger une constitution lors du serment du Jeu de paume. Ils proclament ainsi le principe de la souveraineté nationale, rompant avec la monarchie absolue de droit divin. Il s’agit de la première rupture fondamentale de l’année 1789. Partie 2 Cette dynamique révolutionnaire est entretenue par l’entrée en scène du peuple. Inquiets de la 102 décision du roi de renvoyer le ministre réformateur Necker puis de rassembler des troupes autour de la capitale, les Parisiens s’emparent le 14 juillet de la Bastille, symbole de l’arbitraire du pouvoir royal. Dans plusieurs villes, les patriotes prennent le contrôle des municipalités. La dynamique se poursuit dans les campagnes, lorsque des rumeurs de complot aristocratique provoquent un mouvement de peur collective : la Grande Peur (mi-juillet – début août 1789). Les paysans attaquent alors les châteaux et incendient les bâtiments témoignant des privilèges seigneuriaux. Partie 3 Une France nouvelle émerge de cette dynamique révolutionnaire. Dans la nuit du 4 août, l’Assemblée nationale abolit les privilèges. Puis elle vote le 26 août la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen qui pose les principes d’une nouvelle organisation politique et sociale : souveraineté de la nation, liberté, propriété, égalité en droit. L’ Ancien Régime est aboli. L’année s’achève symboliquement par les journées des 5 et 6 octobre au cours desquelles les femmes de Paris partent à Versailles pour ramener la famille royale dans la capitale, sous le regard du peuple souverain. Conclusion L’année 1789 est donc bien une année révolutionnaire qui met à bas ce qu’on appelle désormais l’Ancien Régime au profit de nouveaux principes. Ces principes sont encore le socle de la République actuelle. © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur Chapitre 10 3e partie La Révolution française, une rupture profonde ? ➤ Histoire p. 220-231 / Hist-Géo p. 226-237 Repères ➤ p. 220-221 / p. 226-227 −− Quatre notions clés, définies et contextualisées. −− Quatre études mettant l’accent sur des études de cas. −− Quatre documents iconographiques emblématiques, associés à chaque notion. •• La Liberté ou la mort (vers 1792). La notion de liberté, revendication majeure du tiers état puis des citoyens, est ici manifestée au travers d’une des formules de la période républicaine. Cette formule « la liberté ou la mort » illustre la problématique et les ambiguïtés de la dynamique révolutionnaire au moment de la Terreur. Étude •• Pièce de monnaie (1793). Cette pièce de monnaie montre l’enracinement des nouveaux principes politiques dans un objet de la vie courante. •• Une du Point : Sommes-nous en 1789 ? (2013). Cette Une permet de montrer les résonances et le caractère matriciel de la Révolution dans la construction de la nation française. •• Carte d’électeur (1790). Ce document est un témoin majeur de la rupture politique que constitue la Révolution. Celle-ci inaugure une vie démocratique par la souveraineté nationale et la naissance d’une citoyenneté politique. Théroigne de Méricourt et la révolution des femmes ➤ p. 222-223/ p. 228-229 ➥ Quels rôles les femmes jouent-elles dans la Révolution ? Notion : l’égalité ◗◗ Lien avec le programme Cette étude d’une femme engagée dans la Révolution permet d’aborder les éléments clés des attentes du programme en évoquant un acteur individuel dans le cadre d’une journée révolutionnaire pour étudier les bouleversements politiques, sociaux et culturels mais aussi leurs limites. ◗◗ Intérêt du sujet Le cas de Théroigne de Méricourt est intéressant dans la mesure où c’est une femme qui est présente dans des lieux clés de la Révolution : clubs politiques, rue et peutêtre Versailles (journées d’octobre). Le texte de Mona Ozouf permet cependant de relativiser et de ne pas idéaliser le rôle politique des femmes durant la Révolution. Les figures emblématiques (Théroigne de Méricourt, Olympe de Gouges) ne doivent pas occulter les obstacles et les freins à leur intégration politique. ◗◗ Réponses aux questions 1. Les journées d’octobre 1789, initialement révolte frumentaire, symbolisent la fin de la fracture géographique et sociale entre un monde privilégié (Versailles) et les réalités du quotidien du peuple à Paris (disette). En ramenant la famille royale à Paris (palais des Tuileries), les femmes veulent que le roi, qui a accepté la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, vive parmi les citoyens. C’est la fin de Versailles comme centre politique associé à l’absolutisme et l’Ancien Régime. 2. Le document 1 est une source, le discours d’une actrice de l’époque révolutionnaire qui semble montrer un rôle significatif des femmes dans la Révolution. Le document 3 est un document produit, écrit par une historienne en 2013 et qui relativise ce rôle. 3. Dans ce discours de 1792, on repère d’abord l’aspiration à une égalité de fait avec les hommes. Les femmes sont qualifiées d’ « asservies », mises en position d’infériorité jusqu’alors. Théroigne de Méricourt souhaite que la Révolution soit l’occasion pour les femmes d’obtenir un nouveau statut et rôle politique et social. On repère aussi la volonté de participer activement à la protection de la République naissante. 4. Le document 2 montre l’engagement des femmes dans une action à portée politique. On les voit armées, revendicatives, déterminées. La composition donne le sentiment de mouvement en avant pour mieux signifier leur objectif et leur volonté. ◗◗ Synthétiser Les documents 1 et 2 montrent des femmes investies et engagées à l’occasion de discours ou de journées révolutionnaires mais le document 3 fait un état des lieux de la réalité du rôle des femmes à cette époque. Celui-ci est en fait limité pour deux raisons. D’une part, par refus des hommes d’accorder l’égalité aux femmes. Mona Ozouf montre que ce qui relevait de l’exception avant même la Révolution aurait pu devenir la règle dans le contexte de mise en place du principe d’égalité. En 1789, le monde politique masculin de l’Assemblée qui a rédigé la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen a refusé d’acter l’égalité politique et même juridique © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur 103 des hommes et des femmes. Le statut inférieur des femmes est confirmé dans le Code civil de 1804. D’un autre côté, Mona Ozouf montre que les femmes elles-mêmes se sont finalement peu engagées ou ont inégalement adhéré aux valeurs révolutionnaires : « elles ont manifesté une répugnance collective aux innovations révolutionnaires. » La destinée de Théroigne de Méricourt est à ce titre emblématique : ses positions militantes très radicales qui choquent certaines femmes mais aussi son soutien aux Girondins lui valent d’être fessée et fouettée publiquement. Elle devient folle et est internée dans un asile en 1795. Elle n’aura rien obtenu de ses revendications et aspirations. ◗◗ Schématiser Les symboles repérables sont les cocardes bleu-blancrouge ou bleu-rouge sur les tenues des femmes (1 : souveraineté de la nation), le bonnet phrygien et la balance (3 : liberté et égalité). La figure de l’Amazone (2) remonte à l’Antiquité et à la mythologie grecque qui décrit un peuple de femmes guerrières qui tuait les enfants mâles ou les réduisait en serviteurs et qui se coupaient le sein droit pour faciliter le tir à l’arc. Théroigne de Méricourt réemploie ce terme pour manifester son combat de voir les femmes accéder au même pouvoir que celui des hommes. Elle voulait aussi fonder des phalanges de femmes guerrières pour se battre et défendre la République. Les Amazones de la Révolution sont représentées à cheval ou parfois avec un sabre à la ceinture. Étude ◗◗ Vers le Bac On peut