Les Femmes savantes : revue de presse
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LA PRESSE
Irrésistible Molière
Arnaud Denis adapte en virtuose « Les Femmes savantes »
au Théâtre de Paris. Un ravissement pour les yeux et les
oreilles.
Formidable Molière qui par-delà les siècles continue à faire rire
surtout lorsqu'il est en majesté. C'est le cas avec l'adaptation des
Femmes savantes par un jeune metteur en scène doué, Arnaud
Denis, qui nous avait déjà enchantés avec L'Ingénu de Voltaire.
Empruntons une phrase de la tante Bélise (piquante Virginie
Pradal) pour décrire notre sentiment au Théâtre de Paris : « On
s'y promène avec ravissement. » Arnaud Denis se fait le porte-
parole du peintre des moeurs qui oppose les faiseurs d'esprit
adeptes de beaux mots aux amoureux de la vie attachés aux
biens terrestres. Les amours contrariées d'Henriette et de
Clitandre, dont on sait qu'elles finiront bien, permettent des débats
enlevés.
Le décor d'Édouard Laug, deux plans inclinés séparés par un
miroir qui reflètent judicieusement les protagonistes, nous plonge
en plein XVIIe. Des musiques grand siècle ponctuent allègrement
les scènes éclairées avec poésie par Laurent Béal. Et les
costumes soyeux conçus par Virginie Houdinière vont à merveille
à la troupe des Compagnons de la Chimère.
Le metteur en scène a, en outre, choisi de respecter le souhait de
Molière en distribuant le rôle de Philaminte à un homme.
Professeur d'art dramatique reconnu dans le monde du théâtre,
Jean-Laurent Cochet est irrésistiblement cocasse dans la robe de
l'écrasante maîtresse de maison, fan de Trissotin, insupportable
pédant (Arnaud Denis). On n'oubliera plus ses yeux roulant
comme des billes et sa face fardée et encadrée de solides
bouclettes. On s'attache aussi à Marie-Julie Baup, rafraîchissante
Henriette, à Jonathan Bizet, romantique Clitandre, à Élisabeth
Ventura, agaçante Armande, et à Jean-Pierre Leroux, mari docile.
Arnaud Denis a réuni tous les éléments pour nous séduire. À
recommander aux enseignants et à leurs élèves.
Nathalie Simon
Les Femmes savantes : revue de presse
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Arnaud Denis n'a que 26 ans et met en scène avec nerf et
clairvoyance "Les Femmes savantes". De cette avant-dernière
comédie de Molière, travaillée quatre ans durant, on a souvent
caricaturé le propos, insistant trop sur la critique (misogyne) que
Molière y fait des prétentions intellectuelles des femmes en
opposant les choses du cœur et du bon sens aux vertus trop
ascétiques de l'esprit. Or, on réalise ici que l'auteur de "Tartuffe" y
dénonce aussi l'hypocrisie, le conformisme des modes du temps
et de la bienséance de la cour, les diktats du pouvoir ; surtout, il y
dépeint avec une tendre détresse la guerre civile au sein du
couple, de la famille, la différence radicale entre mari et femme,
enfants et parents, et la solitude à laquelle elle conduit. C'est en
travesti justement qu'est jouée Philaminte, la tyrannique mère
savante, comme si une femme apparemment si étrange ne
pouvait être jouée que par un homme, ce qui fut le cas d'ailleurs à
la création, en 1672. Face à son honnête et bon époux (Jean-
Pierre Leroux), Jean-Laurent Cochet est Philaminte. On est un
peu surpris d'abord, puis plus du tout. Tel un acteur de nô, il a
adopté jusqu'au bout des bagues la féminité du personnage. On
ne sait plus de quel sexe il est, ni même ce qu'identité sexuelle
veut finalement dire. Vertige.
