Diocèse de Port Louis, Île Maurice - Le Diocèse de Port

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N
ewsletter
Juillet 2016
Diocèse de Port Louis, Île Maurice
Département de Psychologie et Counselling
L
e ‘Partnership for Children Organisation’ (PFC) gère deux programmes visant
la promotion de la santé mentale pour les enfants. Les programme Les Amis
de Zippy et Apple’s Friends connaissent un énorme succès international, ils
sont implantés dans des écoles pré-primaires et primaires dans 30 pays, et
plus de 1,250,000 enfants en ont bénéficiés. Depuis 2009, le Département de
Psychologie et Counselling de L’ICJM a mis en place le programme Les Amis de
Zippy dans 86 écoles primaires et pré-primaires (privées et publiques) au sein
des Iles Maurice, Rodrigues et Réunion.
Ce ‘workshop’ a été l’occasion de non seulement consolider les liens entre les
divers partenaires internationaux, et aussi d’échanger et de communiquer sur les
bonnes pratiques et nouvelles idées
L’agenda du workshop de cette année couvrait divers aspects du travail de
cette organisation : l’origine du programme Les Amis de Zippy 20 ans de cela
jusqu’aux derniers développements en technologie digitale.
4ème International Workshop, Keble College, Oxford
Cette année, le PFC a organisé son 4ème ‘International Workshop’ du 21 au
24 mars au Keble College à Oxford, Royaume Unis. La directrice de ce projet
Emilie Duval ainsi que ses collaboratrices, Sarah de St. Pern et Teresa Lim Kong
ont eu l’occasion de participer à ce ‘workshop’ qui a permis de rencontrer 58
délégués de 21 pays à travers le monde qui œuvrent à la mise en place de ces
programmes.
2
Certains experts internationaux sont venus présenter les récentes recherches
scientifiques démontrant les bénéfices de cette approche.
Parmi, Dr. Dora Guðmundsdóttir, une experte travaillant au sein du gouvernement
sur la santé mentale pour les programmes de santé à l’Union Europeenne a
ouvert le workshop avec une présentation ayant pour thème ‘Helping children
to flourish’. Elle a présenté son étude autour de l’impact de la puissance
économique sur le bonheur et le bien-être émotionnel des enfants. Les résultats
démontrent que lors de la chute économique en Islande où les foyers se sont
retrouvés en grande difficulté financière, le bonheur des adolescents a augmenté
car cette situation a fait que les parents passaient plus de temps avec eux.
Ce workshop a aussi été l’occasion de découvrir de nouveaux programmes qui
visent tous la promotion de la bonne santé mentale en donnant des outils pour
développer les habilités psycho-sociales des enfants et adolescents :
Dr Dora a aussi mentionné dix facteurs essentiels à l’épanouissement de tout
être humain:
1.les émotions positives
2.l’engagement
3. les relations
4. la résilience
5. la stabilité émotionnelle
6. l’estime de soi
7.l’optimisme
8. la vitalité
9. donner du sens à sa vie
10. se réaliser.
Le programme Les Amis de Zippy à travers ses six modules: les sentiments, la
communication, les relations, la gestion des conflits, faire face aux changements
et aux pertes et l’adaptation, contribue grandement à l’épanouissement du
jeune enfant.
Une autre intervenante, Dr. Aleisha Clarke, professeur au sein du Département de
Psychologie, Santé et Technologie, à l’Universitéde Twente, Pays Bas a introduit
le thème ‘Involving the Whole School’, en présentant son travail autour de
l’importance du ‘Whole School Approach’. Elle a expliqué comment il est
essentiel que les responsables d’école soient engagés dans l’implémentation des
programmes visant à la promotion de la santé mentale. Elle a démontré que ce
genre de programme a un impact plus significatif lorsque les écoles intègrent la
promotion de la santé émotionnelle dans leurs pratiques quotidiennes. Quelques
exemples du ‘Whole School Approach’ :
WW
Apple’s Friends (7-9 ans) par le Partnership for Children comme une
suite de Zippy http://www.partnershipforchildren.org.uk/
WW
P asseport : S’équiper pour la vie (9-11 ans) par l’Université de Québec
http://www.crise.ca/pdf/mishara-garneau-2014.pdf
WW
SPARK (12-14 ans) par Positran http://www.positran.eu/aboutpositran
Sarah de St. Pern a été invitée à présenter la composante parentale ‘Zippy at
Home ‘ que le Département de Psuchologie et Counselling de l’ICJM a développé
depuis 2013 destiné aux parents dont les enfants participent au programme.
Cette formation comprend trois sessions qui permettent aux parents :
1.
2.
3.
4.
5.
d’être sensibilisés aux concepts fondamentaux du programme Les Amis de
Zippy afin de pouvoir les renforcer auprès de leurs enfants
d’arriver à mieux identifier, exprimer et gérer ses sentiments et encourager
leurs enfants à le faire dans des situations au quotidien mais également
plus difficiles telles que lors des changements ou de deuil
d’être sensibilisés aux bases de la communication et d’une bonne écoute
d’acquérir certains outils pratiques autour de la parentalité positive
de renforcer les liens avec l’école.
Teresa Lim Kong a aussi eu l’occasion de partager deux ‘success stories’
« Mwa Les Amis de Zippy ine bien aide mwa dans beaucoup de manière,
premièrement quand mo ti vinn dans sa lécol là en février de cet année ci,
mo ti pe senti mwa drole car mo ti pe penser ki mo pou reste tou seule et ki
mo pas pou ena camarade. Mais avec bane session Les amis de Zippy, mone
retrouve mwa avec beaucoup camarade de classe, et même mone apran osi
couma mo bizin fer pou ale vers les autres pour faire camarade et comment
faire pou préserve nou l’amitié. Deuxièment, Les amis de Zippy ine aide mwa
pou ki mo capave rode solutions kan mo ena ban soucis, ek trouve plusieur
solutions ek choisir la bonne solution cote ni mwa, ni mo camarade pas senti
nou mal, cote mo respecter tou dimoune, cot nou tou senti nou bien. Et puis
osi Les Amis de Zippy ine aide mwa beaucoup pou capav faire confiance mo
Miss, car aster mo senti mwa bien à laise pou raconte mo bane ti soucis, et dir
a.
les habilités psycho-sociales qui sont apprises dans le programme de
Zippy peuvent être utilisées par tous les membres du personnel au sein de
leurs classes.
b. des formations offertes au membre du personnel sur comment interagir
positivement avec les enfants.
c. développer des programmes ‘online’ pour les parents, membres du
personnel pour renforcer les habilites psycho-sociales des enfants.
d. des ‘posters’ affichés dans les écoles pour promouvoir des bonnes
habilités psycho-sociales. Ex : respect de Soi, l’autre et l’environnement.