distinguer deux formes d’action et d’intervention des femmes. D’abord leur participation aux débats politiques intenses durant la période dans le cadre des clubs et des salons qui se multiplient alors. S’y expriment des positions sur la Révolution en général mais aussi des revendications plus spécifiquement liées au statut des femmes. On repère la volonté d’obtenir des droits identiques à ceux des hommes. Le discours deThéroigne de Méricourt (doc. 1) insiste sur le statut inférieur des femmes jusqu’alors et sur la valeur de leur action et fonction politique et sociale. Elle veut remettre en cause le rôle traditionnel de mère et d’épouse au foyer. On peut rapprocher cela de la Déclaration des droits de la femme d’Olympes de Gouges (1791) qui témoigne aussi de cette volonté d’assimilation juridique (statut), politique (droit de vote), sociale (indépendance). Ensuite leurs interventions directes et concrètes dans le processus révolutionnaire. Les femmes sont présentes lors des journées révolutionnaires comme le montrent les journées emblématiques d’octobre 1789 (doc. 2) où elles sont les initiatrices et actrices principales. Théroigne de Méricourt a sans doute participé à la prise de la Bastille ou à la journée du 10 août 1792 en tant que partisane de l’abolition de la monarchie. Dans le contexte de guerre qui s’aggrave en 1792, elle souhaite lancer un mouvement féminin de défense armée (phalanges d’Amazones) de la République à l’image de la Garde nationale. Son engagement et sa volonté politique sont visibles dans la répétition du « citoyennes, armons-nous » de son discours. L ’Église et la Révolution ➤ p. 224-225 / p. 230-231 ➥ Comment la Révolution provoque-t-elle des divisions au sein de l’Église catholique et de la population ? Notion : la liberté ◗◗ Lien avec le programme Le programme demande d’étudier les bouleversements religieux provoqués par la Révolution. La fiche Éduscol précise « qu’il semble ainsi indispensable d’évoquer les relations entre l’Église et la Révolution qui ouvre une période de tensions entre l’Église et l’État jusqu’au XXe siècle. » ◗◗ Intérêt du sujet Les documents proposés montrent le caractère clivant de la question religieuse. Celle-ci apparaît comme un moteur important de la dynamique révolutionnaire en motivant les lignes de fracture au sein des Assemblées et régimes, de la population et des régions françaises (Vendée). Les positions de l’Église catholique et du pape nourrissent la contre-révolution. ◗◗ Réponses aux questions 1. On repère les régions à la faiblesse du nombre de membres du clergé ayant prêté serment à la constitution civile du clergé, et du nombre de prêtres défroqués. Il s’agit principalement des régions du nord-ouest (Bretagne, Vendée), des Cévennes, du nord et de l’est. Les régions les plus actives pour restaurer l’Ancien Régime 104 seront cependant celles de l’ouest (mouvement des Chouans et Vendéens). 2. Les deux partis qui s’opposent sont les prêtres jureurs (à droite) qui acceptent de prêter serment à la Constitution civile du clergé décrétée par l’Assemblée en 1790 et les prêtres réfractaires (à gauche) qui refusent. 3. Les prêtres réfractaires sont considérés comme des ennemis de la Révolution. Ils sont montrés comme dangereux. Dans le document 2 on voit des serpents pour symboliser le venin que constitue leurs discours et positions anti-révolutionnaires. Dans le document 3, ils sont décrits comme fanatiques, séditieux et agressifs. 4. Le rapporteur craint à juste titre que les prêtres réfractaires ne favorisent une contre-révolution et donc une guerre civile en mobilisant la population pour les rallier à leur discours et position contre les décrets de l’Assemblée. ◗◗ Synthétiser La Constitution civile du clergé de 1791 aboutit à une fracture géographique et politique de la France. D’un point de vue géographique, le document 1 montre une situation très contrastée des régions françaises. Cela prouve que les décisions de l’Assemblée en matière religieuse et que le processus révolutionnaire d’une manière générale ne fait pas l’unanimité. On repère en creux © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur l’influence dont dispose encore l’Église et sa capacité à mobiliser la population. Cela aboutit à des oppositions politiques repérables à la violence des discours et images qui circulent (doc. 2) et aux affrontements. Le document 3 évoque des scènes de combat. On parle d’attroupements d’hommes armés de fusils, faux et piques. Ces références montrent que ce sont des civils, par exemple des paysans, qui s’engagent dans la lutte aux côtés des prêtres réfractaires. On repère aussi de la désobéissance civile puisque les décrets de l’Assemblée ne sont pas respectés. ◗◗ Schématiser 1 : le triangle fait référence aux nouvelles valeurs et au nouveau système politique (loi, nation, roi) et leur primauté par rapport aux valeurs religieuses. Le triangle peut aussi être une référence à l’Être suprême ou un principe divin supérieur qui remet en cause la religion révélée chrétienne. 2 : les députés de l’Assemblée qui ont voté les décrets de la Constitution civile du clergé visant à faire des membres de l’Église catholique des fonctionnaires de l’État, ce qui remet en cause l’autorité du pape. 3 : les prêtres jureurs qui acceptent les nouveaux principes de la Révolution. 4 : les prêtres réfractaires qui rejettent ces principes. On peut parler d’une caricature partisane car les prêtres réfractaires sont moqués (prêtre avec les fesses nues), associés au mal (serpents et autres animaux de mauvais augure à leurs côtés), dans des postures plus ou moins agressives. Étude ◗◗ Vers le Bac Les révolutionnaires associent la religion catholique et son poids dans les institutions à l’Ancien Régime. À partir de 1790, ils choisissent d’en réduire le rôle (adoption d’un état civil) et de réformer son statut. Ainsi, en 1791, l’Assemblée adopte la Constitution civile du clergé (doc. 2). En outre, l’influence de la philosophie des Lumières sur certains révolutionnaires aboutit à l’émergence d’une nouvelle forme de religiosité centrée sur l’Être suprême (triangle du doc. 2). Cela devient particulièrement significatif au moment du discrédit de la monarchie constitutionnelle à partir de 1791 (date des doc. 2 et 3) puis de la mise en place de la République (1792). Cependant, une partie de la population attachée à la ferveur catholique, les hommes politiques favorables au retour à l’Ancien Régime (à commencer par le roi) et le pape sont opposés à ces réformes. La question religieuse provoque donc un net clivage en France. On peut repérer ce clivage culturel et politique au refus de certains prêtres de jurer fidélité au nouveau régime et à la Constitution (doc. 2). Dans les régions attachées à la pratique religieuse traditionnelle, les populations soutiennent les prêtres réfractaires. En Bretagne et en Vendée, on assiste à une véritable guerre civile qui oppose des populations qui prennent les armes comme en témoigne le rapporteur du document 3. Dans le contexte de la Terreur, ces Chouans et Vendéens vont être réprimés par les armées révolutionnaires (voir Étude p. 208 / p. 214). N ation et mémoire de la Révolution ➤ p. 226 / p. 232 ➥ Pourquoi peut-on dire que la France actuelle est héritière de la Révolution française ? Notion : la nation ◗◗ Lien avec le programme La fiche Éduscol précise les attentes du programme sur la question des bouleversements provoqués par la Révolution : « la question de la mémoire des grands événements révolutionnaires permet d’expliquer les lectures postérieures de l’événement révolutionnaire et les choix opérés pour les commémorations du XIXe siècle et du XXe siècle, jusqu’au bicentenaire de 1989. » ◗◗ Intérêt du sujet Les deux documents permettent à la fois une étude à deux échelles de temps avec la mise en place des symboles (doc. 1) et des structures administratives (doc. 2) du pays. L’autre, plus liée au temps long et à la mémoire de la Révolution en étudiant ce que la France actuelle a gardé de ces décisions et symboles. ◗◗ Réponses aux questions 1. L’objectif de Napoléon est de poursuivre la refondation du pays opérée depuis 1789 mais aussi de prendre des décisions qui permettront de terminer le cycle révolutionnaire, ce qu’il nomme les « masses de granit » : création de la Banque de France, des lycées, des préfets et du Code civil. Il souhaite unifier le pays autour de structures, d’institutions et de réglementations centralisées. 