en l’absence de traitement. Ces chiffres confirment l’impor-
tance d’un diag nostic et d’une prise en charge précoces de
l’HTP et de l’hépatopathie sous-jacente. Cet article mettra
l’accent sur la prise en charge de l’ascite, qui représente
l’une des principales complications de l’HTP chez le pa-
tient cirrhotique.
physiopathologie
Le développement d’une HTP est complexe et impli que
de multiples facteurs.1-3,6,7 L’augmentation de la ré sistance
intrahépatique est essentiellement liée à des modifica-
tions structurelles, sur lesquelles une intervention reste dif-
ficile, mais aussi à des modifications vasculaires dynami-
ques, sur lesquelles une action reste envisageable (figure 1).
La pathogenèse initiale dépend du mécanisme et du site
de l’obstruction du flux porte. Dans la cirrhose, une aug-
mentation de résistance est présente au niveau de la micro-
circulation intrahépatique. On y observe un rétrécissement
des sinusoïdes, l’activation de myofibroblastes dérivant
des cellules étoilées et le développement de nodules de
régénération. Dans le même temps, apparaît une vasocons-
triction locale qui dépend de l’augmentation de la synthèse
de facteurs vasoconstricteurs (endothélines), et d’une di-
minution de la sensibilité et de la production de facteurs
vasodilatateurs (NO). De cette augmentation de résistance
va apparaître une HTP, qui aura pour conséquences la for-
mation de réseaux veineux collatéraux et l’augmentation
de production de facteurs vasodilatateurs aux niveaux de la
microcirculation intestinale ainsi que du système splanch-
nique. La vasodilatation du système splanchnique est à la
base du développement d’une circulation hyperdynamique,
de l’activation du système rénine-angiotensine-aldostérone
et de l’hormone antidiurétique, avec au final, une rétention
hydrosodée et une augmentation du flux porte.
diagnostic
L’anamnèse se focalisera sur l’identification d’une hépa-
topathie sous-jacente et la présence d’éventuels facteurs
favorisants tels que la consommation d’alcool, de toxiques,
de médicaments ou la présence d’une infection. Les signes
cliniques recherchés sont ceux d’une hépatopathie décom-
pensée (prise de poids rapide, ictère, hémorragie digestive
ou EH). Les différentes analyses sanguines ne suffisent pas
à elles seules à poser un diagnostic d’HTP, mais servent
principalement à évaluer la présence et le degré d’une
dysfonction hépatique associée. Une thrombopénie, une
leu copénie ou même une pancytopénie peuvent cepen-
dant être le reflet d’un hypersplénisme. Une dysfonction
hépatique n’est pas toujours présente chez le patient cir-
rhotique avec HTP. Toutefois, plus le degré de dysfonction
hépatocellulaire est grand (scores de Child-Pugh et MELD
(model for end-stage liver disease)), plus les risques de
trouver une HTP associée seront élevés.
Lorsque le diagnostic d’HTP est suspecté, l’échographie
abdominale, avec une analyse Doppler des gros vaisseaux
hépatiques, permet de confirmer ou d’exclure la présence
d’ascite, de déterminer l’aspect du foie et de déceler une
éventuelle lésion focale suspecte. Cet examen peut aussi
révéler la présence d’une splénomégalie ou de réseaux vei-
neux collatéraux. Elle permet d’estimer la vitesse et la mo-
dulation des flux aux niveaux de la veine porte et des veines
sus-hépatiques et d’exclure une thrombose en leur sein.
En présence d’une ascite nouvelle ou en augmentation, une
paracentèse diagnostique doit être réalisée et couplée à
une numération cellulaire, une mesure de l’albumine, ainsi
qu’à une culture microbiologique afin d’exclure une PBS.
Un gradient d’albumine sérum-ascite L 11 g/l, en l’absence
d’une insuffisance cardiaque, permet raisonnablement de
poser le diagnostic d’HTP. La ponction biopsie du foie est
utile en cas de doute sur la présence d’une cirrhose et sur
son étiologie. La mesure du gradient portosystémique par
voie transjugulaire permet d’apprécier, de manière objec-
tive, le degré d’HTP ainsi que la localisation de l’obstruction
de la circulation portohépatique en mesurant la pression
hépatique libre et bloquée.8 A ce stade, une gastroscopie
est indispensable. Elle permet d’évaluer la présence de
varices œsophagiennes et gastriques ou d’une gastropathie
d’hypertension portale, et de pouvoir choisir en consé-
quence la prise en charge thérapeutique (traitement médi-
camenteux vs endoscopique).9,10
traitement de l’ascite
Une infection, notamment la PBS, doit être exclue en
pre mier lieu à l’aide d’une ponction d’ascite. Les anti-in-
flam matoires non stéroïdiens (AINS) et les médicaments
néphrotoxiques sont contre-indiqués et devraient être mis
en suspens. Après avoir exclu les autres facteurs favorisants
déjà cités, la prise en charge non médicamenteuse d’une
1666 Revue Médicale Suisse
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www.revmed.ch
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5 septembre 2012
Augmentation de la résistance intrahépatique
Figure 1. Physiopathologie de l’hypertension portale
Modifications vasculaires
dynamiques intrahépatiques 30%
•Diminutiondelasynthèsedefacteurde
relaxation endothéliale (NO)
•DiminutiondelasensibilitéauNO
•Augmentationdelasynthèselocaleet
systémique de vascoconstricteurs
(endothéline,angiotensineII,vaso-
pressine,adrénaline,thromboxaneA2)
Modifications structurelles
intrahépatiques 70%
•Fibrose
•Collapsussinusoïdal
•Pertedefenestrationsdes
cellules endothéliales
•Nodulesderégénération
•Microthromboses
Hypertension portale
qGradientdepression=résistancexdébitauseindusystèmeveineuxporte
(Loi d’Ohm)
Augmentation du flux porte
q NO + vasodilatateurs
Vasodilatation splanchnique
Vasodilatation systémique
•Systèmehyperdynamique
•Activationdusystème
rénine-angiotensine-aldostérone
•Rétentionhydrosodée
•Angiogenèse
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