Portrait d`E.

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Portrait d’E.
Création théâtrale de la Compagnie le Cygne
Écriture : Suzanne Guillemin
Mise en scène : Émilie Le Borgne
Interprète : Agnès Delume
Contact : Emilie Le Borgne
Adresse : 5 Place du Commerce
44000 NANTES
Tél. : 06 80 38 92 98
Courriel : [email protected]
[email protected]
Site internet : http://portraitde.free.fr
Compagnie le Cygne
Adresse : 52 RUE GABRIEL PERI C 61
94 200 IVRY SUR SEINE
Tél. : 06 11 02 14 34
Courriel : [email protected]
n° siret : 37 93 86 41 00 00 11
La violence ne va pas sans l’imagination
Conan Doyle
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Création théâtrale
Mise en scène : Emilie Le Borgne
ERZSEBET
BÁTHORY
l’origine du projet
L’idée de ce projet est née de la lecture des minutes du procès d’Erzsebet Báthory [voir extrait en
annexe]. Cette comtesse hongroise née en 1560, cousine éloignée du Roi de Hongrie, doit sa renommée
aux accusations du procès mené contre elle en 1611 – elle aurait fait torturer à mort plusieurs dizaines
voire plusieurs centaines de jeunes filles. Condamnée à être emmurée dans son château, elle y survivra
jusqu’en 1614.
De ces chefs d’accusation vont découler des livres, des légendes, des variations – la plus connue de
toutes étant celle selon laquelle Erzsebet Báthory aurait fait tuer ses victimes pour se baigner dans leur
sang et garder ainsi la beauté éternelle.
Quand on cherche à connaître l’histoire réelle d’Erzsebet, les éléments échappent. Il n’est pas rare que
les encyclopédies citent les bains de sang comme des faits avérés. Vérité et fiction s’entremêlent sans
qu’on puisse aboutir désormais à une connaissance exacte de la réalité de cette affaire.
Ce personnage n’en demeure que plus ambigu - et théâtral. Erzsebet Báthory a pu assassiner plusieurs
dizaines de personnes, comme elle peut ne pas l’avoir fait – et peu importe à présent : sa dénonciation
ou sa réhabilitation attesteront toujours moins des faits réels que de l’expression de nos sensibilités sur
ces faits potentiels. C’est en cela qu’Erzsebet m’a immédiatement semblée propre à devenir un personnage de théâtre.
En effet, le spectacle peut avoir lieu à partir du moment où il est unique pour chacun, où chacun peut
se le raconter, se le mentir, se le modeler. Le théâtre fait en sorte que les personnages comme Erzsebet
Báthory restent ouverts et non résolus dans leur énigme : en nous permettant de porter nos différents
points de vue sur eux, il refuse de donner une interprétation arrêtée et univoque. Le jour ne se fera plus,
et c’est à cette révélation contradictoire qu’il nous amène : il met paradoxalement en lumière le fait que
l’éclaircissement de la réalité ne peut avoir lieu.
Qu’est-ce qui fait un spectacle ? Que vient-on y chercher ? Le spectacle n’explique pas : il convoque
les sensations originelles, organiques, ce qui à la fois nous dépasse et a toujours sommeillé en nous – il
n’est pas le commentateur ou l’accompagnateur du réel – dans la mesure où il développe une réalité
qui lui est propre.
C’est pourquoi il n’importe plus de retrouver la réalité d’Erzsebet. Si elle disparaît en devenant visible au
monde, c’est qu’elle relève du spectacle – invitant à l’identification et au fantasme, se vaporisant dans
le don qui en est fait au public. Détachée de la réalité, elle devient théâtrale.
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Création théâtrale
Mise en scène : Emilie Le Borgne
violence et imagination
Ayant déjà eu l’occasion de travailler sur des figures féminines tyranniques mais aussi sur Barbe
Bleue, j’ai eu l’envie, à travers Erzsebet Báthory, de m’interroger sur ce qui fait notre attrait pour les
histoires violentes – et plus précisément sur ce qui fait que l’horreur est propre à éveiller notre imagination.
Il est en effet intéressant d’observer le nombre de variations que peut compter cette affaire dont on détient au final peu de traces avérées. Si cette émulation tient justement en partie au peu de marques que
l’Histoire a laissé des faits (s’ils ont jamais eu lieu), elle tient tout autant à la violence dont ils témoignent,
qui n’est pas sans générer une certaine forme de fascination.
À travers ce thème se dégageait alors aussi à mes yeux la possibilité de travailler sur notre capacité de
projection : plus une histoire nous échappe, plus elle appelle notre interprétation personnelle – explorer
cette thématique sur un plateau de théâtre me paraissait être également l’occasion d’interroger la posture du spectateur.
