La pièce
Henriette et Clitandre sont amants, mais pour se marier, ils
doivent obtenir le soutien de la famille de la jeune fille. Son père
Chrysale est favorable à leur union ; mais sa mère, Philaminte,
veut lui faire épouser Trissotin, un faux savant aux dents lon-
gues, plus intéressé par l’argent que par l’érudition,
Et voilà la famille partagée en deux clans : d’un côté, Chrysale,
le père, et son frère Ariste ont bien perçu la duplicité de Trisso-
tin, mais le maître de maison ne veut pas s’opposer fermement
aux volontés de son épouse. De l’autre, la mère, Philaminte, et sa
fille aînée, Armande, autrefois courtisée par Clitandre qu’elle a
éconduit, sont rejointes par Bélise, la belle-soeur de Philaminte,
vieille fille «fleur bleue fofolle» qui s’invente des soupirants du
matin au soir. Leur trio forme le groupe des «femmes savantes»,
ridicules mais touchantes, convaincues du bel esprit de Trissotin.
L’Atelier Théâtre Jean Vilar et ses classiques
Avec Tartuffe (mise en scène de Patrice Kerbrat), présenté
entre autres au Festival de Sarlat et Pézenas l’été 2010 et l’hiver
2011 à Tours et à Versailles, l’Atelier Théâtre Jean Vilar a renoué
avec la grande tradition des « classiques bien montés » qui avait
déjà fait ses beaux jours dans les années ’90. On se souvient
notamment des tournées remarquables du Malade imaginaire
(monté dans sa version originale de comédie-ballet) et du Bour-
geois gentilhomme, mais également d’une première version de
Tartuffe (mise en scène d’Armand Delcampe), programmé, quant
à lui, entre autres, au Printemps des Comédiens 1996 avant d’ef-
fectuer une tournée partout en France. Cette nouvelle mise en
scène des Femmes savantes entend entrer dans cette tradition.
Le théâtre Moliéresque
Le théâtre de Molière tend au naturel et s’éloigne des stéréo-
types. Il copie le vivant pour créer des caractères tels que L’Avare,
Le Malade Imaginaire ou Le Misanthrope, personnages obsédés,
complexes et nuancés. Il réussit la synthèse entre la tradition
populaire (farce et Commedia dell’arte) et l’ambition sécu-
laire de la finalité morale du théâtre. Son oeuvre est engagée
dans son temps par la satire des modes et des contradictions
sociales (Le Misanthrope est une attaque contre la cour et ses gri-
maces ; L’Ecole des femmes, contre le mariage imposé aux jeunes
filles ; Les Femmes savantes, contre l’abus d’intellectualisme des
femmes mariées…), mais elle vise en même temps l’universa-
lité par la peinture psychologique de l’homme, dont les petites
manies et obsessions profondes sont moquées par la dérision.
Note d’intention
Au risque de répéter un lieu commun, l’œuvre de Molière reste
étonnamment jeune. Quel propos plus moderne en effet que celui
des Femmes savantes ? Dans un siècle – le nôtre – où l’intellectua-
lisme a remplacé l’intelligence, où la limite devient indistincte entre
connaissance et prétention, Les Femmes savantes apparaissent
comme le plaidoyer nécessaire de la raison contre les envolées
lyriques mais improductives. Leçon de réalisme, la pièce résonne
aussi comme une violente défense de la sincérité et de l’honnê-
teté. Face à ceux qui se montent le bourrichon avec des mots et
des idées, triomphent de la folie, finalement, ceux qui incarnent la
mesure, le pragmatisme, la franchise et la vérité.
Molière : « l’humain parfait » ?
De la femme et de l’homme, il a tout observé, tout perçu, tout
exploré et éprouvé. Rien de la bonté, de la perversité, de la médio-
crité humaine ne lui fut étranger. Il se lança à corps perdu dans
l’aventure des désirs insensés. Il prit tous les risques et souffrit tous
les tourments. Il dit non, rusa, parla, protesta, se tut, reparla sans se
démettre ou se soumettre jamais.
Dieu merci, il ne fut pas un « artiste pur ». Il côtoya et chérit
l’impur comme un fou, il comprit et il aima sans mépris l’humain
plus qu’imparfait.
Poète vivant, il a, plus qu’aucun autre, fait vivre ensemble la
poésie, la comédie et le drame, rires et larmes enchevêtrés, élans
et faiblesses confondus, désirs infinis avec petites vérités pratiques
à l’exclusion des grands principes abstraits et des dogmes irréfu-
tables.
Il a subi, il a enduré le calvaire des pouvoirs imbéciles, absolus
et contradictoires, aux titres cumulés d’auteur, d’acteur et de chef
de troupe… de sorte que mettre nos pas dans les siens nous paraît
aujourd’hui d’un grand confort et d’un incessant réconfort.
Merci au Saint Patron !
Armand Delcampe, croyant en Molière
Qu’est-ce qu’une « femme savante »?
