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Plan Transition Numérique dans le Bâtiment /RAPPORT D’ÉTAPE
Conclusion
Les efforts des organisations professionnelles et des pouvoirs
publics, réunis au sein du PTNB, ont commencé à porter
leurs fruits mais doivent continuer pour espérer une géné-
ralisation des pratiques du BIM dans le bâtiment.
Des actions lourdes (valorisation des retours dʼexpérience,
soutien à la formation professionnelle, plateforme collabo-
rative, carnet numérique, bibliothèques dʼobjets génériques)
se sont mises en place progressivement et monteront en
puissance dans les prochains mois ; il faudra les poursuivre
pour quʼelles atteignent leurs objectifs ambitieux de moyen
terme et rendent les services attendus par les TPE et PME
du secteur.
La mission du PTNB, quʼaucune des parties prenantes
nʼimagine sʼachever fin 2017, est dʼaccompagner le boule-
versement induit par lʼarrivée du BIM et ce, au bénéfice
de lʼensemble des acteurs, en amont comme en aval de
lʼacte de construire. Les promesses du BIM, telles que
lʼamélioration de la productivité des acteurs et de la qualité
des bâtiments ne seront au rendez-vous, à la bonne échelle,
que sous réserve dʼune continuité de la mobilisation de tous.
Au regard de lʼaccélération constatée ces derniers mois,
nous pouvons être désormais confiants dans les perspec-
tives dʼadoption du BIM par les différents acteurs et pour
tous les projets de construction ou de rénovation.
En parallèle, un soutien des bailleurs sociaux pour les en-
courager, non seulement à réaliser leurs nouveaux projets
en BIM, mais aussi et surtout à numériser leur parc existant
pourrait être un formidable levier pour faire basculer
lʼensemble de la filière à des méthodes de travail collabo-
ratives en BIM. Certains bailleurs sociaux font dʼores et déjà
figure de pionniers en la matière. Cette généralisation de
lʼusage de la maquette numérique et du BIM au parc géré
par ces acteurs aurait des effets bénéfiques pour le logement
social et permettrait dʼen réduire les coûts dʼexploitation.
Cette exemplarité pourrait être étendue au parc de bâtiments
publics dont la numérisation faciliterait la rénovation et
engendrerait des économies significatives pour lʼEtat
et les collectivités locales en matière de gestion et de main-
tenance dʼun parc vieillissant et insuffisamment connu.
La transition numérique dans le bâtiment est la bienvenue
au regard des exigences des transitions énergétique
et environnementale ; les objectifs ambitieux imposés aux
bâtiments tant en matière de diminution des consommations
énergétiques que de réduction des émissions de gaz à effet
de serre nécessitent une grande disponibilité des données
relatives aux éléments de construction et aux équipements
techniques pour les études dʼoptimisation technico-écono-
mique préalables aux travaux de construction neuve ou de
rénovation. La maquette numérique est un support idéal
pour le stockage organisé de lʼensemble de ces données.
Au-delà des bâtiments, il conviendrait de sʼintéresser
aux applications du BIM dans les univers connexes, tels
que les ouvrages dʼart, les infrastructures de transport,
les réseaux de fluides et dʼénergie… A toutes les échelles
dʼaménagement, urbaine ou territoriale, les applications
de la maquette numérique doivent se développer.
Au-delà du BIM, il serait opportun dʼanalyser les défis que
va imposer lʼarrivée massive, dans la filière construction
comme dans les autres secteurs de lʼéconomie, des techno-
logies disruptives que sont les objets connectés, lʼimpression
3D, la réalité augmentée ou/et virtuelle, la robotique,
le Cloud computing, lʼinternet mobile et dʼautres encore, qui
vont bousculer les pratiques professionnelles et les usages,
ainsi que lʼensemble des modèles économiques associés.
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Plan Transition Numérique dans le Bâtiment /RAPPORT D’ÉTAPE
La plateforme collaborative du bâtiment à destination
des PME et TPE, mise au point par le CSTB dans le cadre
du PTNB, fera l’objet d’une campagne de promotion
à destination des professionnels de manière à piloter
la suite des développements prévus en fonction
des attentes prioritaires exprimées. Au-delà du cercle
restreint des professionnels associés au projet depuis
son origine, la mise à disposition d’un large public
professionnel de cette plateforme est un défi majeur du
PTNB : elle conditionne une accélération significative
de l’adoption des pratiques collaboratives par le monde
du bâtiment. L’année 2017 sera déterminante en
la matière. Au-delà des développements techniques
indispensables, un gros effort de communication et
de promotion sera nécessaire.