De fait, ce phénomène d’appropriation d’une réalité qui n’est pas nécessairement la nôtre est omniprésent aujourd’hui. Relayé par les médias, qui nous délivrent non seulement des informations, mais
également les réactions de tout un chacun à ces mêmes informations, il semblerait que c’est au quotidien qu’on nous invite à repenser par nous-mêmes tout ce qui se passe autour de nous – alors que
les événements n’ont jamais été aussi virtuels et transformables. C’est cette coïncidence du sujet avec
cet aspect du monde contemporain qui m’a finalement poussée à concrétiser mon envie de créer un
spectacle sur Erzsebet.
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Création théâtrale
Mise en scène : Emilie Le Borgne
LE PROJET
ERZSEBET
constitution du projet et de l’équipe
Après m’être documentée sur les différentes adaptations théâtrales de l’histoire d’Erzsebet
Báthory, je me suis aperçue que la plupart des auteurs cherchaient plus à proposer une interprétation
des actes commis par elle qu’à aborder l’ambiguïté du personnage à proprement parler. C’est la raison
pour laquelle j’ai eu l’envie de travailler en collaboration avec un auteur dramatique sur cet aspect plus
précis.
Suzanne Guillemin est une jeune auteur sortant de la formation en écriture de l’Ensatt, dont les sujets
de prédilection tournent autour du fait divers et de la force d’attraction de la violence. Je lui ai proposé
d’écrire une pièce sur Erzsebet, dans l’idée d’aboutir à un spectacle qui soit le résultat d’un dialogue
constant entre l’auteur et le metteur en scène – spectacle qui travaillerait sur le processus d’identification et de projection du spectateur.
Au cours de mes différents travaux de mise en scène en effet, j’ai toujours cherché à explorer comment
donner la possibilité au spectateur d’être actant, de participer à ce qui se passe sur scène d’une façon
qui puisse être instinctive et spontanée – que ce soit en créant des accidents sur le plateau, ou en incluant une part d’aléatoire dans ce qui s’y déroulait. Aborder une légende irrésolue comme l’est celle
d’Erzsebet me donne l’opportunité d’explorer une nouvelle manière d’impliquer le spectateur dans ce à
quoi il assiste.
Ayant par ailleurs déjà travaillé en tant que comédienne avec Agnès Delume en 2008 lors de la création
de la Déesse aveugle de Ernst Toller, j’ai souhaité profiter de cette création pour approfondir ma collaboration avec la Compagnie Le Cygne, consacrée à la création de textes rares ou encore non portés à
la scène, et lui proposer d’être l’interprète de ce projet.
Travailler en équipe réduite (une auteur, une comédienne, une metteur en scène) m’a paru d’emblée
très profitable dans le cadre d’un projet d’écriture suivi de la création de la pièce : cela permet en effet à
mes yeux de mettre en place un dialogue direct entre la scène et le plateau, en répartissant de manière
équilibrée les espaces de création.
l’écriture de la pièce
Erzsebet Báthory n’ayant pas comparu lors du procès au cours duquel seuls ses complices sont
poursuivis, lui consacrer un solo était l’occasion de confronter en imagination le personnage à ses actes
supposés. Pour cela, Suzanne Guillemin a eu l’envie de se pencher plus précisément sur la relation ambiguë qui unissait la comtesse à György Thurzó, grand palatin de Hongrie en charge de l’enquête autour
d’Erzsebet.
Cousin éloigné de cette dernière, Thurzó aurait également été son amant quelques années avant le
scandale. C’est la raison pour laquelle le grand palatin aurait ralenti les procédures judiciaires inhérentes
à l’affaire – au même titre qu’il aurait négocié que la comtesse ne soit jamais réellement poursuivie, et
qu’elle soit enfermée à vie dans son château – au lieu d’être jugée et exécutée comme l’aurait voulu la
loi. Néanmoins, lorsque l’enquête avance et que Thurzó est dans l’obligation de se rendre au château de
Csejthe, ce qu’il y voit - jeunes filles mortes ou mourantes - ne lui fait plus douter de la nécessité d’un
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Mise en scène : Emilie Le Borgne
recours en justice. La position de ce personnage dans l’affaire Erzsebet Báthory n’est donc pas sans
générer un certain nombre de questions et de tensions propices à l’exploration théâtrale que nous nous
proposons de faire des événements.
Suzanne Guillemin, se fondant sur les faits réels, mais toujours dans un souci d’invention dramatique,
fait partir sa pièce d’un point rêvé mais qui pourrait avoir eu lieu : nous sommes après le procès, les
sentences ont été prononcées et Erzsebet sait qu’elle va être emmurée dans son palais. Avant l’exécution de la condamnation, Thurzó vient à elle pour lui demander, de personne à personne, et au nom de
leur relation passée, sa version des faits. Dans ce dessein, il la confronte aux lettres de dénonciation et
témoignages des domestiques et villageois – complices ou victimes, ayant tous faits état d’actes horrifiques. Face à ces accusations, et à cette demande d’éclaircissement, Erzsebet se révolte et revendique
sa liberté.
