lucrece borgia

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LUCRECE BORGIA
De Victor Hugo
Par Les 3 sentiers
«Marie Claire» Avril 2013
Lucie Berelowitsch met en scène Lucrèce Borgia de Victor Hugo | Sceneweb
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Lucie Berelowitsch met en scène Lucrèce Borgia de Victor Hugo
15 mai 2013 Laissez un commentaire
photo Nicolas Joubart
Dans Lucrèce Borgia, Victor Hugo interroge une nouvelle fois comme avec Marie Tudor, Elizabeth Ie ou Marion Delorme, la
difficulté d’être et d’agir d’une femme dans une société qui n’est pas faite pour elle, surtout, paradoxalement, quand elle
dispose de pouvoir ou de notoriété. Lucie Berelowitsch, que nous avions découverte avec une mise en scène de Juillet d’Ivan
Viripaev et l’organisation de l’événement « Stations Moscou », a choisi notamment Marina Hands et quelques anciens élèves
de l’EpsAd pour réveiller la rage provocatrice et le souffle poétique du grand Hugo.
Avez-vous lu Victor Hugo ? Je repense beaucoup à ce titre du livre d’Aragon. J’ai commencé un travail sur
Lucrèce Borgia, il y a deux ans.
Prochainement, dans des châteaux de Normandie, je mets en scène un spectacle déambulatoire à partir des séances
de spiritisme de Victor, Hugo lors de son exil à Jersey.
Ainsi, je le redécouvre ou plutôt le découvre, comme si j’entrevoyais à chaque fois une nouvelle facette de son
oeuvre. Lucrèce Borgia a été écrite par Victor Hugo lorsqu’il avait mon âge. Elle porte en elle la jeunesse et la
provocation. Provocation et revendication de sa liberté d’écrivain parce qu’elle arrive tout juste après la censure de
sa pièce Le Roi s’amuse, qui n’a pu être jouée que pour une seule représentation. C’est aussi une pièce très
sensuelle, sur le désir, sur l’inconscient, sur les forces de vie et de mort. Sur des émotions premières. Si l’on part
du principe que chaque pièce pour Hugo représente une expérience de pensée, Lucrèce Borgia questionne la
position de la femme dans une société patriarcale et phallocratique, montre la femme s’émancipant de l’homme. Si
Lucrèce est monstrueuse, peut-être est-ce avant tout un effet de la monstruosité de ces hommes autour d’elle, de
ses frères et de son père le pape, et lorsqu’elle aspire à une rédemption possible, elle est rattrapée par son nom, son
histoire, par ce qu’elle représente dans la société.
http://www.sceneweb.fr/2013/05/lucie-berelowitsch-met-en-scene-lucrece-borgia-de-...
17/09/2013
SEPT 13
Mensuel
OJD : 75709
Surface approx. (cm²) : 81
4 AVENUE DE CORBERA
75012 PARIS - 01 53 02 06 60
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NOUVEL OLYMPIA ET ATHÉNÉE
DE VICTOR HUGO / MES LUCIE BERELOWITSCH
LUCRÈCE BORGIA
Lucie Berelowitsch coordonne les talents des
artistes qu'elle a réunis autour de ce drame
de l'amour incestueux et de la culpabilité
fatale pour créer une Lucrèce Borgia à la fois
baroque et moderne.
se répondent et interagissent: les acteurs,
ta musique, la scénographie, la chorégraphie, les lumières, la direction de la mise
en scène. Nous chercherons à créer tous
ensemble cet univers». Elle crée un spectacle charnel, où «il y a une érotisation du
langage, un amour des mots, de ta langue »,
un spectacle attentif au «côté immédiat,
brutal et simple » d'une pièce faite d'« émotions premières »
C. Robert
Centre Dramatique Régional de Tours,
Nouvel Olympia, 7 rue de Luca, 37000 Tours.
Du 24 au 28 septembre 2013. Mardi, mercredi
et vendredi à 20h; jeudi à 19h; samedi à 17h.
Tél. 02 47 64 50 50.
Athénée Théâtre Louis-Jouvet,
square de l'Opéra Louis-Jouvet, 7 rue Boudreau,
75009 Paris. Du 3 au 19 octobre. Du mercredi
au samedi, à 20h; le mardi à 19h.
Matinée exceptionnelle le 13 octobre, à 16h.
Marina Hands, Lucrèce Borgia pour
Tél. 01 530519 19.
Lucie Berelowitsch.
