Document 2 : Anecdote sur Pythagore racontée par Héraclide du Pont sur l’origine de la philosophie.
Pythagore fut le premier à s’appeler philosophe (philósophos); non seulement il employa
un mot nouveau, mais il enseigna une doctrine originale. Il vint à Phlionte, il s’entretint
longuement et doctement avec Léon, le tyran de Phlionte; Léon, admirant son esprit et
son éloquence, lui demanda quel art lui plaisait le plus. Mais lui, il répondit qu’il ne
connaissait pas d’art, qu’il était philosophe. S’étonnant de la nouveauté du mot, Léon lui
demanda quels étaient donc les philosophes et ce qui les distinguait des autres hommes.
Pythagore répondit que notre passage dans cette vie ressemble à la foule qui se
rencontre aux panégyries. Les uns y viennent pour la gloire que leur vaut leur force
physique, les autres pour le gain provenant de l’échange des marchandises, et il y a une
troisième sorte de gens, qui viennent pour voir les sites, des œuvres d’art, des exploits et
des discours vertueux que l’on présente d’ordinaire aux panégyries. De même nous,
comme on vient d’une ville vers un autre marché, nous sommes partis d’une autre vie et
d’une autre nature vers celle-ci; et les uns sont esclaves de la gloire, d’autres de la
richesse; au contraire, rares sont ceux qui ont reçu en partage la contemplation des plus
belles choses et c’est ceux-là qu’on appelle philosophes (philósophoi), et non pas sages
(sophoí), car personne n’est sage si ce n’est dieu...
Document 3 : Sur la nature du nombre par Philolaos - et les effets de la traduction.
Car la nature du nombre est pour tout homme cognitive, directrice et institutrice, sur tout
ce qui est matière soit à perplexité, soit à ignorance. En effet aucune des choses [qui
existent] ne serait évidente pour personne, ni en elle-même ni dans sa relation avec une
autre chose, s'il n'existait pas le nombre et l'essence du nombre. En réalité, c’est le
nombre qui, en rendant toutes choses adéquates au nombre par la sensation, les rend
connaissables et commensurables. fragment B, XI de Philolaos
Les écoles présocratiques, Jean-Paul Dumont
C’est la nature du nombre qui nous apprend à connaître, qui nous sert de guide, qui nous
enseigne toutes choses, lesquelles, sans cela, resteraient impénétrables et inconnues
pour tout homme. Et aussi bien, rien ne serait clair en aucun objet, ni dans ses rapports
avec lui-même, ni dans ses rapports avec les autres, si le nombre et l'essence du nombre
n'existaient point. C'est donc le nombre qui, par une certaine proportion qu'il met dans
l'âme au moyen de la sensation, rend tout connaissable et établit entre toutes les choses
des rapports harmoniques. Le même fragment B, XI de Philolaos,
par la traduction de Robert Baccou,
Histoire de la science grecque de Thalès à Socrate, Aubier, 1951
Document 4 : Le théorème de Pythagore : le carré de l'hypoténuse est égal à la somme du carré des deux
autres côtés.
Association ALDÉRAN © - Cycle de cours 4302 : “Les philosophes présocratiques” - 28/12/2013 - page 36