L`HABITAT OU VRIER À STIRING-WENDEL ET PETITE

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L'HABITAT OU VRIER À STIRING-WENDEL
ET PETITE-ROSSELLE
Dans cette étude, j e vais vous présenter l'habitat ouvrier dans
les deux villes minières de Stiring-Wendel et Petite-Rosselle. Mais
avant de présenter l'habitat ouvrier, il faut vous présenter sous
quelles formes cet habitat s'est développé dans ces deux villes.
Les villes de Stiring-Wendel et de Petite-Rosselle se trouvent
dans la concession « de Wendel ». Cette concession, d'une superfi­
cie de 5 200 hectares, est la fusion de deux concessions, celle de
Schoeneck, et celle de Forbach.
Seules les villes de Stiring-Wendel et de Petite-Rosselle nous
intéressent car elles ont été les plus fortement urbanisées par l'acti­
vité métallurgique et charbonnière.
Historique
C'est en 1816, dans la région de Schoeneck que les premières
recherches de charbon ont eu lieu. Malheureusement, les recher­
ches ont eu peu de succès ; le 9 novembre 1840, elles sont aban­
données. Un an plus tard, de nouveaux propriétaires poursuivent
les recherches. En 1846, après des résultats décevants, ils vendent
leur concession à Ch. de Wendel, G. Tom Hainguerlot et d'Hausen.
Avec l'aide d'un ingénieur allemand K. G. Kind, ils effectuent
4 sondages, dont les résultats sont très convaincants. En 1 849, ils
décident le fonçage de puits, les puits Sainte-Marthe et Sainte­
Stéphanie à Stiring-Wendel, et un puits à Petite-Rosselle, qu'on
appellera plus tard, Saint-Charles.
Ce n'est qu'en 1854 que les travaux de fonçage de ce dernier
sont commencés, après le� échecs des deux puits de Stiring. Et c'est
en 1856 qu'on extrait les premiers blocs de charbon ; c'est le départ
d'une formidable expansion.
De nombreux sièges seront créés, et il faudra loger une main­
d'œuvre importante, surtout d'origine agricole.
Parallèlement à ces recherches, la famille de Wendel, et notam­
ment Charles de Wendel, décide en 1 847 d'implanter une usine
métallurgique à Stiring. Sa mise en route débutera en septembre
1853 . Elle aura un essor rapide, et ce jusqu'en 1870, date à laquelle
débute la récession de cette usine.
Comme à Petite-Rosselle, cette usine demande une main­
d'œuvre importante qu'il faut loger.
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Le développement des deux villes minières
Le développement des deux villes minières, Stiring-Wendel et
Petite-Rosselle, est lié à l'histoire de la famille de Wendel.
Celle-ci, en implantant son usine métallurgique à Stiring, en
1847, a effectué le premier geste urbain dans la concession ; les
villes n'étaient que des bourgs, groupement de quelques maisons ou
fermes autour d'un croisement ou le long d'une rue. Son expansion
(la métallurgie et le charbon) a permis et nécessité la création de
formes nouvelles pour loger et fixer leur main-d 'œuvre.
Il y eut entre 1847 et 1 945 trois étapes ou formes qui ont été
développées aussi bien à Petite-Rosselle qu ' à Stiring-Wendel.
Celles-ci sont étroitement liées au développement de l'entreprise.
La première
:
«
les Casernes »
Au début de leur installation, la famille de Wendel ne pense
pas que leur entreprise aura un tel essor et pour répondre rapide­
ment aux besoins en logements de leur main-d 'œuvre, ils conçoi­
vent les « Casernes », premières habitations ouvrières de la région.
Il y eut :
celles de Stiring-Wendel, construites entre 1847 et 1849, long
bâtiment rectiligne, pouvant contenir 60 logements. Elles ont été
construites en même temps que l'usine métallurgique ;
- celles de Petite-Rosselle, Saint-Charles-B as, construites entre
1854 et 1857. Elles contenaient entre les habitations, une école,
une chapelle, un presbytère, une infirmerie et un dortoir pour les
célibataires. Ces habitations comprennent 60 logements de 2 à 4
pièces. On trouve, à Saint-Charles-Bas, la volonté de répondre à
d'autres besoins que le logement, qui sera en fait la deuxième
étape du développement de ces deux villes.
