La Tribune de Genève, 05.03.2016

Tr ib un e d e G en èv e | Samedi-dimanche 5-6 mars 201628
Arts et scènes
Contrôle qualité
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MIGROS-POUR-CENT-CULTUREL-CLASSICS
Saison 2015/2016 au Victoria Hall
Billetterie :Service culturel Migros Genève, Rue du Prince 7, Tél. [phone]
Stand Info Balexert et Migros Nyon-La Combe.
www.culturel-migros-geneve.ch
Organisation: Service culturel Migros Genève
www.culturel-migros-geneve.ch www.migros-pour-cent-culturel-classics.ch
Jeudi 17 mars 2016 à20 h
ORCHESTRE NATIONAL DE RUSSIE
Mikhail Pletnev(direction)
Lionel Cottet* (violoncelle)
Piotr Ilitch Tchaïkovski
«Roméo et Juliette», ouverture-fantaisie
Variations sur un thème rococo pour violoncelle et orchestre, op. 33
Alexandre Glazounov
Les Saisons, op. 67
*Soliste suisse
COMÉDIEDE GENÈVE
BD DESPHILOSOPHES 6, 1205 GENÈVE
T. [phone] /COMEDIE.CH
PUBLICITÉPUBLICITÉ Théâtre
Mariages à la Tchekhov
Trois bouts de ficelle et trois
acteurs affûtés suffisent à
Benjamin Knobil pour faire
rutiler les deux perles qu’il enfile sur
la scène miniature du Crève-Cœur:
Une demande en mariage et L’ours.
Soit deux des cinq farces en un acte
composées par Anton Tchekhov
alors qu’il n’était pas même
trentenaire. Sur le ton du vaudeville,
l’une et l’autre ont pour objectif de
prévenir contre les affres de la vie
conjugale et les fatals accrocs entre
Madame et Monsieur.
A chaque fois, la comédie se joue
autour d’un pivot central, assuré par
un Thierry Jorand aux pommettes
et aux largesses slaves. Avec sa
dégaine de moujik fêlé, il est
d’abord le fermier qui n’attend que
de marier sa fille, puis le domestique
phtisique d’une épouse éplorée.
Autour de sa présence bonhomme
s’excitent les sanguins tourtereaux
qu’incarnent Mariama Sylla et
Vincent Babel. Dans la Demande, ce
dernier est impayable en godelu-
reau tout de blanc vêtu, hypocon-
driaque agité de démangeaisons
auriculaires, qui laisse ses intérêts
de propriétaire foncier le détourner
de ses velléités maritales. Dans
L’ours, il campe un militaire mal
dégrossi venu réclamer sa dette
auprès d’une inconsolable veuve
noire dont l’impétuosité lui fait
tourner la tête. Chacun des deux
couples finira par s’unir, mais avec
la scène inscrite au fondement de
leur ménage. L’amour, chez le
docteur Tchekhov, est par nature
querelleur – pour la plus vive
jubilation de ses patients-specta-
teurs. K.B.
«T ch ek h ov C om é di es » Le Crève-
Cœur, jusqu’au 27 mars,
022 786 86 00, www.lecrevecoeur.ch
Le MAH veut plus de
femmes sur Wikipédia
Un séminaire ouvert au public a permis aux collaborateurs de la Bibliothèque d’art et
d’archéologie d’utiliser l’encyclopédie en ligne. Reportage
Marianne Grosjean
Que vous cherchiez, lors
d’un apéro entre amis, la
date de naissance d’An-
gela Merkel, des rensei-
gnements sur la philoso-
phie antispéciste ou la
phrase qui a rendu célè-
bre Nabilla, il y a de grandes chances que
vous finissiez sur une page Wikipédia. Et
pour cause, l’encyclopédie en ligne, qui a
fêté ses 15 ans l’année dernière, figure à la
sixième place (en moyenne, selon les
pays) des sites Internet les plus consultés,
avec 1,7 million d’articles en français (et
plus de 5 millions en anglais). Vendredi
matin, l’une des cinq salariés de Wikime-
dia Suisse (Wikimedia chapeaute divers
projets, dont Wikipédia) est venue évan-
géliser les collaborateurs de la Bibliothè-
que d’art et d’archéologie (BAA) du MAH.
Booster le girlpower artistique
La mission? «Encourager les spécialistes
d’un domaine à créer du contenu de qua-
lité sur Wikipédia», résume Gabrielle Ma-
rie, de Wikimedia Suisse. Mais plus en-
core, favoriser la création de pages con-
cernant les artistes femmes, sous-repré-
sentées sur l’encyclopédie en ligne.
«Selon une étude de la Fondation Wiki-
media effectuée en 2011 sur le contenu en
anglais, 90% des contributeurs bénévoles
d’articles de l’encyclopédie sont des hom-
mes». Bien qu’aucune étude ne démontre
précisément une relation de cause à effet
certaine entre cette forte proportion mas-
culine chez les rédacteurs et le peu d’arti-
cles concernant les femmes, l’hypothèse
est légitime.