La pièce de Suzanne Guillemin, intitulée Portrait d’E., se fonde plus précisément sur la réponse d’Erzsebet à la requête de Thurzó (ce dernier étant placé en imagination à l’endroit du public), mais également
sur les points de vue d’autres personnages (relevant de témoignages ou de lettres de dénonciation)
et sur les fantasmes populaires nés de l’histoire de la comtesse (contes, chants et poèmes). La pièce
montre ainsi un personnage traversé par plusieurs autres et éclairé par les croyances collectives pour
mieux mettre en valeur contradictions et recoupements d’une histoire qui n’a de cesse d’échapper. Et
pour mieux convoquer l’imagination du spectateur, qui se retrouve face à une figure plurielle et fragmentaire.
intentions de mise en scène
La pièce de Suzanne Guillemin donne à voir une femme au moment de sa mort sociale : elle se retire définitivement
du regard des autres, et sera désormais vouée à la pénombre
et à la solitude. C’est par définition l’instant où le personnage
ne peut plus tricher, et s’offre à nous dans toute son humanité.
En quête d’elle même et de cette nouvelle vie qui s’impose à
elle, elle ne pourra survivre à l’enfermement qu’à condition de
se confronter à son passé – Thurzó est là pour le lui rappeler.
Le spectacle s’ouvrira sur l’image de la comtesse attendant
son emmurement. Vêtue d’un long manteau strict et androgyne qu’elle peine tout d’abord à quitter et qui l’assoit dans sa
résistance à sa condamnation, elle ne sait pourtant comment
se positionner dans ce nouvel espace. Malgré sa volonté de
résister à son juge, elle se laisse peu à peu envahir par des
voix extérieures qui nous parlent d’elle. Le décor se met au
service de cette succession de personnages : c’est un chemin
de bois, sur lequel l’héroïne déambule, à la recherche d’ellemême, sans se retrouver. Cette marche, c’est aussi le mouvement du refus initial de la comtesse d’offrir à Thurzó la vérité
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Mise en scène : Emilie Le Borgne
qu’il attend.
Notre héroïne ne résiste pas longtemps à la mécanique de ce carillon de bois dont les figures viennent
successivement la hanter. Forcée de demeurer ici à
tout jamais, elle retire ce long manteau et laisse apparaître la dernière robe qu’elle portera, pour le restant de ses jours. Elle s’est fait belle pour l’occasion
et porte ses plus beaux bijoux – ces derniers objets
de faste renvoyant le personnage à sa vanité, mais
également à sa volonté de survie. Contradiction que
viendra appuyer le contraste entre l’austérité de l’espace et la richesse de sa dernière tenue.
Mais Erzsebet faiblit : son esprit cède la place à son
imagination, à laquelle elle laisse libre cours. Réflexe
nécessaire à sa survie, il la fait pourtant s’approcher
dangereusement de la folie. L’espace labyrinthique ne
lui offrant qu’un tracé fini et obsédant, elle chancelle
sur ces allées, qui la font apparaître suspendue au
bord d’un gouffre. N’ayant plus la force de se battre,
mais n’admettant pas encore sa condamnation.
Les voix clairement identifiables du premier mouvement se noient entre elles, et notre personnage
s’égare dans une rêverie qui vire au délire. L’espace, dans son dépouillement, offre du champ à son
imagination. Mais Erzsebet cherche à restituer des images qui n’existent plus : elle ne sera plus jamais
celle qu’elle a été, et ce second mouvement est aussi celui de l’approche de la mort et de la peur fébrile
qu’elle provoque en elle.
Passée cette angoisse fulgurante, forcée de s’abandonner, Erzsebet finit par admettre de répondre, à
sa façon, à son juge. Elle délaisse les objets dont elle s’était parée par fierté – ses bijoux, sa robe, ses
souliers constellent à présent le décor comme autant de marques de ce à quoi elle accepte de renoncer. Elle ne porte plus qu’un dernier vêtement, longue robe claire, vêtement de nuit annonçant ce vers
quoi elle va. C’est l’accalmie. Le temps du souvenir de l’amour vécu avec Thurzó. C’est aussi celui de
la résolution.
Ce seront ces instants qui offriront le personnage à la libre interprétation du spectateur : cette femme-là
a-t-elle réellement pu commettre ce dont on l’accuse ? Et si oui, pour quelles raisons ?
A travers ce spectacle, nous sommes donc dans un jeu de cartes, une danse macabre où tout peut
s’inverser et être remis en cause d’un instant à l’autre. La question de l’identité du personnage se pose
alors et la seule réponse assurée demeure que la vérité universelle nous échappe – idée à laquelle, à
mon sens, le théâtre ne doit jamais cesser de travailler.
