Pour aller plus loin Harold Pinter dit de lui-même qu’il est devenu dramaturge « par surprise ». Il commence son parcours comme comédien dans la troupe de théâtre ambulante irlandaise d'Anew McMaster qui interprète principalement les textes de Shakespeare. Entre 1954 et 1957, son nom de comédien est David Baron. En 1957, les étudiants de l’université de Bristol interprètent sa première pièce The Room (La Chambre). Suit en 1958, The Birthday Party (L'Anniversaire) qui, malgré une critique positive du Sunday Times, ne connait le succès qu’en 1960 après le triomphe de sa troisième pièce The Caretaker (Le Gardien). Le théâtre tient alors une place importante à la radio, Pinter écrit plusieurs pièces radiophoniques. Ses premières œuvres sont Samuel Beckett (1906-1989) et le théâtre de l’absurde Né à Dublin, Samuel Beckett manifeste dès l’adolescence son intérêt pour la littérature française. Il obtient de partir comme lecteur d’anglais à l’Ecole normale supérieure en 1928 et se lie avec les surréalistes dont Breton, Eluard, Crevel ; il est aussi ami intime de Joyce. Il mène plusieurs années difficiles entre l’Irlande, Londres, l’Allemagne et Paris publiant des romans et des nouvelles en langue anglaise et française, sans succès. Il s’impose au théâtre en France puis dans le monde entier avec En attendant Godot en 1953. Suivent Fin de partie en 1957, La dernière bande en 1958, Oh les beaux jours en 1963. Il ne renonce cependant pas à l’écriture romanesque et reçoit en 1969 le prix Nobel pour l’ensemble de son œuvre. Son œuvre dramatique est qualifiée d’antithéâtre. Le décor est inexistant ou saugrenu (une route avec un arbre, un monticule de terre, des personnages dans des poubelles ou étant jusqu’au cou dans des jarres). L’action ne comporte pas de conflits psychologiques, ni de temps forts jusqu’au dénouement. L’action se compose de quelques gestes, de personnages agissants comme des clowns ou des pantins, de dialogues à peine esquissés. Le thème central est l’obsession du néant. Le théâtre de Beckett est foncièrement pessimiste, la présence de l’homme semble dépourvue de tout intérêt, ce qui inspire tantôt l’ennui et le dégoût tantôt une angoisse métaphysique. qualifiées de « comédie de la menace ». Le schéma d’écriture est régulier : l’apparence d’une situation anodine et avec une intrigue réduite au minimum devient menaçante et absurde par l’intermédiaire des comédiens dont les actions paraissent inexplicables pour le public et les autres personnages de la pièce. De ce point de vue, Harold Pinter est proche de la génération des « Jeunes gens en colère », comme ses collègues John Osborne, Arnold Wesker et Edward Bond. Surtout l’œuvre de Pinter est marquée par l’influence du théâtre de l'absurde et de Samuel Beckett. Les deux hommes deviennent d’ailleurs amis. Harold Pinter ne s’occupe pas de que de théâtre, il est aussi romancier et poète. Par la suite, il écrit des scénarios pour le cinéma. On peut relever plusieurs Le théâtre depuis 1940 Théâtre & mise en scène l’après-guerre est porteur de bouleversements dans le monde du théâtre. La vie théâtrale est profondément remodelée par la nouvelle prépondérance du metteur en scène, à commencer par Jean-Louis Barrault et Jean Vilar. Les voies traditionnelles du théâtre s’opposent aux formes nouvelles du théâtre. Par ailleurs, en France, les maisons de la culture soutenant la politique de décentralisation contribuent à penser autrement la mise en scène. Cependant, après Jouvet, beaucoup font valoir les limites de l’innovation : l’œuvre est une dans sa lettre et dans son esprit. Les voies traditionnelles ce sont les auteurs dramatiques, dont certains œuvraient avant la guerre, comme Claudel, Giraudoux, Anouilh. Henry de Montherlant commence sa carrière de dramaturge, on voit apparaitre un théâtre de romanciers et de poètes avec Mauriac, d’Audiberti ainsi qu’un théâtre philosophique et engagé avec Sartre et Camus. Des voies nouvelles les efforts des metteurs en scène pour renouveler leurs pratiques rencontrent les efforts des auteurs travaillant la structure, le langage et la signification de l’œuvre dramatique. On pense en particulier à Antonin Artaud qui explique dans Le théâtre et son double que le domaine du théâtre n’est pas psychologique mais physique et plastique. C’est pourquoi il fonde en 1932 un Théâtre de la cruauté parce « qu’une vraie pièce de théâtre bouscule le repos des sens, libère l’inconscient comprimé, pousse à une sorte de révolte virtuelle ». Un théâtre nouveau sous le signe de l’absurde, le théâtre s’emploie à la dérision du langage, à la primauté du physique et du plastique et à l’identification du dramatique avec le « cruel ». Cette puissance de la rupture est portée par des dramaturges comme Ionesco, Beckett, Genet et des romanciers explorant le renouvellement théâtral comme Marguerite Duras ou Nathalie Sarraute. C’est une totale remise en question du théâtre dans ses dimensions intellectuelles ou psychologiques, on revient à l’étymologie du mot « spectacle ». L’émotion nait d’un pathétique extérieur : mimique, musique, scènes symboliques … Le théâtre d’Ariane Mnouchkine incarne ce concept poussé à l’extrême, presque en dehors du champ de la littérature. phases dans sa production théâtrale et littéraire, d’une part un « réalisme psychologique » qui précède une période plus lyrique (Landscape en 1967, Silence en 1968) que suit une troisième phase qualifiée de politique (One for the Road en 1984, Mountain Language en 1988, The New World Order en1991). Gardons-nous cependant de trop séparer ces périodes qui débordent l’une sur l’autre et qui excluent par ailleurs deux textes de Pinter : No Man's Land en 1974 et Ashes to Ashes en 1996. En 2005, il reçoit le prix Nobel pour son œuvre. Le comité explique que Pinter « découvre l'abîme sous les bavardages et se force un passage dans les pièces closes de l'oppression. »