2. Les symboles qui se sont pérennisés : la figure de Marianne, les couleurs bleu-blanc-rouge et le bonnet phrygien. Les faisceaux ne sont plus utilisés. ◗◗ Vers le Bac Les documents permettent de voir l’héritage révolutionnaire de la France actuelle dans deux domaines majeurs : symbolique et institutionnel. Du point de vue symbolique, la Révolution a donné à la France l’essentiel de ses attributs. La figure de Marianne, le drapeau tricolore et des objets révélateurs de sa devise (ici le bonnet phrygien pour la liberté). On peut ajouter aux symboles du document 1, l’hymne national (la Marseillaise) et la fête nationale (14 juillet) qui fête deux dates révolutionnaires : 1789 (prise de la Bastille), 1790 (fête de la Fédération). Du point de vue institutionnel, la dimension centralisée du pays date de la période révolutionnaire et de l’influence jacobine. On peut noter la création des départements, de l’état civil dès 1790. Plus tard, les « masses de granit » et le centralisme napoléonien avec le réseau de préfectures et de lycées (destinés à former les élites dirigeantes), la Banque de France, le franc germinal et enfin, le Code civil qui réglemente une bonne partie de la vie des particuliers et unifie le droit français. © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur 105 Étude L a presse et la politisation des Français ➤ p. 227 / p. 233 ➥ Pourquoi peut-on parler de l’émergence d’une opinion publique sous la Révolution ? Notion : la citoyenneté ◗◗ Lien avec le programme Le programme invite à montrer les bouleversements politiques, économiques et sociaux dans le contexte de l’affirmation d’un nouvel univers politique en France durant la période révolutionnaire. Favorisée par l’amélioration de l’alphabétisation et par la liberté de la presse d’expression affirmée dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, la presse se développe rapidement et contribue à l’émergence d’une opinion publique en France. ◗◗ Intérêt du sujet La montée en puissance de la presse est spectaculaire au cours de la période révolutionnaire. On recense environ 3 500 journaux et placards représentant tous les courants politiques entre 1789 et 1800. Ces publications ne sont pas seulement révélatrices des nouvelles libertés d’expression et de publication récemment acquises ; elles témoignent également de l’émergence d’une opinion publique qui entend se tenir informée des événements politiques et des discussions à l’Assemblée afin d’exercer une citoyenneté active, notamment dans les clubs où les journaux sont lus et discutés. ◗◗ Le document numérique intégré www.lienmini.fr/magnard-hg2-024 Le document 3 de cette étude est constitué par un Power Point interactif répondant à la demande du programme de faire appel aux technologies de l’information et de la communication (TIC) comme supports documentaires et comme outils de travail personnel. À partir de l’étude détaillée de la Une du n°3 du Vieux Cordelier de Camille Desmoulins, il permet de travailler de façon approfondie le thème proposé. Sa conception en fait un outil adapté à différentes approches pédagogiques : travail à la maison, avant le cours ; travail en classe, au vidéoprojecteur ; travail à la maison, après le cours. Le document numérique s’organise autour d’un exemple de journal révolutionnaire : Le Vieux Cordelier de Camille Desmoulins. Il permet d’approfondir le rôle de ces publications dans l’émergence d’une opinion publique sous la Révolution : 1. « Un journaliste » : cette partie présente le directeur et l’unique rédacteur du Vieux Cordelier, Camille Desmoulins, député à la Convention. 2. « Un journal » : Le Vieux Cordelier est un journal révolutionnaire qui ne se contente pas de profiter de la liberté de la presse mais qui entend aussi la défendre avec l’ensemble des idées révolutionnaires. 3. « Une opinion » : ce journal appartient à la catégorie de la presse d’opinion qui défend ici un engagement républicain, tout comme L’Ami du Peuple de Marat. Il existe cependant aussi des journaux royalistes tels que La Gazette de Paris. 4. « Des lecteurs » : la lecture d’un journal est rarement une activité individuelle, notamment en raison du prix élevé de l’abonnement. Il existe 106 donc une communauté de lecteurs qui dépasse le nombre de tirages. ◗◗ Questions pour un travail personnel ou une évaluation 1. Pourquoi Camille Desmoulins fonde-t-il Le Vieux Cordelier ? Tout d’abord, Le Vieux Cordelier n’est pas le premier journal fondé par Camille Desmoulins qui mène une carrière de journaliste avant d’être élu député de la Seine à la Convention en 1792. Dès 1789, il fonde son premier journal intitulé Les Révolutions de France et de Brabant. Cependant, il continue cette activité après son élection à la Convention parce qu’il considère comme d’autres députés (Marat, Mirabeau) que la presse constitue un outil de communication indispensable pour informer les électeurs des débats à l’Assemblée et éventuellement influence l’opinion publique afin de bénéficier de son soutien. 2. Pourquoi les journaux se multiplient-ils à partir de 1789 ? Les journaux se multiplient à partir de 1789 en raison de la liberté de la presse instaurée par l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi. » 3. Dans quelle mesure peut-on considérer que la liberté d’expression et de la presse n’est pas tout à fait respectée par les révolutionnaires à partir de 1792 ? Après la prise des Tuileries par les sans-culottes le 10 août 1792, la Commune de Paris adopte un arrêté qui limite la liberté de la presse en interdisant les journaux royalistes et contre-révolutionnaires tels que La Gazette de Paris et La Feuille du jour. 4. Quels sont les éléments qui affirment que Le Vieux Cordelier est un journal révolutionnaire ? Plusieurs éléments permettent d’identifier Le Vieux Cordelier comme un journal révolutionnaire, au-delà de l’identité de son fondateur et rédacteur. D’une part, l’expression «Vivre libre ou mourir » qui apparaît sur la Une peut être considérée comme un hommage à la liberté de la presse qui permet la publication du journal et qui a été acquise grâce aux luttes révolutionnaires. D’autre part, la date du journal (« Quintidi Frimaire, 3e décade, l’an II de la République une et indivisible ») est indiquée dans le calendrier révolutionnaire et signale donc l’attachement de son auteur aux valeurs républicaines. Enfin, le choix du vocabulaire utilisé par Camille Desmoulins dans les premières lignes de son article témoigne de ses convictions républicaines lorsqu’il oppose « les gens de bien » qui préfèrent la République face aux « coquins » qui soutiennent la monarchie. © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur ◗◗ Réponses aux questions 1. À l’arrière-plan, la gravure montre les journaux en cours de fabrication : imprimeurs et typographes s’affairent pour répondre au mieux à la demande de la foule des citoyens et citoyennes avides de nouvelles. Au premier plan, chacun se précipite dans la rue, son journal en main, pour se faire le relais des opinions diffusées par les journalistes. La gravure met en évidence les nombreux journaux dont on peut distinguer certains titres, reflet de la diversité de l’information : Le Propagateur, Le Voyageur, L’ Ami de la Patrie, Le Furet, Le Miroir, Le Mercure de France, Le Messager, Le Père Duchêne… À Paris, d’une soixantaine de journaux en 1788, on passe à quelques 500 titres en 1792. 