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Mise en scène : Emilie Le Borgne
Au milieu de ces visions, Erzsebet ne détient pas plus la vérité : la revendication de sa liberté et son refus
de trancher fonctionnent comme une invitation à s’en remettre à la toute-puissance et à la singularité de
l’imagination et des sensations de chacun.
Je ressens donc je suis : tel est le constat auquel mène la pièce – mais également : je ressens donc
j’échoue à percevoir de façon rationnelle ce qui se trame autour de moi. Le spectacle, dans les interprétations variées qu’il offre, devient ainsi la somme de ce que s’en est raconté chacun. Phénomène qui
nous ramène à la responsabilité de celui qui voit : celui qui agit ne peut exister sans son regard.
Erzsebet est à la merci de son public : il s’agit bel et bien d’une comédienne.
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Mise en scène : Emilie Le Borgne
L’ÉQUIPE
Suzanne Guillemin / Auteur
Après une licence professionnelle en Arts du spectacle, Suzanne Guillemin intègre le Département Écriture de l’ENSATT dirigé par Enzo Cormann en 2006, alliant à ses études de nombreux stages
d’assistanat à la mise en scène. Elle en sort aujourd’hui, et continue son travail d’écriture et de dramaturge sur Lyon.
Ses textes sont principalement théâtraux parce que hantés par sa présence continue à l’arrière de la
scène : on y retrouve une constance dans l’obsession des mythes et contes fondateurs - notamment
dans Grignotages, son premier texte, écrit en 2004, représenté en mai 2009 au centre culturel Théo
Argence, où l’on se plonge dans l’univers noir et rouge du conte nivernais du Chaperon et dans Cron,
écrit en 2005, où s’entremêlent les fils d’une mythologie grecque avec un paysage côtier qui entoure un
hôtel d’aujourd’hui.
Depuis 2006, elle se consacre à un projet sur Tchernobyl, La terre des morts, et a écrit en parallèle une
pièce courte d’une heure, Carcasses, abordant le thème du fait divers. Elle poursuit aujourd’hui sa recherche, dans ce cadre, d’un mode de collaboration entre écrivain dramatique et comédiens, de la constitution
d’une écriture théâtrale en dialogue perpétuel avec le plateau. Elle obtient en 2010 l’aide d’encouragement
du Centre National du Théâtre pour sa pièce Carcasses.
Emilie Le Borgne / Metteur en scène
Après une licence de lettres modernes, Emilie Le Borgne obtient un diplôme d’études théâtrales
au Conservatoire de Poitiers. Dans le cadre de sa formation, elle suit les cours d’interprétation de Jean
Pierre Berthomier et d’Agnès Delume, et joue notamment dans La Place royale de Corneille mis en
scène par Étienne Pommeret.
Parallèlement à sa formation de comédienne, elle se consacre à la mise en scène de différents spectacles, dans des cadres scolaire et associatif. Elle met en scène Zazie dans le métro, de Raymond Queneau, dans le cadre du festival étudiant des Trois Coups à Angers ; Jour de Colère, de Hans Wiers Jenssen, à la Chapelle des Gaillards à Poitiers avec les étudiants du Conservatoire ; Les Bonnes, d’après
Jean Genet, au lycée expérimental de Saint-Nazaire ; Barbe Bleue espoir des femmes, de Dea Loher,
avec le théâtre du Clos Belloir à Dissay ; Gertrude, de Howard Barker, dans le cadre de la validation du
diplôme d’études théâtrales au conservatoire de Poitiers. De manière plus générale, son travail de mise
en scène repose sur une recherche autour de la direction d’acteur, et sur l’exploration de différents thèmes récurrents, que sont la figure du bouc émissaire, l’autorité, la culpabilité.
En 2008, elle travaille pour la première fois avec la compagnie du Cygne en jouant dans La Déesse
aveugle de Ernst Toller, et, dans Friedrich et Anna, dans Trois pièces en un acte, de Georg Kaiser,
mis en scène par Agnès Delume – joués à la Blaiserie à Poitiers, et au théâtre d’Arsonval à Saint Maur
des Fossés.
En 2009, elle entame un travail d’écriture scénaristique avec le film d’animation Les deux vies de Nate
Hill. Elle écrit et réalise également Barracuda Queens, court métrage tourné à Mexico actuellement en
cours de montage. En 2010, elle intervient au lycée D’Arsonval à Saint Maur des Fossés et au Conservatoire de Poitiers.
