DP Femmes Savantes - Atelier Théâtre Jean Vilar

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DOSSIER PEDAGOGIQUE
Les Femmes savantes
Molière
Distribution
Mise en scène : Armand Delcampe
Avec
Chrysale : Patrick Brüll
Armande : Morgane Choupay
Henriette : Agathe Détrieux
Vadius : Alain Eloy
Martine : Marie-Line Lefebvre
Clitandre : Julien Lemonnier
Trissotin : Pierre Poucet
Ariste : Freddy Sicx
Julienne : Julie Thiele
Bélise : Cécile Van Snick
Le notaire : Jean-François Viot
Philaminte : Nathalie Willame
Assistant à la mise en scène : Jean-François Viot
Décor et costumes : Gérald Watelet
Lumières : Jacques Magrofuoco
Régie vidéo : Quentin Huwaert
Régie lumières : Gary De Beys / Mathieu Bastyns
Construction décor : Mathieu Regaert et Marc Cocozza
Direction technique : Jacques Magrofuoco
Une production de lʼAtelier Théâtre Jean Vilar et du Festival Royal de Théâtre de Spa, avec la participation du
Centre des Arts Scéniques.
Avec le soutien de la Province du Brabant wallon.
Dates : du 5 au 9 mars 2013
Lieu : Théâtre Jean Vilar
Durée du spectacle : 1h45
Réservations : 0800/25 325
Contact écoles : Adrienne Gérard - 010/47.07.11 – [email protected]
• Nʼoubliez pas de distribuer les tickets avant dʼarriver au théâtre Jean
Vilar.
• Soyez présents au moins 15 minutes avant le début de la représentation,
le placement de tous les groupes ne peut se faire en 5 minutes !
N.B : - les places sont numérotées, nous insistons pour que chacun
occupe la place dont le numéro figure sur le billet.
- la salle est organisée avec un côté pair et impair (B5 nʼest pas à
côté de B6 mais de B7), tenez-en éventuellement compte lors de la
distribution des billets.
En salle, nous demandons aux professeurs dʼavoir lʼamabilité de se
disperser dans leur groupe de manière à encadrer leurs élèves et à assurer le
bon déroulement de la représentation.
1. La pièce
Henriette et Clitandre sont amants, mais pour se marier, ils doivent obtenir le soutien
de la famille de la jeune fille. Le père et l'oncle dʼHenriette sont favorables au
mariage ; mais sa mère, Philaminte, soutenue par sa tante et sa sœur, veut lui faire
épouser un faux savant aux dents longues, Trissotin, qui mène par le bout du nez
ces « femmes savantes ».
Dans la maison de Chrysale, ses deux filles se querellent au sujet du mariage.
Armande, convertie à la philosophie et à l'élévation de l'esprit par sa savante mère,
s'offusque que sa jeune sœur, Henriette, l'ait supplantée dans le coeur de Clitandre.
Elle fera tout pour empêcher cette union. La mère, Philaminte, s'oppose également à
cet amour. Elle projette plutôt de marier la cadette à Trissotin, un soi-disant bel esprit
qui achèvera, croit-elle, de faire de cette récalcitrante, une femme savante. Seul le
père souscrit au mariage d'Henriette et de Clitandre, mais l'autoritarisme de sa
femme le paralyse. Qui l'emportera ? Le mariage d'amour ou la raison trompée ?
2. Note dʼintention du metteur en scène
Au risque de répéter un lieu commun, lʼœuvre de Molière reste étonnement jeune.
Quel propos plus moderne en effet que celui des Femmes savantes ? Dans un siècle
– le nôtre – où lʼintellectualisme a remplacé lʼintelligence, où la limite devient
indistincte entre connaissance et prétention, Les Femmes savantes apparaissent
comme le plaidoyer nécessaire de la raison contre les envolées lyriques mais
improductives. Leçon de réalisme, la pièce résonne aussi comme une violente
défense de la sincérité et de lʼhonnêteté. Face à ceux qui se montent le bourrichon
avec des mots et des idées, triomphent de la folie, finalement, ceux qui incarnent la
mesure, le pragmatisme, la franchise et la vérité.
Molière : « lʼhumain parfait » ?
De la femme et de lʼhomme, il a tout observé, tout perçu ou pressenti, tout exploré et
éprouvé.
Rien de la bonté, de la perversité, de la médiocrité humaine ne lui fut étranger.
Il se lança à corps perdu dans lʼaventure des désirs insensés.
Il prit tous les risques et souffrit tous les tourments. Il dit non, rusa, parla, protesta, se
tut, reparla sans se démettre ou se soumettre jamais.
Dieu merci, il ne fut pas un « artiste pur ».
Il côtoya et chérit lʼimpur comme un fou, il comprit et il aima sans mépris lʼhumain
plus quʼimparfait.