Ex : Etapes à suivre pour choisir une bonne solution.
3
kan mo senti mwa triste ou joyeuse. Aster mo pa per pou ale rode aide avec
ene grande personne et sa faire mwa du bien kan mo capav coser dir seki mo
pe resnti. » (Une fille de la Std 2)
d’un service d’écoute pour les enfants, parents et membres de la communauté
scolaire, les sessions de ‘Zippy à la maison’ pour les parents, les sessions de
formation sur le bien-être pour les membres du personnel scolaire.
«J’ai facilité le programme Les Amis de Zippy avec beaucoup d’enthousiasme...
Mes 26 élèves et moi avons partagé beaucoup de choses ensemble… j’étais
émerveillé quand les élèves devaient dire comment faire pour s’adapter aux
changements dans leurs vies pour pouvoir se sentir mieux. J’ai aussi aimé
faciliter le programme alors que mon fils participait aussi à Zippy dans une
autre école…Cela nous a beaucoup aidé à mieux nous comprendre et à
trouver ensemble des solutions à la maison…J’aurai aimé avoir découvert
ce programme quand j’avais 6 ans ; ma vie aurait été différente…»
(une enseignante de la Std 2)
Le thème de la dernière journée était sur l’Inspiration! Il s’est terminé par une
présentation très bouleversante et touchante d’une personne qui s’appelle Dick
Moore, ancien directeur d’école et entraineur de rugby qui est venu partager
avec l’audience que son fils qui s’est tragiquement donné la mort à l’âge de 24
ans. Il a dit qu’il pense que peut-être si son fils avait eu la chance de bénéficier
d’un programme comme Les Amis de Zippy, qui aide les enfants à faire face
aux difficultés de la vie en développant des capacités d’adaptation, son fils
serait peut-être encore vivant aujourd’hui….ayant peut être choisi de faire
autrement… Il a dit : “Children are often not helped to cope because they are
not often given opportunities to do so.”
Durant ce workshop, tous les partenaires ont aménagé un stand d’exhibition
pour permettre de découvrir, communiquer et partager les diverses expériences
propres à chaque pays autour de la mise en place du programme Les Amis de
Zippy..
Le stand du Département de Psychologie et Counselling, ICJM reprenait
l’expansion et la réalisation du programme Les Amis de Zippy à Maurice,
Rodrigues et La Réunion dans les écoles pré-primaires, primaires et Special
Needs, la promotion du ‘Whole School Approach’ à travers la mise en place
“Life is not about waiting for the storms to pass, it is about learning to dance
in the rain.” Cette phrase de Dick Moore pour terminer le workshop nous a
profondément interpellées et touchées….et convaincues qu’en investissant
dans un programme comme Les Amis de Zippy, nous apprenons aux enfants à
traverser les tempêtes de la vie, en développant des outils pour y faire face. Nous
avons quitté Oxford encore plus convaincues et motivées pour travailler dans ce
sens et continuer à contribuer à promouvoir la santé mentale des jeunes enfants,
pour mieux équiper les adultes de demain.
Département ‘Jeunes, Couples et Familles’
D
epuis juin 2014, les Éducatrices du département, notamment Ginette
Fernand, Armelle Bourgault et Priscille Montocchio, animent des sessions sur
divers sujets qui touchent à l’éducation affective, relationnelle et sexuelle.
Ces sessions sont organisées par le biais d’une demande d’intervention, suivi
d’un protocole d’accord, qui précisent le ou les thèmes choisis par le demandeur,
en fonction du groupe ciblé, qu’il s’agisse d’adultes (hommes et femmes) ou
d’adolescents (garçons et filles).
Durant ces 2 dernières années, des demandes nous sont parvenues de différents
groupes, non seulement en termes d’âge et de milieu.
Nous vous livrons, quelques extraits des commentaires de jeunes et d’adultes,
recueillis des fiches d’évaluation reçues à l’issue des sessions :
Intervention auprès d’un groupe de
jeunes garçons et filles
Thème : L’adolescence : quelle grande
aventure
Qu’est-ce que tu retiens d’important pour toi ?
• Les développements à l’adolescence ; Il faut apprendre à s’aimer et à aimer
les autres ; Que notre corps est à nous et que c’est important de s’aimer ;
Que l’adolescence est une grande aventure ; On grandit et il faut apprendre
à aimer ; Que le corps change et qu’il faut en prendre soin ; Qu’il ne faut
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pas être surpris par les changements du corps ; Que l’on apprend à aimer
dans l’amitié ; La sexualité ce n’est pas que les relations sexuelles.
Intervention auprès d’un groupe de
jeunes garçons et filles
Thème : Les 12 marches vers l’amour du
différent
Que retiens-tu d’important pour toi ?
• L’amour ça s’apprend ; Que la communication est très importante ; Que
pour connaitre le vrai amour il faut du temps ; Tout a été important mais
surtout le fait d’apprendre à aimer ; Qu’il y a des étapes et que c’est
important de ne pas les brûler ; La différence entre l’amour et l’amitié ;
Intervention auprès d’un groupe de
jeunes garçons et filles
Thème : ‘J’apprends à connaître et à aimer
mon corps, il est digne de respect’
Qu’est-ce que tu retiens d’important pour toi ?
• Il faut respecter son corps et qu’il est beau ; Que notre corps est bien fait
et qu’il faut l’aimer comme il est ; apprendre à aimer ; Avoir une bonne
hygiène de vie ; Réfléchir avant de faire des choses pour ne pas avoir honte
après ; Comment aimer à notre âge.
Intervention auprès d’un groupe
d’adultes
Thème : L’Evolution affective
Qu’avez-vous retenu de ce qui a été dit ?
• Il y a plusieurs étapes dans la vie, il faut tous les passer ; mieux comprendre
les jeunes.
• Pour qu’un adolescent puisse gérer ses pulsions sexuelles, il doit apprendre
à gérer ses pulsions dès son enfance ; mettre tôt des limites.
• Il faut rester ferme – on n’est pas ami avec son enfant mais on garde sa
position d’adulte.
• Faut oser parler des choses qui sont considérées comme tabou.