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Mise en scène : Emilie Le Borgne
Agnès Delume / Comédienne
Après s’être formée au Conservatoire de Grenoble, à l’Université de Provence, à l’Atelier Théâtral
d’Ivry sous la direction d’Antoine Vitez et à l’Académie Nationale de Théâtre de Prague, Agnès Delume
débute au Théâtre des Quartiers d’Ivry dans Surplus en Stock Futaille de l’écrivain russe Axionov mis
en scène par Marie France Duverger. Elle joue ensuite dans de nombreux spectacles, notamment sous
la direction d’Arlette Bonnard, dans Tristan et Iseut d’Alain Enjary au Centre Dramatique National de
Nanterre, de Silvia Monfort dans Iphigénie de Racine et Théodore de Corneille, de Françoise Maimone
dans Lulu de Frank Wedekind, de Dominique Durvin dans Le Lavoir, en tournée en France, et de Nicolas Peskine dans Figaro, en tournée en France, Espagne et Allemagne.
Elle a également une formation de chanteuse suivie au Conservatoire de Musique de Pantin avec Irène
Jarsky et le pianiste David Abramovitz, formation qu’elle a complétée par des cours et stages avec Bernadette Valle, Suzy Sachs, Ewa Dobrowska, Brigita Sulcova, Paul von Schilawsky, Gladys Cohen.
En 1990, elle fonde la Compagnie le Cygne pour y développer un travail de découverte de textes rares
ou non encore portés à la scène, ainsi qu’une recherche de nouvelles formes de théâtre musical. Elle
met ainsi en scène et interprète : Les prophéties de Cassandre de Lycophron dans une traduction de
Pascal Quignard, au Théâtre de la Cité Internationale à Paris ; un diptyque d’Aristophane, Les Acharniens/Lysistrata, au Théâtre Jean Vilar de Vitry sur Seine ; Le Monde Entier est une scène, tour de
chant composé par Vojtech Saudek d’après Shakespeare, au Théâtre de la Main d’Or ; La Fiancée des
Landes/Eveil du poète expressionniste allemand August Stramm, au Théâtre Studio d’Alfortville ; Sappho, spectacle musical créé d’après l’œuvre de la poétesse grecque, à la Maison de la Poésie à Paris ;
Stationnement Provisoire de Christophe Gonnet, au Théâtre Le Ranelagh ; Cabaret Kurt Weill sur les
paroles de Bertolt Brecht en Avignon-off ; La Déesse Aveugle de Ernst Toller ; et Trois pièces en un
acte de Georg Kaiser au Centre de la Blaiserie à Poitiers et au Théâtre d’Arsonval de Saint-Maur des
Fossés. Depuis 2000, elle est professeur au Conservatoire de Région de Poitiers.
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Mise en scène : Emilie Le Borgne
ANNEXES
procès d’Erzsebet Báthory / extrait de témoignage
Combien de temps avez-vous vécu au château chez la Comtesse ?
Pendant seize ans, venu en en 1594, amené par Martin Cheytey, de force.
Combien de femmes avez-vous tuées ?
De femmes je ne sais ; de jeunes filles j’ai tué trente sept ; la Maîtresse en a fait enterrer cinq dans un
trou, quand le Palatin était à Presbourg ; deux autres dans un petit jardin sous la gouttière ; deux autres
de nuit sous l’église à Podolié. Ces deux dernières, on les emporta du château de Csejthe, et c’est
Dorkó qui les avait tuées.
Qui avez-vous tué et d’où venaient-elles ?
Je ne sais pas.
Qui les avaient amenées ?
Dorkó et une autre allèrent en chercher. Elles leur dirent de les suivre dans une bonne place de service.
Pour une de ces dernières, venant d’un village, il fallut un mois pour la faire arriver et on la tua tout de
suite. Surtout des femmes de différents villages s’entendaient pour fournir des jeunes filles. Même une
fille de l’une d’elle fut tuée ; alors sa mère refusa d’en amener d’autres. Moi-même, je suis allé six fois
en chercher avec Dorkó. Il y avait une femme spéciale qui ne tuait pas, mais qui enterrait. La femme Ján
Barsovny est allée aussi engager des servantes du côté de Taplanfalve ; puis une certaine Croate de Sárvár, et aussi la femme de Mattias Oëtvos qui habite en face de la maison des Zsalai. Même une femme
Szabó a amené des filles, et aussi sa propre fille quoique sachant qu’elle serait tuée. Jó Ilona aussi en a
fait venir beaucoup. Káta n’a rien amené, mais elle a enterré toutes les filles que Dorkó assassinait.
De quelles tortures usait-on ?
Elles attachaient les mains et les bras très serré avec du fil de Vienne, et les battaient à mort, jusqu’à
ce que tout leur corps fût noir comme du charbon et que leur peau se déchirât. L’une supporta plus de
deux cents coups avant de mourir. Dorkó leur coupait les doigts un à un avec des cisailles, et ensuite
leur piquait les veines avec des ciseaux.
Interrogatoire du 2 janvier 1611.