Poète vivant, il a, plus quʼaucun autre, fait vivre ensemble la poésie, la comédie et le
drame, rires et larmes enchevêtrés, élans et faiblesses confondus, désirs infinis avec
petites vérités pratiques à lʼexclusion des grands principes abstraits et des dogmes
irréfutables.
Il a subi, il a enduré le calvaire des pouvoirs imbéciles, absolus et contradictoires,
aux titres cumulés dʼauteur, dʼacteur et de chef de troupe… de sorte que mettre nos
pas dans les siens nous paraît aujourdʼhui dʼun grand confort et dʼun incessant
réconfort.
Merci au Saint Patron !
Armand Delcampe (croyant en Molière)
3. Armand Delcampe, metteur en scène
Armand Delcampe a voué sa vie au théâtre. Fondateur, en
1975, de lʼAtelier théâtral de Louvain-la-Neuve, il le dirige et
le transforme en 1999 en Atelier Théâtre Jean Vilar. Cette
responsabilité ne lʼa pas empêché de poursuivre, en
parallèle, une double carrière de comédien et de metteur en
scène. Il a joué et/ou mis en scène plus de 100 pièces en
40 ans…
4. La vie de Molière
Rien ne prédispose Jean-Baptiste Poquelin, fils dʼun bon bourgeois, tapissier
ordinaire du roi, à monter sur les planches, après avoir fait ses humanités au collège
des jésuites de Clermont (lʼactuel lycée Louis-le-Grand) et obtenu une licence en
droit à Orléans. Il renonce au barreau et à la charge de son père pour fonder avec
Madeleine Béjart lʼIllustre-Théâtre, entreprise vouée à lʼéchec face aux deux
puissantes troupes de lʼHôtel de Bourgogne et du Marais, ce qui le mène tout droit en
prison pour dettes. La troupe entreprend une tournée de plusieurs années en
province, notamment dans le sud de la France – cʼest durant cette période que
Molière se forme et reçoit la protection successive de plusieurs grands personnages
du Royaume dont Monsieur, frère du roi ; cela lui permet de jouer à Paris en 1658
devant le souverain, plus sensible à son interprétation dʼune simple farce, le Docteur
amoureux, quʼà celle de Nicomède du grand Corneille, et dʼobtenir, en alternance
avec les Comédiens-Italiens, la jouissance de la salle du Petit-Bourbon. Molière nʼa
alors écrit que des farces aujourdʼhui perdues, à lʼexception du Médecin volant et de
La Jalousie du Barbouillé, ainsi que deux comédies, LʼEtourdi, (jouée à Lyon en
1655) et Le Dépit amoureux (jouée à Béziers en 1656) qui ne lui ressemblent guère.
Il commence à se trouver avec Les Précieuses ridicules (1659), où sʼallie à la
tradition de la farce (déguisements, soufflets et bastonnades) la satire aiguë dʼune
mode contemporaine.
Il continue de sʼaffirmer, non sans tâtonnements, avec Sganarelle ou Le Cocu
imaginaire (1660), LʼEcole des maris (1661), Les Fâcheux (1661), une comédieballet et une tentative malheureuse vers le genre plus sérieux de la comédie
héroïque avec Don Garcie de Navarre (1661), qui trahit sans aucun doute sa volonté
dʼéchapper à la réputation de « farceur » que ses premiers ennemis lui font. Il réussit
son coup de maître, quelques mois après son mariage avec Armande Béjart – fille de
Joseph Béjart et sœur de Madeleine Béjart, en écrivant LʼEcole des femmes (1662),
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la première des comédies de maturité en cinq actes et en vers : sur fond dʼintrigue
rebattue (la précaution inutile), il réussit la peinture dʼun Arnolphe, barbon profond et
tourmenté par la peur dʼêtre trompé, un obsédé en somme – le premier dʼune lignée
à venir – qui fait le malheur de ses proches, de sorte que la pièce oscille entre le
comique et le pathétique. Avec une telle matrice dramatique, quʼil réutilisera souvent,
Molière a trouvé là sa voie propre. Infatigable, Molière est à la fois le directeur,
lʼauteur, le metteur en scène, et lʼun des tout premiers acteurs de la troupe à laquelle
le roi accorde protection et pension, ce qui nʼest pas sans susciter des jalousies.
Molière y répond au moyen de deux courtes pièces, La Critique de LʼEcole des
femmes (1663) et LʼImpromptu de Versailles (1663), dans lesquelles il se défend et
surtout entreprend la réhabilitation du genre comique, peu goûté des doctes en
regard de la tragédie, et qui ne sʼennoblit que dans les années 1650. En 1664, au
moment des somptueuses réjouissances organisées à Versailles, « les Plaisirs de
lʼIle enchantée », Molière, sur qui repose lʼorganisation de la fête, jouit du plus grand
crédit : pour satisfaire le goût du monarque pour la danse, il conçoit, avec JeanBaptiste Lully (compositeur français dʼorigine italienne qui domine lʼensemble de la
vie musicale en France à lʼépoque du Roi-Soleil) le genre nouveau de la comédieballet, qui donnera naissance à lʼopéra français.
