Agir pour l’Environnement – 97 rue Pelleport – 75020 Paris – Tél. 0140313448
L’environnement n’est pas une marchandise :
Appel à la création de
l’Organisation Mondiale de l’Environnement
A l’aube du 21ème siècle, les dégradations diffuses et irréversibles de l’environnement s’aggravent
encore à un rythme alarmant. L’irresponsabilité généralisée ne rencontre à cet égard qu’une très faible
mobilisation citoyenne, institutionnelle ou économique. Réchauffement climatique, marée noire,
contamination radioactive et génétique, déforestation massive, pollution de l’air, de l’eau, des sols… La liste
bien trop longue de nos exactions ne s’allonge que grâce à l’immobilisme institutionnel et l’inconsistance des
politiques environnementales menées.
Le sommet de la Terre de Johannesburg marque à ce titre un échec édifiant puisqu’il n’a accouché,
à l’issu d’intenses négociations, que de résultats trop limités pour engager une rupture fondamentale. Plus
de trente ans après le premier sommet planétaire révélant l’impasse à laquelle nous conduisent nos modes
de vie, la reconnaissance des droits des générations futures, des principes de précaution et
d’utilisation raisonnée des ressources naturelles demeurent de vaines déclarations d’intention non
suivies d’effets.
De plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer des mesures contraignantes, seules à même de
remettre en cause les logiques productivistes dominantes. Mais la primauté de l’économique sur
l’environnemental rend toute mesure préventive largement aléatoire et soumise au bon vouloir d’un accord
dans les enceintes de l’Organisation Mondiale du Commerce.
Cette primauté prospère de l’absence de l’Organisation Mondiale de l’Environnement. A l’ONU,
l’environnement est en effet victime d’un oubli historique. Alors que la santé, le travail, la culture et
l’éducation, l’alimentation ou même la propriété intellectuelle possèdent chacun leur propre institution
spécialisée au financement propre, l’environnement n’est doté que d’un programme subsidiaire de
coordination, sans financement ni mandat adéquat, le Programme de Nations Unies pour l’Environnement.
De fait, l’ONU manque d’une véritable autorité politique dédiée à l’environnement global, capable de
limiter la réification de nos vies, de la nature et de notre planète.
Fondée sur la base du Programme des Nations Unies pour l’Environnement, l’OME
constituerait le cadre unique des politiques de protection de l’environnement global (climat, couche
d’ozone, océans, désertification, forêts, biodiversité, eau potable, ressources énergétiques, agriculture,
écofiscalité, responsabilité environnementale des entreprises). Sa construction procéderait d’une
réorganisation des compétences environnementales actuellement dispersées au sein d’une douzaine
d’organisations internationales et de nombreux secrétariats d’accords multilatéraux sur l’environnement.
Parallèlement, une certaine transversalité des politiques environnementales, inhérente à la notion de
développement durable, serait conservée.
Mais contrairement aux autres institutions spécialisées de l’ONU, l’OME ne saurait être un outil
technocratique éloigné des citoyens et accroissant les clivages entre le Nord et le Sud. L’éducation à
l’environnement et au développement durable pour tous les citoyens mais aussi pour les délégations
des pays du Sud, largement marginalisées lors des négociations internationales faute de personnels
qualifiés, l’organisation de conférences de citoyens sur des sujets de société, la reconnaissance du
droit de pétition permettant d’engager des débats internationaux sur les problèmes
environnementaux… sont autant de moyens de rapprocher cette structure des citoyens.
La gouvernance mondiale de l’environnement ne doit plus être l’affaire exclusive des Etats. La voix
des citoyens, des collectivités territoriales, des ONG et des acteurs économiques du Sud doit aussi pouvoir
trouver un écho dans le choix des politiques environnementales. Fidèle au principe de subsidiarité et à la
formule « penser globalement, agir localement », l’OME pourrait susciter des accords de coopération
renforcée entre collectivités territoriales.