Intervention auprès d’un groupe
d’hommes
Thème : Mieux se connaître et mieux
comprendre notre famille
Comment vous sentez-vous après cette intervention ?
• Soulagé car cette intervention permet de faire des rectifications
• Heureux parce que j’ai appris des mots et des techniques
• Heureux : je vais pouvoir parler à mon fils
• Heureux : car je me sens équipé
• Heureux et soulagé car les sessions ont bien répondu à mes interrogations
• Heureux car cela va m’aider dans ma vie de couple
Se former dans ce domaine est essentiel car ainsi certains tabous tombent, et les
adultes arriveront à prendre position et partageront plus aisément le rêve qu’ils
ont pour leurs enfants. »
Priscille Montocchio
« Au cours du premier trimestre de cette année, j’ai eu l’occasion d’animer
une première rencontre d’informations et de formations sur l’affectivité et la
sexualité pour les parents dont les enfants sont en Forme 1 et qui bénéficient du
programme « Au mystère de la vie » dans leur collège.
A chacune de ces rencontres, j’ai pu sentir à travers les partages des parents à
quel point ce qui était expliqué et partagé répondait à leurs attentes. Plusieurs
d’entre eux dans différents endroits de l’île m’ont dit : « nous nos parents ne
nous ont jamais parlé de tout ça et aujourd’hui nous aimerions en parler à nos
enfants mais nous ne savons pas quoi leur dire. »
A la fin de chacune de ces rencontres, la joie et l’enthousiasme de ces parents
m’emballaient et j’étais ravie d’avoir pu contribuer à les aider un peu dans leur
rôle de parent.
J’ai aussi beaucoup de joie à intervenir auprès des enfants et des jeunes dans
les différents collèges et mouvements à travers l’île, qui ont soif d’informations
justes et un grand besoin d’être rassurés en matière d’amour et de la sexualité.
Je suis passionnée de ce que je fais et les retours des parents lors de ces premières
rencontres, ainsi que ceux des jeunes après les interventions, me donnent un
élan et un grand désir de continuer. »
Témoignages livrés par Armelle Bourgault
et Priscille Montocchio, Educatrices qui
animent les sessions sur divers sujets
qui touchent à l’éducation affective,
relationnelle et sexuelle.
Armelle Bourgault
« Lors de mes interventions auprès des parents j’ai été séduite par l’enthousiasme
rencontré car beaucoup d’entre eux arrivaient de loin et voulaient venir
“apprendre” … ils sentent au fond d’eux-mêmes que l’éducation sexuelle et
affective de leurs enfants ne peut plus se faire de façon traditionnelle, avec le
vécu passé et quelques informations reçues de ci de là dans leur jeunesse.
Ils savent qu’il leur faut des mots, des idées, des remises en question afin de
pouvoir discuter avec leurs enfants et ainsi les aider à discerner pour choisir ce
qu’il y a de meilleur pour eux ;
il faut que les jeunes arrivent à remettre en question les informations qu’ils
reçoivent tous les jours et qui relativisent tout, banalisent la sexualité et les
relations amoureuses.
Les jeunes savent et sentent très bien que ce que le monde leur propose de
vivre aujourd’hui sous prétexte de grande liberté, ne leur donne pas le Bonheur
auquel ils aspirent.
Photo de gauche à droite : Ginette Fernand (‘Educatrice à la vie’
au sein du département), Claire Dhiersat et Anne Napoléoni
(CCF – Conseillères Conjugales et Familiales – Formatrices du
CLER – Centre de Liaison des Equipes de Recherche sur l’Amour
et la Famille – Organisme de formation agréé par les Pouvoirs
Publics en France),Priscille Montocchio et Armelle Bourgault
(‘Educatrices à la vie’ au sein du département)
5
Département Interculturalité
L’éducation des jeunes à
l’interculturalité et au dialogue
interculturel-une priorité !
Le pluralisme et la diversité des cultures, des traditions, des langues sont des
faits incontestables de la société mauricienne. Cette pluralité en soi constitue
un motif d’enrichissement réciproque et de développement ; beaucoup de
mauriciens en sont conscients et pratiquent un vivre ensemble.
Cependant, l’ethnocentrisme, les préjugés, les stéréotypes, l’intolérance, le
racisme sont bien présents. Des paroles et des actes malveillants sont exprimés
à travers les réseaux sociaux, le non respect des biens et des personnes, à
l’encontre des lieux de culte etc. Il est à noter que la plupart des situations ne
sont pas rapportées, mais sont cause d’injustice, de non respect de la dignité
humaine et de souffrance.
L’éducation à l’interculturalité et au
dialogue interculturel
L’éducation à l’interculturalité et au dialogue interculturel est primordial si
nous voulons préserver la paix à Maurice et améliorer le vivre ensemble. Le but
principal d’une éducation à l’interculturalité est d’arriver à un stade de dialogue
interculturel.
Le dialogue interculturel est un processus qui comprend un échange ouvert et
respectueux entre des individus, groupes et organisations de milieux culturels
et visions du monde différents. Il doit aider à développer chez toute personne
l’ouverture d’esprit, le respect des autres cultures et la prise de conscience des
valeurs communes qui sont indispensables à un cadre démocratique et à la
mise en place de dispositions sociales respectueuses des droits de l’homme.
Les objectifs du dialogue interculturel sont de développer une meilleure
compréhension des différentes perspectives et comportements, d’accroitre la
participation (ou la liberté de faire des choix), d’assurer l’égalité et d’améliorer
les processus créatifs.
La voie du dialogue devient possible que quand elle se fonde sur la conscience
de la dignité de toute personne et sur l’unité de tous en une humanité commune
pour partager et construire ensemble un destin commun.
La nécessité d’éduquer les jeunes à
l’interculturalité
Chaque mauricien devrait être éduqué à l’interculturalité. Mais, il est beaucoup
plus difficile d’encourager les adultes vers un changement de mentalité, quoi
qu’il faudrait aussi sensibiliser et former des adultes à l’interculturalité pour
eux-mêmes mais aussi parce qu’ils sont des agents de formation.
Par contre, éduquer les jeunes à l’interculturalité doit être une priorité pour
plusieurs raisons, entre autres :
• Les jeunes sont réceptifs ;
• Leur personnalité et leur identité sont en formation ;
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• Il n’y a pas encore ou pas de manière définitive d’enracinement, de
préjugés, des stéréotypes et de racisme.