2. Les premiers journaux qui fleurissent à partir de 1789 sont souvent publiés par des députés soucieux de rendre compte auprès des citoyens des débats à l’Assemblée et des travaux difficiles en vue d’instaurer une nouvelle constitution. Rapidement, certains députés utilisent la presse comme tribune pour exprimer leurs idées et alimenter les débats publics. Ainsi, dès 1789, Camille Desmoulins fonde son premier journal intitulé Les Révolutions de France et de Brabant. Il informe ainsi les Parisiens des événements versaillais. Entre décembre 1793 et janvier 1794, il exprime progressivement dans Le Vieux Cordelier son opposition à la politique de la Terreur de Robespierre. 3. À partir de 1789, la presse est à la fois le reflet de la diversité des opinions politiques et l’une des principales sources qui alimentent la réflexion politique des Français. Elle est indissociable de l’émergence d’une opinion publique. La presse royaliste, comme La Gazette de Paris, est très active de 1789 à 1792. Elle est cependant victime de la censure à partir de 1792. La presse révolutionnaire occupe une place prépondérante avec une grande variété de titres. Le prix d’un abonnement restant élevé, la lecture des journaux est souvent collective, dans les lieux publics comme les cafés, favorisant les débats au sein d’une communauté de citoyens informés. ◗◗ Vers le Bac La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen pose, en août 1789, le principe de la liberté d’opinion et d’expression. Après les décennies de censure imposées par l’Ancien Régime, la société nouvelle née de la Révolution se nourrit de cette liberté. C’est la presse écrite qui constitue la source principale d’information et de réflexion permettant aux citoyens de se forger leurs opinions politiques. Les publications de journaux et pamphlets se multiplient : entre 1789 et 1800, 3 500 titres sont édités, soit quasiment un titre par jour entre 1789 et 1793. Les journaux apportent des informations : dès 1789, de nombreux députés comme Marat ou Mirabeau rendent compte des débats à l’Assemblée et des travaux concernant la future constitution. Surtout, les journaux apportent des idées et constituent une tribune dans laquelle des députés comme Camille Desmoulins avec Le Vieux Cordelier diffusent leurs idées. Ainsi, les lecteurs peuvent confronter leurs opinions au cours des lectures collectives – liées au coût élevé des abonnements – au sein des clubs politiques comme le Club des Jacobins ou dans des lieux publics comme les cafés ou les jardins. Une communauté de citoyens informés naît grâce à la presse. Cours Une France nouvelle après la Révolution ➤ p. 228-231 / p. 234-237 ➥ Dans quelle mesure la France est-elle transformée par la Révolution ? ◗◗ Organisation du cours −− Partie A. Cette partie insiste sur les acquis révolutionnaire en termes de pratiques politiques des Français. La période a initié une vie politique fondée sur de nouvelles valeurs fondatrices (particulièrement la souveraineté nationale) qui sont ici mises en perspective et illustrées par les images du procès de Louis XVI (marge) et la gouache de Lesueur (doc. 1) montrant des Français engagés politiquement. −− Partie B. Cette partie porte sur les acquis mais du point de vue de la France en tant que nation. Les symboles acquis mais aussi expérimentés (le document 2 évoque la tentative de mise en place d’un nouveau calendrier), l’organisation administrative, institutionnelle mise en place par les révolutionnaires et la période du Consulat. −− Partie C. Cette partie expose les limites, retours en arrière, contradictions du processus révolutionnaire. Un certain nombre de principes institutionnels sont actés (séparation des pouvoirs illustrée par l’organigramme de la monarchie constitutionnelle) mais le Consulat et la naissance de l’Empire montrent un retour à la concentration des pouvoirs. Le document 3 met en avant les ambiguïtés de la période napoléonienne, les éléments d’un retour à des pratiques d’Ancien Régime tout en inscrivant le régime dans une époque nouvelle. D’une manière générale, on montre les limites de l’application des principes de 1789 en termes de liberté et d’égalité. ◗◗ Schéma de synthèse commenté www.lienmini.fr/magnard-hg2-025 −− Écouter et mémoriser la synthèse du cours avec le schéma animé. −− Schéma vierge à télécharger sur le site Magnard. −− Commentaire écrit à télécharger sur le site Magnard. © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur 107 Chapitre 11 Libertés et nations en France et en Europe de 1804 à 1851 ➤ Histoire p. 232-247 / Hist-Géo p. 238-253 Du programme au manuel Programme Durée : 5 heures Mise en œuvre dans le manuel La question traite de l’émergence des idées de liberté et de nation en Europe en s’articulant autour de trois études : – u n mouvement libéral et national en Europe dans la première moitié du XIXe siècle ; – les révolutions politiques et sociales en France et en Europe en 1848 (la Révolution en France et le « printemps des peuples » en Europe caractérisé par l’esprit de 1848, l’affirmation de la question sociale, les contradictions et les faiblesses des mouvements nationaux) ; – les abolitions de la traite et de l’esclavage et leur application. –D eux entrées, au choix, sont proposées pour introduire la première étude demandée par le programme : • L’exaltation du sentiment national associée à la liberté des peuples (grand document d’ouverture p. 232 / p. 238). • La tentative d’une unification italienne dans une République démocratique (Étude Giuseppe Mazzini et le mouvement national italien, p. 240 / p. 246) – T rois entrées, au choix, sont proposées pour introduire la deuxième étude demandée par le programme : • L’échec de la Révolution en Allemagne en 1848 (Étude p. 242 / p. 248) • La Révolution de 1848 en France et la question sociale (Étude p. 243 / p. 249) • Le « printemps des peuples » et la question sociale sont indissociables (grand document d’ouverture p. 232 /p. 238). –U ne entrée est proposée pour introduire la troisième étude demandée par le programme : • La Grande-Bretagne et l’abolition de la traite des Noirs (Étude p. 238 / p. 244) –D es supports variés pour la contextualisation historique des études choisies : • Quatre notions clés définies et reliées à la chronologie de la période (Repères p. 234 / p. 240) • Des cartes dont une grande carte de synthèse du chapitre (Cartes p. 236 / p. 242). • Un cours synthétique, structuré en trois points clés (p. 244 / p. 250). • Un schéma de synthèse visuel, enrichi d’une version numérique commentée, ainsi que son texte à télécharger et à imprimer (schéma de synthèse p. 247 / p. 253). Bibliographie et sitographie ✔✔ Aprile Sylvie, Caron Jean-Claude, Fureix Emmanuel (sous la direction de), La Liberté guidant les peuples, les révolutions de 1830 en Europe, Champ Vallon, collection Époques, 2013. ✔✔ Caron Jean-Claude (sous la direction de), Paris, l’insurrection capitale, Champ Vallon, collection Époques, 2014. ✔✔ Hobsbawm Eric, L’Ère des révolutions (1789-1848), L’Ère du capital (1848-1875), Hachette, collection Pluriel, réed. 2004. 