Cinq premières questions posées à Ujvari Johanes, dit Ficzkó.
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extraits de Portrait d’E. de Suzanne Guillemin
CONTE DE LA PIERRE ET DU SPECTRE
Il y a, sur un éperon des Petites Carpates, au sommet d’une colline escarpée, une belle et grande pierre.
Cette pierre a la taille d’une femme.
Elle est grise, dressée vers le ciel.
Les ruines d’un ancien château l’encerclent.
Les murs délabrés veillent sur elle, comme des témoins assis.
Cette pierre renferme un cœur.
On dit que ce cœur bat et qu’il fait circuler le sang dans la roche.
On dit que, plus profondément, le sang pénètre dans la terre. Les insectes s’en nourrissent. L’appétit leur
est venu. Ils connaissent cet endroit.
Les plantes aux alentours sont irriguées.
Le sang suit les veines de la terre.
Il circule autour d’ossements enfouis. Il traverse un crâne fêlé. Puis il remonte droit vers le cœur.
Les battements résonnent dans la glaise.
On dit que les soirs sans lune, un Spectre vient s’asseoir près d’elle.
Il tourne autour de la pierre, s’agenouille.
On dit qu’il prie.
Ce Spectre a la forme d’un homme.
On dit qu’il murmure et pleure jusqu’à l’aube.
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Mise en scène : Emilie Le Borgne
PREMIÈRE PARTIE :
LA COMTESSE ET LE JUSTICIER
1. UNE CONFESSION
Une confession, Thurzó.
Rendre justice ne te suffit pas, tu exiges des aveux de ma propre bouche.
En quoi ma bouche peut-elle t’aider ?
Il y a les cris des corbeaux dans l’air du soir.
Il y a le silence des murailles de Csejthe. Il n’y a que ça.
Tu implores la lumière, tu implores de comprendre.
J’ai du plaisir à te voir comme ça.
Je croyais que ton amour pour moi avait déserté tes veines.
Non.
Non.
Ça n’est pas ça que tu es venu chercher.
Tu ressembles à un fou qui s’est égaré. Tu n’aimes pas les énigmes. Tu es un homme qui ne sait pas
vivre.
2. JE PARLERAI LA PREMIÈRE
Je parlerai. Je parlerai la première, mes prières ont été entendues, et la justice de Dieu arrive.
Ma fille est entrée au service d’Erzsebet Báthory comme couturière il y a six ans.
Dix jours plus tard, j’ai éprouvé un violent désir de la voir. Je me suis présentée aux portes du château
de Csejthe.
On m’a répondu qu’elle n’était plus là. On m’a dit qu’elle était ailleurs. Et un des valets a ajouté « Au
diable peut-être ».
Je suis restée trois jours devant la porte du château.
On est venu me dire enfin qu’elle était morte soudainement. Qu’une de ses pierres que pouvait contenir
le sang était brusquement remontée dans sa tête.
J’ai voulu voir le corps on ne me l’a pas permis.
Quelques jours plus tard je n’ai pu que prier sur un petit monticule de terre qu’on m’a indiqué. Elle était
dessous. C’est ce qu’ils m’avaient dit.
Plus loin, il y avait une vieille femme.
Je sais que les gens, au château, la nommaient l’enterreuse. Elle avait une pelle dans les mains. Elle était
près d’un trou.
Je l’ai appelée et lui ai dit :
- Qu’est-ce que tu fais vieille femme ?
- Je rebouche ce trou, elle m’a répondu.
- Ne mens pas, ce trou a la taille d’une tombe.
- Quelqu’un l’a peut-être creusé pour s’y mettre.
- Et malgré ton âge tu fais cet effort ?
- Il est sur mon chemin. Je le prends chaque jour. Si une fois je lève les yeux pour une prière, je
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tomberai dedans.
- On dirait qu’il recouvre une forme humaine.
- On voit ce que l’on désire voir…
Elle m’a dit de m’éloigner.
Lorsque je lui ai tourné le dos, elle a murmuré.
- Tu es bien Anna, la mère de Doria ?
Et elle s’est approchée de moi.
- Ne cherche plus. C’est pour rester jeune et belle que la comtesse a pris ta fille. Pars et oublie-la.
3. CŒUR DE POULE
Cœur de poule,
Cœur de poule,
On m’appelle souvent comm’ça !
Ça n’a pas grand-chose à voir,
C’est plutôt c’que je n’suis pas.
Et vlan ! Et vlan !
Fouette cocher,
Sur la crevure de ton âme percée !
Que le sang s’écoule encore
Sur ta traîne ensoleillée !
Je ne peux oublier, Szuza,
Le moment où je t’ai perdue.
Au détour d’un sentier,
Dans les bras de la louve,
Jette-toi pauvre folle !
Oublie-moi !
Boue dans les casseroles !