Le rôle de l’école dans l’éducation à
l’interculturalité
L’école a un rôle clef à jouer dans l’éducation à l’interculturalité des jeunes car en
sus d’une éducation académique, elle a aussi le devoir d’assurer une formation
intégrale de la personne. En effet, l’école est un des milieux éducatifs dans lequel
on grandit pour apprendre à vivre, pour devenir des hommes et des femmes adultes
et mûrs. Elle aide non seulement à développer l’intelligence, mais ce en vue d’une
formation intégrale de toutes les composantes de la personnalité. Au final, l’école
doit œuvrer à la construction du citoyen Mauricien et aussi du citoyen du monde.
Donc, l’école de part de sa nature et sa fonction peut-être considérée comme un lieu
approprié et propice pour éduquer les jeunes à l’interculturalité, elle est un espace
de convivialité entre les différences. Elle encourage la participation, dialogue avec
les familles, première communauté d’appartenance des élèves qui la fréquentent,
elle en respecte la culture.
Objectifs et démarches d’une
éducation à l’interculturalité
De manière concrète, les objectifs d’une éducation à l’interculturalité sont :
• Le respect de la diversité,
• Rester soi-même à condition de ne pas imposer à l’autre ses valeurs,
• La non-hiérarchisation des cultures, toutes les cultures sont égales
malgré leurs différences, elles sont adaptées à un contexte écologique,
économique, technologique, politique et social
• L’universalité des cultures, c’est-à-dire concevoir l’unité dans la diversité
humaine, unité qui doit prendre en compte la diversité puisqu’elle ne
peut se construire uniquement dans la projection de valeurs propres à un
seul groupe.
• L’évolution des cultures, une culture étant en construction permanente,
toujours en devenir, perméable et soumise aux influences des autres
cultures.
Comment éduquer les jeunes à
l’interculturalité et au dialogue
interculturel ?
Atelier interculturalité au secondaire
Depuis 2013, le département interculturalité de l’ICJM, en collaboration avec
le Dr Maya de Salle-Essoo, Anthropologue, propose aux jeunes de 15-18
ans et de 12-14 ans des ateliers de réflexion et de sensibilisation autour de
l’interculturalité afin d’ouvrir le dialogue entre les différentes cultures de la
société pluri-culturelle mauricienne.
L’interculturalité au primaire
Depuis septembre 2015, le Département interculturalité de l’ICJM, est en
contacte avec la section primaire du BEC. Un travail en amont a démarré dans le
but de favoriser l’entrée d’une éducation interculturelle au primaire :
• 4 sessions de formation des Head Masters (HM) et des Deputy Head
Masters (DHM), pendant les vacances d’avril.
• Des ateliers de partage avec les petits de ‘Standards 1 et 2’ dans 8 écoles
primaires de l’Ile (mai - juin 2016) dans le but de comprendre leur
perception et leur vécu par rapport à la diversité culturelle mauricienne.
Les ateliers étaient conduits par le Dr Maya de Salle-Essoo, Mme Brigitte
Masson et l’équipe du Département Interculturalité de l’ICJM.
2.
Quels bénéfices cette éducation pourrait avoir pour les enfants et pour
l’école ?
• On dit que l’école est une société en miniature, donc c’est le lieu
par excellence pour apprendre à se connaître et à se respecter afin
de grandir ensemble dans la complémentarité des valeurs et de nos
différences, pour le meilleur vivre ensemble
3. Que pensent les enseignants sur l’introduction d’une éducation
interculturelle ?
• C’est une belle initiative pour construire une Ile Maurice meilleure
dans la paix durable à partir de vraies valeurs citoyennes.
Interrogée sur l’introduction de l’éducation interculturelle à l’école, Mme
Marie Anne Goder, Maitresse d’école à Mahébourg RCA nous dit :
« Les enfants vivent déjà l’interculturalité car étant petits, ils ne font aucune
distinction entre cultures. Il n’y a pas de barrières entre les enfants. L’éducation
se fait déjà. Chaque fête est célébrée à l’Assemblée par les enseignants de
différentes cultures avec explications religieuses, les repas préparés, les tenues
vestimentaires portées, etc. Ce qui aide l’Autre à connaître les différentes
cultures. Ils (les enseignants) se disent qu’il fallait cela car de plus en plus
on vit avec des enfants issus de familles composées de cultures différentes. »
L’interculturalité au primaire - Formation-HM DHM
Projet Kléopas
En décembre 2013, la Congrégation pour l’éducation Catholique du Vatican
a publié le document « Eduquer au dialogue interculturel dans les écoles
Catholique- vivre ensemble pour une civilisation de l’amour. » Ce document
préconise le dialogue entre les cultures et avec les autres religions au sein de
l’école catholique tout en réaffirmant notre identité chrétienne.
A Maurice, le projet catéchétique Kleopas (volet éducation catholique) qui a pour
but, la révision des conditions d’annonce et de transmission de l’Evangile au sein
des écoles et des collèges catholiques, abonde dans le même sens.
Le projet Kleopas, dans le document de référence pour l’école catholique,
propose de s’engager résolument sur la voie de l’interculturalité : « Heureuse de
la multiculturalité de notre Ile, l’école catholique apprend au jeune Mauricien
à voir en l’autre un semblable, un frère, une sœur en humanité. Elle éduque
l’élève à dialoguer avec ses pairs d’autres cultures tout en approfondissant son
identité. »
« Head, School Management and Curriculum » au Bureau de l’Education
Catholique (BEC), Madame Georgette Favory, nous partage sa perception
sur l’introduction de l’éducation interculturelle auprès des enfants ?
1. Comment percevez-vous l’introduction de l’éducation interculturelle
auprès des enfants ?
• C’est une opportunité providentielle pour nos enfants et pour
l’Ile Maurice multiculturelle/pluri religieuse.....d’être éduqués à
l’interculturalité.