Mélange du comique et du tragique, volonté
systématique et subversive de faire porter
les vertus les plus hautes par les personnages les plus bas, Lucrèce Borgia est un
des monstres les plus aboutis du théâtre
hugolien, sommet de ce grotesque qui autorise toutes les audaces, puisque le génial
Hugo y dynamite-les règles de son art. Entre
moderne, gothique et baroque, Lucie Berelowitsch aborde le foisonnement du drame
romantique en groupe, « toutes ces énergies
ATHENEE
5299647300504/GNN/AHN/2
Eléments de recherche : Toutes citations : - ATHENEE THEATRE LOUIS-JOUVET ou THEATRE DE L'ATHENEE : à Paris 9ème - PATRICE
MARTINET : directeur du théâtre de l'Athénée ou de Athénée théâtre Louis Jouvet à Paris
OCT 13
Mensuel
OJD : 68357
Surface approx. (cm²) : 486
N° de page : 82
Page 1/1
A LAFFICHE
« Lucrèce Borgia »
Un palais décati, un sol défonce, des échafaudages
montrent que les lieux ont besoin de se refaire a
l'instar des personnages Avec l'énergie dont elle
ne se départira pas, la piece, inscrite dans la situation poli
tique et les mœurs de l'Italie du XVIe siecle, s'ouvre sur une
pendaison Un cadavre a ete jeté dans le Tibre sur ordre de
César Borgia, celui de son frere Jean, qui aimait la même
femme, leur soeur Lucrèce, magistralement interprétée
par Marina Hands (photo) Un enfant aurait disparu
C'est Gennaro, eleve par un pecheur On retrouve lejeune
homme au carnaval de Venise avec ses amis, les ennemis
des Borgia. Arrive Lucrezia, la fille du pape Alexandre VI
«II dort, il est beau», dit elle devant Gennaro endormi, qui
n'est autre que son fils maîs qu'elle n'a jamais vu aupara
vant Cette femme fatale, dans la lignée des Borgia, pour
qui l'assassinat est un instrument du pouvoir, apparaît
pourtant en mere aimante, affichant sa « soif d'être bénie »
On retrouve toute la bande d'amis a Ferrare, invites par
la princesse Negroni, interprétée (la encore) avec energie
et sensualité par Marina Hands Ils la courtisent en une
scene orgiaque et erotique réglée comme une chorégraphie
sous des lumieres rouge sang, musique electro d'esprit
gothique et hurlements dans un micro en sus Maîs
«vous êtes empoisonnes, mes seigneurs» Refusant le
contrepoison tendu par Lucrèce, Gennaro meurt tandis
qu'elle lui révèle la verite
Fidèle a l'excès hugolien, la piece brosse avec bonheur le
portrait d'un monstre et d'une époque Néanmoins, les cos
tûmes sont indéfinissables et, bien que rythmée, la mise en
scene, un peu confuse dans la pénombre, affiche des Ion
gueurs, comme dans la scene de luxure Le spectacle, proche d'une comedie musicale, reste en deca de son excellente
distribution de jeunes comédiens «Évelyne Selles Fischer
Lucrèce Borgia, de Victor Hugo, mise en scene de Lucie Berelowitsch,
du 3 au 9 oct, Theâtre de l'Athenee, Paris, 5-6 nov, Theâtre des DeuxRives Rouen, 5dec., LePreau, Vire(14), 11-IZdec .Comedie de Caen,
4-9 fevrier Theâtre national de Nice
« Navyfield 2 »
Endossez l'uni
forme d'amiral
et partez a la
conquête des oceans du
globe ' A la tete d'une flotte
que vous aurez soigneusement composee, delà
promotion des capitaines
au choix des batiments
(destroyers, croiseurs, fre
gates, sous marins ) en
passant parla selection des
armes (torpilles, canons,
obus ) et l'enrôlement
des équipages, revivez
les batailles navales de la
Premiere et de la Seconde
Guerre mondiale Cinq
pays sont au menu Japon,
Prusse, France, Royaume
Uni et Etats Unis Les com
bats se déroulent comme
dans n'importe quel uargame(jeu de strategie)
Autant le dire sans amba
ges, lacampagne solo est
décevante Du point de vue
historique s'entend II est
possible de creer des situa
lions improbables, pour
ne pas dire farfelues, au
mieux uchroniques Cela
n'enlevé toutefois rien aux
qualites de ce jeu toute la
partie gestion de l'armada,
la variete des unites et la
campagne multijoueur
(jusqu'à 64 participants)
Ultime argument pour
se lancer a l'eau ' II suffit
de creer son compte sur
le site Internet de Nexon
(navyfield2 nexoneu com)
pour y jouer Sans avoir a
débourser un seul euro
Touche coule « V H
NavyField2,Nexon SDEnterNET,
PC. free-to-play (gratuit).