108 ✔✔ Revue d’histoire du XIXe siècle, Société d’histoire de la Révolution de 1848 et des révolutions du XIXe siècle. Le site propose des articles thématiques écrits par des historiens universitaires qui permettent d’approfondir les thèmes de ce chapitre et peuvent aussi être proposés en classe. Les derniers numéros de la revue ne sont pas intégralement accessibles. L’article accessible par ce lien http://rh19.revues.org/4103 fournit une excellente étude du mouvement national italien entre 1815 et 1830 [dernière consultation 07/07/2015]. © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur Document iconographique ➤ p. 232-233 / p. 238-239 L’ Assemblée nationale est envahie !, Victor Adam et Jules Arnout, 1848, lithographie colorée, Annales de la République française, BNF, Paris. ◗◗ Lien avec le programme Ce document permet d’aborder trois points que la fiche Éduscol invite à traiter : « La politisation d’une partie des populations européennes », « Le Congrès international de la paix universelle qui se tient à Paris en 1849 est emblématique de cet esprit des quarante-huitards » et « la question sociale. » ◗◗ Le document iconographique Cette lithographie représente la journée du 15 mai 1848. Ce 15 mai, une manifestation réclamant une intervention militaire française en faveur du mouvement nationaliste polonais défile de la Bastille à la Concorde. Une partie des manifestants pénètre dans le Palais Bourbon. Le plus grand désordre règne dans le Parlement, un homme proclame : « Au nom du peuple, l’Assemblée nationale est dissoute ! ». Finalement, la foule renonce à poursuivre l’insurrection. Le gouvernement saisit cette occasion pour faire arrêter les principaux chefs révolutionnaires. Les historiens hésitent encore sur l’interprétation de l’événement : est-ce une insurrection populaire spontanée, encadrée par les clubs révolutionnaires, ou est-ce une provocation policière organisée afin d’anéantir l’extrême-gauche ? Ce document est l’occasion d’aborder la question de l’action politique dans le cadre d’une démocratie représentative. Il est aussi une prise de position politique ; le commentaire contemporain illustre comment une partie des élites construit la figure des « classes dangereuses ». On peut faire le lien entre cette lithographie et le texte de Lamartine (Étude p. 243 / p. 249). Enfin, comme les gravures de Sorrieu, ce document montre que l’idéologie républicaine française prétend à l’universalité, exprimée ici par la fraternité envers un peuple opprimé. Repères ➤ p. 234-235 / p. 240-241 −− Quatre notions clés, définies et contextualisées. −− Quatre documents iconographiques emblématiques, associés à chaque notion et permettant de l’expliciter, de la mémoriser. •• Un esclave sur médaillon avec l’inscription « Ne suis-je pas ton frère ? » Ce médaillon aborde la notion de liberté par le biais de la campagne anti-abolitionniste qui prend une ampleur de plus en plus grande en Grande-Bretagne à la fin du XVIIIe siècle. Cette image d’un esclave dans les fers doit susciter la pitié d’un public chrétien : en Grande-Bretagne, la lutte contre l’esclavage rencontre un grand succès dans des cercles protestants relayés au Parlement. •• La Confection du drapeau italien par les femmes. Ces femmes font partie des classes aisées dont les discours et les pratiques définissent les sentiments nationaux tout au long du XIXe siècle. Bien qu’exclues des droits politiques, elles prennent leur part de risque (une femme surveille la porte) pour l’indépendance de l’Italie en exerçant une fonction (la couture) à laquelle l’époque les assigne. Les symboles comme les drapeaux se répandent dans toute l’Europe en imitation du modèle français. •• Club féminin en 1848. Les femmes jouent un rôle actif dans les révolutions du XIXe siècle, à la fois pendant les insurrections puis lors des phases plus politiques. Elles se heurtent cependant au refus de la grande majorité des hommes de leur permettre d’accéder aux droits politiques. La presse, et en particulier l’iconographie, se montrent d’une grande cruauté à l’égard des femmes qui participent à la vie publique. •• La Pologne est écrasée par la répression russe. Ce tableau romantique, Polonia, illustre l’intervention de l’armée russe (en l’occurrence un cosaque) contre l’insurrection des nationalistes polonais. Réalisé par un peintre hollandais installé en France, il montre l’engouement pour les aspirations nationales dans les milieux intellectuels, et plus particulièrement le soutien en France pour les Polonais qui ont perdu leur indépendance à la fin du XVIIIe siècle à la suite d’un partage de leur État entre la Russie, l’Autriche et la Prusse. −− Quatre études mettant l’accent sur deux études de cas. © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur 109 Cartes ➤ p. 236-237 / p. 242-243 −− Carte 1 : la carte de Paris est indispensable car les événements politiques qui s’y déroulent ont des répercussions dans toute l’Europe. Elle doit être mise en relation avec l’étude sur la Révolution de 1848 en France (p. 243 / p. 249). Paris est la ville révolutionnaire par excellence, les insurrections se répètent, certaines étant vaincues, d’autres parvenant à changer le régime politique. Les motivations des insurgés sont diverses, tout à la fois politiques, sociales et inspirées par des événements internationaux. −− Carte 2 : la carte de l’Italie entre 1815 et 1848 illustre la particularité d’une construction étatique à partir d’une nation divisée. Elle complète l’étude sur le mouvement nationaliste italien (p. 240 / p. 246). L’unification de l’Italie rencontre l’opposition de l’Autriche qui domine le nord de l’Italie, mais aussi de nombreux dirigeants d’États italiens, en particulier le pape à la tête des États de l’Église. −− Carte 3 : la grande carte constitue une synthèse du chapitre. Elle est ainsi un outil privilégié (en introduction, tout au long du cours ou en conclusion) Étude pour fixer les repères essentiels. Les lieux importants évoqués dans le chapitre (documents, Études, Cours) y sont localisés. Sa version cliquable/décliquable en complément numérique permet une utilisation au vidéoprojecteur. Sa légende est organisée en trois parties qui suivent celles du cours (p. 244 / p. 250) : •• Le « concert des grandes puissances » : à partir 1815, les principaux États européens s’entendent entre eux (le « concert ») afin de maintenir un équilibre européen qui empêche la progression des idées libérales et nationales. •• Les aspirations nationales et libérales des peuples européens : toute l’Europe est traversée par des contestations diversifiées de l’ordre établi. Des soulèvements se multiplient qui revendiquent l’indépendance, les droits politiques et, dans certains cas, l’unification nationale. •• Le printemps des révolutions (1848) : à la suite d’une nouvelle révolution parisienne, des insurrections éclatent dans une grande partie de l’Europe. L a Grande-Bretagne et l’abolition de la traite des Noirs ➤ p. 238-239/ p. 244-245 ➥ Quel est le rôle de la Grande-Bretagne dans l’abolition de la traite ? Notion : les libertés ◗◗ Lien avec le programme Selon la fiche Éduscol « l’essor des idées libérales […] se manifeste aussi par le premier grand combat à dimension internationale pour la défense des droits de l’homme : le mouvement d’abolition de la traite et de l’esclavage. » La fiche précise le caractère « incontournable » de « la politique britannique » et « l’écart entre les lois d’abolition et leur application ». ◗◗ Intérêt du sujet L’abolition de la traite et de l’esclavage a pour origine une mobilisation en Grande-Bretagne de milieux soucieux de philanthropie en accord avec leur foi protestante (doc. 1). Principale puissance mondiale à partir de 1815, la Grande-Bretagne essaye d’imposer l’abolition à l’échelle internationale (doc. 3), mais cette politique sert aussi ses intérêts nationaux (doc. 2). ◗◗ Réponses aux questions 1. Le début du XIXe siècle voit l’abolition de la traite et de l’esclavage par la Grande-Bretagne suivie par d’autres États européens comme la France. 