« À l’école, les enfants vivent l’interculturalité tous les jours, même s’ils n’en
sont pas forcément conscients. Dans les petites classes, nous avons vu que
les enfants n’attachent aucune importance aux différences. Soit parce qu’ils
ne les perçoivent pas – pour les plus petits d’entre eux – soit parce qu’ils les
perçoivent juste comme un état de fait, un constat, un élément parmi d’autres
de leur environnement quotidien. Mais les enfants grandissent et ils ne sont
pas imperméables aux remarques communalistes qu’ils peuvent entendre au
détour des conversations. Déconstruire ces agressions identitaires avant que les
enfants ne se les approprient est capital si nous voulons consolider notre nation
mauricienne. Quel meilleur endroit pour réussir cela si ce n’est l’école, le seul
lieu où les enfants de toutes les religions et de toutes les communautés se
côtoient. La forme que doit prendre l’enseignement de l’interculturalité reste à
construire, mais l’objectif lui est clair : enseigner notre mauricianité pour mieux
la fortifier. »
Brigitte Masson
Quelle forme prendra cette éducation à l’interculturalité, au dialogue
interculturel ? Tout est à définir - l’équipe des chargés de mission de Kleopas y
travaille.
Eduquer à l’interculturel est un travail de longue haleine qu’il faut introduire
très tôt (dès le primaire et même avant), en prenant en considération l’âge
et le stade de développement de l’enfant. Il ne s’agit pas de donner quelques
éléments, permettant de saisir quelques différences tenant du folklore, mais
d’offrir les moyens pour que le jeune puisse interagir avec l’autre. C’est une
éducation à la vie.
Wendy Rose
Responsable du Département Interculturalité
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Département d’Etudes Sociales
Engagement social contemporain :
vers l’âge d’or de la pensée sociale, à Maurice et dans le monde.
P
our cette nouvelle édition de notre Newsletter, je souhaiterai partager une
adaptation d’un discours que j’ai prononcé le 5 mai dernier alors que j’étais
invité à une Conférence du Rotary District 9220 à l’île de la Réunion.
Dès le début de mon engagement social, en 1998, j’ai été amené à découvrir
des auteurs et ouvrages qui ont, dès lors, constitué les « La Fontaine »,
« Hugo », « Giraudoux » ou « Petit Prince » du développement personnel : John
Powell, Stephen Covey, Scott Peck, Anthony Robbins et Daniel Goleman, tous
traversés par une même idée : la réinvention des représentations mentales et
des pratiques.
Le secteur social n’échappe pas à cette transversale. Car notre période
postmoderne voit un dynamisme, voire une dynamique, qui dynamite ce secteur
à Maurice et dans le monde, postulant un passage en ébullition, mais une
ébullition progressive, vers une nouvelle ère qui nous permet de quitter l’âge
de pierre de la pensée sociale pour avancer peu à peu vers un âge de bronze,
voire d’or.
Et si je me permets de postuler ce passage, c’est parce que ce qui se passe
actuellement dans les pensées, paroles et pratiques des citoyens ici et là
démontre clairement qu’une mouvance a lieu, telle une Renaissance, fragile
mais bien réelle, que nous ne pouvons plus éviter ni dédaigner.
Plusieurs exemples témoignent de cette vague mondiale qui touche le devenir
de l’être humain : le commerce équitable, le tourisme solidaire et l’accès au
micro-crédit, et dans la même foulée, Mohamed Yunus et la « Grameem Bank » ;
l’entrepreneuriat social et la recherche des « changemakers » par Bill Drayton
et sa Fondation Ashoka ; le croisement des savoirs et des pratiques initié par
Joseph Wresinski et répandu dans le monde, avec les Universités populaires et
bibliothèques de rue, par le Mouvement ATD Quart Monde ; la remise en question
de la financiarisation à outrance de l’économie mondiale et l’émergence d’un
« alter-mondialisme » mais aussi, plus précisément, d’un « alter-capitalisme » ;
l’ingénierie sociale, initiée par le concept de développement communautaire,
densifié aujourd’hui par la composante écologique ; le retour vers la terre et,
avec lui, l’autosuffisance alimentaire, le partage et la sobriété dans les choix de
vie, tel un esprit de pauvreté à la rescousse de la lutte contre la pauvreté ; face à
cette même pauvreté, les recherches neurologiques pour dénoncer son impact sur
l’architecture cérébrale des enfants ; le refus de Sa Majesté le Roi du Bhoutan,
Jigme Singye Wangchuck, de se laisser plier par l’unique couperet du PIB pour
créer le Bonheur National Brut ; les sérieuses « futurist studies » de Copenhague.
Tous ces exemples s’adjoignent à des « best practices » de ce qui se faisait déjà,
telles que la réhabilitation et la réinsertion ; l’apprentissage des métiers, des arts
et des sports ; l’écoute et l’accompagnement psychosocial ; l’accès aux soins et
la prise en compte des handicaps et maladies ; etc.
À partir et au-delà de ces exemples, nous pouvons retenir trois traits
caractérisant cette Renaissance, telles des lignes qui tracent une grille constante,
un cadre référentiel pertinent sur lequel nous sommes tous – bénévoles,
volontaires, travailleurs sociaux, « Faith-Based Organisations (FBOs) »,
8
Essential & Emerging Elements of Leadership 2015-2016
« CSR Foundations », club services, etc. – invités à nous appuyer, et face auquel
nous pouvons tous nous évaluer et réinventer notre engagement social :
1.
La personne humaine doit être le cœur, le cerveau et le poumon
de la vie économique, politique et sociale. Cette personne humaine
est dotée, pour reprendre le Prof. Amartya Sen, Prix Nobel d’économie
19981, de capacités élémentaires pour vivre la vie qu’elle est en droit de
vivre et qu’elle rêve de vivre ainsi que de potentialités pour aller plus loin
en se développant intégralement ;
2.
La personne humaine qui est notre bénéficiaire, parce que
pauvre physiquement, intellectuellement, émotionnellement ou
spirituellement, doit aujourd’hui être notre partenaire local au
même titre que les autres, classiques, de sorte que le triangle
« Secteur public-secteur privé-secteur social » doive exploser pour
faire place à un carré !
3.
Mais il y a un aussi groupe de personnes humaines, invisibles, oubliées,
ostracisées, même non-rejointes par nos programmes, projets et
conférences, un groupe empreint à « la pauvreté poussée à l’extrême +
à la vulnérabilité + à l’exclusion + à la désespérance + à l’oppression2. »
Il s’agit des « heimatlose » en Suisse, « Roms » d’Europe, « Burakumin »
du Japon, « Madfoun » d’Egypte, « Ohiabrubro » au Ghana,
« Miseraveis » du Brésil, « Bombzi » de Russie, « Ghrino gorib »
du Bangladesh , « Dimounn Mizer » à Maurice. Si cette population est
considérée, dans l’espace-temps, comme étant disqualifiée, diabolisée,
dévalorisée, déportée, déchet de l’humanité, c’est parce qu’elle est rendue
instrument de statistiques, objet de recherche, outil d’analyse scientifique
; elle est déniée et dénuée de son habilité à être un sujet, de sa faculté à
être une personne car étant déshumanisée par la misère, ce pire au-delà
né du cumul des pauvretés et qui figure, aux côtés de l’esclavage, de
l’engagisme, de la négritude et du nazisme, comme phénomène abject,
exécrable et méphistophélique qui considère une personne comme un
sous-homme et un non-humain.