Pierre Baron,
directeur de la rédaction à'Historia,
tous les derniers jeudis
du mois dè 14 heures à
IS heures sur Europe I,
dans l'émission
de Franck Ferrand,
Au cœur de l'Histoire,
pour en savoir plus
<«
sur notre dossier.
ATHENEE
9449957300503/CLA/MSK/2
Eléments de recherche : Toutes citations : - ATHENEE THEATRE LOUIS-JOUVET ou THEATRE DE L'ATHENEE : à Paris 9ème - PATRICE
MARTINET : directeur du théâtre de l'Athénée ou de Athénée théâtre Louis Jouvet à Paris
Lucrèce Borgia
Théâtre de l’Athénée Louis-Jouvet
Jusqu'à Sam oct 19
© Nicolas Jobard
La note de Time Out: 4/5
Ven oct 4 2013
Nous avions (presque) laissé Marina Hands dans le tourbillon sensuel de Lady
Chatterley, la robe mouillée et le minois froissé. Nous la retrouvons sept ans plus
tard dans un long fourreau émeraude sous les traits de la troublante Lucrèce Borgia.
Nul doute à avoir, Lucie Berelowitsch signe ici une mise en scène efficace et
brumeuse du texte de Victor Hugo, en plus d’avoir réussi son casting. Tendre et
venimeuse, animale et solaire, Marina Hands incarne l’héroïne dans toute sa
complexité. Parfois manipulatrice, souvent vengeresse, et de temps à autre à
l’écoute de sa conscience. Belle et dangereuse à la fois, aveuglée par la colère et
son amour pour Gennaro. Autour d’elle, les personnages et leurs interprètes ne
manquent pas d’aplomb : le vil Gubetta (Thibault Lacroix flanqué d’une scie), le
fougueux Jeppo (Julien Gosselin et sa voix de baryton) ou encore Don Alphonse,
bouffon et pathétique (Dan Artus). Seul Gennaro, héros orphelin, joué par le très
prometteur Nino Rocher (18 ans), manque parfois d’un peu de sel et de sueur.
Ensemble, dans un décor fait d’échafaudages, d’un large portail en verre et d’une
forêt d’arbres se fondant dans l’obscurité, ils livrent une version sombre et tragique
de ‘Lucrèce Borgia’. Une fable à la croisée du drame shakespearien et du tragique
racinien. Il suffira à Lucie Berelowitsch de quelques scènes collectives, d’une
poignée de tirades exaltées mais orchestrées avec précision pour nous convaincre –
si toutefois il fallait l’être – de la ferveur de ce personnage hors du commun et de la
beauté désespérée de la pièce de Victor Hugo. Un spectacle intense et envoûtant, à
l’image de son héroïne.
Auteur : Elsa Pereira
http://theatre.blog.lemonde.fr/2013/10/07/marina-hands-enchante-lucrece-borgia/
07 octobre 2013
Marina Hands enchante Lucrèce Borgia
Après avoir été absente des scènes parisiennes pendant plus de dix ans, Lucrèce Borgia fait
son grand retour au théâtre. La pièce de Victor Hugo, écrite en 1833, n’avait pas été montée à
Paris depuis le spectacle d’Anne Torrès aux Amandiers (Nanterre), en 2000. Et voilà que trois
metteurs en scène ont décidé de faire revivre ce texte flamboyant tout au long de la saison. Au
printemps 2014, il y aura la version de Denis Podalydès à la Comédie Française, et celle de
Jean-Louis Benoît au Théâtre de la Commune d’Aubervilliers. Mais en attendant, en ce mois
d’octobre, c’est Lucie Berelowitsch qui ouvre le bal au théâtre de l’Athénée Louis Jouvet
(Paris 9e).
Si l’on avait tous les jours l’occasion d’entendre cette petite merveille de poésie rhétorique
trop souvent occultée dans l’œuvre de Hugo, on pourrait faire la fine bouche devant la
distribution inégale, l’ambiance un peu trop « techno »... Mais l’aubaine est si rare, du moins
pour l’instant, que l’émerveillement devant ce drame à la fois terrifiant, drôle et épique
l’emporte sur tout le reste.
