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le citoyen libre des petites cités helléniques jalouses de leur indépendance, [...] rien, écrit-il,
n'était plus constant que l'horreur de la tyrannie: et voici qu'on obéit à des tyrans et que, peu à
peu, par l'effet de la lente dissolution morale qu'engendre la tyrannie, on s'accoutume à cette
obéissance. [...] Pour l'artisan d'Athènes, rien n'était mieux assuré que le sentiment de la supério-
rité du Grec sur le Barbare et voici que Grecs et Barbares ne devaient plus former qu'un même
peuple, respirant le même air, jouissant du même Soleil, participant à une même famille unique
qui comprendrait tous les hommes». la morgue grecque s'était éteinte en même temps que la li-
berté : de cette double mort l'épicurisme constitue, pour une part essentielle, la sanction. »7
Cette disparition de la spécificité grecque (démocratie) s’accompagne paradoxalement d’une
extension de la civilisation grecque sur l’ensemble du bassin méditerranéen. Cela perdure à Ro-
me jusqu’à l’ère chrétienne : l’élite parle le grec, le Nouveau Testament est écrit dans la langue
grecque. Cette extension est largement syncrétique : mélange des cultures, des croyances reli-
gieuses, modification de la langue grecque.
Le rêve platonicien (cf.la République) n’a donc plus d’objet, et on doit bien constater une in-
flexion dans les écoles grecques. La plupart sont regroupées à Athènes. Platon, et son disciple in-
fidèle Aristote, sont concurrencés par d’autres écoles.
! Les cyniques : « Socrate devenu fou » d’après une boutade de Platon.
! Les sceptiques avec Pyrrhon d’Élis.
! Les stoïciens.
! L’atomisme avec Démocrite contemporain de Socrate, puis Nausiphane, maître
d’Épicure.
Les deux dernières Écoles sont les plus fécondes. Même si l’on peut comparer certains points
de doctrine : l’αταραξια épicurienne et απαθεια stoïcienne, il y a un point d’opposition nette :
la place de l’homme dans la cité.
Les stoïciens agrandissent la Cité (πολις) à l’ensemble du monde (cosmopolitisme). « rien
d’humain ne m’est étranger »8
Les épicuriens renoncent à toute action dans la cité, et privilégient l’amitié comme fondement
d’un lien social de proximité. De manière générale, la société est organisée par l’utilité selon les
épicuriens.
Les stoïciens accepteront les charges publiques, les épicuriens les fuiront.
6 FESTUGIERE, Épicure et ses dieux, Paris, PUF, 1968, p. 121.
7 SALEM, Épicure, Lettres, Paris, Nathan, 1992, p. 18.
8 Stoïcien romain.