Mise en scène de David Géry
Changement de code de représentation :
on est passé du « blanc » au rouge
on est passé de la « blonde » à la brune
on est passé du vague ou du flou historique (de l'incertain) à aujourd'hui...
Au blanc un peu virginal ou religieux, ou fantômal, Géry choisit le rouge. Le rouge
du sang, le rouge de l'intensité, le rouge de la victime désignée...
la comédienne est brune : sa peau hâlée, foncée, les cernes de maquillage autour des
yeux font d'elles une méditerranéenne (la comédienne est d'ailleurs d'origine italienne), voire une
orientale; on retrouve l'idée d'une Cassandre d'ailleurs, de l'étrangère, de la différente
la robe est une « petite » robe d'aujourd'hui... La Cassandre est « actuelle »... La
question de l'actualité de la pièce... Cassandre victime de guerre
La comédienne est seule sur l'image (Cassandre désorientée, dans sa solitude; pas de
présence humaine..). Cassandre seule avec elle-même et en même temps son regard va vers le hors-
scène.
La comédienne s'appuie contre un mur qui semble aussi large que haut, en tous les cas
contre lequel elle s'appuie moins parce qu'elle serait fatiguée et que le mur serait l'occasion d'une
pause que parce qu'il n'y a plus d'issue pour elle. Mur monumental.
Image qui incline Cassandre : chute prochaine, déséquilibre.
L'autre image est intéressante aussi car David Géry choisit de faire s'incarner le dieu Apollon
(ce qu'Eschyle n'avait pas prévu) par un comédien (Yann Colette).
Rappel : Seule Cassandre « voit » Apollon et le spectateur aussi, bien entendu; le spectateur
partage donc avec Cassandre un pouvoir.
Cette image complète la précédente : on comprend pourquoi Cassandre était comme frappé
de terreur et de stupeur.
Apollon s'est saisi de la princesse
Deux images pour cette mise en scène.
Changement de perspective dans la représentation;
On a une Cassandre (jouée par Véronique Sacri) non plus seule mais « avec »
Apollon... Le metteur en scène a pris la liberté de faire incarner le dieu par un comédien (Yann
Collette). Il y a donc une présence scénique du dieu mais cette présence seuls les spectateurs et
Cassandre la perçoivent. Folie paradoxale de Cassandre : le spectateur voit bien avec elle que le
dieu est là; le spectateur vérifie aussi que le chœur et le coryphée ne voient pas le dieu.
L'impuissance du spectateur (qui ne peut ni crier au chœur qu'il y a un dieu) le fait se retrouver à la
place même de Cassandre. On ne la croit pas.
Les deux images concernent la rencontre de Cassandre avant l'entrée en scène et la
prise de parole du choeur/coryphée.
Le choix de la comédienne : origine méditerranéenne; peau brune, chevelure brune
marquent donc le personnage de l'étrangère, celle qui vient de loin, qui est séparée des siens et de
son pays et qui arrive doublement chez des étrangers.