D’autant plus que Lucie Berelowitsch a su faire preuve de belles audaces, notamment en
confiant le rôle de l’inquiétante duchesse à la gracieuse Marina Hands, qui tire on ne peut
mieux parti de ce décalage. Toujours nuancée, parfois même teintée d’une autodérision
savoureuse, son interprétation donne une épaisseur étrange au personnage de Lucrèce : ni tout
à fait crédible en belle sorcière, ni tout à fait convaincante en tendre mère, la voici à la fois
complexe et concrète, démesurée et drôle… A l’image, exactement, du texte de Victor Hugo.
Marina Hands (Lucrèce Borgia) et Nino Rocher (Gennaro, son fils) Crédit photo : Nicolas Joubard
De fait, au-delà de cette belle performance, ou du jeu virtuose de Thibault Lacroix
(impressionnant Gubetta, confident de Lucrèce), c’est bien le texte hugolien qui triomphe sur
la scène de l’Athénée. Texte absolument théâtral, en ceci qu’il va toujours plus loin que les
simples situations de l’intrigue. Ainsi, l’histoire de cette femme empoisonneuse et vengeresse,
soudain décidée à racheter son âme pour être estimée de son fils naturel, est d’emblée
présentée comme une réflexion sur la puissance qu’exerce « l’époque », par-delà les
dénégations ou les bonnes résolutions. « Nous vivons dans une époque où les gens
accomplissent tant d’actions horribles qu’on ne parle plus de celle-là… » Tels sont les
premiers mots de la pièce, qui scellent d’emblée le télescopage des âges et des monstres, la
toute-puissance de l’air du temps sur les êtres étant un phénomène qui dépasse largement
l’histoire de la belle Borgia. Un peu plus tard dans le drame, quand Lucrèce sauvera son fils
du poison qu’a voulu lui faire boire son mari jaloux après un quiproquo à la fois glaçant et
digne des meilleures comédies, elle invitera elle-même le spectateur à mettre en perspective
son époque par rapport à d’autres : « dans les temps comme ceux où nous vivons, le poison est
de tous les repas… ». Ces petites phrases n’ont l’air de rien, et ne sont évidemment pas les
plus belles ou les plus spectaculaires à citer dans la pièce. Et pourtant elles nous ont marqué
comme un avertissement politique : une façon de rappeler le spectateur à l’ordre, d’attirer son
attention sur le fait qu’il n’est pas là simplement pour jouir d’une belle histoire habilement
contée. Tout juste trentenaire au moment où il écrit cette pièce (comme la plupart de ses chefs
d’œuvres dramatiques), Hugo est un jeune auteur comme on aimerait en voir davantage
aujourd’hui : un artiste convaincu qu’il se joue (ou qu’il doit de jouer) au théâtre quelque
chose de décisif. « Le théâtre, on ne saurait trop le répéter, a de nos jours une importante
immense, et qui tend à s’accroître sans cesse avec la civilisation même. Le théâtre est une
tribune. Le théâtre est une chaire. Le théâtre parle fort et parle haut », affirme-t-il dans la
préface de la pièce. Gageons que c’est bien pour « parler fort et haut » que trois metteurs en
scène se sont emparés de Lucrèce Borgia… précisément par les temps qui courent.
Lucrèce Borgia, de Victor Hugo, mise en scène Lucie Berelowitsck, au théâtre de l'Athénée Louis Jouvet
(Paris 9e) jusqu'au 19 octobre, puis en tournée à partir de février 2014 à Suresnes, Montpellier,
Perpignan, Lille, Tours, Rouen, Vire, Caen, Nice.
Rue du Théâtre
Critique - Théâtre - Paris
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Lucrèce Borgia
Comme un poison dans l’eau
Par Stephen BUNARD
0
Paris
Du 03/10/2013 au 19/10/2013 à 20h
Théâtre de l'Athénée-Louis Jouvet
7 rue Boudreau 75009 Paris
Téléphone : 01 53 05 19 19.
Site du théâtre
Réserver
Publié le 7 octobre 2013
Parfaitement à l’aise dans le rôle-titre du drame hugolien, Hands
tient sa Lucrezia à bout de bras, entourée d’une tripotée de
comédiens, très engagés, et plus talentueux les uns que les autres.
Même si le final, abrupt, suscite des interrogations, cette Lucrèce
est menée de main de maîtresse.
