CYCLE «LES MOTS DE LA PHILOSOPHIE»
“Plus l’être humain sera éclairé, plus il sera libre.”
Voltaire
AUTRUI
CYCLE DE CONFÉRENCES PAR ÉRIC LOWEN
Association ALDÉRAN Toulouse
pour la promotion de la Philosophie
MAISON DE LA PHILOSOPHIE
29 rue de la digue, 31300 Toulouse
Tél : 05.61.42.14.40
Site : www.alderan-philo.org conférence N°1401-017
LES MOTS DE LA PHILOSOPHIE
AUTRUI
conférence d’Éric Lowen donnée le 03/03/2008
à la Maison de la philosophie à Toulouse
Pour bien comprendre le monde qui nous entoure et la vie, il nous faut réfléchir et penser.
Mais les concepts que nous utilisons sont-ils toujours les bons ? Comprenons-nous
toujours le sens des mots que nous employons ? Connaissons-nous d’ailleurs toujours le
nom qui décrit la chose ? Les concepts sont les outils de la pensée, plus ils sont
adéquats, plus nous pourrons penser correctement. Ces conférences thématiques, d’une
durée d’une heure, sont destinées à présenter les grandes notions et concepts de la
philosophie. Un retour sur les fondamentaux de la pensée et de la philosophie.
Association ALDÉRAN © - Conférence 1401-017 : “Les mots de la philosophie : autrui” - 27/11/2012 - page 2
AUTRUI
PLAN DE LA CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
Nul ne peut voir par-dessus soi. Je veux dire par là qu’on ne peut voir en autrui plus que ce
qu’on est soi-même, car chacun ne peut saisir et comprendre un autre que dans la mesure
de sa propre intelligence.
Arthur Schopenhauer (1788 - 1860)
Aphorismes sur la sagesse dans la vie, posth. 1880
I UNE NOTION : AUTRUI
1 - Une notion philosophique très importante aujourd’hui mais en fait très récente
2 - Quelques philosophes porteurs de cette problématique et de cette notion
3 - Elle appartient principalement au registre de l’éthique
4 - Une notion imposée par l’histoire tragique du 20ème siècle
5 - Le développement de la psychologie et la disparition de dominance religieuse sur ces questions
II LES FONDEMENTS DE CETTE NOTION
1 - Étymologie du mot “Autrui”
2 - Une notion liée aux questions sujétales et altériques, touchant aux statuts des êtres sujétaux
3 - L’Autrui n’est pas l’autre, l’autre n’est pas forcément Autrui - La confusion autrui / autres
4 - Autrui est autre que moi, mais il est un moi comme moi
5 - Les autres sujets ne se définissent pour un sujet que par rapport à lui-même
6 - La conjonction de deux notions : le semblable et le différent
7 - Autrui est un alter ego, un autre soi pris dans la même unicité et complexité que moi
8 - Autrui est différent de moi dans son individualité, mais pareil à moi dans son individuation
9 - La marque d’une communauté, d’une proximité et d’une singularité
10 - Autrui n’est ni mon semblable, ni le prochain, ni une obligation, ni une finalité, il est simplement
un autre soi
III LES CONSÉQUENCES D’AUTRUI
1 - Le problème central de cette notion est la reconnaissance par soi des autres comme autrui
2 - De la réalité ontologique d’autrui à sa reconnaissance qualitative comme autrui par moi
3 - Une reconnaissance qui pose la question de la conscience de soi et des autres
4 - La conscience de soi n’est pas une conscience intuitive mais construite
5 - Nous n’avons et n’aurons jamais aucune expérience des autres comme soi
6 - Pour chaque soi, les autres sont d’abord éprouvé comme d’autres choses
7 - Je n’ai pas besoin des autres comme autrui pour être conscient de soi
8 - Autrui n’est donc pas une question de connaissance mais de reconnaissance subjective
9 - Une reconnaissance d’autrui optionnelle et volontaire
IV LA RÉSONANCE ACTUELLE DE CES NOTIONS
1 - Le défi de la reconnaissance d’autrui, un défi éthique autant que politique