Le terme de « femme savante » ne s’entendait pas de la même
façon à l’époque que de nos jours. Ce terme avait une signifi-
cation bien précise quand Molière a créé la pièce. Il était, avec
d’autres (la coquette, le jaloux, la prude, etc.), un des termes
décrivant quelqu’un d’extravagant, de coupable d’une entorse
à la sociabilité. Si Molière se moque des « femmes savantes »,
ce n’est pas pour leur instruction mais pour l’étalage de leurs
connaissances, leur pédanterie. Dans les salons mondains,
l’exhibition de ses connaissances et les savoirs hors de propos
étaient mal vus.Les hommes risquaient autant que les femmes
le ridicule, seulement cette tare était beaucoup plus rare et in-
congrue chez les femmes.
Un Molière façon années ‘20
Côté coulisses, Armand Delcampe a choisi de faire appel à
Gérald Watelet pour les costumes et le décor. Il a laissé carte
blanche à ce spécialiste de la haute couture en lui donnant une
seule consigne : les années ‘20-’30. Un pari réussi!
L’équipe
Philaminte : la mère. C’est elle qui a décou-
vert Trissotin. Elle le considère comme grand
savant sous prétexte qu’il flatte son égo. Elle
pense qu’il ferait un bon parti pour sa fille.
Bélise : la tante. Soeur de Chrysale, c’est une
vieille fille qui ne s’est jamais mariée. Elle se
croit irrésistible et s’invente des soupirants.
Elle s’imagine que Clitandre est amoureux
d’elle et qu’Henriette n’est qu’une excuse.
Trissotin : un pédant. Il se fait passer pour
un savant. Or, il semble s’intéresser aux
femmes savantes plus pour leur argent que
pour l’érudition de ces dernières.
Nathalie WILLAME
Cécile VAN SNICK
Morgane CHOUPAY
Patrick BRÛLL
Pierre POUCET
© Eric Cowez
Julienne : le valet de Vadius.
L’épine : le valet de Trissotin.
Ariste : l’oncle. Frère de Chrysale, il n’accepte
pas de voir celui-ci se laisser mener par le
bout du nez par sa femme, et apporte son
soutien à Clitandre et Henriette.
Freddy SICX
Martine : la servante. Renvoyée par Phila-
minte pour avoir parlé en dépit des règles
de la grammaire, elle revient à la fin de la
pièce pour défendre les arguments de Cli-
tandre et d’Henriette.
Marie-Line LEFEVRE
Julie THIELE
Clitandre : le soupirant d’Henriette. Autre-
fois amoureux d’Armande, il fut écouduit
par celle-ci.
Julien LEMONNIER
Vadius : un pédant comme Trissotin. Il est
tour à tour son camarade et son rival. Sa
querelle avec Trissotin sur leurs poèmes res-
pectifs met en relief la petitesse d’esprit de
ce dernier.
Alain ELOY
Armande : la fille aînée. Autrefois courtisée
par Clitandre, elle l’a rejeté et celui-ci est
alors tombé amoureux de sa soeur Hen-
riette. Elle est désormais jalouse de sa soeur
et n’a qu’un but : empêcher les deux amou-
reux de se marier.
Agathe DETRIEUX Jean-François VIOT
© Véronique Vercheval
Chrysale : le père. Il se prétend le maître de
la maison, cependant, il a du mal à contre-
dire sa femme quand celle-ci prend des
décisions.
Henriette : la fille cadette. C’est la seule
femme de la famille qui ne fasse pas partie
des «femmes savantes»: à leur langage pé-
dant, elle préfère les sentiments qui la lient
à Clitandre.
Le notaire : chargé du mariage.
Présentation de la nouvelle
saison 2012-2013
En compagnie des artistes de la saison
Lundi 7 mai à 19h au Théâtre Jean Vilar
Réservation indispensable au 0800/25 325
(dans la limite des places disponibles)
Gérald Watelet aux décor et costumes
Gérald Watelet, ancien créateur pour
Yves Saint Laurent, cuistot de choc (Sans
Chichis) et ambassadeur de la culture
belge (C’est du belge), signe avec ce
spectacle sa première création de
décor et de costumes pour le théâtre.
Un défi relevé de manière magistrale et une corde de plus à
l’arc de ce grand monsieur bien connu de notre petit écran
qui a présenté six défilés de Haute Couture naguère à Paris.
Armand Delcampe, metteur en scène
Armand Delcampe a voué sa vie au théâtre.
Fondateur, en 1975, de l’Atelier théâtral de
Louvain-la-Neuve, il le dirige et le trans-
forme en 1999 en Atelier Théâtre Jean Vilar.
Cette responsabilité ne l’a pas empêché de
poursuivre, en parallèle, une double car-
rière de comédien et de metteur en scène.
Il a joué et/ou mis en scène plus de 100 pièces en 40 ans…
© Véronique Vercheval
La pièce a été créée en plein air au Festival d’Anjou à An-
gers et au Festival des Jeux du Théâtre à Sarlat en juillet
2011. La saison prochaine, la pièce part en tournée en Bel-
gique et en France.
© Martin Godfroid