Fabienne Pascaud
Ce qui étonne le plus chez Arnaud Denis, qui n’a que 25 ans,
c’est sa maturité. Il ne compte que sur la pertinence de ses mises
en scène pour se faire remarquer, se refuse à tout effet tape-à-
l’œil, toute provocation gratuite. Si Philaminte est ici jouée par un
homme, ce n’est pas pour exciter le rire à bon compte, mais pour
revenir aux sources, puisque c’est un certain Hubert qui créa le
rôle du temps de Molière. Bien sûr Jean-Laurent Cochet est
phénoménal en matrone, avec ses anglaises blondes, massive
comme une tour dans sa robe à vertugadin. Mais il est avant tout
terrorisant. Quand Philaminte darde sur son mari son regard
méchant, on comprend que le pauvre Chrysale se rende sans
coup férir. Il n’y avait que le travestissement pour conférer tant
d’autorité à cette femelle dominante. Si Cochet se montre
ébouriffant, il convient d’ajouter qu’il est bien entouré. Anne-Marie
Mailfer (Bélise), Jean-Pierre Leroux (Chrysale), Marie-Julie Baup
(Henriette), Elisabeth Ventura (Henriette) et Arnaud Denis lui-
même (Trissotin séduisant et pervers à souhait) sont à la hauteur
du maître. Tombée entre ces mains expertes, la pièce exprime
tout son suc. Le public ne se tient plus de joie.
Jacques Nerson
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Ecrite en 1672 par Molière et souvent inscrite au répertoire de la
Comédie-Française, la pièce s'est peu à peu empoussiérée.
Arnaud Denis, jeune et talentueux metteur en scène, lui offre un
réveil salutaire. La comédie repose sur une histoire de famille
désunie. Un mari, Chrysale, et sa femme Philaminte divergent sur
le choix des époux à donner à leurs filles. L'engouement de sa
femme, de sa sœur et de sa fille cadette pour la science et les
savants a fait de Chrysale un étranger dans sa propre maison.
Philaminte impose sa loi à tous. Elle n'a d'oreille que pour
Trissotin, un jeune homme pédant au jargon prétentieux qu'elle
souhaite pour gendre. Il abandonnera tout scrupule et dévoilera
ses véritables desseins lors du stratagème final. En 1685, à la
création, le rôle de Philaminte était tenu par un homme.
Respectant cette tradition, Jean-Laurent Cochet se glisse dans ce
personnage avec une saisissante crédibilité. Arnaud Denis,
également comédien, campe un Trissotin, imbu de lui-même, un
intrus, un parasite, brillant par son imposture littéraire. Précieuse à
l'ancienne mode, tombée dans le délire fabulateur et la folie
douce, Anne-Marie Mailfer est une divine Bélise. Elisabeth
Ventura et Marie-Julie Baup sont deux sœurs délicieuses et
pleines d'esprit. C'est toute la troupe qu'il faudrait féliciter tant elle
est parfaite : Jean-Pierre Leroux, (Chrysale), Bernard Métraux
(Ariste), Jonathan Bizet (Clitandre), Nicole Dubois (la servante
Martine). Mise en scène inventive et rapide, décor unique et
soigné d'Edouard Laug, costumes superbes de Virginie
Houdinière, tout concourt à faire de ce spectacle une soirée
réjouissante et rafraîchissante.
Arlette Frazier
suppl. Sortir
On oublie souvent que « Les Femmes savantes » est l’avant-
dernière comédie de Molière, créée en 1672 un an avant sa
mort et des années travaillée par lui. C’est dire le soin qu’il
apporta à cette comédie de mœurs quelque peu misogyne, le
droit à l’étude est dénié aux femmes. Mais Molière y dépeint
surtout les guerres civiles internes à toutes les familles : entre
parents et enfants, entre époux L’analyse, cruelle et
mélancolique, est admirablement mise en clarté et noire gaité par
Arnaud Denis, qui parvient même à faire ici des clins d’œil à bien
des thématiques et autres personnages du maître Poquelin. Jean-
Laurent Cochet joue Philaminte en travesti (comme à la création) :
il est extraordinaire.