La Bibliothèque d’art et d’archéologie
a ainsi établi la liste d’une centaine de
noms de peintres, créatrices et plasticien-
nes suisses sur lesquelles on trouve de la
documentation dans ses rayonnages et
qui ne possèdent pas encore de page Wi-
kipédia. «Nous avons quelque 900 000
ouvrages ici, c’est aussi notre mission de
les faire connaître. Et comme Wikipédia
demande systématiquement de référen-
cer les articles que l’on écrit, c’est l’occa-
sion pour nous de dire qu’ils existent et
de les promouvoir», explique Véronique
Goncerut Estèbe, conservatrice en chef
de la BAA.
Les filles préfèrent Instagram
Le but de la journée, ouverte au public,
était de créer ou compléter un maximum
de pages concernant ces artistes femmes.
L’atelier n’a pas déplacé les foules mais
tout de même attiré des motivées: «J’ai eu
vent de l’édit-a-thon (le nom donné à
l’atelier de la bibliothèque) à travers Twit-
ter, nous confie Valérie, une bibliothé-
caire venue avec Stella, sa fille de 13 ans.
J’avais déjà participé à un projet similaire
concernant les femmes dans le sport.»
Quant à expliquer la raison du peu de
femmes parmi les contributeurs bénévo-
les de Wikipédia, mère et fille avancent
des hypothèses: «L’encyclopédie n’est
pas très user friendly. Cela peu désintéres-
ser des femmes», estime Valérie. «Les
filles sont plus intéressées par les réseaux
sociaux, le partage de photos genre Insta-
gram, que par le développement et le
codage informatique», remarque Stella,
se basant sur l’observation de ses camara-
des de classe.
Wikimedia Suisse a également pré-
senté des ateliers favorisant la biographie
de femmes célèbres au Bureau de l’égalité
de l’Université de Genève, et à la Fonda-
tion Emilie Gourd, et prévoit une pro-
chaine activité à la Haute Ecole spéciali-
sée de Suisse occidentale à Lausanne.
Une visiteuse s’initie à la création de contenu sur Wikipédia, épaulée par une collaboratrice de la BAA. FAIROUZ STERN/BAA
Critique
Katia
Berger
Le mensonge, Le silence
VVVVV
La vérité ou rien
Profusion de personnages, pour cet
agglomérat de deux pièces en un acte
composées au milieu des années 60
par Nathalie Sarraute. En plus des oisifs
Simone, Lucie, Robert ou Jean-Pierre
rassemblés pour éprouver la solidité du
lien social, on ne saurait omettre les
seconds rôles distribués par Valentin
Rossier: la lumière et ses ombres,
subtilement dosés par Jonas Bühler, la
sublime musique de Bach, qui gondole
sporadiquement comme un voile à sa
fenêtre, et la parole elle-même, héroïne
tragicomique chez l’écrivaine française
d’origine russe comme chez le
comédien, metteur en scène et
directeur du Théâtre de l’Orangerie.
La scénographie signée Jean-Marc
Humm se situe quelque part entre un
tableau d’Edward Hopper et une
opération algébrique. Deux podiums
rouges se jouxtent, surmontés l’un d’un
canapé prêt à accueillir six fessiers, l’autre
d’un double fauteuil sur lequel s’instal-
lera, avec ses convictions, le proscrit des
deux groupes à tour de rôle. Le premier
des exclus (Frédéric Polier) l’est pour
défendre avec ferveur le respect de la
vérité dans le discours. En accusant de
Mensonge l’absente Madeleine, il
s’oppose au clan des pactiseurs (Antony
Mettler, Caroline Cons, Bastien Semen-
zato, Céline Bolomey, Pascale Vachoux,
Céline Nidegger, tous aiguisés comme
des lames), qui lui prouvent au détour
d’une pièce dans la pièce qu’un brin
d’hypocrisie est aussi fatal que vital. Le
second des radiés, lui (Antony Mettler
face aux mêmes moins Polier, rejoints par
un Valentin Rossier converti en farceur),
revendique le Silence contre le bla-bla,
devenant du coup la feuille blanche sur
laquelle chacun projettera ses propres
angoisses. Entre mentir et ne rien dire du
tout – entre l’acteur et le public – Sarraute
et Rossier slaloment tels des as.
Théâtre du Grütli, jusqu’au 20 mars,
022 888 44 88, «www.grutli.ch».
Véronique Goncerut
Estèbe Curatrice en chef
de la Bibliothèque d’art et
d’archéologie du MAH
90%
C’est le pourcentage d’hommes parmi les
contributeurs bénévoles de Wikipédia,
selon une étude datant de 2011 effectuée
par Wikimedia Foundation, sur les articles
en anglais (soit plus de 5 millions).