// Le décrochage : essai de définition
La définition du terme « décrochage » n'est pas aisée. Si on reprend la définition de l'Office
statistique des communautés européennes, le décrochage renvoie à une situation, celle
des jeunes de 18 à 24 ans qui ne suivent ni formation ni étude et qui se trouvent
sans diplôme.
A la définition d'un état de fait, les sociologues préfèrent considérer le décrochage non
comme un accident de parcours mais comme
« un processus de prise de distance par
rapport à la culture et aux savoirs enseignés à l'école »3.
Cette approche du décrochage scolaire semble davantage correspondre à la réalité dans la
mesure où elle comprend la situation des élèves sortis du système scolaire (drop out) mais
également les élèves intégrés au système scolaire mais n'y trouvant plus leur place (drop in).
La définition du terme « décrochage scolaire » pose également la question de la mesure
du phénomène. En effet, peut-on s'autoriser à parler le décrochage à partir d'un certain
niveau d'absentéisme4 ? Un élève absentéiste est-il forcément « décrocheur » 5? Et le retour
en classe signifie-t-il forcément reprise des apprentissages ?
Jacqueline COSTA-JALOUX dans son article intitulé « Absentéisme et décrochage scolaire :
comprendre pour agir »6 propose d'utiliser illettrisme comme indicateur de décrochage dans
la mesure où « l'illettrisme, tout comme la sortie sans diplôme obligent à s'interroger sur
l'école, les méthodes, les contenus d'enseignement, le rapport de l'école aux familles et à
l'environnement social ».
Cet indicateur nous apprend qu'en 2009, 12% des jeunes qui ont participé aux JAPD avaient
des difficultés de compréhension de l'écrit. On mesure à quel point la prise de distance
avec les enseignement et la culture de l'école est un phénomène d'ampleur.
Cet indicateur nous enseigne également que contrairement aux idées reçues, la prise de
distance avec les enseignement et la culture de l'école n'est pas l'apanage des populations
d'origine étrangère ou primo arrivantes. En effet, 75 % des personnes illettrées ont le
français pour langue maternelle7.
Dans son article paru en 2003 dans le numéro 132 de Ville École Intégration intitulé Prévenir
les ruptures scolaires, Dominique GLASMAN estime que même s'il est malaisé de définir,
« quelques résultats peuvent être engrangés : le premier (résultat) : la déscolarisation n'est
pas un phénomène exceptionnel et la préoccupation des pouvoirs publics s'en trouve
accréditée. Le second (résultat) : C'est à partir de 14-15 ans et de façon croissante jusque
16 ans que la déscolarisation proprement dite s'opère. Le troisième (résultat) : les filles sont
presque aussi concernées par la déscolarisation que les garçons, même si les modalités du
processus et les explications qu'elles en donnent sont assez distinctes de celles des
garçons ».
3 L'approche du décrochage en tant que processus est une approche commune à différents chercheurs qui analysent les
parcours des jeunes décrocheurs
4 Cette entrée renvoie à la question de la fréquence des absences. Il convient alors de distinguer les élèves qui pratiquent « l'école
buissonnière » des « grands absentéistes ». cette entrée renvoie également à la notion « d'absence justifiée et injustifiée »
5On pense à la situation des élève qui ne sont pas inscrits dans un établissement scolaire mais qui suivent
l'enseignement à distance.
6 L'article fait suite à une intervention de la sociologue à profession banlieue en décembre 2009
7 Chiffre mentionné par Jacqueline COSTA JALOUX dans l'article cité plus haut.