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Revue de métaphysique et de morale
2003/1
JANVIER-MARS 2003 - N° 1
MATIÈRE ET DEVENIR
DANS LES PHILOSOPHIES ANCIENNES
SOMMAIRE
Annick JAULIN, Présentation
Luc BRISSON, À quelles conditions peut-on parler de “ matière ” dans le Timée de Platon ?
Annick JAULIN, Le rôle de la matière dans la théorie aristotélicienne du devenir
Pierre-Marie MOREL, Corps et cosmologie dans la physique d'Épicure. “ Lettre à Hérodote ”,
§ 45
Bernard BESNIER, La conception stoïcienne de la matière
Frédéric FAUQUIER, La matière comme miroir: pertinence et limites d'une image selon
Plotin et Proclus
***
Bruno BERNARDI, Le droit de vie et de mort selon Rousseau une question mal posée ?
Antonia SOULEZ, Le CD-Rom Wittgenstein: l'histoire du Nachlass
***
Présentation
Les textes qui suivent sont autant de contributions relatives à la question de la matière dans la
philosophie grecque ancienne. Ils ont été rassemblés à l'occasion d'une journée d'études tenue
à l'université Paul-Valéry de Montpellier, le 21 janvier 2000. Il s'agissait d'apprécier le rôle de
la matière dans les modèles des théories du devenir proposés par la philosophie grecque.
Matière et devenir sont liés de fait dans la philosophie ancienne, où la notion de matière
intervient, y compris sous la forme platonicienne de la Khôra qui n'est pas encore la hylè
aristotélicienne, pour penser la constitution des êtres sensibles et leur manifestation. Or, la
marque caractéristique des sensibles est leur être en mouvement.
Mais cette présentation est déjà trop générale. Un contre-exemple pourrait lui être opposé
avec les thèses de ceux que l'on considère, sans doute à tort, comme les penseurs les plus
matérialistes de l'Antiquité : Démocrite et Épicure. On ne trouve chez ces auteurs aucun usage
de la notion de matière. Les atomes et le vide suffisent à Démocrite qui, il est vrai, ne cherche
pas non plus à rendre compte des corps ni des qualités sensibles qu'il considère comme
purement conventionnels. Faut-il penser que la prise en compte de la matière et des corps sont
incompatibles? Pas davantage, en tout cas pas pour les stoïciens ; il est vrai que, pour eux, la
plupart des choses sont des corps, pourquoi la matière ne le serait-elle pas ? Ce qui ne
l'empêche pas d'être aussi pour eux un principe. Ce statut de principe accordé à la matière
rapproche les stoïciens de Platon et d'Aristote, pour qui la matière est un principe “ logique ”
qui, avec les formes, contribue à expliquer la formation des corps. La matière représente la
fonction hypokheimenon, celle de support des qualités. Il est clair que ce dédoublement des
principes logiques d'explication des corps physiques (quelles que soient les différences
dans-les modes de liaison entre ces principes) est fondamentalement modifié dans la logique
néoplatonicienne de l'émanation intégrale, comme on la voit à l'oeuvre chez Plotin ou Proclus.
La diversité et l'insistance de la question manifestent cependant l'importance ontologique de la
matière pour la pensée grecque, à toutes ses époques.
Annick JAULIN
Professeur à l'université Paul-Valéry de Montpellier
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