Sylviane Bernard-Gresh
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La philosophie et llévation de l'âme sont les plus belles des
passions. Un gouffre la sépare de son bon vivant de mari et de
leur fille Henriette, éprise du tendre Clitandre. Molière reprend
l'opposition chère à Platon du corps et de l'esprit et nous fait vivre
la crise d'une famille, décomposée sous nos yeux.
Dans le rôle de Philaminte, comme lors de la création de la pièce :
un homme, Jean-Laurent Cochet, énorme dans tous les sens du
terme, en corset et robe à noeuds-noeuds, "fabuleuse" quand
"elle" martyrise son époux d'un regard ou de petites phrases
assassines. Quel numéro, on jubile !
Cochet est entouré d'une jeune troupe dont il a formé la plupart
des membres. L'un d'eux, Arnaud Denis, également metteur en
scène, épate en Trissotin exubérant et exaspérant, pseudo-poète,
vénal représentant avant l'heure de la Société du spectacle. Nulle
baisse de régime durant ces deux heures de luttes intestines. Le
texte, finement éclairé, est ponctué d'ingénieux effets comiques.
Et dans ce décor de bibliothèque moderne, un vaste miroir offre
de multiples perspectives, des regards que l'on ne verrait pas, des
jeux de jupes et de dupes... Créé il y a quelques mois, ce
spectacle a eu tant de succès que la pièce se joue à nouveau au
Petit Théâtre de Paris.
Mina San Lorenzo
On prendra plaisir à voir ces Femmes Savantes. Dans une mise
en scène adroite et enlevée, on découvre une époustouflante
Philaminte en la personne de Jean-Laurent Cochet, irrésistible de
drôlerie et d’autorité.
Une magnifique création, cocasse et émouvante, soutenue par
une troupe de grande qualité.
André Lafargue
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L’homme est vraiment une femme comme les autres
Le metteur en scène Arnaud Denis revisite Les femmes
savantes, l’un des chefs-d’œuvre de Jean-Baptiste Poquelin.
Jean-Laurent Cochet y incarne Philaminte.
Après le personnage de L’Avare ou encore Orgon dans Le
Tartuffe en passant par celui du Bourgeois gentilhomme, Géronte
et bien d’autres, Molière propose un despote féminin dans Les
Femmes savantes. A l’époque de la création, Philaminte était
jouée par le comédien Hubert.
Un jeu moderne
Comme un véritable retour aux sources, elle est interprétée par
Jean-Laurent Cochet. Lorsqu’il apparaît sur scène, les rires
fusent, mais il n’y a pas de moquerie, car assez vite il est évident
que cette femme n’a quasiment plus de minité. Elle tient cette
maison d’une main de maître et inspire une telle crainte qu’il n’y a
rien de choquant à ce que ce soit un homme qui incarne la « mère
de famille ». L’acteur n’en fait pas trop, il est juste, et c’est en cela
que son interprétation est remarquable.
Cette pièce est agréable, car portée par de jeunes comédiens,
avec une mention spéciale à Marie-Julie Baup (Henriette) dont le
phrasé moderne rend le texte accessible à tous. Dans la salle, le
public s’y retrouve. Tels ces adolescents d’une classe de lycée,
venus avec leur professeur de français, étonnés de ne pas avoir
vu le temps passer, ou encore Jean-Pierre Castaldi, au troisième
rang, qui rit aux éclats.
Une histoire de famille
Les Femmes savantes présentent une famille coupée en deux, les
uns prônent le corps, les autres, l’esprit. D’un côté, Chrysale,
Henriette, Ariste et Clitandre, qui reconnaissent vivre pour leur
plaisir. De l’autre, Philaminte, Armande, Bélise et Trissotin
cherchent, eux, à s’évader dans les livres et la philosophie. Une
ambiance familiale tendue, qui se nourrit de conflits. Trissotin est
l’intrus dans cette famille, le jeune séducteur profite de sa
jeunesse. Il est pétri de prétentions et se prend pour un véritable
philosophe.
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