Le principe de la comédie-ballet est dʼajouter les charmes du ballet (somptuosité des
costumes et de la décoration, diversité des entrées, plaisir combiné de la danse, de
la musique et des « effets spéciaux ») à ceux de la comédie et de les allier de
manière cohérente. Les interventions dansées et chantées nʼy sont pas une série de
divertissements conventionnels qui viennent casser lʼunité de la comédie, ils sʼy
insèrent et y deviennent nécessaires. Dans Monsieur de Pourceaugnac, par
exemple, ces intermèdes sont les fantasmes et les cauchemars des personnages et
dans Le Bourgeois gentilhomme, lʼapothéose de la folie de Monsieur Jourdain.
À lʼoccasion de la naissance de ce nouveau genre, Molière donne entre autres une
première version en trois actes du Tartuffe, dont la représentation publique ne sera
autorisée par le souverain que cinq ans plus tard, en raison de la hardiesse du sujet
traité : non seulement la mise en garde contre lʼhypocrisie religieuse risque de
discréditer les vrais chrétiens, mais le héros, déplaisant bien que lucide et intelligent,
nʼest rien moins quʼambigu.
En butte à toutes sortes dʼennuis et de tourments, mais fort de la bienveillance royale
- en 1665, la troupe devient la Troupe du roi -, Molière va plus loin encore avec Dom
Juan ou Le Festin de Pierre, thème à la mode, dont il achève rapidement la rédaction
et quʼil fait jouer en 1665, pour remplacer à lʼaffiche le Tartuffe que la cabale des
dévots a réussi à faire interdire. Il crée un protagoniste révolté qui défie toute forme
dʼautorité ; aucun personnage de théâtre nʼexerce autant de fascination sur les foules
que ce héros complexe et mythique, qui se prête à des interprétations dramatiques
sans cesse renouvelées.
Hélas ! Lʼamitié du roi manque de constance et le conflit avec Lully jette Molière dans
une sorte dʼoubli, sinon de semi-disgrâce, qui lʼafflige. Il innove encore avec le
Misanthrope (1666), œuvre profonde dans laquelle on rit peu, malgré la satire de
certains usages mondains, car le personnage dʼAlceste nʼa que les défauts de sa
qualité, lʼexigence morale. Après cet échec, qui nous étonne aujourdʼhui, Molière écrit
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beaucoup : une farce, Le Médecin malgré lui (1666), une comédie mythologique,
Amphitryon (1668), une comédie dʼinspiration bien sombre, George Dandin (1668), et
enfin une franche comédie, LʼAvare (1668).
Les dernières années de sa vie voient se succéder quelques chefs-dʼœuvre : Le
Bourgeois gentilhomme (1670), une comédie-ballet dont Lully compose la musique et
qui fustige le snobisme dʼun maladroit imitateur des usages de la noblesse, Les
Fourberies de Scapin (1671), une comédie dʼintrigue dont le mouvement et les effets
témoignent dʼune exceptionnelle maîtrise scénique, Les Femmes savantes (1672),
une sévère condamnation des « femmes-docteurs » et du pédantisme, et enfin Le
Malade imaginaire (1673), œuvre comique mais hantée par la présence obsédante
de la mort. Au cours de la quatrième représentation de cette dernière comédie, où il
raille non plus seulement les médecins mais la médecine même, il est pris de
convulsions et sʼéteint quelques heures plus tard. Grâce à lʼintervention de Louis XIV,
dont il nʼavait pourtant plus la faveur, il échappe à la fosse commune où finissent les
comédiens qui nʼont pu abjurer, et il est enterré de nuit, sans aucune pompe.
Tout de suite après sa mort (1673), tous les auteurs comiques se déclarent ses
héritiers, se partageant en deux courants :
- la comédie de caractère où lʼon retrouve Dufresny et Regnard ainsi que Boursault,
Baron et surtout Destouche comme auteurs
- la comédie de moeurs où lʼon retrouve Boursault, Varon mais aussi Champmeslé,
Dancourt et Lesage.
Dʼaprès lʼarticle de G. Conesa consacré à Molière dans Dictionnaire encyclopédique du théâtre, Bordas,
Paris, 1991.
5. Le théâtre Moliéresque
La puissance du théâtre moliéresque tient non seulement à la qualité de sa visée satire des manies éphémères et des hantises profondes de lʼhomme - mais aussi à la
nature proprement dramatique de son écriture, car Molière est avant tout homme de
théâtre.