Or, le paradoxe est que ces populations sont pourtant bel et bien porteuses
d’une connaissance unique : les « Dimounn Mizer » qu’une exploration biblique
peut révéler comme les « ‘ nî »-« `ebyôn »-« ‘ n wîm » créés à l’image,
à la ressemblance et selon la volonté d’un « Emmanuel-fait-Homme-misérableen-Jésus-Christ », qu’une exploration védique peut révéler comme « Shudra »« Achut »-« Dalit »-« Harijan », parcelles (« atman ») de l’Absolu-divin-sansnom et qu’une exploration coranique peut révéler comme « al-mustad’afun
fi’I-ard », intendants-et-créatures, sur terre, d’Allah, sont porteurs d’un savoir
existentiel à côté du savoir académique de nos érudits universitaires et du savoir
professionnel de nos praticiens sociaux. Ce « Quart Monde4» est composé, bel et
bien, d’experts, de spécialistes ! – parce qu’ayant l’expérience et la compétence
de survivre face à la misère.
Subséquemment, nous devons nous battre pour ne plus continuer à faire du
« business as usual » quand nous décidons de nous engager ; nous devons lutter
contre la médiocrité et la tiédeur qui nous refusent le droit à l’épanouissement
en vue d’être des Constructeurs d’humanité et qui nous anesthésient en
consommateurs de la société ; nous devons combattre les séductions, pièges
et pressions d’une tendance qui nous éloigne des fondamentaux, qui camoufle
un paternalisme qui instrumentalise les « Dimounn Pov », qui promeut un
protectorat qui sclérose les « Dimounn Mizer », qui cultive une condescendance
parce que conservant la perception du « Pov pares » ; nous devons rejeter les
pensées, paroles et pratiques qui ne cherchent qu’à brandir un vocabulaire et
un savoir techniques au détriment de la personne – la personne, la personne
pauvre, la personne misérable – chantre d’un « goal displacement » qui nous
piège – et souvent inconsciemment – en nous rendant des rédacteurs de
projet, des gestionnaires d’ONG, des philanthropes à paraître au lieu d’être des
personnages inutiles parce qu’étant des accompagnateurs de transit dans la vie
des autres, notamment des pauvres et des plus pauvres.
Voilà pourquoi l’engagement social n’est pas une option, mais un impératif !
Plus encore, voilà pourquoi mes recherches et travaux m’amènent à plaider
pour un élargissement du paradigme de l’engagement social non plus en travail
social classique mais en leadership social contemporain. Car le leadership social,
tel que je l’entends, procure un cadre plus grand, innovant et futuriste. Et c’est
justement ce que nous enseignons au sein du Département !
Venez et vous verrez !
Jonathan Ravat
Chef du Département d’Études sociales
SEN A., 1995, “Inequality Reexamined”, Oxford University Press, 1995, 210 pages.
RAVAT J., 2016, “Les religions institutionnalisées face à « Dimounn Mizer » au sein de l’île Maurice contemporaine : réappropriations locales des Écritures sacrées dans les
engagements sociaux”, Université de Maurice, 1506 pages, p813 (thèse de doctorat non-publiée).
3
GODINOT X., VIARD T., 2010, “Extrême pauvreté et gouvernance mondiale”, série Cahiers de propositions, ATD Quart Monde, Forum pour une nouvelle gouvernance mondiale,
61 pages, pp11-14.
4
Terme, puis concept, rendu célèbre grâce à Joseph Wresinski.
1
2
Département Theologie
Anou gout levanzil…
D
epuis l’année 2012 notre département propose régulièrement, et dans plusieurs régions de l’île, des parcours de lecture continue des évangiles en créole.
Le chemin proposé s’appuie sur 3 piliers : une lecture continue de l’évangile, sous forme d’un cheminement personnel et communautaire dans un esprit d’ouverture
à la conversion.
De façon concrète, la première partie de chacune des sessions est consacrée à l’étude de certains textes d’évangile : après un temps d’échange sur ces textes, un
éclairage est donné aux participants dans le but d’en saisir davantage le contenu ainsi que l’expérience de foi reflétée par les versets étudiés. Dans la deuxième partie,
cette Parole est mise en relation avec la vie. Nous nous laissons interpeller et transformer, dans l’aujourd’hui de notre vie, par Jésus qui est la Parole Vivante. La soirée
se termine généralement par un temps de célébration.
…Sin Mark
Proposé à des adultes, le parcours « Anou gout levanzil Sin Mark » a suscité un
grand intérêt à Souillac, Beaux Songes, Rose-Hill, Mahébourg, Quatre-Bornes,
Curepipe et Roche Bois. Un parcours adapté aux jeunes a aussi été offert à
Rose Hill en 2015. Dans la perspective de ce projet évangélisateur, des équipes
d’animateurs ont été formées à l’ICJM et 17 hommes et femmes ont permis à
plus de 400 personnes de goûter à la Parole dans les lieux cités ci-dessus. Voici
le témoignage d’une participante du parcours à Curepipe.
En suivant le parcours ‘Anou gout levanzil Sin Mark’, mon but était de mieux
connaître l’Évangile.
Au fil des semaines, j’ai découvert Jésus différemment. Le mot Messie a
résonné d’une autre manière en moi: pas comme quelqu’un qui se met en
avant ou qui veut montrer sa toute puissance. J’ai découvert le visage de ce
Messie qui a souffert et s’est donné par amour pour nous.
Ce parcours vécu en communauté m’a aussi permis de découvrir qu’être
disciple de Dieu c’est m’engager à marcher à sa suite avec d’autres. Car seule,
la mission ne peut être vécue pleinement.
Dans ma vie de tous les jours j’ai appris, et continue à apprendre, à mettre en
pratique ce à quoi la Parole m’appelle: aimer mon prochain et ne point avoir
de préjugés sur les autres. Je dois vous l’avouer: ce n’est pas un chemin facile
mais avec la force de Jésus dans mon cœur j’y parviens petit à petit.