Lucrèce Borgia
de Victor Hugo
Théâtre
Mise en scène : Lucie Berelowitsch
D’emblée, la cruauté s’invite avec une scène de pendaison par les
pieds. Le reste de la violence sera psychologique. Résumer la vie
des Borgia au sang coulé a été maintes fois montré. Puis le
carnaval de Venise, où les ennemis des Borgia se gobergent,
tandis que Lucrèce-Marina Hands, fille du Pape en exercice, se
cache des familles qu’elles a meurtries au plus profond de leur
chair. Dans les fréquentations de ces ripailleurs figure le jeune
Gennaro qu’elle couve des yeux. Découverte, les autres lui font
subir des outrages qu’elle va s’ingénier à venger. Gennaro se
trouve voué à la vindicte du Duc, qui voit en l’éphèbe l’amant de sa
sulfureuse épouse. Tous les éléments d’un drame romantique qui
n’a rien à envier aux tragédies shakespeariennes sont présents – le
féérique en moins - avec la plume d’un Victor Hugo déjà fort
troussée dans cette œuvre de jeunesse (le bougre n’a que trentetrois ans).
L’échafaudage d’acier, comme la verrière cassée, qui forment le
principal du décor peuvent surprendre mais ils ouvrent la voie à
moult interprétations : Lucrèce, une dame de fer, le jeu de
(dé)construction d’une Italie, voire d’une Europe morcelée en
provinces rivales et en alliances changeantes, les béances d’un
système, mais aussi celles des personnages principaux, à
l’équilibre toujours fragile... Seule la bande sonore techno-rock
parfois assourdissante et dans une moindre mesure les costumes
années 80 infusent une évanescente perplexité qui cède vite
devant la force de jeu des protagonistes.
file:///C|/Users/stagcom/Desktop/Rue%20du%20Théâtre.htm[09/10/2013 14:31:59]
Avec : avec Dan Artus, Guillaume
Bachelé, Antoine Ferron, Jonathan Genet,
Julien Gosselin, Marina Hands, Thibault
Lacroix, Nino Rocher, Boris Sirdey, Elie
Triffault
assistanat à la mise en scène et conseil
dramaturgique Kevin Keiss •musique
Sylvain Jacques • scénographie Kristelle
Paré • conseil chorégraphique Nasser
Martin Gousset • lumièresSébastien
Michaud • costumes Caroline Tavernier •
assistant aux costumes Pierre-Yves Loup
Forest
Durée : 1h45
Photo : © Nicolas Joubard
Rue du Théâtre
Marina Hands, au charme vénéneux, envoutante embobineuse,
laisse entrevoir sa part fragile, presque condamnée à la surenchère
de violence par l ‘hérédité et par sa féminité, en faire toujours plus
pour montrer qui l’on est. Son jeu montre avec d’infinies subtilités
les terribles fêlures qu’elle porte en elle, aussi crédible dans la folie
douce que dans ses emportements furieux.
Thibault Lacroix campe Gubetta, âme damnée de Lucrezia, pétri de
malice pernicieuse, tout en ambiguïtés, un vrai méchant qui vit mal
les propensions de sa maîtresse à vouloir faire l’ange, tentée
qu’elle est d’absoudre ses ennemis de leurs turpitudes. Ce diable
d’homme virevolte sur les échafaudages tel un singe fourbe épiant,
se faufilant, ayant les yeux partout et la langue surtout pas dans la
poche. Un Sgnanarelle passé du côté obscur de la force.
Dan Artus figure le mari de la Borgia, Alfonso d’Este. Une des plus
jolies scènes de la pièce, passe d’armes au sein du couple, au sujet
de Gennaro révèle un comédien magnifique, tout en nuances,
qu’on verrait avec enchantement interpréter un Richard III. Il fait du
mari de Lucrèce celui qui perce le mieux son jeu psychologique et
la manière de s’adresser à elle pour déjouer ses manipulations.
Le sculptural et tonique Guillaume Bachelié dans le rôle d’Orsini
sort également du lot. La plupart des comédiens se retrouve au
sein de la compagnie « les trois sentiers » dont nous suivrons
désormais la piste.
Il n’y a guère que la scène finale qui étonne par son lot
d’incongruités discrètes. Gubetta crache dans un micro un laïus à
peine audible, Orsini comptant au rang des macchabées redresse
imprévisiblement la tête pour réclamer vengeance comme dans
une parodie de western spaghetti, les échanges vifs entre Lucrèce
et Gennaro semblent précipités et la réplique finale fait se gausser
gentiment les cinéphiles. L’intrigue, un peu baclée, se termine un
peu en queue de… poison. Sans doute frustrés parce qu'on serait
restés des heures - une fois n'est pas coutume - à se délecter de la
saga des Borgia.
file:///C|/Users/stagcom/Desktop/Rue%20du%20Théâtre.htm[09/10/2013 14:31:59]
Théâtre du blog » Lucrèce Borgia
Lucrèce Borgia
Posté dans 7 octobre, 2013 dans critique.
