Images des hommes comme images de l’homme
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«naissance prématurée» ou de son «année extra-
utérine». Le jeune enfant est marqué par une très
grande plasticité de son corps et de ses sens. Sa rela-
tion au monde n’est pas définie par des instincts; il est
ouvert au monde et il peut apprendre. Les enfants ont
besoin d’apprendre et ils sont capables d’apprendre.
L’apprentissage culturel est inscrit en eux. Il a lieu à
l’aide de processus mimétiques, et donc de processus
créatifs d’imitation (Gebauer et Wulf 1998a, 1998b).
Les images y jouent un rôle important. Appartiennent à
ces images des images d’autres hommes et des images
du monde vécu, et peu à peu se forment des images
d’hommes grâce à un processus synthétique. Les images
d’hommes donnent du sens et une orientation. Elles
sont partagées avec d’autres hommes et elles créent un
sentiment d’appartenance et de communauté. C’est en
cela que réside la durabilité de leur effet. Les images,
on ne les adopte pas seulement mais on les vit et on les
intériorise avec d’autres hommes et avec leurs interpré-
tations. Elles naissent dans des jeux d’action et dans
des jeux de langage. Contrairement aux instincts des
animaux, elles sont déterminées historiquement et cul-
turellement, et elles peuvent être transformées.
2. Les images d’hommes ont des effets profonds
parce qu’elles naissent, du moins partiellement, dans
l’enfance, et elles assurent l’appartenance à une com-
munauté. Elles peuplent le monde de la représentation
et deviennent partie de l’imaginaire. Elles exercent une
influence sur la perception du monde, de la culture, des
autres hommes et de la perception de soi-même. Les
images d’hommes deviennent une partie de l’homme
et de sa faculté d’imaginer, et elles ont une influence
sur ses émotions. A travers les rythmes et les rites de la
vie, ces images sont répétées et consolidées. A l’image
des plantes aux racines étendues, les images particu-