Cette expérience a été pour moi très enrichissante. Je n’arrive pas à trouver les
mots exacts pour vous exprimer à quel point cela m’a aidée à gouter à l’amour
de Dieu dans ma vie... C’est tellement immense!
Je remercie vivement mes deux enfants Yannick et Prisca qui m’ont encouragés
à suivre ce parcours.
9
…Sin Lik
Cette année, nous nous sommes lancés dans l’aventure «Anou gout levanzil
Sin Lik». Ce parcours est actuellement offert à La Gaulette - Sr Sylviane
qui anime ces soirées avec le Père Véder, nous en donne son témoignage
ci-dessous. Une trentaine de futurs animateurs – incluant trois prêtres –
vivent, quant à eux, un parcours « 2 en 1 » échelonné sur quatre mois à
l’ICJM: ils goûtent à l’expérience de la lecture continue de l’évangile de Luc et
reçoivent parallèlement une formation adaptée dans le but de permettre aux
personnes de leur groupe/paroisse de goûter à leur tour à cet évangile.
L’évangélisation dans les périphéries de la région ouest
Dans son exhortation apostolique Evangelii Gaudium, le Pape François nous
dit: « Tout chrétien et toute communauté discernera quel est le chemin que
le Seigneur demande, mais nous sommes tous invités à accepter cet appel
: sortir de son propre confort et avoir le courage de rejoindre toutes les
périphéries qui ont besoin de la lumière de l’Évangile» (No 20).
Le mardi 26 avril 2016, le Père Jean Claude Véder et moi-même avons pris
nos bâtons de pèlerin pour aller donner une formation biblique dans la région
de l’ouest, cette formation s’intitule : ‘Anou gout Levanzil Sin Lik’. Nous
avons une soixantaine de participants adultes venant tous des périphéries,
ces endroits retirés comme Chamarel, Case Noyale, la Gaulette, Le Morne et
Baie du Cap. Nous nous rencontrons chaque mardi dans l’église Le Seigneur
de la Pêche-Miraculeuse, à la Gaulette, de 18h00 à 21h00. La formation
prendra fin le 19 juillet 2016.
Les participants à ce parcours sont heureux de découvrir Jésus à travers
l’évangile de Luc en créole. C’est une belle expérience d’inculturation où
Jésus nous parle dans notre langue maternelle, plusieurs sont venus me
dire : «maser an kreol, mo konpran mesaz Zezi pli bien». Nous sommes
toujours en chemin avec ce groupe, les participants sont dynamiques,
réceptifs et réguliers. Durant ce cheminement, ils découvrent ou redécouvrent
la miséricorde de Dieu comme une Bonne Nouvelle en cette année de la
Miséricorde. C’est avec bonheur que je vais, chaque mardi, à la Gaulette
pour donner cette formation et être attentive aux œuvres de l’Esprit Saint
dans les cœurs de mes frères et sœurs qui me donnent beaucoup de joie
par leur témoignage de vie.
Sr Sylviane Françoise
Franciscaine Missionnaire de Marie
L’ANTHROPOLOGIE CREOLE ET LA
RELIGION POPULAIRE
Le module ‘Anthropologie Créole’ dispensé par Danielle Palmyre à l’ICJM à
l’intention des animatrices du parcours « Le Regard de Jésus sur la Mauricienne
» m’a grandement aidé à découvrir plusieurs aspects de la vie du créole et son
passé qui l’ont amené à être ce qu’il est aujourd’hui.
J’ai pris conscience de la corrélation entre le colonialisme, l’esclavage et le
racisme. Les enseignements m’ont aussi aidé à mieux comprendre la difficulté
de ce peuple de se construire une identité. L’explication sur le conflit de l’Identité
fut fort intéressante. Le thème du mimétisme a été d’un grand apport dans ma
compréhension de cette section de la population Mauricienne, dite Population
Générale.
Autre thème abordé fut la Créolité qui invite à explorer tout ce qu’il y a d’original
dans la mémoire afin de reconstruire l’avenir de ce peuple sorti de l’esclavage
qui a modifié son vécu culturel.
Ce module m’a aidé à comprendre pourquoi et comment l’esclavage a encore un
impact sur la vie économique, sociale, éducative et même politique de beaucoup
de créoles. Et cela m’a poussé à m’interroger sur l’urgence de ma participation
personnelle dans la reconstruction de l’Identité Créole dans mon pays.
L’autre sujet abordé fut « La Religion Populaire ». Les temps de partage et
de réflexions ont fait la lumière sur comment beaucoup de baptisés vivent
parallèlement leur foi et ont parallèlement recours à d’autres rites et croyances.
J’ai aussi pu faire, grâce aux explications de l’intervenante, la différence entre
la religion et la foi. La première étant un ensemble de croyances, de rites et des
pratiques extérieurs, tandis que la foi, c’est l’oeuvre de l’Esprit à l’intérieur de
l’être humain, qui le transforme, à l’exemple de Saint Paul qui est passé de la
religion à la foi après sa rencontre avec le Seigneur.
Ce thème m’a aussi permis de me questionner : « Suis-je dans la religion ou
dans la foi ? »
En tant que catéchète, ces deux modules offerts m’aideront surtout à mieux
comprendre le comportement et la réaction des personnes à qui la transmission
de la religion populaire a été faite de génération en génération et à les aider
à découvrir qu’un chrétien c’est quelqu’un qui vit avec la conviction que JésusChrist a définitivement vaincu le mal.
Pour conclure, je dirai que ce module m’aidera à m’engager davantage à
accompagner avec plus de bienveillance ceux qui croient encore à la superstition
et à d’autres pratiques de protection.
Marie-Noëlle Pierre-Louis
(Animatrice de Regard de Jésus sur la Mauricienne)
Sin Lik Lagolet
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Département Spiritualité
Tout un programme…
Former et superviser des Accompagnateurs Spirituels
G
râce aux formations dispensées par l’ICJM (et les autres instances avant
l’existence de celui-ci), nous regroupons presqu’une cinquantaine
d’accompagnateurs et accompagnatrices spirituels se donnant bénévolement
au service de l’Eglise dans un ministère d’écoute et d’accompagnement.