Lucrèce Borgia de Victor Hugo, mise en scène de Lucie Berelowitsch
Qu’il ait une mission politique, sociale ou humaine, le poète hugolien a toujours charge d’âmes.
S’il souligne la beauté et la laideur moralement emmêlées chez ses héros de théâtre, la vertu
reste la seule référence possible comme projet existentiel. Partant à la conquête scénique de cet
idéal romantique, Lucie Berelowitsch met en scène Lucrèce Borgia avec une troupe de jeunes
comédiens déjà aguerris qui entourent prestement de bruit et de fureur la pudique Marina
Hands, pleine de flamme dans le rôle éponyme.
Une brigade de jeunes gens roués, avec un esprit de troupe, maladroite et brouillonne dans ses
excès mais très convaincante. Il y a de quoi faire, le chaos élaboré sur scène montre: « Le cercueil
dans la salle de banquet, la prière des morts à travers les refrains de l’orgie, la cagoule du
bourreau à côté du masque de fête » ( Préface, 1833).
La scène propulse des visions où le grotesque et le sublime se confrontent, une leçon didactique
qui pourrait être issue de la Préface de Cromwell (1827). Une vie vertigineuse qui frôle une mort
longuement préparée et subitement donnée. Avec des relents cinématographiques, une griffe
identifiable dans les mouvements, les scènes chorégraphiées, les gros plans sur tel personnage
exclu ou bien aux aguets.
Au milieu de tableaux de fêtes effervescentes, bat le cœur d’une caverne platonicienne habitée
d’ombres éphémères, un clair-obscur pictural de verdure entre rêve et cauchemar. La mise en scène, attentive à la noirceur du drame,
varie de la nuit étoilée à des fonds bourbeux, de l’or des masques vénitiens à des faciès macabres.
Avec, en parfum d’ambiance, les vapeurs de flacons de poison qui diffusent çà et là l’accent d’une esthétique gothique. Une verrière de
métallos en guise de façade de palais, rehaussées de barres de fer élevées propices aux apparitions menaçantes. de comédiens sur les
échafaudages qu’ils escaladent ou descendent sans fin, depuis des fenêtres d’appartements devinées, dont les hauteurs plongent dans
les paysages lointains de campagne de Ferrare.
Quelques lustres de cristal et des lumières scintillantes de carnaval éclairent ces jeunes compagnons d’armes à la vie houleuse, face au
pouvoir arbitraire, tous victimes familiales des Borgia qui n’aspirent qu’à se venger des tyrans.
Le jeune Gennaro accompagne fraternellement Maffio dans ce désir vindicatif. Gennaro est un orphelin rêvant d’une mère inconnue, et
on le croyait exclu de l’histoire des Borgia ; or, il est porteur d’une lourde fatalité héréditaire mais ignore sa filiation directe avec
l’ennemie de tous, Lucrèce-dépravée et criminelle-et le propre frère de celle-ci. Une figure maternelle avilie dont le père est le pape
Alexandre VI.
« Prenez, dit Victor Hugo, la difformité morale la plus hideuse… dans le cœur d’une femme, avec toutes les conditions de beauté
physique et de grandeur royale, qui donnent de la saillie au crime ; … mêlez à toute cette difformité morale… le sentiment maternel …
le monstre fera pleurer… »
Marina Hands a le cran souhaité-vivacité verbale et répartie gestuelle-pour se battre politiquement et physiquement contre ses
adversaires virils. Elle sait aussi s’abandonner à la tendresse. Mais Gubbetta, le traître vendu aux basses œuvres, manipule des deux
côtés les ennemis. À côté d’une fresque éclairée à la Delacroix de corps dénudés à la dérive et sans vie, une tension infinie se tisse entre
la mère et le fils qui s’ignore.
Saluons tous ces fêtards d’un soir funeste, en particulier, Dan Artus, Julien Gosselin, Thibault Lacroix, Nino Rocher.
Véronique Hotte
Athénée Théâtre Louis-Jouvet au 19 octobre 2013, relâche lundi et dimanche, matinée le 13 octobre à 16h.
file:///C|/Users/stagcom/Desktop/Théâtre%20du%20blog%20»%20Lucrèce%20Borgia.htm[09/10/2013 11:56:43]
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