Que les baquets s’emplissent
De tes veines asséchées !
Que tes doigts percés d’épingle
Aux cendres soient jetés !
Cœur de poule,
Cœur de poule,
On m’appelle souvent comm’ça !
Ça n’a pas grand-chose à voir,
C’est plutôt ce que je n’suis pas.
Mais on appelle une autre la Louve,
La tigresse, La bête de Csejthe !
Je suis content d’être Cœur de poule,
C’est quand mêm’ bien plus distingué !
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Mise en scène : Emilie Le Borgne
4. LA JEUNE FILLE ET LE MEURTRIER
Il y a eu une jeune fille que j’ai connue.
Ne me regarde pas comme cela quand je dis : jeune fille.
Elle avait treize années comme moi.
Au cœur de la forêt, nous aimions nous promener.
Nous nous allongions dans l’herbe.
Le ciel était vaste.
Elle avait un amant. Un laboureur. Elle l’avait rencontré près de la petite rivière qui coule en bas de Csejthe.
Elle s’éclipsait par les cuisines pour le rejoindre.
Je l’écoutais quand elle revenait des champs.
« Il m’apprend le nom des fleurs. Il me chante la chanson des amants. »
La pivoine au cœur de la jeune fille
Fleurit au printemps.
Il a cessé brutalement de la voir.
Deux ans plus tard. Une promenade à cheval. Seule.
Elle est repassée devant la ferme où il travaillait.
Là, devant la porte, se tenait un Borgne.
« Celui que vous cherchez n’est plus ici.
Il a été exécuté ! »
Sur un coup de sang, le laboureur avait tranché la gorge de sa femme et ses filles.
C’était le début de l’automne.
Elle est revenue droit à Csejthe.
Elle m’a dit : Je n’avais pas deviné qu’il contenait cela.
5. Lettre de pOKIMENUs Janos
POKIMENUS JANOS
le 10 janvier 1609.
À Thurzó, grand Palatin de Hongrie,
Je vous écris, Magnificent, afin de briser un silence qui depuis trop longtemps pèse sur les terres de
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Création théâtrale
Mise en scène : Emilie Le Borgne
Csejthe.
Je n’ai en aucun cas le goût de la diffamation. Je ne viens pas ici vous faire part de rumeurs. Le monde en
a bien assez. Je n’ai pas d’amour, ni d’attirance pour les histoires sinistres. Et je m’en flatte.
Il y a peu, par ma qualité de prêtre du village de Csejthe, j’ai eu à pratiquer plusieurs enterrements,
à la hâte, au milieu de la nuit, de jeunes paysannes au service de votre cousine, la comtesse Erzsebet
Báthory.
J’ai eu pour explication qu’une maladie très contagieuse et très dangereuse avait atteint les cuisines de
son château. On m’a ordonné de faire silence sur ces morts afin de ne pas provoquer l’affolement. On
m’a assuré que la maladie était en passe d’être éradiquée.
J’ai enterré cinq corps, à la hâte. Je les ai bénis.
Ce n’est pas la première fois que cela se produit.
Mais ici je tiens à le dire :
Les corps des jeunes paysannes étaient tous criblés de petits trous.
Sur certains, une plaie profonde entaillait les poignets.
Sur un autre, la peau de la bouche était ouverte des deux côtés, comme arrachée, aux commissures des
lèvres.
La langue de l’une d’entre elles portait la marque d’un fer forgé.
À ce jour, et je vous en supplie les mains jointes, n’auriez-vous pas entre les mains un remède qui mettrait court aux maladies contagieuses qui se propagent dans les cuisines, et dans les cours du château
de Csejthe ?
Bénédictions sur vos demeures,
Janos Pokimenus
6. LA BALLADE DE LA COMTESSE
Écoute, enfant, la ballade de la Comtesse,
Un jour, éprise d’un amant nommé Tête de fer,
Elle l’entraîne en promenade, sur son grand pur-sang blanc.
Une vieille femme vient à les croiser.
La peau épuisée, les doigts parcheminés.
La Comtesse crie à son amant :
« Et que diriez-vous si je vous forçai à embrasser
Cette femme-là qui vient sur le sentier ? »
Il lui répond :
« Ah, madame ça serait horrible ! »
La vieille qui entend, se met tout à coup à vociférer :
« Un jour, Comtesse tu seras comme moi ! »
La Comtesse repart au galop,
Laissant tête de fer derrière elle.
Elle rentre au château.
Elle est pâle comme la neige.
Portrait d’E. 16
Création théâtrale
Mise en scène : Emilie Le Borgne
7. LA MARCHE DU MONDE
Rappelle-toi.
Les allées blanches.
Les allées blanches du château de mon oncle Istvan.
Tu arrives à les voir ?
Les allées couvertes de sable clair pris sur les plages Turques.
Elles scintillaient.
