fois” et “Solo”.
Enfin, au cours de la saison 2008-2009, je mettrai en scène “Oh les beaux jours”, avec une des
comédiennes de la compagnie, Babeth Fouquet. A noter que cette pièce pourra être présentée avec
la reprise de “Berceuse” interprétée par Martine Lucciani.
Beckett ! Toute son œuvre ne raconte que la marge, la vieillesse, la fin !
Avec mes propres créations et les mises en scène d’auteurs tels que Pasolini, Duras, Sade, Lagarce,
Genet, Guyotat, pour n’en citer que quelques uns, ce sont toujours des figures marginales qui sont
présentées, travaillées.
A travers ces pièces, ces œuvres dont j’ai fait théâtre, c’est la sexualité de ces figures et son question-
nement qui prenait une place importante. Une grande différence avec l’univers de Beckett, où ce
thème n’est pas central, tout au plus traité avec dérision.
En revanche, la mort (donc la vie) avec laquelle «joue» sans arrêt Beckett, est toujours présente chez
ces auteurs (comme chez tous les grands auteurs d’ailleurs !). C’est aussi un des fondements de mon
travail tout comme la notion d’échec, omniprésente chez Beckett.
C’est aussi la thématique de la vieillesse qui traverse les textes de Beckett, thématique qui jusqu’à
présent ne « pouvait » ou « ne devait » pas être présente dans mon travail ou alors qu’en négatif.
Ce n’est plus le cas avec la création en 2007 de “Au bord de mes/nos ténèbres” sur la notion du
temps et de son usure sur nos corps (charnels et sociaux) et nos pensées.
Vieillesse qui ne veut pas dire abandon, bien au contraire, mais vitalité , bagarre, et bonne dose d’hu-
mour sur soi !
« C’est presque toujours un humour noir : acharné à la réduction de l’espoir, l’humour doit être
mesuré par la même transcendance qui empêche l’homme de sombrer dans l’abrutissement de la
douleur, le langage dans la complaisance du pathétique ».
Humour fait de calembours, de jeux de mots, de clowneries….
Beckett nous parle au plus près de ce qui nous habite, nous embarque au plus profond de l’indi-
vidu, de sa solitude, en travaillant et en retravaillant la forme. Le cœur de son travail, le secret de sa
vitalité, c’est l’écriture ; les mots deviennent le but même de l’œuvre ; c’est le triomphe du langage
dans un termps où l’on cherche à le nier, à le réduire à néant, à l’heure de la supprématie de l’image.
C’est aussi une recherche de toute une vie de vouloir se taire et de ne jamais le pouvoir…, le vou-
loir !
Jusqu’au dernier souffle !...
La dernière bande
Samuel Beckett
« Au bord de l’écroulement, le vieux
Krapp penché sur son magnétophone
écoute la voix de celui qu’il fut. Il
remonte ainsi à la bifurcation qui a
décidé de lui, une nuit de mars, où il a
choisi de sacrifier l’amour à « l’opus
magnum » encore à venir, pour obéir au
« feu » qu’il avait en lui. Par bribes, c’est
maintenant l’amour qui affleure, avec ses
images : un lac, une barque, un cou-
ple… »
…Ici je termine cette bande. Boîte –
(pause) – trois, bobine – (pause) –
cinq.(Pause) Peut-être que mes meilleurs
années sont passées. Quand il y avait
encore une chance de bonheur. Mais je
n’en voudrais plus. Plus maintenant que
j’ai ce feu en moi . Non, je n’en voudrais
plus .
Krapp demeure immobile, regarde dans
le vide devant lui . La bande continue à
se dérouler en silence.
“La dernière bande”