Dans lʼélaboration progressive de sa dramaturgie, son génie éclectique recueille le
meilleur de la tradition antérieure : certains types de la comédie latine, perpétuée par
les auteurs du XVIème siècle, quelques imbroglios de la comédie italienne,
caractérisée par lʼingéniosité de ses intrigues, lʼinvention thématique de la comédie
espagnole dont l'abondante production inspire nos créateurs tout au long du siècle,
et surtout la conception du jeu théâtral de la commedia dellʼarte, théâtre semiimprovisé, qui laisse une grande part au jeu gestuel de lʼacteur. Molière intègre
parfaitement ces divers éléments dans une perspective neuve. Lʼoriginalité majeure
de son théâtre tient au fait quʼil repose essentiellement sur un élément de nature
psychologique : le travers dʼun héros, isolé dans son idée fixe (maladie imaginaire,
avarice, dévotion, snobisme), qui devient la cause dʼune perturbation et, convention
oblige, lʼobstacle au mariage des amoureux. Ces personnages, prisonniers de leur
obsession et grossis par la nécessité, sont cependant soigneusement individualisés :
ils possèdent à la fois un vice majeur et un trait secondaire. Tartuffe est, certes,
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hypocrite, mais également gourmand et sensuel ; Alceste, héros du Misanthrope, est
excessivement rigoureux, mais amoureux dʼune coquette. De sorte quʼils jouissent
tous dʼune certaine ambiguïté psychologique et aussi dʼune remarquable plasticité
dramatique.
Enfin, Molière conçoit la peinture de types moraux dans une société donnée, qui
possède elle-même ses propres travers, de sorte que la peinture psychologique se
complète dʼune satire sociale : il fustige tantôt lʼattitude intéressée dʼune noblesse
ruinée, tantôt le pédantisme des beaux esprits, tantôt encore le matérialisme borné
de certains bourgeois. Il va sans dire que, dans cette perspective, le comique qui en
résulte est pour le moins sujet à caution et que le ton des pièces – pensons au
Misanthrope, au Tartuffe ou à George Dandin - frise souvent le pathétique ou même
le tragique. La virtuosité de lʼauteur consiste dʼailleurs à faire alterner ces tons, en
ramenant toujours la pièce sur le terrain comique lorsquʼelle risque de tourner au
drame, et seule la loi du genre réussit à faire admettre les fins de convention sans
lesquelles Tartuffe et Dom Juan seraient victorieux.
Une telle équivoque explique, entre autres, que lʼon ait tant débattu sur la morale de
Molière. La nature même du genre comique, qui se fonde toujours sur un consensus
social, astreint le dramaturge à adopter la morale moyenne de la société, qui
condamne les affectations et consacre lʼordre établi, comme on le voit dans George
Dandin ou Le Bourgeois gentilhomme. Après tout, un dramaturge nʼa pas à faire
bannière, par la bouche dʼun « raisonneur », de tel credo moral, mais à éclairer un
problème de manière contradictoire, à exprimer les tensions quʼil suscite ; cʼest à ce
prix quʼune œuvre résiste au vieillissement. Ainsi, aux côtés dʼAlceste, Molière crée
Philinte, et face à Dom Juan, il imagine Sganarelle. Quant à lʼhomme même, nous
ignorons tout de ce quʼil pensait et, sʼil a pu se lier aux libertins de son temps, rien ne
le montre en tout cas comme un ennemi acharné de la religion.
Cependant, la qualité exceptionnelle de ce théâtre ne saurait sʼexpliquer par son seul
contenu satirique, quelle quʼen soit la nature. Molière sʼest formé sur les planches et
il a conscience de la nécessaire stylisation du langage quʼimposent les conditions
mêmes de la représentation. Il sait dʼexpérience que le dialogue dramatique nʼa rien
de naturel ni de spontané – même sʼil doit le paraître – et que le jeu comique
demande de la variété et du dynamisme. Cʼest pourquoi on le voit veiller
soigneusement à lʼattaque dʼune réplique et à lʼenchaînement des propos, ou encore
ménager des séries de répliques parfaitement mécanisées, où ce qui se dit a bien
moins dʼimportance que la manière dont cela se dit, car cʼest la forme même de
lʼéchange qui traduit métaphoriquement le conflit. Cʼest pourquoi Molière se montre
également si attentif aux effets rythmiques qui sous-tendent son dialogue, à ses
variations de tempo ou encore à la distribution des répliques. En un mot, il trouve son
style propre en élaborant une écriture essentiellement dramatique, qui transcende le
parler individualisé de ses personnages, et qui confère à son théâtre toute son
efficacité scénique.
Enfin, sa création théâtrale est nécessairement marquée par sa formation dʼacteur et
donc par lʼenseignement du prestigieux Scaramouche, dont il a été lʼélève. Ses dons
dʼacteur comique et surtout de mime ont frappé ses contemporains. « Il était tout
comédien depuis les pieds jusquʼà la tête, il semblait quʼil eût plusieurs voix, tout
parlait en lui et dʼun pas, dʼun sourire, dʼun clin dʼœil et dʼun remuement de tête, il
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Molière en habit de Sganarelle,
faisait concevoir plus de choses quʼun grand gravure
parleur
par Simonin, BNF
nʼaurait pu dire en une heure », écrit Donneau de Visé.