2. La prétendue infériorité des Africains est dénoncée à l’aide de trois arguments : selon le christianisme, tous les êtres humains sont égaux devant Dieu ; les droits de l’homme ne font aucune distinction en 110 fonction de l’origine ; la connaissance réelle des Africains prouve cette absence d’infériorité. 3. La Grande-Bretagne utilise son statut de première puissance mondiale pour imposer dans le traité de Vienne en 1815 l’interdiction de la traite. Grâce à sa flotte de guerre, elle exerce une police des mers et traque les navires en illégalité. Enfin, elle avertit les peuples africains de la fin de la traite pour les inciter à résister et à ne plus se livrer à cette exploitation. 4. Cette caricature dénonce une pratique hypocrite de la Grande-Bretagne qui met en avant une propagande humaniste alors qu’elle force des esclaves libérés à travailler dans ses colonies. Cette caricature française illustre aussi la rivalité entre les deux puissances, les responsables français ne voulant pas être lésés par l’initiative britannique. ◗◗ Schématiser La Grande-Bretagne a vu se développer un influent courant anti-abolitionniste et philanthropique très populaire, mais en même temps elle continue à employer les anciens esclaves dans ses colonies dans des conditions déplorables. Concrètement, les Noirs libérés restent victimes d’abus et subissent une ségrégation totale. La Grande-Bretagne, maîtresse des mers et du commerce mondial, cherche à contrôler les relations commerciales avec les peuples africains afin d’avoir un débouché pour les produits de son industrie. À cette fin, elle doit avoir affaire à des peuples libérés de l’esclavage et de la domination de puissances rivales. © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur ◗◗ Synthétiser ◗◗ Vers le Bac 1 : Royal Navy – 2 : les Anglais libérateurs – 3 : la nature – 4 : les chefs africains admiratifs – 5 : l’accord pour commercer – 6 : les tribus reconnaissantes. Cette lithographie oppose un groupe de militaires britanniques reconnaissables à leur célèbre tunique rouge, symbole de la civilisation, sûrs de leur puissance, face à des Africains, peu habillés et vivant en harmonie avec les animaux (les éléphants) dans une nature généreuse (dons de produits exotiques obtenus sans travail). Les Britanniques veulent montrer qu’ils utilisent leur puissance pour aider des peuples sans défense. La lithographie veut marquer la supériorité des Britanniques qui sont les défenseurs du bien à travers le monde. La Grande-Bretagne a vu se développer un important courant abolitionniste d’origine religieuse. Cette philanthropie venait d’abord de certaines élites sociales, mais le mouvement abolitionniste a rapidement gagné une grande popularité. Profitant de sa prééminence au sortir des guerres contre la France, le gouvernement britannique est en mesure d’imposer l’abolition de la traite au niveau international lors de la conférence de Vienne et de faire une police des mers pour sanctionner les navires continuant ce trafic d’êtres humains. En réalité, cette politique abolitionniste est à l’avantage de l’économie britannique qui contrôle de nombreux territoires dans le monde, en particulier en Inde, et n’a plus besoin pour se développer de l’esclavage. L’abolition de l’esclavage met au contraire en difficulté des puissances rivales comme la France, les États-Unis ou les Pays-Bas. La Grande-Bretagne, entrée dans la révolution industrielle, cherche avant tout à exporter ses produits industriels, le commerce du sucre, du coton et du tabac d’origine servile n’étant plus une priorité. Étude G iuseppe Mazzini et le mouvement national italien ➤ p. 240-241 / p. 246-247 ➥ Quel rôle Giuseppe Mazzini a t-il joué dans le mouvement national italien ? Notion : la nation ◗◗ Lien avec le programme « Le mouvement national italien peut être présenté à travers la figure de Giuseppe Mazzini. Ses études universitaires, son passage par les carbonari, ses années d’exil sont représentatives du parcours de nombreux militants de la cause nationale italienne pour lesquels l’unité italienne était inséparable de l’idée républicaine. » (Fiche Éduscol) ◗◗ Intérêt du sujet G. Mazzini est une personnalité qui a fasciné ses contemporains, aussi bien ses sympathisants que ses ennemis. Il est à la fois un homme d’action (doc. 2) et un intellectuel qui fonde un mouvement nationaliste et républicain (doc. 1). Il joue un rôle historique lors des insurrections de 1848 en Italie (doc. 3), mais son ambition républicaine échoue. ◗◗ Réponses aux questions 1. Royaume lombard-vénitien, Royaume de Piémont-Sardaigne, duchés de Modène et de Parme, Grand-Duché de Toscane, États de l’Église, Royaume des Deux-Siciles. 2. Le mouvement Jeune-Italie veut réaliser l’indépendance et l’unité de l’Italie sous la forme d’une République. Ce nouvel État doit s’intégrer parmi les puissances européennes. 3. G. Mazzini est un intellectuel d’origine bourgeoise, G. Garibaldi est un aventurier et un militaire. La redingote et la tenue sombre de Mazzini en contact avec des artistes romantiques de toute l’Europe comme George Sand, s’opposent au pantalon blanc (c’est un marin) et à la veste en poils de Garibaldi, chef de troupes venues de tous les horizons. 4. Les nationalistes italiens doivent d’abord « éduquer », c’est-à-dire se livrer à une propagande afin de convaincre les Italiens de se rassembler dans un seul État. Pour cela, Mazzini et son mouvement adoptent un drapeau tricolore et une devise. Ils sont prêts à faire des « insurrections », qu’ils préparent dans la clandestinité. L’insurrection signifie des combats de rue dans les villes à l’abri de barricades contre l’armée autrichienne. ◗◗ Synthétiser G. Mazzini est à l’origine du mouvement national italien. Il est le fondateur du mouvement Jeune-Italie, il en est son théoricien et son principal dirigeant qui essaye de rassembler autour de lui tous les acteurs favorables à l’unité et l’indépendance de l’Italie. Lors des révolutions de 1848, il se précipite à Milan, la grande ville du nord de l’Italie alors sous contrôle autrichien. La libération de la Lombardie et de la Vénétie aurait permis de donner naissance à une République italienne que les autres États auraient pu rejoindre. ◗◗ Schématiser Le mouvement Jeune-Italie est fondé par G. Mazzini en 1831. Son objectif est de déclencher une insurrection populaire de masse afin de réaliser l’indépendance de l’Italie. En 1834, G. Mazzini tente d’envahir la Savoie (région alors italienne intégrée au Royaume de Piémont-Sardaigne) en même temps que G. Garibaldi doit organiser une révolte de marins à Gênes. Les deux tentatives échouent et les deux hommes sont condamnés à l’exil. Plus tard, après d’autres échecs, G. Garibaldi © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur 111 s’éloigne de G. Mazzini et accepte de soutenir le roi de Piémont-Sardaigne dans son entreprise d’unification de l’Italie, même si cette unification se fait au détriment de l’idéologie républicaine. 