Les casernes sont donc conçues pour répondre aux besoins
immédiats de leur main-d'œuvre, c'est-à-dire le logement et ensui­
te, certains équipements collectifs.
La seconde :
«
créer une ville industrielle
»
Voyant que leur entreprise devenait prospère, la famille de
Wendel envisage de créer une ville industrielle, et ainsi répondre
aux besoins de leur main-d'œuvre, qu'on découvre déj à dans la cité
Saint-Charles-Bas. La création de cette ville industrielle passe par
l'édification d'un centre ou d'une place où l'on trouve la mairie, les
écoles, le presbytère et l'église. Combinée à une trame de rues, on
lui a donné une centralité dans ce paysage industriel. Dans les deux
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villes minières, on retrouve cette volonté, mais de façon différente,
en raison de la morphologie du site.
A Stiring-Wendel, la cité se compose de cinq rues parallèles,
coupées par une rue perpendiculaire, le boulevard Saint-Joseph. Au
centre de cette intersection, on trouve une place rectangulaire déli­
mitée à l'ouest et à l'est par les rues Saint-Théodore et Saint­
François, et au nord et sud par l'école-mairie et le presbytère ; les
façades de ces deux bâtiments sont identiques et placées symétri­
quement avec au centre l'église. A l'intersection de chaque rue avec
le boulevard Saint-Joseph, on trouve des maisons d'angle qui mar­
quent bien cet endroit.
Par contre, à Petite-Rosselle, cette volonté s'est traduite diffé­
remment, surtout en raison du site, très accidenté . On trouve une
place avec certains équipements, placés symétriquement, avec au
centre, l'église. Nous trouvons les écoles, le presbytère, le cercle des
ingénieurs, la salle de réunion et la maison du directeur.
Placé entre les deux bourgs, et à côté du carreau Saint-Charles/
Saint-Joseph, cet ensemble trouve sa centralité par la construction
voisine de nombreuses petites cités : Saint-Charles-Haut, Wendel
Sud, Théodore, etc. Dans cette ville, ce ne sont pas les rues, ni les
maisons qui ont donné cette centralité, mais son implantation dans
le paysage industriel.
Or, cette forme ou volonté de créer une ville industrielle n'a
pas répondu rapidement aux besoins de l'entreprise, et elle devient
pour l'entreprise une dépense importante : d'où Je choix de déve­
lopper une nouvelle forme : « la colonie ou cité » .
La troisième
:
«
la colonie ou cité
»
Ce sont des ensembles de mais o ns construites suivant un plan
rigide, dans lesquels on retrouve des équipements collectifs, les éco­
les, le dortoir, la chapelle et l'économat. Ces cités formaient des
ensembles autonomes par rapport aux autres éléments de la ville.
On les a construites près des sièges d'exploitation, comme à
Petite-Rosselle (cités Urselbach, Saint-Charles-Haut, Wendel-Sud
et Wendel-Nord), ou près des voies ferrées, comme à Stiring­
Wendel, permettant de conduire, rapidement et à un coût peu
élevé, la main-d'œuvre aux lieux de travail (cités Sainte-Stéphanie,
Habsterdick et Creutzberg) .
Cette forme a été construite, dès 1 900, à Petite-Rosselle, et
plus tard à Stiring-Wendel.
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Doc. 3-2 : les colonies ou cités ouvrières
Ce sont donc ces trois formes urbaines que la famille de Wendel
a développé pour répondre aux besoins de leur main-d'œuvre, main­
d'œuvre très utile, car elle est peu nombreuse dans cette région, et
aussi peu qualifiée ; il leur a fallu faire appel à des personnes exté­
rieures, provenant de régions industrielles qui ont déj à développé
une certaine forme urbaine.