De sorte que Molière se réserve souvent non pas le
premier rôle dʼune pièce, mais le rôle comique : il
choisit dʼinterpréter Arnolphe dans LʼEcole des femmes,
Orgon dans le Tartuffe ou encore Sganarelle dans Dom
Juan. Dʼautre part, Molière chef de troupe « invente » la
mise en scène, en prenant soin dʼindiquer à ses
comédiens les intonations exactes et les gestes précis
quʼil attend dʼeux, ou en réglant les mouvements
scéniques dʼensemble, comme le montre LʼImpromptu
de Versailles.
Ainsi, cʼest à une longue pratique et à une réflexion
profonde sur les lois propres du genre dramatique que lʼœuvre de Molière doit sa
théâtralité et par là son exceptionnelle vitalité.
G. Conesa, in Dictionnaire encyclopédique du théâtre, Bordas, Paris, 1991.
En résumé :
Le théâtre de Molière tend au naturel et sʼéloigne des stéréotypes. Il copie le vivant
pour créer des caractères tels que lʼAvare, le Malade Imaginaire ou le Misanthrope,
personnages obsédés, complexes et nuancés. Il réussit la synthèse entre la tradition
populaire (farce et commedia dellʼarte) et lʼambition séculaire de la finalité morale du
théâtre. Son oeuvre est engagée dans son temps par la satire des modes et des
contradictions sociales (Le Misanthrope est une attaque contre la cour et ses
grimaces ; LʼEcole des femmes, une attaque contre le mariage imposé aux jeunes
filles ; Les Femmes savantes, contre lʼabus dʼintellectualisme des femmes mariées ;
…), mais elle vise en même temps lʼuniversalité par la peinture psychologique de
lʼhomme, dont les petites manies et obsessions profondes sont moquées par la
dérision.
6. Quʼest-ce quʼune femme savante ?
Le terme de « femme savante » ne sʼentendait pas de la même façon à lʼépoque que
de nos jours. Si maintenant on peut se demander en quoi il y a matière à faire une
comédie sur des femmes savantes, ce terme avait une signification bien précise
quand Molière a créé la pièce. Il était, avec dʼautres (la coquette, le jaloux, la prude,
etc.), un des termes décrivant quelquʼun dʼextravagant, de coupable dʼune entorse à
la sociabilité. Cette dernière était une valeur de grande importance dans la haute
société de lʼépoque, le milieu mondain. Cʼest dans ce milieu mondain composé de la
cour du roi et de la haute bourgeoisie cultivée, quʼest née la notion de femme
savante.
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Le milieu mondain nʼétait pas pour autant misogyne, au contraire. Les salons étaient
un lieu de discussions et dʼidées progressistes sur divers domaines comme par
exemple ceux de lʼéducation des femmes ou de lʼégalité des sexes.
Si lʼon se moque des « femmes savantes », ce nʼest pas pour leur instruction mais
pour lʼétalage de leurs connaissances, la pédanterie. Dans lʼétique mondaine,
lʼexhibition de ses connaissances et les savoirs hors de propos sont mal vus. Les
hommes risquent autant que les femmes le ridicule, seulement cette tare était
beaucoup plus rare et incongrue chez les femmes.
En effet, rien ne prépare les femmes à détenir des savoirs au vu du peu dʼinstruction
quʼon leur accorde dans la société du XVIIème siècle. A lʼépoque de la création des
Femmes savantes, les connaissances des femmes sont rudimentaires, même dans
les milieux bourgeois. Même pour les plus favorisées, leur formation intellectuelle se
limite à la lecture, plus rarement à lʼécriture (car toute la communication du ménage
doit passer par le mari) et à la culture religieuse. Elles nʼont pas besoin de savoirs
scientifiques ou autres car elles nʼont de toute façon pas accès à lʼuniversité et aux
métiers nécessitant des connaissances intellectuelles.
Cependant, cʼest sur le public féminin, avide de rattraper son retard, quʼont misé ceux
qui cherchaient à promouvoir les sciences modernes, en particulier le Cartésianisme.
Les cartésiens cherchaient à conquérir les milieux mondains afin de faire pression
sur les résistances de lʼuniversité traditionnaliste. La tenue de conférences savantes
à caractère mondain ou encore la traduction en français dʼouvrages latins dans un
but de vulgarisation ont vite abouti à des résultats et il est devenu de bon ton dʼavoir
du « goût » et des « clartés » pour les sciences et la littérature. Le risque était bien
sûr lʼexcès, vu comme un défaut majeur dans une société si préoccupée par
lʼéquilibre humain. La science des femmes ne devait pas dépasser certaines limites.