2 - Une question qui se retrouve à tous les niveaux des problèmes humains
3 - Dans les questions psychologiques, entre construction de soi et relations interpersonnelles
4 - Dans les questions sociales, la désujétalisation des abstractions sociales
5 - Dans les questions politiques, la prise en compte de l’égalité de tous
6 - Dans les droits de l’homme, elle est centrale
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V L’ATTITUDE PHILOSOPHIQUE À L’ÉGARD D’AUTRUI
1 - Une prise de conscience fondatrice de l’éthique altérique, au sens kantien
2 - Seul moi peut accorder la réciprocité sujétale à un autre, en faire un autrui
3 - Une humanisation de l’autre qui induit une humanisation de soi
4 - Autrui comme miroir de soi, le dépassement des limites de l’auto-connaissance introspective
ORA ET LABORA
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TEXTES D’ILLUSTRATION SUR LA NOTION D’AUTRUI
Comment souffrirais-je en voyant souffrir un autre si je ne sais pas même qu'il souffre, si
j'ignore ce qu'il y a de commun entre lui et moi ? Celui qui n'a jamais réfléchi ne peut être
ni clément ni juste ni pitoyable : il ne peut pas non plus être méchant et vindicatif. Celui
qui n'imagine rien ne sent que lui-même ; il est seul au milieu du genre humain.
La réflexion naît des idées comparées, et c'est la pluralité des idées qui porte à les
comparer. Celui qui ne voit qu'un seul objet n'a point de comparaison à faire. Celui qui
n'en voit qu'un petit nombre et toujours les mêmes depuis son enfance ne les compare
point encore, parce que l'habitude de les voir lui ôte l'attention nécessaire pour les
examiner. Mais à mesure qu'un objet nouveau nous frappe, nous voulons le connaître;
dans ceux qui nous sont connus, nous lui cherchons des rapports. C'est ainsi que nous
apprenons à considérer ce qui est sous nos yeux, et que ce qui nous est étranger nous
porte à l'examen de ce qui nous touche.
Appliquez ces idées aux premiers hommes, vous verrez la raison de leur barbarie.
N'ayant jamais rien vu que ce qui était autour d'eux, cela même ils ne le connaissaient
pas ; ils ne se connaissaient pas eux-mêmes. Ils avaient l'idée d'un père, d'un fils, d'un
frère, et non pas d'un homme. Leur cabane contenait tous leurs semblables. Un étranger,
une bête, un monstre étaient pour eux la même chose : hors eux et leur famille, l'univers
entier ne leur était rien.
De là les contradictions apparentes qu'on voit entre les pères des nations : tant de naturel
et tant d'inhumanité, des mœurs si féroces et des cœurs si tendres, tant d'amour pour
leur famille et d'aversion pour leur espèce. Tous leurs sentiments concentrés entre leurs
proches en avaient plus d'énergie. Tout ce qu'ils connaissaient leur était cher. Ennemis
du reste du monde, qu'ils ne voyaient point et qu'ils ignoraient, ils ne haïssaient que ce
qu'ils ne pouvaient connaître. Jean-Jacques Rousseau (1712-1778)
Essai sur l'origine des langues, 1781
Or, autrui serait devant moi un en-soi et cependant il existerait pour soi, il exigerait de moi
pour être perçu une opération contradictoire, puisque je devrais à la fois le distinguer de
moi-même, donc le situer dans le monde des objets ; et le penser comme conscience,
c'est à dire comme cette sorte d'être sans dehors et sans parties auquel je n'ai accès que
parce qu'il est moi et parce que celui qui pense et celui qui est pensé se confondent en
lui. Il n'y a donc pas de place pour autrui et pour une pluralité des consciences dans la
pensée objective... mais, justement, nous avons appris à révoquer en doute la pensée
objective. Maurice Merleau-Ponty (1908-1961)
Phénoménologie de la perception, 1945
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