Ces trois formes ont nécessité la définition du logement ouvrier
qui a évolué selon les formes urbaines développées ; cette évolution
du logement ouvrier est passé par l'étude des rapports entre le bâti,
la rue et le j ardin. L'étude de ces rapports a permis de dégager trois
grandes familles typologiques ; nous distinguons le type « casernes »,
le type « groupé » et le type « jumelé » .
La typologie du logement ouvrier
Le développement des deux villes minières est passée par trois
formes urbaines distinctes, qui ont chacune utilisé des types de
logement ou maisons différentes. Cette évolution est passée par la
définition des rapports entre le bâti, la rue et le j ardin ; ce qui nous
donne différents types de maisons ouvrières. Nous avons pu ainsi
définir trois grandes familles typologiques :
- le type « casernes »
- le type « groupé »
- le type « jumelé » .
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Le type
«
casernes
»
Ce sont des bâtiments formés d'éléments identiques accolés les
uns aux autres et formant ainsi des barres rectilignes pouvant aller
jusqu'à 200 mètres de long.
Ces éléments comprennent un, deux ou quatre logements de
deux et quatre pièces, sur un ou deux niveaux.
Nous avons celles de Stiring, construites entre 1847 et 1849. Ce
bâtiment comprenait 60 logements de deux et quatre pièces ; long
bâtiment de 200 mètres, il était entrecoupé de cinq cages d'escalier.
Plus tard, celles de Petite-Rosselle, Saint-Charles-Bas, cons­
truites en 1856, comprennent 30 logements de deux pièces, une cui­
sine au rez-de-chaussée et une chambre à l'étage.
Selon ce type ont été construites :
- la rue Sainte-Alice à Stiring ;
- la cité Urselbach, village ; la cité Urselbach, bergerie et la cité
Théodore à Petite-Rosselle.
Le type « groupé
»
Ce type se trouve entre les deux familles typologiques énon­
cées, car elles ont les caractéristiques des casernes et déj à celles des
maisons jumelées ; ce sont des bâtiments de quatre logements.
Selon ce type ont été construites :
- la rue Saint-Henri à Stiring ;
- la cité Saint-Charles-Haut et la cité Wendel-Sud à Petite-Rosselle.
Le type
«
Jumelé » ou
«
individuel »
Cette famille typologique englobe des bâtiments de petite
dimension, principalement des bâtiments de deux, quatre ou huit
logements. Elle se caractérise aussi par la position du bâtiment dans
la parcelle, et par les rapports du bâtiment avec la rue et le j ardin.
C' est ainsi que nous avons dégagé dans cette famille deux
grands types :
- le type « sur rue » (rue - bâti - j ardin) ;
- le type « sur j ardin » (rue - j ardin - bâti - j ardin) .
Le type « sur rue »
Il a été surtout utilisé entre les années 1 854 et 1914 ; ce sont des
bâtiments de 2 et 4 logements. On les trouve surtout dans la cité de
Stiring, et certains à Petite-Rosselle. Ce qui caractérise aussi ces
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bâtiments, ce sont les formes qu'ont prises les écuries accolées de
chaque côté du bâtiment.
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Nous avons :
les bâtiments de 4 logements,
les bâtiments de 2 logements,
le type pignon sur rue,
le type double pignon sur rue,
le type simple ou villageois.
Le type
«
sur jardin
»
Il a été surtout utilisé après 1914, et surtout dans les cités de
Sainte-Stéphanie, Habsterdick et Creutzberg à Stiring-Wendel, et
Wendel-Nord à Petite-Rosselle.
Ce sont des bâtiments placés en quinconce ou alignés parallè­
lement à la route, de un à deux niveaux, pouvant contenir entre 4
et 8 logements.
Ce qui caractérise également ces bâtiments ce sont les écuries
et les WC ; ils sont soit accolés derrière les bâtiments ou placés au
sous-sol, les WC sont accessibles par l'extérieur.
Nous distinguons le type « jumelé » ou « individuel » qui
regroupe une multitude de bâtiments différents dont le traitement
architectural ne change pas (linteaux métalliques, encadrement des
portes et fenêtres en briques, volets en bois et couverture en tuiles
de couleur rouge) .
Jean-Marc BRZEZINSKI
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