Source : http://clio.revues.org/133?&id=133
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7. Personnages
Philaminte (Nathalie Willame), la mère. C'est elle qui dirige la petite
« académie » et qui a découvert Trissotin. Parce que celui-ci flatte son
orgueil, elle le considère comme un grand savant au point qu'elle pense
réellement qu'il peut faire un bon parti pour sa fille. Elle milite également
pour la « libération » des femmes et s'attache à diriger la maisonnée,
même si c'est en dépit du bon sens.
Bélise (Cécile Van Snick), la tante. Sœur de Chrysale, c'est une vieille
fille qui ne s'est jamais mariée, et l'on devine que c'est en partie par
dépit qu'elle a rejoint les « femmes savantes ». Elle se croit cependant
irrésistible et s'invente des soupirants ; elle s'imagine en particulier que
Clitandre est amoureux d'elle et qu'Henriette n'est qu'un prétexte.
Armande (Morgane Choupay), la fille aînée. Autrefois courtisée par
Clitandre, elle l'a rejeté et celui-ci est alors tombé amoureux de sa sœur
Henriette. Elle prétend que cela la laisse indifférente, mais en fait, elle
est jalouse de sa sœur et n'a qu'un but : empêcher les deux amoureux
de se marier.
Trissotin (Pierre Poucet), un pédant. Bien qu'il se vante d'être un grand
connaisseur en lettres et en sciences, il est tout juste bon à faire des
vers que seules Philaminte, Bélise et Armande apprécient. Il semble
s'intéresser aux femmes savantes plus pour leur argent que pour
l'érudition de ces dernières. Ce personnage est inspiré de l'abbé
Charles Cotin. Les poèmes qu'il lit à la scène 2 de l'acte III sont inspirés de textes
présents dans les Œuvres mêlées (1659) et dans les Œuvres diverses (1663, 1665)
dudit abbé.
Chrysale (Patrick Brüll), le père. Il se prétend le maître de la maison et
affirme que les femmes ne doivent s'occuper de rien d'autre que des
tâches ménagères ; cependant, il a du mal à contredire sa femme
quand celle-ci prend ses décisions, notamment sur le renvoi de
Martine.
Henriette (Agathe Détrieux), la fille cadette. C'est la seule femme de la
famille qui ne fasse pas partie des « femmes savantes » : à leur
langage pédant, elle préfère les sentiments qui la lient à Clitandre.
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Clitandre (Julien Lemonnier), le soupirant d'Henriette. Autrefois
amoureux d'Armande, il fut éconduit par celle-ci.
Vadius (Alain Eloy), un pédant comme Trissotin. Il est tour à tour son
camarade et son rival. Sa querelle avec Trissotin sur leurs poèmes
respectifs met en relief la petitesse d'esprit de ce dernier. Ce
personnage est inspiré du grammairien Gilles Ménage. Une telle
dispute est d'ailleurs réellement arrivée entre Charles Cotin et Gilles
Ménage à l'époque de l'écriture de la pièce.
Ariste (Freddy Sicx), l'oncle. Frère de Chrysale, il n'accepte pas de
voir celui-ci se laisser mener par le bout du nez par sa femme, et
apporte son soutien à Clitandre et Henriette.
Martine (Marie-Line Lefebvre), la servante. Au début de la pièce, elle
est renvoyée par Philaminte pour avoir parlé en dépit des règles de la
grammaire. Elle revient à la fin pour défendre les arguments de
Clitandre et d'Henriette.
Julienne (Julie Thiele), le valet de Vadius.
L'épine, le valet de Trissotin.
Le notaire (Jean-François Viot), chargé du mariage.
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Opposition des personnages
Le nœud de lʼintrigue est le mariage compromis entre Clitandre et Henriette. Ce sont
les seuls à se parler véritablement et à mêler la parole au sentiment. Cependant, leur
amour est la cause de nombreuses oppositions (dont ils font parfois partie) tout au
long de la pièce. Ces affrontements se déroulement par « couples » dont voici les
principaux :
Henriette – Armande
Il sʼagit ici de lʼopposition de deux conceptions de lʼéducation féminine. Henriette est
plus traditionnelle dans le sens ou elle se soumet à lʼautorité masculine dès lors que
celle-ci est raisonnable. Elle est naturelle et intuitive, sʼintéresse plus à fonder une
famille quʼà sʼinstruire. Armande, quant-à-elle, est rebelle à cette autorité et
revendique des capacités cognitives égales à celles des hommes. Molière ne
condamne pas autant le goût pour les lettres de celle-ci que sa pudeur face à lʼamour
et au mariage. Son intellectualisme semble artificiel et sert à cacher sa jalousie et
son orgueil. Elle cherche à compromettre le bonheur dʼHenriette mais sa méchanceté
nʼest que la conséquence de ses frustrations volontaires.