A lʼissue de la phase critique de bêta-tests, des décisions
importantes devront être prises pour le déploiement indus-
triel et commercial de cette plateforme : les pouvoirs publics
et les professionnels auront à sʼinterroger sur la formule la
mieux adaptée à une exploitation pérenne dʼune plateforme
utilisée régulièrement par des centaines de milliers dʼacteurs.
La réussite à terme dʼune telle plateforme dépendra de la
capacité à y trouver des services à valeur ajoutée de plus
en plus nombreux et pertinents ; des attentes sʼexpriment
dʼores et déjà en la matière et vont faire lʼobjet de premières
investigations quʼil conviendra de poursuivre au-delà de
lʼannée 2017 : des travaux sont en cours pour permettre
aux maîtres dʼouvrage et à leurs maîtres dʼœuvre de publier
des Dossiers de Consultations dʼEntreprises (DCE) utilisant
la maquette numérique comme support des pièces
dématérialisées à fournir par les entreprises en réponse à
un appel dʼoffres ; la maquette numérique utilisée en
conception puis en construction doit pouvoir être transmise
en tout ou partie au commanditaire des travaux lors de
la réception de lʼouvrage, afin dʼassurer la continuité de
lʼinformation pendant toute la durée de vie du bâtiment, pour
toutes les tâches de gestion, dʼexploitation, maintenance ;
des travaux exploratoires ont commencé à mettre en
évidence la puissance de la maquette numérique pour
lʼinstruction du permis de construire et plus globalement
pour lʼaide au contrôle réglementaire… Toutes ces applica-
tions, très attendues par les professionnels, devront être
disponibles sur la plateforme collaborative.
En 2017, le carnet numérique de suivi et d’entretien
des logements fait l’objet d’un programme d’expérimen-
tation destiné à confirmer la faisabilité technique et
économique de ce concept désormais applicable à tous
les logements neufs, à la condition que des textes
réglementaires en précisent les modalités et que des
opérateurs confirment à l’Etat leur capacité à mettre
en place les dispositifs opérationnels nécessaires.
L’accompagnement des déploiements de ce carnet nu-
mérique sera indispensable au moins pendant les pre-
mières années de montée en puissance des opérateurs.
Installer un écosystème de confiance
La généralisation de l’usage du digital dans le bâtiment
nécessite de mettre au point les méthodes de représen-
tation, d’échange et de stockage des informations
décrivant les bâtiments que les professionnels doivent
pouvoir utiliser en toute confiance pendant toute
la durée de vie des constructions
La normalisation doit sʼinscrire dans la durée : les travaux
engagés par le PTNB se situent dans le cadre dʼune feuille
de route collective qui prévoit de défendre les intérêts
et les savoir-faire français, et notamment des petites
structures TPE et PME, dans les instances de normalisation
européennes et internationales. Il faudra poursuivre
ces efforts.
Il n’y aura pas de généralisation de l’usage du BIM
et de la maquette numérique sans mise à disposition
des acteurs d’une bibliothèque d’objets génériques
standardisés suffisamment complète et régulièrement
mise à jour. Les travaux du PTNB ont démontré
la faisabilité de la mise au point d’une telle bibliothèque
d’objets, définis à partir d’un dictionnaire de propriétés
validées par une communauté d’experts, selon la
méthodologie de la norme expérimentale NF XP P07-150.
Il est indispensable que ces travaux se poursuivent
jusqu’à la mise au point d’un dispositif pérenne
d’alimentation de cette bibliothèque, associé à un modèle
économique qui en permettra un accès au plus grand
nombre de professionnels.
Des travaux ont été engagés pour étudier la faisabilité de
transposer les règles sʼimposant aux acteurs du bâtiment
(réglementation, règles de lʼart, normes…) en un ensemble
de logigrammes (règles logiques) faisant référence
aux composants de la maquette numérique et vérifiables
au moins semi automatiquement à lʼaide dʼun logiciel
de « supervision de contraintes » ; si cette faisabilité
se confirme, il sera essentiel dʼengager les travaux de
numérisation de lʼensemble du corpus de textes correspon-
dant, et de susciter en parallèle le développement
des logiciels de supervision : cʼest un formidable enjeu
de simplification pour tous les professionnels, ainsi
quʼun énorme espoir de progrès en matière dʼassurance
qualité des bâtiments.
Des premiers guides ont été publiés à destination des
maîtres dʼouvrage et des équipes qui souhaitent sʼengager
dans une démarche BIM ; ces documents ont été très bien
accueillis et ont permis de commencer à rôder les pratiques
mais ils devront être complétés, au fil des retours dʼexpé-
rience, par des éléments plus précis adaptés aux différentes
situations, ainsi que par des propositions dʼordre juridique
qui vont sʼavérer nécessaire en réponse aux interrogations
soulevées en matière de responsabilité des uns et
des autres.