Vois.
L’affreux soleil rasant de l’été.
Et mon dégénéré d’oncle Istvan.
Cela vient de ta bouche. Cruel et dégénéré.
Istvan faisait atteler son traîneau et fouetter ses chevaux.
J’étais près de lui dans ses courses. Et la vitesse était folle.
« Une conspiration Erzsebet. » Il criait.
« Imbécile de Valets ! Ils ont voulu m’empêcher de prendre les fourrures !
« Pas les fourrures Magnificent ! Pas le traîneau !
« Ces fous-là me disent que c’est le plein été. Des conspirateurs ! » Il riait.
« Ce n’est pas le sable, non, qui glisse sous l’attelage !
Tu le vois bien, toi, que les chemins sont blancs !
Tu le vois bien, toi, que c’est la neige qui recouvre tout !
Que prétendent-ils ? L’été !
C’est l’hiver qui est là, éternel et il n’y a rien d’autre !
Tous sont des porcs ! »
Oui, Oncle Istvan.
« Excite les bêtes,
Que le galop soit plus fort ! Encore plus fort ! »
Mon oncle Istvan.
Mon dégénéré d’Oncle Istvan, quand il glissait sur ces allées, comprenait la marche du monde.
Oui, Thurzó. La marche du monde.
8. CHOEUR DES DEMOISELLES D’HONNEUR
- De meurtre, je n’en ai vu aucun.
- La Comtesse, lorsqu’elle descendait dans les souterrains de Csejthe, n’était accompagnée que de ses servantes, Dorkó, Kata, Jo Ilona, et un nain affreux surnommé Ficzcó.
- J’ai vu un jour une femme apporter sa propre fille à la Comtesse et recevoir des jupes en échange.
De cette fille je n’ai plus rien su dès le lendemain.
- Ce que j’ai vu de mes propres yeux à Csejthe je vais le dire.
Portrait d’E. 17
Création théâtrale
Mise en scène : Emilie Le Borgne
- J’ai vu, dans la cour du château, et dans les cuisines, des servantes qu’on avait déshabillées coudre ou
confectionner la soupe. Nues dans le froid. Les valets eux-mêmes baissaient les yeux.
- J’ai vu la Comtesse entrer en fureur, claquer des doigts, lorsqu’une servante n’avait pas réussi la reprise d’un
ouvrage, et ordonner à Dorkó de déplier le nécessaire à couture.
Dorkó prenait alors les aiguilles, et sous le regard d’Erzsebet Báthory, elle les plantait une à une sous les ongles de la servante.
- Une fois, l’une d’elles avait mal ajusté les souliers aux pieds de la Dame, La Comtesse a alors fait un signe
à Dorkó, qui a rougi un fer à repasser dans la cheminée et a passé le fer sous les pieds de la fille en disant : à
présent elle aussi a de beaux souliers rouges.
- De meurtre, je n’en ai vu aucun.
- Je n’étais pas à Illava.
9. CE QUI EST ETRANGE
Je t’imagine dans cette salle infecte de Bicse à écouter,
Ce que tu as nommé témoin,
Dans ce que tu as appelé tribunal.
Toi, et les autres porcs.
Je vous imagine bien.
Tout ce que tu as entendu.
Et ici il n’y avait rien que le silence.
Mais,
Peut-être. J’aurais aimé y assister.
Et voir la tête de Dorkó.
Les mains liées. Se plier devant vous. Confesser.
Voir les marques de la torture.
Hurler.
Non.
C’est étrange d’entendre parler de soi dans la bouche d’un autre.
Non, pas : Tu es belle. Tu es forte. Tu es délicate. Tu es aimée.
Non, pas lorsque cela t’est adressé.
Mais lorsque tu entends : Elle.
C’est étrange. C’est agaçant. On a l’impression d’avoir affaire à une étrangère.
Ici, à Csejthe, les gens sont encore plus stupides qu’ailleurs.
À l’entrée du cimetière du village il y a un vieux gardien qui exhibe à qui veut les voir les ossements de la main
d’une jeune fille qui avait osé la lever sur sa propre mère.
Non, Thurzó, ne recule pas.
Je suis devant tes yeux.
Portrait d’E. 18
Création théâtrale
Mise en scène : Emilie Le Borgne
Toi.
Tu seras mon dernier regard.
Dis-moi
Tu es heureux que les murs montent ?
Portrait d’E. 19
Création théâtrale
Mise en scène : Emilie Le Borgne
articles de presse
(précédents travaux de la compagnie et d’Agnès Delume)
Portrait d’E. 20
Création théâtrale
Mise en scène : Emilie Le Borgne
Portrait d’E. 21
Création théâtrale
Mise en scène : Emilie Le Borgne
Portrait d’E. 22
Création théâtrale
Mise en scène : Emilie Le Borgne
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