Chrysale – Philaminte
Cʼest un couple hors norme. La relation est inversée. La femme a lʼautorité et le mari
sʼy soumet. Philaminte est le personnage le plus négatif de la pièce. Par sa manie,
elle plonge sa famille dans les conflits. De nouveau, ce nʼest pas lʼintelligence le
problème mais les nuisances créées par celle-ci quand elle ne se soumet à aucune
mesure : réguler son monde par la grammaire et se positionner en arbitre de
lʼintelligence relève de la psychiatrie.
En face de cette volonté déséquilibrée, Chrysale, uniquement concerné par sa
tranquillité et sa qualité de vie, fuit souvent la confrontation.
Clitandre – Trissotin
Clitandre est pour Molière lʼexemple parfait de lʼhonnête homme. Son bon sens, son
physique agréable, ses bonnes manières et son dégoût des excès (amour platonique
préconisé par Armande, pédantisme de Trissotin) lʼopposent en tout point à Trissotin,
vulgaire, orgueilleux et intéressé. Les deux cherchent à se marier à Henriette.
Ariste – Bélise
Oncle et Tante dʼHenriette, ils sont respectivement lʼincarnation de la raison et de la
folie. Le premier correspond à un Clitandre vieilli, plus sage. La seconde, malgré son
âge, sʼimagine que tous les jeunes gens sont épris dʼelle. Elle donne un aperçu de ce
que va devenir Armande si elle persiste à refuser le mariage.
Cotin et Ménage (Trissotin et Vadius)
Il est de notoriété publique que Molière a pris pour exemple Charles Cotin et Gilles
Ménage, deux « beaux esprits » de lʼépoque, pour créer les personnages de
Trissotin et de Valdius.
Trissotin (ce qui signifie trois fois sot) fait référence à lʼabbé Charles Cotin (16041682). Celui-ci était entre autres membre de lʼAcadémie française, prédicateur et
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aumônier du roi. Il était une personnalité très en vue à lʼépoque de par sa longue
carrière littéraire même si de nos jours il est considéré comme un auteur mineur. Il a,
dès le départ, critiqué Molière et ses œuvres. Il a par exemple écrit en 1666 dans La
Satire des Satires :
J'ai lu de mauvais vers sans blâmer le poète
J'ai lu ceux de Molière et ne l'ai point sifflé...
Sachant l'art de placer chaque chose en son lieu,
Je ne puis d'un farceur me faire un demi-dieu.
Il sʼest aussi attaqué aux comédiens dans La Critique désintéressée des satires du
temps : « Que peut-on répondre à des gens qui sont déclarés infâmes par les lois
mêmes des païens? Que peut-on dire contre eux à qui l'on ne peut rien dire de pis
que leur nom? ».
Molière a pris Cotin comme modèle pour Trissotin afin de se venger. Il le fait en effet
passer pour un faux savant à lʼérudition pédante, un poète raté abondant de
préciosités ridicules et très imbu de sa propre personne. Molière a, de nombreuses
façons, cherché à faire voir lʼabbé Cotin sous les traits de Trissotin. Il avait au départ
nommé le personnage Tricotin mais a changé par la suite pour moins de
transparence. Le personnage a à plusieurs reprises pour texte des vers réellement
écrits par Cotin. De plus, Molière a acheté des vêtements ayant appartenu à lʼabbé
pour les faire porter par celui qui jouait le personnage dans la pièce. La pièce porta
un sacré coup à la réputation de Cotin. Après la mort de ce dernier, on écrivit ces
quatre vers :
« Savez-vous en quoi Cotin
Diffère de Trissotin?
Cotin a fini ses jours,
Trissotin vivra toujours. »
Gilles Ménage avait la réputation dʼêtre lʼun des plus grands érudits de son époque.
Il était renommé entre autres pour ses connaissances linguistiques et en particulier
celle du grec ancien. Il avait, selon une ancienne coutume, latinisé son prénom en
Aegidius. Ses contemporains lui reprochaient souvent son manque de créativité et le
fait quʼil compensait cela par des emprunts aux auteurs de lʼantiquité. Cela ne
lʼempêchait pas dʼaccuser les autres de pillage. Sur le plan humain, ses
contemporains peignent de lui un tableau très négatif. Il était vaniteux, teigneux,
pédant et avait la manie déjà dépassée à lʼépoque dʼécrire ses poèmes dans toutes
les langues quʼil maitrisait. Ces traits de caractère et autres défauts lui ont valu de
nombreuses querelles avec ses pairs. Il nʼy a par contre pas de raison connue pour
que Molière veuille sʼen prendre à Ménage, mais sans doute sa réputation et son
caractère suffisaient à en faire un bon adversaire pour Cotin. Selon les dires, Ménage
aurait eu le bon goût de feindre de ne pas se reconnaître dans le personnage de
Vadius.
