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PrimaryCare 2013;13: no 4 75
teintée de dépression chez les patients parkinsoniens et contribue
à influencer le déficit de performances cognitives; des informations
sur le test et les instructions peuvent être aisément consultées
sur Google en tapant PANDA-Parkinson. La question fréquemment
posée par les proches concernant la probabilité du développement
d’une démence peut être estimée approximativement en fonction
des facteurs de risque relatifs au développement d’une DP connus
actuellement et qui sont les suivants: âge avancé au moment de
l’établissement du diagnostic (>70 ans), variante non dominée par
des tremblements, symptomatique symétrique et à prédominance
axiale, hallucinations et mauvaise réponse à la lévodopa.
Diagnostic différentiel et traitement
Sur le plan du diagnostic différentiel, la délimitation avec la dé-
mence à corps de Lewy (DLB) est difficile en raison du large recou-
pement clinique et neuropathologique. Le critère de distinction
reconnu actuellement repose sur le moment d’apparition d’une
symptomatique motrice et démentielle: si la démence se manifeste
avant la survenue de la symptomatique parkinsonienne ou au cours
de la première année, il s’agit d’une DLB, dans les autres cas, d’une
démence parkinsonienne. Dans la littérature, la question de savoir
s’il ne s’agit de deux formes différentes d’évolution de la même
maladie continue de faire l’objet de controverses, bien que la dé-
mence à corps de Lewy soit classée parmi les syndromes parkinso-
niens atypiques [12]. Typiques pour les deux formes de démence
sont de fortes fluctuations de la vigilance (être soudain «absent»,
regarder fixement dans le vide, ne plus reconnaître certaines per-
sonnes, etc.), tout comme des hallucinations visuelles (une tierce
personne dans la pièce), qui n’effraient typiquement le patient que
rarement, ce qui explique pourquoi elles ne sont guère mention-
nées, ainsi que des chutes fréquentes dans l’anamnèse. Ces
patients réagissent généralement aux neuroleptiques classiques,
utilisés par exemple pour l’immobilisation nocturne, par une
augmentation considérable et inacceptable de la symptomatique
parkinsonienne ou encore par une nervosité et une agitation mas-
sives, ce qui, au vu de l’échec du traitement employé, permet déjà
presque un «diagnostic ex juvantibus», mais n’est en aucun cas re-
commandé. En revanche, selon les recommandations du Swiss Par-
kinson’s Disease Dementia Study Group, des expériences positives
ont été faites dans de telles situations avec les deux neuroleptiques
atypiques clozapine et quétiapine (cf. également suite du texte).
En raison du déficit prononcé, non seulement dopaminergique
mais aussi cholinergique, en cas de PDD et de DLB, la société
américaine des neurologues recommande, pour les deux formes
de démence, un traitement anticholinestérasique [13]; malheureu-
sement, un inhibiteur de la cholinestérase n’est autorisé en Suisse
que pour la PDD et il s’agit exclusivement de la rivastigmine (Exe-
lon®), dont l’efficacité sur la pesante symptomatique neuropsychia-
trique englobant apathie, angoisse, folie et nervosité motrice est
vantée par les proches.
Hallucination, démence ou psychose?
Le recoupement entre les syndromes des symptomatiques de la
démence et du délire rend la classification diagnostique des hallu-
cinations difficile, même chez les patients parkinsoniens. Un critère
important qui aide à faire la distinction sur le plan clinique entre
délire et trouble comportemental lié à la démence, est l’état nor-
mal et éveillé de conscience, avec une attention relativement
bonne chez le malade atteint de démence, même si le patient est
déjà complètement désorienté. Avant que des symptômes halluci-
natoires ou psychotiques soient hâtivement traités par des médi-
caments chez les patients démentiels, une analyse médicale in-
terne et biologique détaillée des causes est indispensable. Le trai-
tement dopaminergique doit être vérifié, car des hallucinations
sont souvent présentes en relation avec une augmentation de la
dose ou l’introduction de médicaments antiparkinsoniens complé-
mentaires. En cas de traitement anticholinergique (par ex. par Aki-
neton®), celui-ci doit être arrêté. Selon la situation, la prise d’inhi-
biteurs de la MAO et d’amantadine doit être réduite, voire même
interrompue; dans la mesure où ceci est acceptable en ce qui
concerne la situation motrice, cela vaut également pour les ago-
nistes de la dopamine. Il convient de considérer l’emploi de neu-
roleptiques atypiques seulement lorsque ces mesures ne suffisent
pas et qu’une cause de délire pouvant être traitée en urgence est
exclue. En raison de leurs liaisons plutôt sélectives aux récepteurs
dopaminergiques mésolimbiques, les deux neuroleptiques cloza-
pine et quétiapine conviennent principalement, à des doses lente-
ment croissantes (clozapine 6,25 mg jusqu’à env. 75 mg/jr, ou qué-
tiapine 12,5–100 mg/jr). Sous traitement à base de clozapine, il
convient de vérifier l’hémogramme à la recherche d’une éventuelle
agranulocytose de manière hebdomadaire durant les quatre pre-
miers mois, puis une fois par mois. D’autres effets indésirables des
«atypiques», tels qu’un prolongement de l’intervalle QT à l’ECG,
une hypotension orthostatique ou une propension accrue aux
spasmes (attention: démence vasculaire), sont à surveiller. Outre la
palette de médicaments mentionnés, de nombreuses mesures
non médicamenteuses, qui ne peuvent pas être abordées dans le
cadre de cet article, sont également à disposition pour traiter les
symptômes non moteurs chez les patients parkinsoniens.
Références
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Correspondance:
Dr. med. Dieter Breil
Departement Medizin, Kantonsspital Olten
Baslerstrasse 150
CH-4600 Olten
dieter.breil[at]spital.so.ch