1 : G. Mazzini – 2 : G. Garibaldi – 3 : militants du mouvement Jeune-Italie – 4 : drapeau italien tricolore – 5 : buste d’une allégorie de la République italienne. Sur cette gravure, les deux personnalités les plus célèbres du mouvement national italien unissent leurs efforts, ils sont soutenus par une organisation clandestine de militants déterminés, et leur combat politique est symbolisé par des symboles imités des symboles de la Révolution française. C’est bien sûr une œuvre de propagande qui utilise la figure de deux personnages célèbres et populaires qui ne se sont peut-être pas rencontrés à Marseille à cette date. Étude ◗◗ Vers le Bac Le mouvement Jeune-Italie est nationaliste, il cherche à unifier les différents États italiens en un seul État-nation. Ce dernier doit prendre la forme d’une république unitaire, cela signifie que ce mouvement rejette le régime monarchiste ainsi que le fédéralisme. Ce nouvel État doit absolument être suffisamment puissant pour se défendre des États voisins et menaçants. Jeune-Italie est très influencé par la Révolution française (« tous les hommes d’une nation […] sont libres, égaux et frères »). La devise du mouvement est « Dieu et le peuple », G. Mazzini et Jeune-Italie associent Dieu et l’humanité. Le mouvement italien n’étant qu’une partie de l’ensemble de l’humanité, le dessein divin étant de permettre à tous les hommes de vivre libres. En 1834, G. Mazzini est aussi à l’origine de la création de Jeune-Europe, le mouvement nationaliste et romantique ayant une vocation universelle. L ’échec de la révolution en Allemagne, 1848 ➤ p. 242 / p. 248 ➥ Comment expliquer l’échec de la révolution en Allemagne ? Notion : la réaction ◗◗ Lien avec le programme Selon la fiche Éduscol : « À propos du mouvement national allemand, il convient d’insister sur son rapport ambivalent à la Révolution française ». L’unification allemande est confrontée aux « régimes réactionnaires allemands », en priorité la Prusse, et, en se ralliant à elle, certains nationalistes « abandonnent leurs convictions libérales ». ◗◗ Intérêt du sujet L’ Allemagne connaît en 1848 un puissant mouvement en faveur de l’unité nationale et de l’instauration d’un régime libéral (doc. 2). Après une phase victorieuse qui suscite l’espoir d’une unification dans un cadre parlementaire, les dirigeants des États rétablissent les formes traditionnelles de pouvoir (doc. 1). ◗◗ Réponses aux questions 1. Frédéric-Guillaume IV est en uniforme d’officier, il défile à la tête de son armée : pour les dirigeants prussiens, l’État est avant tout une institution militaire qui prépare le peuple à la guerre. Une foule joyeuse et familiale acclame le roi à cheval, un ouvrier en pantalon rayé apparaît au milieu de Étude bourgeois (robes élégantes des femmes). Des spectateurs sont derrière leurs fenêtres et brandissent le drapeau tricolore de l’unité allemande. 2. Le roi de Prusse ne veut pas devenir le dirigeant de l’Allemagne unifiée à la suite d’une révolution. Il refuse aussi d’obtenir le trône d’un vote parlementaire d’origine révolutionnaire, même si les « princes » allemands confirmaient ce vote. Frédéric-Guillaume IV ne veut tenir sa couronne que de Dieu, les Hohenzollern étant une antique dynastie comparable aux dynasties allemandes les plus prestigieuses remontant au Moyen Âge, comme les Habsbourg. ◗◗ Vers le Bac Frédéric-Guillaume IV se rallie dans un premier temps à l’unification de l’Allemagne après la révolution de 1848 qui secoue les grandes villes allemandes, en particulier les deux capitales que sont Berlin et Vienne. Il cède même devant les revendications d’un régime libéral et parlementaire. Mais au cours de l’année 1848, le roi fait échouer le mouvement libéral à Berlin en faisant intervenir son armée. En mai 1849, il refuse de devenir le roi de l’Allemagne unifiée sur une proposition du Parlement de Francfort, lequel est dissout un peu plus tard. La révolution allemande est donc un double échec : l’Allemagne n’est pas unifiée, les régimes en place ne sont pas libéralisés. L a révolution de 1848 en France ➤ p. 243 / p. 249 ➥ Quels conflits suscitent l’instauration de la démocratie en France ? Notion : la démocratie ◗◗ Lien avec le programme Les mouvements libéraux et nationaux qui transforment l’Europe au XIXe siècle ont tous dû affronter le problème de la démocratie, dans un large spectre politique allant du rejet à l’adhésion complète. Le cas de la révolution de 1848 en France et des débuts de la Seconde République 112 est à cet égard exemplaire et explicitement cité comme support d’étude par les fiches d’accompagnement aux programmes. ◗◗ Intérêt du sujet L’année 1848 en France fut particulièrement agitée et son étude permet d’aborder l’ensemble des thématiques abordées dans le chapitre : libertés, nations et © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur démocratie. On pourra ici percevoir tout à la fois le sentiment d’unité nationale qui a prévalu lors de la révolution de février et des débuts de la République (doc. 2), mais aussi les oppositions idéologiques (doc. 1) explosant en une révolte durement réprimée au mois de juin (doc. 3). ◗◗ Le document numérique intégré www.lienmini.fr/magnard-hg2-026 Le document 3 de cette étude est constitué par un Power Point interactif répondant à la demande du programme de faire appel aux technologies de l’information et de la communication (TIC) comme supports documentaires et comme outils de travail personnel. Le document numérique présente la révolution de 1848 en France en quatre grands thèmes : −− « Espoirs et unité » : l’estampe représentant les ateliers nationaux permet d’insister sur l’assise sociale et populaire de la révolution de février et des débuts de la Seconde République. L’extrait des Mémoires de Tocqueville souligne la place centrale des travailleurs et l’élan unanime qui semble avoir saisi le peuple parisien en ces débuts de l’année 1848. −− « Juin 1848 » : la deuxième partie suit chronologiquement la première. Elle est centrée sur l’analyse interactive du tableau de Meissonier, acteur des événements de juin, et met en évidence la fin brutale et sanglante de l’unité initiale. −− « Tensions et déceptions » : cette partie s’appuie sur une caricature de Daumier particulièrement évocatrice. Son analyse interactive, permettra aux élèves de mieux cerner les tensions qui suivent la répression de juin et l’accès au pouvoir du parti de l’Ordre. −− « Chronologie » : enfin, une chronologie rassemble les principaux éléments vus précédemment. ◗◗ Questions pour un travail personnel ou une évaluation 1. Décrivez et expliquer les espoirs suscités par les débuts de la Seconde République, de février à mai 1848. Tocqueville dans ses Mémoires est particulièrement lyrique quand il rappelle l’élan populaire du début de la Seconde République. Non seulement, il y voit l’accès des « classes qui travaillent de leurs mains » au pouvoir, mais il souligne plus encore le caractère unitaire et pacifique de ces premiers mois, dénués de « passion haineuse ». L’estampe anonyme représente elle aussi une foule de travailleurs conversant sereinement. La présence de drapeaux – sans doute rouges – suggère la dimension probablement politique de leurs dialogues. En effet, la création de ces ateliers, le suffrage universel masculin, la limitation à 10 heures du temps de travail ou encore l’abolition de l’esclavage sont autant de lois traduisant en acte les promesses républicaines d’égalité et de liberté. 2. Pourquoi les mesures politiques prises à partir de juin 1848 ont-elles déçu les espoirs populaires ? Les débuts de la Seconde République ont donné aux travailleurs l’espoir de sortir du chômage et d’accéder pleinement à la citoyenneté à travers le suffrage universel. La fermeture des ateliers nationaux en juin signe une rupture brutale avec les promesses antérieures. Après la sanglante répression, la politique du parti de l’Ordre a battu en brèche la politique sociale des débuts de la République, notamment l’augmentation de la journée de travail à 12 heures par jour et les lois limitant la liberté de la presse. 