La dispute entre les deux savants dans le salon évoque une querelle que Cotin et
Ménage avaient eue au sujet de vers que Cotin avait écrit et que Ménage avait
dénigrés, comme dans la pièce, sans en connaître lʼauteur.
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8. La pièce jugée par un contemporain
Critique dʼépoque de la pièce par Jean Donneau de Visé, fondateur du Mercure
Galant, l'un des premiers périodiques français, fondé en 1672 afin de fournir au
public parisien et provincial des nouvelles de la Cour et de la ville, et de rendre
compte de tous les événements, mondains (naissances, mariages, décès,
nominations, fêtes, concerts, cérémonies religieuses) et littéraires (sermons,
nouvelles pièces, nouveaux livres, séances de l'Académie française).
Encyclopédie Universalis
Jamais en une seule année l'on ne vit tant de belles pièces de théâtre, et le fameux
Molière ne nous a point trompés dans l'espérance qu'il nous avait donnée il y a tantôt
quatre ans, de faire représenter au Palais-Royal, une pièce comique de sa façon, qui
fut tout à fait achevée. On y est bien diverti, tantôt par ces précieuses ou femmes
savantes, tantôt par les agréables railleries d'une certaine Henriette, et puis par les
ridicules imaginations d'une visionnaire, qui se veut persuader, que tout le monde est
amoureux d'elle. Je ne parle point du caractère d'un père, qui veut faire croire à un
chacun, qu'il est le maître de sa maison, qui se fait fort de tout quand il est seul, et
qui cède tout dès que sa femme paraît. Je ne dis rien aussi du personnage de M.
Trissotin, qui tout rempli de son savoir, et tout gonflé de la gloire, qu'il croit avoir
méritée, paraît si plein de confiance de lui-même, qu'il voit tout le genre humain fort
au-dessous de lui. Le ridicule entêtement qu'une mère, que la lecture a gâtée, fait
voir pour ce M. Trissotin, n'est pas moins plaisant; et cet entêtement, aussi fort que
celui du père dans Tartuffe, durerait toujours, si par un artifice ingénieux de la fausse
nouvelle d'un procès perdu, et d'une banqueroute, (qui n'est pas d'une moins belle
invention que l'exempt dans l'Imposteur) un frère, qui, quoique bien jeune, paraît
l'homme du monde du meilleur sens, ne le venait faire cesser, en faisant le
dénouement de la pièce. Il y a au troisième acte une querelle entre ce M. Trissotin, et
un autre savant, qui divertit beaucoup ; et il y a au dernier acte, un retour d'une
certaine Martine, servante de cuisine, qui avait été chassée au premier, qui fait
extrêmement rire l'assemblée par un nombre infini de jolies choses qu'elle dit en son
patois, pour prouver que les hommes doivent avoir la préférence sur les femmes.
Voilà confusément ce qu'il y a de plus considérable dans cette comédie, qui attire
tout Paris. Il y a partout mille traits d'esprit, beaucoup d'expressions hardies, et
beaucoup de manières de parler nouvelles et hardies, dont l'invention ne peut être
assez louée, et qui ne peuvent être imitées. Bien des gens font des applications de
cette comédie, et une querelle de l'auteur, il y a environ huit ans, avec un homme de
lettre, qu'on prétend être représenté par M. Trissotin, a donné lieu à ce qui s'en est
publié ; mais M. Molière s'est suffisamment justifié de cela par une harangue qu'il fit
au public, deux jours avant la première représentation de sa pièce : et puis ce
prétendu original de cette agréable comédie ne doit pas s'en mettre en peine, s'il est
aussi sage et aussi habile homme que l'on dit, et cela ne servira qu'à faire éclater
davantage son mérite, en faisant naître l'envie de le connaître, de lire ses écrits, et
d'aller à ses sermons. Aristophane ne détruisit point la réputation de Socrate en le
jouant dans une de ses farces, et ce grand philosophe n'en fut pas moins estimé de
toute la Grèce. Mais pour bien juger du mérite de la comédie dont je parle, je
conseillerais à tout le monde de la voir, et de s'y divertir, sans examiner autre chose,
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et sans s'arrêter à la critique de la plupart des gens qui croient qu'il est d'un bel esprit
de trouver à redire.
Source : Site de la Comédie Française : http://www.comedie-francaise.fr/histoire-et-patrimoine.php?id=386.
Consulté le 7/3/2012
9. Notes sur les costumes et la scénographie
Gérald Watelet, le chroniqueur et cuisinier de Sans Chichis, mais également pour
ceux qui ne le sauraient pas, le couturier, signe avec ce spectacle sa première
création de décor et de costumes pour le théâtre. Un défi relevé de manière
magistrale et une corde de plus à lʼarc de ce grand monsieur bien connu de notre
petit écran qui a présenté six défilés de Haute Couture naguère à Paris.
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