Etant donné la nature d’un tel service, il est essentiel que les personnes
soient continuellement accompagnées, supervisées et formées. L’Eglise est
reconnaissante envers tous ces accompagnateurs pour le temps qu’ils donnent,
non seulement pour accompagner et assurer des formations, mais aussi pour se
former continuellement afin de mieux assurer ce ministère auprès de leurs frères
et sœurs chrétiens et parfois non-chrétiens. Nous remercions Cynthia Pyanee, la
responsable de la coordination de l’ensemble des accompagnateurs (ASIM) qui
nous parle de leur dernier week-end de formation sur « l’anthropologie créole » et
Claudette Commarmond, accompagnatrice, pour son témoignage sur ce week-end.
Nous avons besoin de manifester que de tels dialogues sont possibles
dans notre communauté, que des tels sujets ne doivent pas rester tabous.
L’histoire est ce qu’elle est, la vérité rend libre.
de Claudette Commarmond
Du fond de cette mare peuplée de drames
humains et de tourbillons d’évènements qui
constituent la base même de notre histoire,
j’ai pu voir de plus près les vestiges qui
ont traversé l’Histoire avec nous et qui,
aujourd’hui encore, nous collent à la
peau. Car, qu’importe la composante
ethnique à laquelle nous appartenons, ils
conditionnent souvent la perception que
nous avons de nous-même et des autres,
et ont, aujourd’hui encore, un impact
considérable dans notre façon de considérer
des faits sociaux et de décider de ce qui est de l’ordre des normes ou pas.
Ce week-end m’a aussi permis de mieux comprendre comment les esclaves,
ayant perdu jusqu’à la liberté de pratiquer leur propre religion, avaient été
forcés de s’adapter à une religion imposée, tout en étant encore
affectivement liés à leurs religions ancestrales ; ce qui explique le
La Communauté des Accompagnateurs Spirituel de l’Ile Maurice (ASIM)
transfert de certaines de leurs pratiques et croyances religieuses vers
de Cynthia Pyanee
la religion imposée.
La communauté ASIM est une image vivante de l’île Maurice, un brassage de
culture. Incontestablement, nous-mêmes, accompagnateurs et accompagnatrices,
sommes amenés à accompagner des personnes de toutes les cultures présentes sur
l’île, avec tous les panachages possibles, d’où la nécessité de comprendre l’identité
culturelle de l’autre.
Reculer pour mieux sauter : Comprendre d’où vient la personne qui est en face
de moi est capital pour l’aider dans sa maturation humaine et sa croissance
spirituelle. C’est pourquoi le Comité de l’ASIM avait opté pour son dernier week-end
de formation-continue le thème de « l’Anthropologie Créole », qui nous paraît très
important pour le contexte local.
En effet, l’accompagnement spirituel est incarné; l’accompagnée vient avec son
histoire personnelle et se situe dans une famille singulière, une culture particulière
qui s’insère dans l’histoire d’un pays à un moment de l’Histoire. Donc, parler de
l’anthropologie dans un week-end de formation ne nous est pas semblé hors sujet
bien au contraire. Notre souhait est de donner une suite à cette première partie,
pour développer d’autres pistes, mettre d’autres cultures en parallèle, aller plus en
profondeur pour une meilleure connaissance de soi et de l’autre.
La beauté de cette démarche est qu’elle devient évangélisation, notre histoire est
évangélisée. J’accepte mon histoire avec ses grandeurs et ses richesses, ses limites
et ses failles. C’est ainsi que lors de ce week-end animé, par Danièle Palmyre du
Département de Théologie, ceux qui ont ressenti le besoin, ont demandé pardon au
nom de leur ancêtres pour les atrocités liées à l’esclavage et d’autres ont ressenti le
désir de pardonner pour le mauvais traitement qu’ont subi les leurs.
Un des moments forts pour moi fut la présentation, la réflexion et le
partage autour du séga de Cassiya : « Rev Nou Zanset ». L’émotion
fortement palpable qui se dégageait des différentes interventions
des participants, témoignait de l’intensité avec laquelle chacun
avait reçu et accueilli les éclaircissements donnés par le Dr. Palmyre
sur ce thème « Anthropologie Créole ». Descendant d’esclave ou
pas, (les participants venaient de toutes composantes de la ‘flore’
mauricienne), nous nous sentions tous profondément concernés par
toute cette stratégie intentionnelle qui avait était mise en place, en
vue d’une déshumanisation systématique des esclaves, et ce, au
nom d’une idéologie raciste, cimentée à la base même de l’Histoire
de notre peuple mauricien.
A part les richesses reçues pour un regard plus éclairé dans le service
de l’accompagnement spirituel, j’ai reçu en prime un magnifique
cadeau : Je suis rentrée chez moi avec un grand désir, celui de laisser
grandir en mon cœur Estime et Tendresse pour cette langue créole
qui a germé de la souffrance d’hommes et de femmes déracinés qui
ont enduré des cruautés telles, qu’ils en ont oublié leurs langues
maternelles. « Ti finn soufer enn bann kriote ziska blie langaz
ki ti pe koze ». Rien qu’au nom de toutes ces souffrances infligées
et subies, notre langue créole mériterait, de notre part à tous, un
respect inconditionnel !
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Autres Activités
Atelier sur la Femme - Approfondir la Connaissance de Soi par le
biais de l’histoire et de la culture
Conférence de Mme. Vera Baboun, Maire de Bethléem ‘Vivre ensemble à Bethléem’
‘Soutien à la Parentalité’ - projet ‘Bois Marchand Mo Lendrwa’
Parents efficaces
Conférence Deseni pep desandan afriken - Rekonesans
zistis ek devlopman
ICJM - CALENDRIER DES FORMATIONS/ACTIVITES 2016
DEPARTEMENT
Etudes Sociales
Jeunes, Couples &
Familles
Spiritualité
FORMATION/ACTIVITE
Essential & Emerging Elements of
Leadership DATE
7 septembre 2016 - 9 août 2017
LIEU
ICJM
HORAIRE
9h - 15h
La Famille: Dynamique Relationnelle &
Certaines Problématiques
3 août - 30 novembre
ICJM
18h - 20h30
Stage ‘PASAJ?’
29 & 30 septembre;
10 & 11 novembre
ICJM
8h30 - 17h00
Couple Mixte : ses richesses et difficultés.
Quelles conditions pour le réussir ?
5 août au 27 novembre
ICJM
Rencontrer Jésus Christ
3 juillet - 18 septembre
Le Morne
Maison de Carné
12
1, rue Célicourt Antelme, Rose-Hill
Tél : +230 464 4109 - Fax : +230 465 4006
Email : [email protected]
Site internet : http://icjm-mu.com
A confirmer
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