3. Le tableau d’Ernest Meissonier constitue-t-il une dénonciation des violences de juin 1848 ? Justifiez votre réponse. Le peintre Ernest Meissonier semble vouloir dénoncer les violences de juin 1848 dans son tableau La Barricade, peint au cœur des événements. Le fait d’avoir placé un amoncellement de corps au centre de la composition, l’absence de tout signe de vie ou les flaques de sang sont sans équivoque. L’artiste a expliqué avoir voulu peindre la scène dans « toute son horreur ». Il faut cependant être plus précis. En effet, le peintre a lui-même participé à la répression en tant que capitaine de la Garde nationale. En ce sens, il regrette plus la violence qu’il ne la dénonce. L’absence des assaillants peut aussi être lue comme un silence volontaire : les cadavres ne sont-ils pas victimes de leur propre violence ? 4. Imaginez un dialogue tenu entre un ancien ouvrier des ateliers nationaux et un partisan du parti de l’Ordre. Les élèves pourront reprendre les différents éléments suggérés par les questions précédentes ainsi que les données des documents non utilisés. La capacité des élèves à se situer dans le temps sera importante pour construire un dialogue qui est aussi de l’ordre de l’argumentation, voire du récit. ◗◗ Réponses aux questions 1. Le dessin de Georges Alexandre Fischer représente deux hommes, un travailleur et un étudiant, se partageant sur une barricade un morceau de pain dans une attitude de fraternité. L’auteur représente ainsi l’unité populaire ayant prévalu suite à la révolution de février 1848 qui a mis fin à la monarchie de Juillet. On peut s’attarder également sur la symbolique des couleurs. Alors que l’étudiant porte un drapeau rouge, symbole du socialisme et de la révolte populaire, le travailleur est habillé de bleu. 2. L’unité idéalisée par Fischer est bien vite remise en question. Des tensions très fortes apparaissent dès les premiers mois de la République. Lamartine, partisan d’une république modérée, dénonce ainsi les partisans d’une république sociale voire socialiste qui voudraient à ses yeux « l’extermination de la propriété [et] des capitalistes » ou encore « l’acceptation sans réplique et sans délai du drapeau rouge ». Non content de cette catégorisation politique, Lamartine décrit ses adversaires comme violents. Les mesures prises à partir du mois de juin, notamment la fermeture des ateliers nationaux, mettent le feu au poudre : les partisans d’une république socialiste prennent une nouvelle fois les armes et élèvent des barricades. Ils sont très sévèrement réprimés par la jeune république. 3. Les barricades parisiennes des mois de février et de mai témoignent de leur aspect improvisé et populaire. Il ne s’agit pas de constructions savantes et rationnalisées de militaires, mais d’amas de pierres, © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur 113 de pavés, de poutres ou de tonneaux. Les combats de rue sont particulièrement violents et sanglants. Face à un peuple révolté, souvent mal armé et presque toujours inhabitué au maniement des armes, se dresse une armée royale puis républicaine, organisée, bien armée et disciplinée. Le tableau de Meissonier rappelle de manière crue les mares de sang qui coulent alors dans les rues de la capitale. ◗◗ Vers le Bac L’année 1848 en France est à l’image de la situation européenne : un mélange de ferveur révolutionnaire, d’espoirs d’unité et de tensions sanglantes. Le mois de février voit l’éclatement d’une révolution qui met fin à la monarchie de Juillet. Le roi Louis-Philippe laisse la place à une nouvelle république. Les premières semaines du nouveau régime sont un moment d’unité populaire et nationale, notamment autour de la création des ateliers nationaux. Rapidement cependant, les tensions tout d’abord latentes entre partisans d’une république modérée (sinon conservatrice) et ceux d’une république sociale (voire socialiste) se font jour autour du droit au travail. Face à la révolte populaire qui secoue la capitale au mois de juin, le gouvernement réagit par une violente répression. Par la suite, la Seconde République revient sur de nombreuses avancées sociales et démocratiques qui avaient pourtant marqué ses débuts. Cours L’émergence des idées de liberté et de nation en Europe (1804-1851) ➤ p. 244-247 / p. 250-253 ➥ Quels obstacles l’émergence des idées libérales et nationales rencontre-t-elle ? ◗◗ Organisation du cours −− Partie A. Les libertés étouffées et les nations opprimées (1804-1830) sont illustrées par un tableau représentant la restauration de la monarchie en France (doc. 1). Louis XVIII est le frère de Louis XVI, la dynastie des Bourbons est rétablie après un intermède qui est ignoré (Louis XVIII succède au règne fictif de Louis XVII). La peinture représente les symboles traditionnels de la monarchie française : roi sur un trône vêtu d’un manteau d’azur décoré de fleurs de lys, tenant un sceptre, entouré d’allégories et de prédécesseurs prestigieux. Mais Louis XVIII ne peut plus régner comme un monarque absolu, le Parlement et la Constitution sont devenus des réalités politiques sur lesquelles il ne peut pas revenir. Pour ne pas démentir la fiction d’une restauration de la monarchie absolue, la Constitution est appelée « Charte » en référence à un Moyen Âge fantasmé par les monarchistes, et cette Charte est accordée à la France grâce à la bonté du roi. La nation n’a ici aucune volonté, elle se prosterne et remercie son roi. −− Partie B. Les timides progrès des libertés (18301848) sont illustrés par un tableau romantique évoquant la Révolution de 1830 qui a donné naissance à la Belgique (doc. 2). L’allégorie principale est une femme comparable à celle qui représente La Liberté guidant le peuple dans le tableau contemporain de Delacroix de 1832. Cette allégorie de la liberté de la nation belge tente de protéger son peuple, car elle est confrontée à la menace d’une intervention militaire des Pays-Bas à qui les provinces belges appartiennent. Mais les rapports entre puissances ont évolué en 1830, l’ordre du congrès de Vienne est déstabilisé à la suite des révolutions de 1830 dans 114 de nombreuses villes européennes. Les Belges ont l’opportunité d’obtenir une indépendance nationale que la Grande-Bretagne soutient pour éviter leur intégration à la France, comme cela avait été le cas à la suite des guerres révolutionnaires. −− Partie C. 1848 : le Printemps des Peuples est caractérisé par la liberté de la presse et plus généralement la liberté d’expression et de réunion (doc. 3). En ce milieu du XIXe siècle, les populations de plus en plus alphabétisées sont avides d’informations et la lecture de la presse est un élément au cœur de la vie sociale. De nombreux métiers tournent autour de cette activité, notamment les vendeurs de rue. Les journaux suscitent des rassemblements publics car ils sont encore chers et le peuple se réunit autour d’un lecteur. Les discussions politiques deviennent une habitude dans des réunions publiques formalisées ou spontanées. L’affichage est aussi un moyen d’expression privilégié : il est divers puisqu’il évoque la mode (les chapeaux parisiens), l’émancipation des Juifs ou la convocation de la Garde nationale. Tout le monde est armé, même les enfants (on voit un Gavroche viennois), le droit de porter une arme est considéré alors comme une liberté du peuple afin de se protéger contre un pouvoir injuste. ◗◗ Schéma de synthèse commenté www.lienmini.fr/magnard-hg2-027 −− Écouter et mémoriser la synthèse du cours avec le schéma animé. −− Schéma vierge à télécharger sur le site Magnard. −− Commentaire écrit à télécharger sur le site Magnard. © Magnard, 2015 – Histoire Géographie 2de – Livre du professeur